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Dispositif de renforcement du système scolaire conventionnel en Côte d’Ivoire. Influence des classes passerelles en zone centre nord et ouest (c.n.o.) de 2006 à  2014.


par Moussa KONE
Université Alassane Ouattara - Doctorat en sciences de l'éducation 2019
  

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3.2.3. De l'influence de la langue maternelle

L'étude a permis de montrer l'influence de l'enseignement en langue maternelle (langue 1) sur le français (langue 2) dans les classes passerelles. Ces résultats justifient le choix du bilinguisme opéré par le promoteur EPT au plan pédagogique. Un choix motivé par bon nombre de travaux de chercheurs dans le domaine de la psychopédagogie et de la linguistique.

En effet, dans le contexte des pays du Tiers Monde, notamment des pays africains, qui ont hérité de la colonisation, « une langue officielle », la question de l'utilisation des langues maternelles, comme médium d'enseignement, devient pertinente. Cela est dû au fait que ces langues représentent « un enjeu stratégique pour la mobilisation internationale en faveur de la scolarisation primaire universelle dans le double contexte des OMD et de l'EPT 369», comme le relèvent OUANE et GLANTZ (2010). Dans un contexte d'éducation alternative ou d'urgence qui exige une réadaptation de l'éducation au milieu socio-culturel et économique, AHÏDARA (2007) estime que « l'usage des langues maternelles des apprenants dans le processus d'apprentissage constitue un moyen approprié. 370» Compte tenu de son importance dans le processus d'apprentissage, le PISA 2006 montre que la mauvaise maîtrise de la langue officielle, par les enseignants et les élèves, constitue une cause de l'échec scolaire dans les systèmes éducatifs restés longtemps axés sur la langue étrangère. Ainsi, « les acteurs de l'éducation tentent de corriger cette insuffisance avec une politique d'enseignement favorisant le bilinguisme. 371»

Concernant les avantages d'une éducation bilingue ou multilingue, l'association SOROSORO (2011) indique que les apprenants ont des facilités dans

369 A. OUANE et C. GLANTZ, 2010, Pourquoi et comment l'Afrique doit investir dans les langues africaines et l'enseignement multilingue, Hambourg, Institut de l'Unesco pour l'apprentissage tout au long de la vie, p. 11

370 Y. HAÏDARA, 2007, op. cit., p. 77

371 PISA, 2006, Langues de scolarisation : vers un cadre pour l'Europe, Strasbourg, PISA, p. 10

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l'acquisition du savoir lorsqu'ils ont reçu « un premier enseignement dans leur langue maternelle 372». De même, ces apprenants montrent plus d'aptitude à apprendre une deuxième langue par rapport à ceux qui sont directement confrontés à « une langue qui ne leur était pas familière. 373» La question du lien entre l'enseignement des langues maternelles et le français permet de vérifier s'il existe une possibilité de transfert des compétences linguistiques construites d'une langue à l'autre. C'est l'avis de LASCOLAF qui, à travers son rapport de 2010, relève que « les expériences des pays subsahariens montrent, de manière générale, que ce transfert existe même s'il est quelques fois fait de manière implicite sans que les enseignants ne soient capables de le mettre en évidence. 374» C'est également, ce lien qui permet, aux Centres « Banma Nura » (CBN) du Burkina Faso, de raccourcir la scolarité d'un an en faisant une comparaison de langue pour dénouer les situations difficiles pour les élèves. Pour MAURER et al (2010) la mise en évidence de ce lien et son utilisation visant à « optimiser la présence des deux langues 375» méritent une étude approfondie dans un système bilingue. Notre étude est en phase avec cette conclusion car beaucoup de questions comme le syllabaire de langue maternelle et le niveau de maitrise de la langue par les enseignants ne sont pas élucidés.

Pour un système d'enseignement basé sur une langue étrangère comme celui de la Côte d'Ivoire, trois axes de réflexion découlent de ce qui précède, à savoir : l'intégration des langues maternelles dans l'enseignement, le choix de sa mise en oeuvre et la prise en compte des difficultés de sa mise en oeuvre. Il est opportun pour les acteurs des systèmes scolaires basés sur une langue étrangère, d'adhérer à cette pratique pédagogique susceptible de faciliter et d'améliorer l'enseignement. De manière spécifique, ladite pratique doit inspirer positivement le système scolaire ivoirien. Sa prise en compte exige son intégration dans un processus pédago-

372 Sorosoro, 2011, « Pourquoi sauver les langues » in http// www.sorosoro.org/les langues-en-danger/pourquoi-sauver-les-langues, Consulté le 10 décembre 2011.

373 ibidem

374 LASCOLAF, 2010, « Langues de scolarisation en Afrique francophone : état des lieux et perspectives » in https://www.francophonie.org/Langues-de-scolarisation-en.html, consulté le

375 B. MAURER et al, 2010, op. cit., p. 15

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gique global qui aurait pour objectif, d'apporter des solutions durables à la question de l'efficacité du système scolaire ivoirien. Cette démarche nécessite une série d'études afin d'en déterminer les conditions de mise en oeuvre, dans un contexte où les langues maternelles des apprenants sont diverses. A ce niveau, le projet pilote « école intégrée » initié par le MEN depuis quelques années mérite d'être développé davantage.

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