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La cour royale du Danxomè: un vecteur d'éclosion des arts

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par Hyppolite Togo
Université d'Abomey-Calavi - Licence en histoire de l'art 2016
  

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Chapitre IV- Les trônes et les figurines de jumeaux

A- Les trônes

L'une des formes les plus marquantes des arts fon, c'est la sculpture sur bois dont quelques-unes des réalisations sont les trônes des rois. Deux types de sièges royaux existaient dans le royaume ; il s'agit du tripode de forme circulaire appelé kataklè et du gandémè19, plus complexe du point de vue de la structure. Le premier, selon la tradition orale, servait à introniser les rois, et est aussi appelé Alada zinkpo (siège d'Alada) ; ce qui évoque les relations ancestrales entre les deux royaumes20. Les gandémè sont aussi appelés djandémè, et ceux des rois Ghézo et Glèlè se dénomment nukpewu zinkpo, signifiant littéralement « siège du pouvoir ».

Les kataklè, même s'ils présentent un aspect simple étaient monoxyle, c'est-à-dire qu'ils étaient soigneusement sculptés dans un seul tronc d'arbre. Ceci nécessitait une bonne maîtrise du travail du bois, ce qui fait qu'il n'y avait pas assez de familles de sculpteurs de trônes. Quant aux gandémè, leur élégance a fait parler d'eux dans le paysage artistique mondial. Ils présentent généralement une base rectangulaire supportant quatre piliers massifs ou un cube évidé surmontés d'une surface concave où s'assied le roi. Ceux de Ghézo et de Glèlè sont faits de panneaux manufacturés et assemblés. Un autre de Ghézo est plus frappant, car gigantesque et surmontant quatre crânes humains21.

Les sièges de type gandémè existent également au Togo et sont appelés Togbé zinkpui ou Efio zinkpui, c'est-à-dire « sièges des ancêtres » ou « sièges royaux », termes faisant référence à son rôle sacré. Certains chercheurs, à l'instar de l'historien d'art Joseph

19 ADANDÉ J. C. E., Les sièges des rois d'Agbomè et le siège akan : analyse d'un contexte de civilisation à partir de la culture matérielle et artistique (1625-1890), Université de Paris I, Thèse de doctorat, 1984.

20 Confère Introduction, p. 5.

21 BEAUJEAN-BALTZER G. et alï, Artistes d'Abomey, Catalogue d'exposition, Fondation Zinsou, 2010, pp.

237-239.

Adandé, ayant travaillé sur ces trônes s'accordent sur le fait qu'ils auraient pour origine le

20

pays akan de la confédération ashanti, et les dénomment

« sièges de type

akan »22.

Image 2 : Schéma du trône kataklè par H. Togo

Image 3 : Trône gandémè

ou nukpewu zinkpo de Ghézo, posé sur quatre crânes humains,

capture

d'une page du catalogue «

Artistes d'Abomey » du musée du quai Branly

22 BEAUJEAN- BALTZER G. et alï, Artistes d'Abomey , Catalogue d'exposition, Fondation Zinsou, 2010, pp 237-243.

21

 
 
 

Image 4 : Trône nukpewu zinkpo

de Glèlè, capture d'une page du catalogue « Artistes d'Abomey du quai Branly

» du musée

Image 5 : Trône nukpewu zinkpo de Ghézo, Photo Musée du quai Branly

22

B- Les figurines de jumeaux

Les statuettes de jumeaux des artistes du Danxomè connaissent une grande renommée dans le paysage artistique international. Elles sont de petites sculptures en bois représentant en miniature des êtres humains, en l'occurrence les jumeaux décédés. En fon, on les appelle hoho du même nom que les jumeaux et jumelles réels. Ces statuettes jouent des rôles très importants lors des rituels des cultes dédiés aux jumeaux. Appelés ibeji dans l'aire culturelle yoruba, ces statuettes sont une composante essentielle des religions endogènes dans toute la baie du Bénin.

Il faut signaler que dans l'aire culturelle aja-tado, on ne dit pas ouvertement qu'un

jumeau ou une jumelle est décédé(e), on dit qu'il ou elle est allé(e) dans les bois.

est donc traité avec soin, il est respecté comme une personne physique ; il est même appelé

second », c'est-à-dire le jumeau encore en vie,

Le hoho

par le nom de celui qu'il symbolise. Son « le porte sur lui et le protège de tous ceux qui pourraient tenter de le profaner. Il est «nourri», «habillé» ; certains le parent de perle s. Incarnant le jumeau défunt, on le fait passer par toutes les étapes des cérémonies effectuées lors du culte des jumeaux, et certaines personnes le vénèrent pour implorer sa bénédiction.

Image 6 : Hoho, Photo P. Gries, V. Torre, Collection musée du quai Branly

 

Image 7 : Le voyage, exposition d'une pirogue réalisée avec des ibeji par D. Zinkpè, 350 cm x 300 x 300, capture d'une page de Temps Modernes : La mémoire de l'esclavage

23

L'image 6 ci-dessus présente deux des objets d'art fon pillés et exportés en hexagone par les administrateurs coloniaux, et aujourd'hui catalogué sous l'appellation « Trésor de Béhanzin » au musée du quai Branly. Elle nous fait voir deux hoho, une femme et un homme portant des bracelets, des colliers, des perles à la hanche et des pendentifs d'oreilles pour la femme. Lorsque tous les jumeaux sont décédés, la garde des figurines qui les représentent est assurée par leur maman ou à défaut par leur père ou un parent proche.

Au-delà du caractère sacré du hoho, il est d'une finesse et d'une esthétique avérée. Sculpté dans un seul bois, il est généralement de taille réduite, d'environ quinze à vingt centimètres de long, et surmonte un socle qui lui permet de tenir debout. La représentation féminine et celle masculine se différencient à vu d'oeil par la présence d'une poitrine saillante chez l'une et le phallus chez l'autre. On perce parfois les oreilles au hoho féminin afin d'y accrocher des bouclettes. Celui masculin reçoit dans certains cas, une raie dans ce qu'on peut appeler ses cheveux. Les hoho sont polis et vernis au besoin ; c'est le cas de ceux que nous montre l'image 6.

Aujourd'hui, dans une logique purement artistique, l'artiste plasticien béninois Dominique Zinkpè sculpte des hoho dont il part pour réaliser de gigantesques oeuvres de diverses formes. De culture fon, cet artiste qui a acquis une renommée internationale a su sortir ces statuettes de leur cadre religieux pour leur donner un autre espace d'installation outre les couvents et les chambres. Ainsi les débarrasse-t-il peu à peu de s idées négatives construites autour d'eux par le discours colonial d'antan perpétué par les religions exogènes. Loin d'être une sorte de désacralisation de l'objet, cet élan de l'artiste est une preuve que les objets de culte africains ne manquent pas d'esthétique contrairement à ce qui était dit d'eux.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus