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Dispositif de renforcement du système scolaire conventionnel en Côte d’Ivoire. Influence des classes passerelles en zone centre nord et ouest (c.n.o.) de 2006 à  2014.


par Moussa KONE
Université Alassane Ouattara - Doctorat en sciences de l'éducation 2019
  

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2. Les classes passerelles en tant qu'alternative éducative et dispositif d'éducation d'urgence en Côte d'Ivoire

2.1. Les classes passerelles en tant qu'alternatives éducatives

C'est dans un double contexte de crise caractérisé par un besoin accru d'éducation, que deux ONG nommées EPT et NRC, ont lancé le projet des classes passerelles en zone CNO à partir de 2006. L'objectif principal de ces classes passerelles est d'encadrer les enfants de 9 à 14 ans, restés hors du système scolaire afin de les intégrer à l'école primaire conventionnelle. Ainsi, les classes passerelles se présentent, dans le cas de la Côte d'Ivoire, comme une alternative éducative et un dispositif d'éducation d'urgence par leur fonction palliative des déficits du système scolaire conventionnel et par les contextes de conflit qui les ont suscitées. Les différences structurelles et fonctionnelles entre les classes passerelles et les écoles conventionnelles découlent de ce fait. Ces différences se traduisent à trois niveaux, à savoir : le contexte de mise en oeuvre, les acteurs et les curricula.

Cette différence est confirmée par KOFFI et RAKOTONDRAZAFY (2016) qui définissent la notion d'éducation alternative comme « toutes les approches pédagogiques qui diffèrent de la pédagogie traditionnelle. 337» Selon ces auteurs, ce type d'approche est centré sur l'apprenant afin de favoriser son autonomie au cours de l'apprentissage. Les classes passerelles appliquent ce principe à travers l'approche par compétence ou encore l'hétérogénéité des classes uniques. Elles tiennent compte, également, de l'intégration de l'apprenant à son milieu à travers l'enseignement des compétences de vie ou «life skills»338. Cela inclut l'usage de la

337 A. KOFFI et J. RAKOTONDRAZAFY, 2016, op. cit., pp. 75-77

338 Life skills : selon le MENET/DPFC, 2014, l'expression se traduit en français par compétences de vie ou compétences pour la vie enseigne les techniques de développement personnel comme la prise de décision ou l'affirmation de soi. Son ancrage sur des connaissances fiables ainsi que le développement d'aptitudes spécifiques pour traiter les situations de menaces en vue de mener une vie saine, s'appuie sur des attitudes responsables. p. 24

320

langue maternelle dans le processus d'apprentissage comme l'étude le montre pour les classes passerelles EPT. Une approche pédagogique qu'AHÏDARA (2007) juge « appropriée 339» pour l'éducation alternative. Cette démarche est aussi qualifiée « d'inclusive et évolutive 340» par MBAYE (2010) car elle intègre tous les besoins des apprenants et de manière dynamique. Elle a pour avantage, de constituer, selon KOFFI et RAKOTONDRAZAFY (2016) une réponse aux problèmes sociaux comme le chômage, la déscolarisation et les autres besoins immédiats des apprenants.

Relativement à spécificité des acteurs de l'alternative éducative, les classes passerelles proposent une combinaison d'acteurs étatiques et non-étatiques travaillant de concert et permettant « une réappropriation de la fonction éducative par l'ensemble des acteurs concernés et impliqués 341», comme le suggère MBAYE (2010). Cet engagement facilite la prise en compte de besoins socioéconomiques des apprenants. La spécificité des apprenants constituent aussi un point d'intérêt pour notre étude. Leur âge avancé (9 à 14 ans) crée une hétérogénéité dans la classe unique qui devient un avantage pour ce type de dispositif comme l'indique STIPEK (2002)342, les élèves les plus âgés réussissent mieux par rapport aux plus jeunes même si ces conclusions méritent d'être nuancées. Selon lui, ces différences de performances disparaissent progressivement durant le cursus scolaire. CONNAC (2006) confirme cette thèse en ces termes : « l'hétérogénéité est un atout pour la classe et pour les apprentissages de chacun.343 » Ainsi, au regard des bonnes performances des classes passerelles, l'âge avancé des apprenants demeure un avantage même si les plus jeunes élèves (7 ans) sont majoritairement victimes de l'hétérogénéité des classes comme le montre notre étude ainsi que les travaux de KOFFI (2009).

339 Y. HAÏDARA, 2007, Education et langue nationales au Mali. Bamako, Centre de Ressources de l'Education Non formelle, cité par A. KOFFI et J. RAKOTONDRAZAFY, 2016, op. cit., p. 77

340 M. MBAYE, 2010, op. cit., p. 9.

341 ibidem

342 NIH Public Access, 2007, op. cit., pp. 337-368.

343 ibidem

321

La particularité des curricula des classes passerelles en tant qu'alternative éducative tient compte de leur finalité qui est : l'intégration de l'apprenant dans le système éducatif conventionnel. Ainsi, dans le projet école, l'ONG recrute le personnel et autorise l'équipe pédagogique à intervenir. Celle-ci agit à un niveau opérationnel, par la mise oeuvre du projet école. L'équipe pédagogique assure la formation des enseignants, leur encadrement, les évaluations, l'organisation des cours et le choix des contenus. Le projet est exécuté dans un espace en souffrance d'offre éducative dans une période de neuf mois. Comparativement au deuxième type d'alternative éducative à « visée d'intégration professionnelle 344» évoquée par KOFFI et RAKOTONDRAZAFY (2006), les classes passerelles présentent des différences que notre étude n'a pas permis de mettre en évidence. Toutefois, vu l'âge avancé (14 ans) de certains apprenants, notre étude suggère, à l'instar des des travaux de KOFFI (2009), la prise en compte de ce volet professionnel dans la finalité des classes passerelles en ayant recours aux « centres de formation professionnelle et de métier 345». Pour ce faire, une étude impliquant tous les acteurs du secteur est nécessaire. L'on pourrait déjà s'inspirer des exemples comme « l'alphabétisation des adolescents, les écoles communautaires qui sont constituées de centres d'éducation au développement du Mali, d'écoles d'initiatives locales du Togo et des écoles communautaires de base du Sénégal », des modèles cités par KOFFI et RAKOTONDRAZAFY (2006) dans leurs travaux.

Les points communs à toutes ces alternatives éducatives sont la spécificité de leurs cibles, l'ancrage des apprentissages dans le milieu de vie, le développement du savoir-faire et du savoir-être en mettant l'apprenant au centre du processus d'apprentissage.

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