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La postérité de l'empereur Tibère (XVIIIème- XXIème siècle)


par Thomas Min-Tung
Université du Havre - Master 2 « Cultures, Espaces et Sociétés Urbaines et Portuaires » 2015
  

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III - Un échec à relativiser

a. La base du principat

688. Massie 1998, p. 170-171

689. Ibid., p 169

690. Arnault 1828, p. 39-40

691. Kornemann 1962, p. 222

692. Voir ANNEXE 5

200

On ne peut décemment pas faire du règne de Tibère un échec total. Au milieu des vices de cruauté qui lui furent attribuées, de son incapacité à restaurer la République de ses ancêtres et de la servilité du peuple qu'il aurait inconsciemment encouragé, on trouve des points positifs dans les actes de son règne. Ce que la postérité a présenté comme un règne entièrement négatif serait, en réalité, une transition difficile entre un principat non défini légalement et un système politique nouveau qui s'est perpétré pendant cinq siècles malgré de nombreuses embûches, un échec relatif.

Si l'on fait du principat une solution pour redresser Rome, incapable de maintenir son empire avec sa République vacillante, on peut considérer l'action de Tibère comme un bon point de son règne. Auguste, en devenant le prince, n'agissait qu'à la suite d'événements particuliers, notamment de la guerre civile, et n'avait pas légalement détruit la république ni édifié l'empire. La tâche de l'affirmer revint à son successeur, qui dut définir la légitimité de ce régime pour en assurer la continuité. En proclamant l'empire, Tibère a du sacrifier sa popularité, en résolvant une « énigme » qu'Auguste avait maintenue volontairement693.

Et si Tibère avait été aussi mauvais qu'on le prétend, l'empire n'aurait pas pu lui survivre. Non seulement le principat fut consolidé, mais il s'étendit sur plusieurs siècles. Chargé d'une mission difficile, pour laquelle il n'aura pas été ménagé par la postérité, il a pu l'accomplir avec brio694. Cette victoire, en dépit des obstacles dressés contre lui, fait office de conclusion à l'ouvrage de John

Tarver, qui pourtant s'intitule Tiberius the tyrant ! : Même si l'on admettait les anecdotes sensationnelles qui se sont accumulées autour de la retraite de Tibère à Capri, il faudrait encore tenir compte de soixante-huit années d'une vie exempte de tout vice et de tout crime, et consacrée surtout à l'accomplissement laborieux des plus grands devoirs de la vie publique. Comme général, comme homme d'état, Tibère se place, sinon au premier rang, du moins à la première place du second, et son mérite est d'autant plus grand que la vie publique lui déplaisait, que le pouvoir n'avait pas d'attrait pour lui ; s'il eût été libre de suivre ses inclinations, il aurait vécu dans la retraite, occupé de littérature et de science. Nous voyons en lui, en vérité, le plus beau type de Romain, le meilleur exemple de ces qualités particulières par lesquelles Rome s'éleva au rang de maîtresse du monde. Ce n'était pas l'intelligence des Romains, ni leur tactique militaire qui les rendaient aussi puissants, les Grecs était plus intelligents et Hannibal était meilleur militaire que tout général romain, c'était leur sens fort du devoir, leur dévotion à la légalité, leur amour de l'ordre, leur ténacité dans l'entreprise de grands projets, leur maîtrise de soi, leur honneur leur ont permis de réussir là où les Grecs et les Phéniciens avaient échoué avant eux, et où la Gaule et les Teutons échouerait. Toutes ces qualités sont très marquées chez Tibère : il est le sénateur romain idéal, la réalisation de ce modèle légendaire qui forme l'imagination des enfants romains. Il n'est pas Cicéron, le brillant orateur, l'homme de lettres sympathique représentant le vrai Romain, ni le pieux Caton, ni le génial César : il est tenace, consciencieux, mais simplement Tibère, pas très enthousiaste, peu brillant, dépourvu de motivation, horrible plus qu'aimable, mais assez sage, assez tempéré et assez fort pour remplir la

693. Zeller 1863, p. 36

694. Lyasse 2011, p. 222-223

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tâche qui lui était confiée.695

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault