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La postérité de l'empereur Tibère (XVIIIème- XXIème siècle)


par Thomas Min-Tung
Université du Havre - Master 2 « Cultures, Espaces et Sociétés Urbaines et Portuaires » 2015
  

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b. La retraite d'un vieil homme

C'est ce repos et ce retrait du monde qui aurait poussé Tibère à y retourner, lorsqu'il se sentit trop âgé pour diriger son vaste empire. Nous l'évoquions précédemment : le désir de partir n'était pas nouveau chez lui. La vie lui avait été pénible, il avait lutté comme il avait pu pour maintenir l'oeuvre

207. Weichardt 1901, p. 4

208. Carl Weichardt se défend de faire une étude architecturale, s'attachant à évoquer l'ancienne Caprée, non à la reconstituer.

209. C. Weichardt revient sur ce point : pour lui, « Apragopolis » n'était pas Capri, telle que nous la connaissons, mais Monacone, une île aux alentours qui devait être un lieu de promenade pour le prince (Ibid., p. 38)

210. Suétone, Auguste, LXXII. : nous supposons qu'il s'agissait d'ossements de baleines

211. Weichardt 1901, p. 36-37

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de son prédécesseur et n'aspirait plus qu'à finir ses jours dans le calme, sur l'île qu'il avait du apprécier durant ses séjours auprès de son père adoptif. Capri répondait à son caractère : solitaire et isolée du monde. Toute sa vie, Tibère aspirait à la solitude et, pour Ernest Kornemann, « s'il avait vécu dans le christianisme, il se serait sûrement retiré dans la solitude d'un monastère212».

Roger Caratini divise le départ pour cette nouvelle retraite en quatre temps213:

- Premièrement, la lassitude. Tibère a eu une vie bien remplie, il a mis fin à toutes les guerres commencées par ses prédécesseurs - les frontières du Rhin sont stables, les Parthes ont accepté la paix, et les nouvelles luttes ne sont que des querelles stériles entre Romains jaloux. De plus, ses ambitions politiques ne sont pas celles de ses sujets, et il est fatigué de les leur inculquer.

- Secondement, la vieillesse. Il fut un jeune homme vigoureux, vaillant sur les champs de bataille, volontaire dans ses actions pour le bien de Rome. Il n'est désormais plus qu'un vieil homme « maigrelet et voûté, au crâne chauve, au visage gris parsemé d'ulcères » qui veut mourir dignement, sans être regardé avec pitié par les générations futures ou par ceux qui ont connu le géant d'autrefois.

- De ce constat, sa décision était prise, et vient le départ. Au début du mois de mars, il quitte Rome, accompagné uniquement de ses amis les plus fidèles, ceux qu'il voulait encore fréquenter jusqu'à sa mort

- Le dernier temps, et de là vient la tragédie selon les Romains : la réaction. Le peuple ne comprend pas sa décision, voit son prince l'abandonner pour une destination inconnue et se sent trahi.

La décision de partir est parfois perçue comme plus hostile à Rome, comme une répulsion de son environnement. Ainsi, dans Poison et Volupté, c'est au cours d'un spectacle de gladiateurs auquel il est forcé d'assister que Tibère fait son choix. Il veut prononcer une grâce et se retrouve outré par les sifflets des spectateurs, qui eux souhaitent que le Sarmate « à demi éviscéré » le soit totalement. Il accède à contrecoeur à leur requête, tout en faisant état de son dégoût de lui-même : il devient le pantin d'un peuple « stupide et féroce ». C'en est trop pour le prince, qui refuse de rester un jour de plus au milieu de cette foule indigne :

J'ai hâte de m'installer dans cette île qui a conquis mon coeur la première fois que je l'ai vue. Plus de visiteurs, plus
d'importuns I Plus de salutatio I Plus de cirque I214

212. Kornemann 1962, p. 173

213. Caratini 2002, p. 237-239

214. Franceschini 2001, p. 235-236

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Même dégoût physique dans les Mémoires de Tibère. La ville lui est devenue odieuse, il ressent la nausée à chaque entrevue avec le Sénat asservi et l'écoeurement est tel qu'il va jusqu'à haïr l'odeur de Rome, « empestant la décomposition ». Il a appris le prix des choses et comprend que son rôle d'empereur lui coûte sa propre vie, celle-ci étant dénuée de bonheur et sa propre personne le répugnant215.

Enfin, à Capri, rien ne doit troubler le repos du prince. Sa retraite est définitive, toute intrusion dans celle-ci est intolérable. Egmond Colerus fait parler Tibère, déplorant l'irrespect des Romains envers sa solitude :

Parce que j'ai fui Rome, parce que j'ai recherché Capri , vous m'envoyez Rome à Capri !216

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci