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La postérité de l'empereur Tibère (XVIIIème- XXIème siècle)


par Thomas Min-Tung
Université du Havre - Master 2 « Cultures, Espaces et Sociétés Urbaines et Portuaires » 2015
  

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c. La condamnation

Vient le jour où Auguste apprend l'inconduite de sa fille. Il la fait alors exiler dans une île lointaine, sans espoir de retour. Mais ce qui était officiellement la condamnation de moeurs perverses et officieusement de trahison envers son père fut aussi interprété comme une trahison envers son mari. Roger Caratini s'en explique : en formant à l'aide de ses amants un parti excluant Tibère de la succession, elle cherchait à promouvoir ses fils illégalement et allait à l'encontre des pouvoirs déjà accordés à son mari. Auguste n'aurait ainsi pas condamné l'outrage aux moeurs, mais le complot envers l'héritier qu'il avait choisi - héritier qui était alors démissionnaire et exilé761.

Tibère aurait écrit à Auguste pour lui demander d'être indulgent envers Julie. Le geste semble curieux pour qui l'aurait détesté et fui pour se réfugier dans une île. Ainsi trois hypothèses ont été avancées par les historiens modernes. Premièrement, Tibère aurait eu pitié du malheur de Julie, quelles que soient ses fautes et, sans s'en émouvoir, aurait cherché à raisonner le père pour qu'il revienne sur sa décision762. La seconde hypothèse serait en lien avec l'hypocrisie dont était taxé Tibère, à savoir qu'il cherchait à gagner les faveurs de l'empereur en se montrant à la fois compatissant à sa peine de père et apte au pardon envers celle qui l'avait blessé763. La dernière possibilité serait une compassion intéressée, la condamnation signifiant le divorce et, ainsi, le condamnait lui-même à quitter la famille impériale. Il avait alors tout intérêt à rester en lien avec Julie s'il voulait succéder un jour à Auguste764.

L'exil de Julie ne fut jamais rompu, et elle mourut sur l'île. Les conditions d'emprisonnement, si elle n'était pas à proprement dire enchaînée, devaient lui être pénible moralement, ce qui inspire le propos du troisième acte de la tragédie de Francis Adams - nous y reviendrons ultérieurement. Mais si l'on comprend le refus d'Auguste de la laisser reparaître à Rome, on note également qu'elle lui a survécu pendant quelques mois. Ainsi, Tibère n'avait aucune raison de la maintenir en exil, et cet abandon a semblé cruel. Roger Caratini présente le prince se réjouissant de voir emprisonnée la

761. Caratini 2002, p. 97-98 : On peut contrarier le propos en se demandant pourquoi Auguste aurait favorisé l'exilé, qui était alors privé de la plupart de ses droits à la succession, et sanctionné la promotion des Princes de la Jeunesse, qu'il favorisait depuis des années.

762. Ibid., p. 97

763. Beulé 1868, p. 135-136

764. Villemain 1849, p. 64-65

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femme qui l'a humilié par ses tromperies, de la voir torturée par la nouvelle de la mort de son dernier fils, et mourir d'épuisement, oubliée de Rome765. Le propos est identique chez Laurentie,

mais le ton est plus accusateur : Tibère avait nourri longtemps son ressentiment. Les dédains de Julia avaient été la cause secrète de sa retraite à Rhodes ; devenu maître de l'empire, et après le meurtre de Posthumus Agrippa, il se souvint de sa femme exilée, qui depuis près de vingt ans vivait dans la détresse et dans la honte, et il la fit mourir, par la lente agonie de la faim, pensant, dit Tacite, qu'après la longueur de l'exil cette mort serait inaperçue.766

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