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Tic et territoire. Analyse des usages des technologies de l'information et de la communication dans la gestion de la commune de Kolda.


par Mamadou Mounirou Diallo
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Master 2 Espaces, Sociétés et Développement  2014
  

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II. Analyse des concepts

La géographie, s'est toujours intéressée aux phénomènes terrestres notamment aux réseaux de transports et à leurs impacts sur le territoire tout en laissant de côté les TIC. Ces outils ayant pourtant servi à la géographie de moyens d'étude, vont créer le trouble au sein de la discipline. Au cours du XXIe siècle, l'espace géographique tel qu'il était conçu c'est-à-dire conditionné par la distance (kilométrique, temps, coût) a subi beaucoup de changements. Ces modifications de cet espace dues à l'impulsion des TIC qui, en intégrant de nouvelles dimensions et de nouveaux attributs, ont rendu l'espace plus complexe. Cette situation a fait naitre un mythe qui repose sur l'indifférenciation de l'espace géographique grâce à la réduction du temps de parcours des flux. L'idée du « village planétaire » de Marshall McLuhan se fiant sur une indifférenciation territoriale a donné naissance à la prédiction de « la fin de la géographie ». Cette idée sur la disparition du territoire et par conséquent de la géographie est une erreur de jugement que les géographes ont tenté de rectifier, à travers des études qui portent sur une géographie de la société de l'information. Pour définir les TIC, il importe de décortiquer son paradigme. Les technologies de l'information et de la communication est un ensemble constitué de trois termes. Il y'a d'abord la technologie qui fait référence aux techniques utilisées dans l'entreprise pour produire de l'électricité, et des gaz au sens large et celles utilisées dans la distribution et la gestion. Ensuite, l'information, renvoie à tout ce que l'outil informatique peut numériser et traiter. Elle est produite, communiquée, puis elle est recherchée et archivée sous forme traditionnelle ou numérique. Enfin, la communication qui est l'ensemble des techniques permettant l'émission et la réception quasi immédiate de l'information. Les TIC désignent ainsi l'ensemble des outils et équipement intervenant à toutes les étapes de la gestion de l'information, de sa collecte à sa diffusion à grande échelle, passant par son traitement et son stockage. Elles concernent principalement l'informatique, l'internet et les télécommunications. Selon Emanuel Eveno les TIC sont « un ensemble extrêmement disparate qui va des techniques rudimentaires d'alerte à

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acheminement du courrier par voie terrestre ou par réseaux électriques ou électroniques »20. Ces outils ont fini par transformer les rapports sociaux et les relations entre l'homme et son territoire. En effet les TIC ont favorisé l'évolution d'un monde dans lequel les villes sont connectées à de grands réseaux. Le monde en réseaux se caractérise par une recomposition des sociétés en relation avec leurs territoires en général et ceux urbains en particulier (Eveno, 1997). Ce « nouveau monde » communément appelé société de l'information est définie comme « une société dans laquelle l'information est utilisée intensivement en tant qu'aspect de la vie économique, sociale, culturelle et politique »21. Certes, les hommes ont tout le temps communiqué par des moyens divers et variés tels le tam-tam, le nuage de fumée (Sylla, 2009), mais l'avènement des technologies de l'information a amélioré cette communication. Ces outils permettent non seulement de recueillir des sons, des images et des vidéos mais aussi de les diffusés à grande échelle et en un temps record. Les TIC sont désormais des outils facilitateurs de la communication.

Le développement des outils numériques a suscité chez l'homme une très grande euphorie et a fini par amener certains penseurs à déclarer la fin des territoires. Le territoire tel qu'il est conçu ne se limite pas seulement à l'aspect physique, il est un espace géré par un groupe d'individu qui y construit une identité. Autrement dit, le territoire est un espace approprié sur lequel se projettent des structures spécifiques d'un groupe humain22. Comme le constate Bernard Debarbieux, « le territoire est un agencement de ressources matérielles et symboliques capables de structurer les conditions pratiques de l'existence d'un individu ou d'un collectif social et d'informer en retour cet individu et ce collectif social sur sa propre identité »23. Ainsi chaque territoire présente des particularités qui résultent de plusieurs facteurs dont sa fonction. Concernant la commune, elle est une entité humaine intégrée ayant une certaine singularité. Elle est dotée d'une personnalité juridique et d'une certaine autonomie financière, politique, et administrative. Au Sénégal, la définition de la commune prend, d'emblée, en compte les questions démographiques et financières24. La commune est, en dehors de l'aspect politique, le résultat de la volonté de vivre ensemble. Elle est en réalité

20Les pouvoirs urbains face aux technologies de l'information et de la communication, E. Eveno 1997

21 A. Kiyindou, 2009, p 292.

22 R. Brunet et al.les mots de la géographie, dictionnaire critique. Reclus, la documentation française. 1993.

23 Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés. Berlin 2003.

24 Article 3 de la loi n° 66-64 du 30 juin 1996 portant Code de l'administration communale, définit une commune comme « toute localité dont la population est au moins égale à 1 000 habitants et ayant atteint un niveau de développement lui permettant d'avoir des ressources propres à l'équilibre de son budget ».

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un regroupement d'habitant solidaire sur un périmètre unique, pour protéger leurs intérêts25. Certes, les flux d'informations traversent incessamment les différentes limites des territoires mais n'occasionnent pas leur disparition. En réalité les TIC ont une forte influence sur l'espace réel en créant un espace virtuel où l'ubiquité est prônée, et, partant, elles ont fait fleurir l'idée de la substitution des transports par les télécommunications. A cet effet, Michael Savy soutient une idée contraire dans son article « TIC et territoire : le paradoxe de la localisation ». Il affirme que les TIC n'ont fait que créer la complémentarité entre transports et télécommunications. L'humanité s'attendait à une réduction des déplacements mais le présent a démontré le contraire. Certes, l'homme ne voyage plus dans l'incertitude comme ce fût le cas des caravaniers ou des explorateurs mais il est de plus en plus animé par le désir de découvrir des univers qu'il connait pourtant, virtuellement. La question serait donc de savoir si les TIC ne sont pas à l'origine de la complexité et de la multiplicité des flux des transports.

Force est de reconnaitre, pourtant, que les TIC ont entrainé la recomposition de l'espace à travers la délocalisation et la relocalisation des entreprises et des industries qui s'approprient des outils technologiques. Même si elles n'ont pas d'effets structurants mesurables sur le territoire, soutient Savy, l'homogénéité de celui-ci s'obtient plus rapidement avec les TIC qu'avec les transports. Dans une position similaire Alain Loukou considère que les TIC permettent plus d'attractivité et plus de dynamisme du territoire, grâce à la reconfiguration des activités socioéconomiques26.

La gestion du territoire est aujourd'hui un défi majeur, car elle implique plusieurs facteurs constituant la notion de gouvernance. En effet, le concept de gouvernance fut utilisé dans les années 1930 par les économistes afin de désigner le mode de fonctionnement des entreprises27. Ce n'est qu'en 1980 que le concept a transité du champ économique vers le champ politique. De ce fait, les institutions internationales se sont approprié le concept avec l'émergence du modèle de « bonne gouvernance mondiale ». Cette bonne gouvernance annoncée devait s'appuyer sur les droits de l'homme, la liberté d'entreprendre et la démocratie, pour accompagner la mondialisation libérale. De gouvernance « mondiale » à celle essentiellement « locale » dans les années 1990, la notion de gouvernance passe ainsi

25 Article 77 de la loi 96-06 du 22mars 1996 portant code des collectivités locales.

26 http://www.tic.ird.fr/spip.php?article321

27 Dans son ouvrage « the nature of the firme », l'économiste américain Ronald Coase parle de « coporate governance » ou « gouvernance d'entreprise » pour désigner les stratégies la stratégie de gestion des grandes sociétés industrielles et commerciales.

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d'une « technique de gestion à une gestion de régime »28. A cette échelle, la gouvernance est un moyen de régulation du territoire29. Ainsi, Babacar Sine définit la gouvernance comme « l'éthique de gestion de l'État et des ressources matérielles, humaines, écologiques reposant sur des principes et des normes dont les exigences : de transparence, de responsabilité, de communication, de participation citoyenne, de l'indépendance de la justice, etc. », (IAD, 1997). La gouvernance locale doit obéir à une logique « participative » qui constitue une alternative à celle dite « représentative ». Par conséquent, la gouvernance apparait comme « la somme des différentes façons dont les individus et les institutions publique et privées, gèrent les affaires communes »30. Pour parvenir à une meilleure gestion des affaires publique, un rapprochement gouvernants/gouvernés en considérant tous les acteurs, un renforcement de la démocratie et une éradication des inégalités spatiales, les pays africains se penchent sur la décentralisation pour atteindre ces objectifs de la bonne gouvernance. Les collectivités locales qui résultent de ce processus de décentralisation sont confrontées à un certain nombre de faiblesses structurelles dont le manque de personnel qualifié et l'insuffisance des ressources financières. Mieux, elles doivent faire face au défi de création d'un environnement propice à la bonne gouvernance et la promotion de la participation citoyenne. Dans ce contexte, les TIC peuvent être un outil pertinent pour parvenir à la gouvernance vertueuse qui est la condition sine qua non d'un développement humain durable et soutenable31. Le développement fulgurant des TIC permet d'influencer la gouvernance conçue préalablement comme une gestion basée sur une prise de décision des représentants. Au fur et à mesure, la gouvernance tend à changer pour devenir un système d'organisation et de prise de décisions concertée prenant en compte les dimensions socioéconomiques et culturelles des acteurs qui font la vie du territoire. Mais les outils technologiques sont faiblement associés au processus de décentralisation (Sylla, 2009).

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