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La cour royale du Danxomè: un vecteur d'éclosion des arts

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par Hyppolite Togo
Université d'Abomey-Calavi - Licence en histoire de l'art 2016
  

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Conclusion

Ce travail m'a permis de mettre en exergue le rôle qu'a joué le pouvoir royal du Danxomè dans le développement des arts. Les faits politico-militaires de ce royaume sont si grandioses qu'ils font de l'ombre à ses arts. Et pourtant, ces derniers ont connu une grande ampleur, et sans eux, l'histoire du Danxomè ne pourrait être écrite efficacement. Le Danxomè qui a existé d'environ 1645 à 1900 au Sud du Bénin actuel, fait partie des royaumes africains dans lesquels l'art a occupé, à côté de la royauté et de la religion, une place très importante. Ayant très vite compris le rôle que peut jouer l'art dans l'aboutissement de son mot d'ordre qu'est : « Le Danxomè toujours plus grand », le roi fondateur Houégbadja a tôt fait de poser les jalons de la relation entre la royauté, la religion et l'art.

Ainsi, pendant près de trois siècles, tous ses successeurs lui ont emboîté les pas en s'appuyant sur la religion et l'art pour accroître l'ampleur de leur royaume. Ils ont pu importer de nombreux vodoun, de différentes formes d'art, ils ont même fait venir de gré ou de force des artistes d'autres régions. Leur intérêt pour l'art était si fort qu'ils ont ouvert au fil des règnes ce domaine d'activité à toutes les couches sociales. Pouvaient donc être artistes les esclaves, les captifs de guerre pour peu qu'ils aient du talent. Ils s'occupaient eux-mêmes du recrutement des artistes qu'ils mettaient dans les meilleures conditions de vie et de travail. Ceux-ci devaient en contrepartie produire les oeuvres telles que demandées par le souverain. Cette intervention directe des rois dans la production artistique a permis la subsistance jusqu'à nous de certaines familles d'artistes, parce qu'ils veillaient à la transmission du savoir-faire.

Suite à la prise du Danxomè après une résistance farouche de Gbèhanzin, et la fin officielle de la royauté en 1900 avec l'exil au Gabon d'Agoli-Agbo, l'art de cour a cessé d'exister. Les destructions aussi bien humaines qu'environnementales ajoutées aux pillages subis par les palais d'Agbomè depuis 1900 ont effacé les traces de beaucoup d'oeuvres plastiques. Mais les différentes restaurations des palais, notamment ceux de Ghézo, de Glèlè et de Gbèhanzin, qui ont été réalisées, ont permis de révéler des bas-reliefs qui prouvent un tant soit peu la maîtrise et le goût pour l'esthétique de leurs exécutants ainsi que de leurs commanditaires. Des objets présentés aujourd'hui au musée historique d'Abomey, très peu sont authentiques. C'est un musée assez pauvre quand on s'imagine toute la production d'objets d'art qu'a connu cette capitale royale.

En revanche, une foultitude d'oeuvres d'artistes de cour du Danxomè garnit les musées français et collections privées. Des trônes aux récades en passant par des tentures

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et des sculptures en bois et en métal, il y a toute une variété d'objets de l'art du Danxomè qui sont aujourd'hui présentés lors de grandes expositions à travers le monde. La qualité esthétique de ces objets n'est donc point à démontrer, ce qui vient confirmer le talent des artistes du Danxomè. Ces oeuvres sont désormais de renommée internationale, et nul ne pourra plus les confondre à des objets artisanaux comme cela a été le cas pendant longtemps.

Cette qualité des oeuvres d'art du Danxomè qui est aujourd'hui établie n'aura été possible sans le vodoun. En effet, le vodoun a été une grande source d'inspiration pour les artistes qui, dans l'optique de lui rendre grâce, fabriquaient des merveilles d'oeuvres de cultes. C'est à partir de ces objets-ci que le roi faisait parfois sa commande tout en tenant à les adapter à sa personnalité propre. Ainsi perçoit-on clairement l'étroite relation entre la royauté, la religion et l'art. Au-delà des arts visuels, s'est développé également au Danxomè un art de cour immatériel qui garde encore jusqu'à nos jours le souvenir des rois et de leurs hauts faits. Les chants, les danses, les récits du kpanligan et autres étaient mis à contribution pour rendre gloire aux rois.

Les rois du Danxomè en mettant l'art au service du pouvoir, lui ont impulsé un essor prodigieux. Les artistes avaient tous les moyens nécessaires pour produire les meilleures oeuvres qu'ils pussent réaliser. Amenés d'un peu partout, et installés non loin du palais dans de bonnes conditions, les artistes n'avaient que leurs instruments d'art pour remercier leur seigneur pour sa bienfaisance. Ils s'appliquaient donc pour être à la hauteur afin de ne jamais perdre la confiance et les faveurs du roi. Ce dernier étant tout le temps à la quête de nouvelles et belles choses, incitait à la création de nouvelles techniques d'art.

En clair, la cour royale, en tant qu'ensemble des personnes directement liées au pouvoir, a permis le rayonnement des arts, et on peut le constater encore aujourd'hui avec cette floraison d'activités artistiques qu'on observe à Abomey. De Houégbadja à Agoli-Agbo, tous les monarques qui se sont succédé sur le trône du Danxomè ont oeuvré à l'épanouissement des arts, parce qu'ils savaient que l'agrandissement de leur royaume passait par là. Pendant près de trois siècles donc, la cour royale a fait de l'art un levier important de grandeur du Danxomè, ce qui a permis un développement réciproque des arts. Malheureusement jusqu'à maintenant au Bénin, l'art n'a jamais été une préoccupation importante dans les politiques des différents gouvernements qui se sont succédé depuis l'indépendance en 1960. Il est temps de changer la donne si tant est que le développement est le but visé.

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