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La postérité de l'empereur Tibère (XVIIIème- XXIème siècle)


par Thomas Min-Tung
Université du Havre - Master 2 « Cultures, Espaces et Sociétés Urbaines et Portuaires » 2015
  

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b. L'intolérance religieuse

Tibère est décrit comme intolérant envers la religion d'autrui, en particulier envers les cultes

orientaux. Gregorio Maranon en fait le constat : Tibère persécuta toutes les religions. Maintenant, il est difficile de juger de la signification politique de ces persécutions ; mais il est évident que son ressentiment athéiste guidait son attitude. En l'an 19, il expulsa d'Italie ceux qui professaient le culte d'Isis. (...) Il fit crucifier des prêtres d'Isis, accusés de crimes variés, le long du Rhin. Il persécuta aussi les druides. Enfin, il expulsa les juifs. Environ quatre-cent d'entre eux furent déportés en Sardaigne sur prétexte d'éradiquer le banditisme sur l'île, mais avec la secrète intention qu'ils périraient face à ce climat peu clément.268

Le propos sonne comme une condamnation pour le lecteur moderne. Néanmoins, aux yeux de l'historien de l'Antiquité, il s'agit plus d'une mesure à mettre à son crédit. Ainsi, Suétone salue cette mesure de Tibère, la situant dans les bonnes actions de son règne. Tout au plus est-ce un acte sévère. Au contraire, l'adhésion ou la tolérance des cultes orientaux, comme la Dea Syria chez Néron ou Isis chez Othon, est présentée comme outrageante. Tibère va même, selon l'interprétation de Jacques Gascou, jusqu'à se montrer sceptique à propos de la divinisation des Césars269. Edgar Saltus propose une explication à cette répulsion, un argument qui pouvait être celui qui répugnait Tibère à

l'idée d'être lui-même divinisé : La république était un dieu, qui avait son temple, ses prêtres, ses autels. Quand la république succomba, sa divinité passa à l'empereur ; il devint l'égal de Jupiter et, en tant que tel, possédait une majesté qui semblait sacrilège270

De même, il en allait de la question morale. Dotés de leur propre pensée, de leurs propres coutumes difficiles à admettre pour les non-croyants, les cultes orientaux portaient atteintes aux moeurs traditionnelles. L'affaire Decius Mundus, liée au culte d'Anubis, en est l'exemple. Une patricienne nommée Paulina avait été initiée (sexuellement) à cette religion orientale et avait appris, par le propre aveu de son bourreau, que son partenaire était un prétendant qu'elle avait repoussé et qui avait soudoyé les prêtres pour profiter de celle qu'il convoitait : ils en avaient fait une prostituée. Ce scandale devint un motif légal pour condamner les débordements, et les cultes eux-mêmes par extension. Ce que Tibère présentait comme de la rigueur afin de protéger « l'identité romaine », si l'on peut s'autoriser un tel terme, passe à la postérité comme de l'intolérance et un élément

267. Maranon 1956, p. 70

268. Ibid, p. 188

269. Gascou 1984, p. 732

270. Saltus 1892

96

tyrannique.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus