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Bilan humain des conflits armés et ses conséquences sur le développement du territoire d'Uvira de 1996 à  2005.


par Abel MUKUNDE SABUNI
Institut Supérieur de Développement Rural de Bukavu (ISDR-BUKAVU) - Graduate en développement rural 2007
  

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C. Les Rwandophones

Tard venus dans la région, nous avons les Rwandophones dont WEIS situe les premières infiltrations vers 1900. KAGAME le situe un peu avant 1986. Mais lavéritable immigration Rwandophone dans la Région a lieu entre 1921 et 1930 sous la direction de KAÏLA.

Plus que l'inhospitalité des chefs et des populations autochtones, c'est principalement des raisons d'ordre climatique et administratifs qui contraindront les immigrés à prendre le sentier du plateau ou ils menaient jusqu'en 1964 une vie semi-nomade entre les territoires d'Uvira, Mwenga et Fizi. A propos de ces pasteurs immigrés Rwandophones, l'Abbé KAJIGA écrit que d'autres groupes de Rwandais éleveurs, 6000 environs se rencontrent également dans le territoire d'Uvira et de Fizi.

C'est par suite de l'attentant de RUCUNGU, en 1896, que fuyant la tyrannie et les représailles du roi MUSINGA, ils atteignirent le Congo par KAZIBA. Ils s'établirent sur les hauts plateaux d'Uvira où ils mènent une vie de paitre. Ces dernières armées, quelques familles de ces groupes ont poussé un point jusque sur la croupe des montagnes de territoire de FIZI où leurs bestiaux trouvent aussi d'excellents pâturages.25(*)

DEPELCHIN lève toute équivoque quant à l'époque de l'installation des immigrés Rwandophones dans la contrée. Nous savons en effet, qu'au terme des plusieurs tâtonnement sur le rôle qu'il fallait assigner à l'autorité traditionnelle et la nature des relations qu'il fallait promouvoir entre le pouvoir occupant et pouvoir coutumier, l'administration coloniale promulgua le décret de 02 mai 1910 qui fixa une chefferie ou sous chefferie à tout noir, congolais ou étranger vivant dans la colonie.

L'article 1ère du décret de 1910 stipule à ce sujet que « les indigènes du Congo et ceux des colonies limitrophes qui résident au Congo sont réparties en chefferies dont les limités territoriales sont déterminées par le commissaire de district, conformément à la coutume.

Au second alinéa de son article 3, le même décret précise : « les indigènes qui viendront ultérieurement des colonies limitrophes feront partie de la chefferie et de la sous-chefferie où les fixeront leur résidence.

Il apparaît ainsi clairement qui si la présence des Rwandais sur les hauts plateaux d'Uvira avait été antérieure à la période coloniale, le décret de 1910 n'eût pas manqué de leur reconnaître leur propre chefferie ou sous chefferie pour leur permettre d'évoluer eux-aussi l'instar de toutes les autres ethnies de la colonie, conformément à leur coutume. Leur installation s'étant produite postérieurement à la promulgation de ce décret.

Les Rwandophones se sont tout naturellement retrouvés sous le coup de 2ème alinéa de l'article 3 susmentionnée, ce qui explique leur sujétion aux chefs vira Fuliiru

Sinon, les anciens et orgueilleux maîtres des « chiens de Hutu et Twa » sur lesquels leurs cousins continuaient à exercer, au Rwanda, une cruelle et impitoyable domination jusqu'à la révolution Pome-Hutu de 1959, ne se seraient sûrement pas, sans cela, passivement ni presque spontanément accommodés, des siècles durant, d'une vile sujétion à un chef Vira-Fuliiru qu'ils assimilent, à part eux, aux « chiens de Hutu et de Twa » qu'ils ont laissés dans leur Rwanda Traditionnel.26(*)

Apparition de l'appellation « Banyamulenge »

Sur les hauts plateaux sur plombant le lac Tanganyika vivait affectivement un peuple pasteur semi-nomade » ce peuple n'avait pas pour non « Banyamulenge » mais représentait une branche de migrants Rwandophones Tutsi qui ont fui les conditions de vie abominables qui prévalaient dans leurs pays après la première guerre mondiale.

Les rapports administratifs signalent, quant à eux, la présence du premier contingent Rwandophone dans la contrée en 1924.

L'apparition des conflits interethnique entre Fuliiru et Rwandophones après cette date, semble se confirmer tout comme paraissent le corroborer les témoignages de sources locales qui situent l'arrivé de ces pasteurs sous le règne de chef Fuliiru MOKAGABWE dont l'avènement se situe entre 1914 et 1927.

Tout le peuple Fuliiru se rappelle encore parfaitement, comme si cela datait d'hier, la relégation que lui valut, en 1927, sa haine viscérale contre les immigrés Rwandophones. C'est seulement après la mort de MUKOGABWE, en 1930, que le groupe, qui s'était dans l'entre-temps réfugié à Itombwe, sollitera auprès de l'administration coloniale toujours, son retour à Mulenge. Une confirmation, s'il en était besoin, de la protection dont ils se savaient bénéficiaires auprès de l'administration depuis leur installation.

DEPELCHIN le ditici encore trèsclairement : « MUKOGABWE was relegated in 1927, and died in 1930. The Tutsi asked the colonial occupant for permission to return to Mulenge. »27(*)

On ne demande pas la permission de retourner occuper une terre qui a toujours été sienne» si elle vous a été arrachée, on se serre les reins, on forge les armes et on la reconquiert comme cela venait de se passer au Rwanda. Et pour ce faire, point de permission à quémander à qui que ce soit !

Le contingent de 1924 sera par la mite fortement gonflée par le flux de clandestins et après l'indépendance par des vagues successives des réfugiés politiques notamment en 1959-1962 -1972.

Don son ouvrage, MahanogeMahano précise « Tous les auteurs que nous venons de citer ne parlent que de Rwandais Tutsi. Aucun ne fait mention d'un quelconque Mu ou Banyamulenge. Nous pourrions de même fouiller en vain, minutieusement systématiquement, toute la littérature ethnographique existante sur le Sud-Kivu ; nulle part nous ne trouverons signaler l'existence de la mystérieuse ethnie « Banyamulenge »

Il faut en vérité nous rapprocher très près clans l'histoire immédiate pour voir le terme « Banyamulenge » tenter désespérément, mais opiniâtrement sa Percier, tel sur « deus ex-machima » à la fois dans le panorama ethnographie et sur l'échiquier politique du pays.

C'est à partir plus précisément des années 1970, qu'un groupe d'intellectuels immigrés Rwandophones à l'armée parfait. Le commissaire du peuple GISARO, lui-même encouragé soutenus par l'ensemble des intellectuelles et réfugiés Tutsi, hautement et puissamment positions à Kinshasa, prennent conscience de leur non appartenance commune à la nation congolaise. Ils se rendent du coup compte de la fragilité de leurs positions socio-politiques dans les pays.

Les immigrés et les réfugiés socialement implantés dans les rouages politico-administratifs du pays et parfaitement au courant des moeurs politico-administratives du pays hôte fraierontaussitôt dans cette lacune une occasion inespérée d'usurper la nationalité congolaise à peu de frais en se rattachant tous à cette branche mal connue. L'opération restera néanmoins clandestine jusqu'en 1977. Cette année-là, l'entrée de GISARO, un descendant de ces immigrés Tutsi, au conseil législatif rassure les hésitants et raffirmit les timides.

En hardis par ce premier succès, les immigrés jubilent, sortent de la clandestinité et proclament bruyamment, à la grande surprise générale, qu'ils ne sont plus désormais des Rwandais mais des « Banyamulenges ».

Fort de sa nouvelle position au conseil législatif, GISARO entreprend illico des démarches au département de l'Administration du territoire pour que leur supercherie soit entérinée et leurs villages érigés en chefferie autonome.

C'est ce vieux projet justement que ressuscitera Monsieur GISARO, il profitera de la confusion générale, de l'ignorance de l'autorité administrative et de ses amitiés personnelles avec feu MAFEMA NGANZENG, alors commission d'Etat à l'Administration du Territoire pour réussir à faire admettre la création d'un groupement mais qui, malheureusement pour lui, s'appellera Bijombo et non BANYAMULENGE.

Ce groupement sera, pour comble de l'infortune, placé sous l'autorité d'un chef Vira. Ce qui explique la frustration et toute l'agitation du groupe d'immigrés Rwandophone installés sur les hauts-plateaux d'Uvira.

En fait, si le nouveau groupement n'a pas été baptisé « Mulenge » selon les voeux de Monsieur GISARO, c'est tout simplement par ce qu'il se situe en chefferie vira alors que le bourg de Mulenge se retrouve très loin au nord, en chefferie Fuliru dans un autre groupement qui a pour nom, groupement de Kigoma28(*)

Des chercheurs tels que jacques Maquet et S.Naigisiki, Georges Weis, Jean Hiernaux et Gaspard KAJIGA n'ont pas fourni assez des renseignements sur le territoire ethnique, l'itinéraire et l'organisation politique et économique des Banyarwanda de hauts plateaux d'Itombwedevenus Banyamulenge en 1977. les rapports administratifs de l'époque colonial révèle l'existence du quelques groupes des Banyarwanda dans le secteur de Luvungi et leur apparition au processus de territorialisation. Le pouvoir colonial et les chercheurs ont considéré qu'il y avait une homologie entre l'organisation des Tutsi du Rwandais et celle des Banyamulenge pourtant ces derniers s'étaient séparés deux dès la fin du 19è siècle avant leur déplacement, le Kinyaga dans l'actuel préfecture de Cyangungu au Rwanda, constituait leur territoire ethnique.

Ceci est attesté par Jean HIERNAUX, l'Abbé Gaspard KAJIGA, Catharine New bury et JacqueDepelchin qui expliquent le déplacement par la volonté d'échapper aux exactions du roi Musinga en 1896.

Depuis leur sortie du Kinyago, les Banyarwanda, ont commencé une nouvelle expérience politique et à s'organiser autrement sur de nouveaux espaces où vivaient déjà des Bafuliiru, des Bavira et des Barundi. Leur chefferie était mouvante même après qu'ils se soient installés dans les moyens plateaux d'Itombwe. Georges Weis le confirme lors qu'il écrit que les Banyarwanda « abandonnent facilement des hameaux, et même des villages entiers par exemple Kataka en 1952 pour grossir l'effectif des villages voisins ou émigrer vers la frontière occidentale de la chefferie » Bavira. 29(*)

Les écrits sur le déplacement des Banyarwanda indiquent trois itinéraires qu'ils auraient emprunté pour occuper les hauts plateaux d'Itombwe. Le premier itinéraire décrit par l'Abbé Gaspard Kajiga montre que les Banyarwanda sont passés par Kaziba pour atteindre les hauts pataux d'Itombwe. Cette version est à considérer avec réserve car à l'époque où ils ont quitté le Kinyanga, leur Mwami Rwabugiri venait de mourir sur le champ de bataille contre les Bashi. Vu l'hostilité qu'il y a avait entre les deux peuples, la fraction dissidente des Banyamulenge (Banyarwanda) aurait eu peu de passer par Kaziba et de s'exposer à des représailles des Bashi.

Le deuxième itinéraire, retracé par MayugiNdagzima, est loin d'apporter des réponses mais sème plutôt des confusions dans les esprits. Muyegi comme Joseph Mutambo se basent sur l'existence du clan des Abarundi parmi les Banyamulenge pour soutenir qu'ils auraient transité par le Burundi. Au cours de leur passage, ils l'ont incorporé pour s'établir à Kagando et en suite à Kakamba dans la plaine de la Ruzizi.

L'intérêt de cette version est de montrer que le groupe des Banyamulenge n'est pas composite et s'est enrichi de nouveaux clans, ...

En fin, le troisième itinéraire, présenté par JacqueDepelchin, s'écarte de deux précédents. Il rejoint celui de Georges Weis et considère la localité de Kakamba comme deuxième site que les Banyarwanda ont occupé après leur sortie de Kinyanga. Mais ce site n'attire pas l'attention des analyses avons qu'il fut le premier territoire tribal des Banyarwanda après avoir traversé la Ruzizi. Ils l'ont abandonnée pour gagner la localité de Mulenge et fut annexé à la chefferie agrandie des Barundi pendant la colonisation. L'importance de Mulenge tient au fait qu'il a été un carrefour de peuples grâce à son climat de montagne presque identifique à celui de Kinyaga30(*)

Les Barundi se battent pour la reconnaissance de leur nationalité et le maintien de leur chefferie agrandie. Les Bavuluga réclament la décomposition de la chefferie agrandie des Bafuliiru.

Ces derniers et le Bavira revendiquent tout le territoire d'Uvira.

Les Banyamulenge engagent leur lutte au tour du groupement de Bijombo, de la création du territoire de Minembwe, de la représentation politique et du statut des minorités.

L'idée de centralisme hérité de la colonisation est remise en cause mais ce n'est pas la fin de territoires 31(*)

Les guerres que provoquent les Banyamulenge sont la forme violente et expressive des revendications collectives par lesquelles les Banyamulenge participent à la décomposition de l'Etat Congolais. Les contestations dans le territoire d'Uvira naissent non seulement du droit mais également de la divergence d'attitudes de la perception du rapport au territoire et des pratiques des acteurs.

Les pratiques de morcellement frauduleux des collectivités Chefferie, de duplication de l'autorité traditionnelle et la contestation de la nationalité sont autant des facteurs qui conduisent à l'alignement des ethnies et produisent des conflits entre elles.

Tableau n° 1. Tableau de récapitulation de la population Congolaise et Etrangère du Territoire d'Uvira pour le 4ème trimestre 2005

SUBDIVISION ADMINISTRATIVE

POPULATION CONGOLAISE

POPULATION ETRANGERE

TOTAUX

H

F

G

F

TOTAL

H

F

G

F

TOTAL

Chefferie Bafuluri

20924

24 171

28649

27649

101168

67

103

66

60

296

101464

Chefferie Bavira

2914

3 422

4024

3830

14190

17

14

11

14

57

14247

Chefferie Plaine de la Ruzizi

4290

5 532

7317

7582

24721

189

177

363

348

1077

25798

Total Chefferies

28 128

33 125

39765

39061

140079

273

195

440

422

1430

141509

Cité d'Uvira

23 910

28 879

38681

39882

131352

163

267

261

277

268

131620

Cité de Kagando

4 630

94 77

8232

8310

26669

86

114

224

266

690

27359

Cité de Sange

4 014

6014

8089

7639

26214

55

75

44

46

220

26432

Total cités

33 012

40370

55022

55831

184235

304

456

529

589

1878

186113

Total Territoire

61 140

73945

94787

94892

324314

557

751

969

1011

3308

327113

Source : Bureau de l'Etat civil, territoire d'Uvira, 2005

* 25 Op. Cit. p. 68

* 26 Idem p. 73

* 27Idem p. 80

* 28MAHANO GE MAHANO, Op. Cit, p. 82

* 29 BOSCO MUCHUKIWA, Op. Cit, p. 53

* 30Bosco MUCHUKIWA, Op. Cut, 54

* 31 Idem, P. 30

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe