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La cour royale du Danxomè: un vecteur d'éclosion des arts

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par Hyppolite Togo
Université d'Abomey-Calavi - Licence en histoire de l'art 2016
  

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B- Le manahen ou le comédien

Le manahen est une autre figure de l'art oratoire à la cour du Danxomè. C'est un comédien qui participait aussi à toutes les manifestations publiques qu'organisait le roi. Ce dernier l'invitait pour l'amuser ainsi que la foule. Seul sur la scène, il s'appliquait à faire rire le roi et toute l'assemblée. Il s'amusait à imiter la démarche, la voix et les gestes du roi, car à ce moment précis, tout lui était permis. Il pouvait même critiquer le roi, à l'instar du fou du roi connu dans les sociétés occidentales. Devant tout un peuple, il jouait momentanément le rôle du roi. Il donnait des ordres qu'il exécutait lui-même, jouant ainsi plusieurs rôles à la fois. Tantôt il était soldat, tantôt il était esclave. Il changeait le ton de sa voix selon le personnage qu'il incarnait. Il est l'exemple type de ce que les anglo-saxons appellent one man show.

Présent même lors des funérailles, le manahen apportait un brin d'humour dans cette ambiance mortifère qui règne dans un contexte pareil. Il dédramatisait la mort, amenait les gens à oublier un instant le malheur. Il était imprévisible ; on s'attendait à tout avec lui. Il pouvait par exemple rigoler quand il traite d'un sujet triste, et vice-versa. Ainsi prenait-il ceux qui l'écoutaient au dépourvu.

L'existence de comédien à la cour du Danxomè donne une autre image de ce royaume connu pour la dureté des règles établis. Comme l'écrivait Joseph Adandé (2012 : 17) : « On peut s'étonner que dans une société aussi militarisée, dans une cour où l'étiquette est si rigoureuse, il y ait de la place pour le rire construit autour de la personne même du souverain, institutionnalisé au point de faire partie du protocole ». Au-delà donc de la rigueur voire du rigorisme dont faisaient preuve les rois fon, ils ont pu rendre professionnel l'humour, car le manahen vivait de son art. Cette valeur qu'ils ont accordée aux comédiens fait qu'aujourd'hui parmi les comédiens béninois, beaucoup sont de culture fon, car fiers de faire rire les autres.

Seul à pouvoir critiquer le roi et à le faire sourire en public, le manahen était admiré pour son élocution et son audace. Il était un bon parleur qu'on aimait à écouter, même si ses propos manquaient de logique et frisaient l'hérésie. Comme quoi, l'art a presque tous les droits, et les monarques du Danxomè le savaient plus que quiconque.

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