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La place de l'ingénieur du son dans le cinéma documentaire

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par Raphaël Roche
Université Aix-Marseille Université, Département SATIS - Spécialité Ingénierie de la création et de la réalisation sonore pour le film, la vidéo, le multimédi 0000
  

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II.2.2 La relation "ingénieur du son-Participant" dans le documentaire

Pierre Armand : "Le documentaire, c'est une question d'engagement: personnel, civique, éthique, moral, politique. En tant que technicien, nous avons une responsabilité lorsque la caméra enregistre car par notre présence, nous pouvons influencer la tournure que prennent les choses."44(*)

La déontologie du preneur de son.

Le chef opérateur n'est pas seulement dans un apport technique mais aussi dans un rapport humain avec les personnages du documentaire. Il se doit rapidement de mettre en confiance ses interlocuteurs pour mener à bien les missions que sont les siennes.

Thierry Aguila affirme que le réalisateur ne doit pas être le seul à créer une relation avec les personnages, le preneur de son, le cadreur ont aussi un rôle fort à jouer.

"Dans mon film, Barça/Madrid, plus qu'un match (2008) à force d'aller aux rencontres avec les supporters, de prendre l'avion ensemble, l'équipe technique était identifiée. Ils étaient plus que de simples techniciens de cinéma. Nous faisions tous partie du système"45(*)

Le preneur de son doit aussi poser des micros cravates sous les vêtements des personnes et il faut trouver le juste moment pour cet exercice. Il faut également qu'il arrive à faire oublier la perche avec à son bout, le micro.

Est-ce envisageable de parler de déontologie du preneur de son en documentaire?

Cedric Genet estime que l'ingénieur du son ne doit pas interrompre une discussion pendant le tournage documentaire car c'est prendre le risque de casser ce qui est entrain de se passer. C'est donc à l'ingénieur d'avoir le niveau technique pouraccepter "l'incident" qui se produit, en ce souvenant que ce sont des personnes qui racontent leurs vies, ou bien même, la vive, devant toi ; il n'y a rien de " préparé", pas de script.

"Avant même de juger la qualité du son ou de l'image que ramène le preneur de son, le plus important est de trouver la meilleur manière de se comporter en tournage. Il faut réussir à trouver les bons mots au bon moment"46(*)

Une discrète influence.

Certaines personnes peuvent être gênées par la quantité de matériel dont peut disposer le preneur de son pour mener à bien sa mission.

Que ce soit en intérieur ou en extérieur, elles peuvent éprouver une gêne face au micro.

La plupart des gens ont aujourd'hui un téléphone dans leur poche qui leur permet de mémoriser des moments de leur vie. Ils n'ont plus vraiment de problème avec le fait d'être filmé par une caméra ou même un appareil photo. Cependant, ils n'ont pas le même rapport aux sons. Les premières fois où ils se retrouvent avec un micro au dessus de leur tête, ils peuvent éprouver une forme de timidité.

Il existe des méthodes qui permettent au preneur de son de faire accepter le micro plus facilement. Il peut positionner le micro dans l'axe du front et le micro sort alors du champ de vision de la personne filmée. La qualité sonore sera préservée et dans le même temps cela ne troublera pas la personne concernée.

La bonnette en poil ou « Windshield » en anglais est un autre exemple de désagrément possible. Elle a comme principale qualité de protéger le micro du vent lorsque des séquences sont tournées en extérieur. Sur des micros à haute directivité comme les Canon, Sennheiser 516, SchoepsCmit, cette bonnette peut s'avérer très imposante et gêner, voir bloquer la parole.

Pour David Diouf, afin de recueillir la parole des gens, il faut donc évidemment une perche avec un micro entourée d'une protection anti-vent, qui ressemble à une "moumoute". Pour faire oublier celle-ci, il faudraque la personne filmée"soit plus en présence d'un être humain que d'une moumoute".47(*)

L'acte d'équiper quelqu'un d'un micro cravate peut aider à créer un moment spécial avec les personnes concernées. Il faut essayer d'instaurer une confiance pour que la personne filmée soit libre de dire ce qu'elle a envie de dire. Cet intrusion dans l'intimité de quelqu'un que l'on ne connait pas peut avoir des répercussions sur la suite des évènements. Il faut être efficace tout en mettant en confiance la personne concernée.

Ce n'est pas la même situation en fiction où la plupart du temps les acteurs ont l'habitude d'en être équipé quotidiennement.

Vincent Magnier m'a ainsi fait remarqué qu'il est important pour le preneur de son, qui a un contact physique avec les personnages lors de la pose des micros, d'être dans une relation privilégiée avec eux. Cela compte même énormément dans le cadre du tournage du film documentaire.

Yves Capus nous éclaire également sur cette notion de confiance, l'équipe de tournage devant pour lui aussi, instaurer un climat de confiance avec les personnes filmées. Un contexte positif permettra aux personnages de comprendre que c'est un honneur de partager cela avec eux, et inversement. Si ce contexte est bon, celui du tournage le sera donc inévitablement. Il sera simple et direct.

Une démarche empathique.

A un moment de mes rencontres, j'ai commencé à aborder la question de l'empathie, je ne savais pas comment cela serait accepté par les professionnels rencontrés. Est-ce que l'empathie, la compassion, la bienveillance avait sa place dans un tournage de film documentaire?

Pour Emmanuel Desbouiges, réalisateur de films en Nouvelle Calédonie, l'empathie est primordiale dans son approche de documentariste. Il est important pour lui que l'ingénieur du son qui l'accompagne soit sur la même longueur d'ondes.

Jean-Pierre Duret pointe un fait important qui différencie la fiction du documentaire: le travail de l'acteur est un travail de répétition, il peut recevoir des indications du metteur en scène. En documentaire, il est très rare de refaire les choses, la personne filmée se donne à voir bien plus qu'un acteur qui est dans un rôle de composition. Celui qui est filmé en documentaire, c'est sa propre existence qu'il met entre les mains du réalisateur.

Au contraire, Yves Capus considère que l'empathie empêche la distance, ce qui pourrait amener le preneur de son dans de mauvaises situations. "C'est un moment que je partage de la meilleure manière possible mais c'est un moment qui va s'arrêter. Je ne pourrais pas grand chose pour eux, pas grand chose de plus que de faire très bien mon travail."48(*)

L'après-Tournage.

Souvent, des relations intimes peuvent se créer pendant le tournage, mais sont-elle pérennes, dépassent-ellesla réalisation du documentaire?

Il m'est arrivé lors de certains projets sur lesquels j'ai participé, de passer beaucoup de temps avec des gens. J'ai réalisé qu'ils me touchaient, que j'aimais leur vision du monde. Je me souviens en particulier d'un conducteur de calèche qui avait choisi une vie de nomade, en compagnie de ses chevaux et de son chien. Sa conception du voyage était différente de la mienne. C'est par le documentaire que ce genre de rencontres est possible.

J'ai la sensation que quand je suis sur un projet documentaire qui me tient à coeur, le moment du tournage est un chemin qui me rend différent à la fin.

"C'est parfois dans les contextes les plus simples, dans les situations les plus inattendus que tu rentres dans une humanité, que tu as l'impression de dévoiler un toboggan."49(*)(Yves Capus).

Godefroy Georgetti m'a fait part d'une rencontre qui l'a marqué "Un jour, nous étions avec un réalisateur chez un instituteur dans la Drôme ; nous nous sommes jurés de revenir le voir et nous ne l'avons jamais fait. Cela te fais te poser des questions... Tu te rends compte avec l'expérience que des liens forts se crééent le temps du film, mais que ces liens n'existent qu'à un moment donnée, et qu'ils disparaissent avec le temps. Nous ne sommes que de passage."50(*)

III. QUEL AVENIR POUR LA PRISE DE SON EN DOCUMENTAIRE?

Nous nous intéresserons dans un premier temps à certaines missions bien spécifiques auxquelles peut être confrontées l'ingénieur du son aujourd'hui.

Nous nous pencherons également sur l'avenir de cette profession.

* 44 Entretient avec Pierre Armand le 09/01/2018

* 45 Entretient avec Thierry Aguilla le 17/01/2018

* 46 Entretient avec Cédric Genet le 16/01/2018

* 47 Entretient avec David Diouf le 13/12/2018

* 48 Entretient avec Yves Capus le 22/01/2018

* 49 Entretient avec Yves Capus le 22/01/2018

* 50 Entretient avec Godefroy Georgetti le 12/12/2017

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus