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Dispositif de renforcement du système scolaire conventionnel en Côte d’Ivoire. Influence des classes passerelles en zone centre nord et ouest (c.n.o.) de 2006 à  2014.


par Moussa KONE
Université Alassane Ouattara - Doctorat en sciences de l'éducation 2019
  

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1.5. Disparités de scolarisation selon le sexe, la région, le milieu d'habitation et le statut socio-économique

C'est ainsi qu'en 2007, au niveau du genre, il est estimé que « le genre et la zone d'habitat constituent des facteurs discriminants, 224» et les 30% d'une classe d'âge n'ayant pas accès au CP1 sont constitués « plutôt des ruraux, des pauvres et plus souvent des filles.225 » En ce qui concerne le rapport des filles aux garçons, le RESEN 2011 relève que ce sont :

76,6% de garçons contre 67,1% de filles d'une classe d'âge qui ont accès à

l'école primaire. [Au niveau des régions], en 2007, il est estimé que : « le taux d'accès à l'école est supérieur à 80 % à Abidjan et dans la région

Centre Ouest, alors qu'il n'est que de 35 % dans la région Nord et 41 % dans la région Nord-Ouest. 226

Au niveau de la zone, en 2007, il est estimé que seulement « 66 % de la classe d'âge de 6 ans en milieu rural ont accès à l'école » contre « 83 % en milieu

222 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., pp. 11-12

223 idem, p.18

224 Banque Mondiale et al, 2011, op. cit., p. xxxii

225 idem, p. xxxi

226 idem, p. 40

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urbain.227 » Le RESEN 2016 confirme l'existence des disparités diverses en 2012 comme suit : « au niveau du primaire, en considérant le milieu de résidence et le niveau de vie des ménages, les analyses montrent que les disparités dans les scolarisations sont générées dès l'accès, et se creusent au cours de la scolarité.228 » Pour le RESEN 2016 les disparités se présentent à différents niveaux :

- au niveau des ressources allouées à l'éducation du fait de leur parcours scolaire plus long, certains groupes de la population s'approprient plus de ressources publiques ;

- au niveau du genre, les garçons consomment 20 % de ressources de plus que les filles ;

- au niveau du milieu géographique, les enfants issus de milieux urbains consomment près de 2 fois plus de ressources que les ruraux, et un jeune scolarise à Abidjan, 3,5 fois plus qu'un jeune vivant dans la région Nord-Ouest ;

- au niveau du milieu socioéconomique, les enfants issues de milieu familial favorisé consomment 3,7 fois plus de ressources que les enfants issus de milieux défavorisés ;

- et au niveau de la répartition des infrastructures scolaires une différence

fondamentale existe entre le Nord et l'ouest et les autres régions du pays. C'est ainsi « qu'au niveau national, il existe une école primaire tous les 2,8 km en moyenne, [alors que dans] les régions du Nord et de l'Ouest du pays, près de la frontière avec le Liberia, les écoles primaires sont séparées par une distance moyenne de 4 km. 229 »

Dans une esquisse d'explication de ces inégalités, le RESEN 2016 précise que « La situation défavorable des filles résulte de la combinaison de deux phénomènes : d'un accès au cycle primaire moindre, et d'une plus forte déperdition, notée pour l'ensemble des cycles. Il serait intéressant de mieux comprendre ce qui bloque ainsi l'accès des filles au primaire et leur progression au sein des

227 Banque Mondiale et al, 2011, op. cit., p. xxxiii

228 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit. p. 9

229 idem, pp.10-11

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cycles. 230» Dans la même démarche d'explication, se fondant sur des données de l'ENSETE de 2013, le RESEN 2016 affirme que :

(...) outre les problèmes financiers, qui entravent de manière similaire la scolarisation des filles que celle des garçons (42 % des cas), les tâches ménagères sont particulièrement pénalisantes pour les filles, étant mises en avant dans 6 % des cas (...). De manière surprenante, le jeune âge des enfants est un problème plus couramment invoqué pour les garçons (21 % des cas) que pour les filles (18 % des cas)231

En ce qui concerne les disparités de lieu de résidence en matière de scolarisation, le RESEN 2016 les justifie comme suit :

Les centres urbains, mieux pourvus en infrastructure de base, offrent en général davantage d'opportunités de scolarisation (forte concentration de la population, moindre distance pour se rendre à l'école [réduite]), contrairement aux zones rurales qui sont moins bien dotées en infrastructure scolaire et ont une population dispersée, ce qui induit de grandes distances à parcourir pour les enfants. Cependant, en milieu urbain, la forte densité de population peut contraindre les possibilités de construction d'écoles, conduisant à de grandes tailles de classe et/ou à exclure des élèves des opportunités édu-catives.232

L'inégale répartition des infrastructures d'accompagnement est également évoquée par le RESEN 2016. Ainsi, en 2013, 35 % d'écoles sont dotées de points d'eau en milieu rural, contre 68 % en milieu urbain ; 36 % d'écoles sont dotées de latrines fonctionnelles en milieu rural contre 69 % en milieu urbain et 56 % d'écoles sont dotées de cantines en milieu rural, contre 52 % en milieu urbain.

Au niveau des manuels scolaires, les écoles sont peu dotées et leur distribution entre écoles est inéquitable. « Les manuels scolaires, en plus d'être insuffisants, sont également mal repartis entre établissements. 233» Cette absence d'équité se manifeste également entre les différentes régions. Au niveau de la scolarisation, de manière générale, « le phénomène de non-scolarisation et d'abandons précoces affectent le plus les couches les plus pauvres de la popula-

230 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit, p. 164

231 ibidem

232 idem, p.167

233 idem, p. 17

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tion, les jeunes en milieu rural et de façon prépondérante les jeunes des régions du Nord et du Sud-Ouest. 234»

Au regard de ce qui précède le défi pour l'enseignement primaire consiste à « toucher davantage les enfants des milieux ruraux, de certaines zones administratives comme le Nord, le Nord-Ouest et le Centre-Ouest, et les familles pauvres. 235» l'Etat de Côte d'Ivoire inscrit la question des inégalités de scolarisation dans le cadre de l'équité en éducation. C'est une problématique qui, au-delà de l'enjeu éducatif, a des enjeux économiques et de développement. Relativement à la question de l'accès, les classes passerelles proposent une approche de proximité en s'implantant dans des zones rurales réduisant ainsi les distances à parcourir par les élèves pour être à l'école. L'implantation de ces classes permet également de former et d'employer davantage d'enseignants eu égard à leur procédé de recrutement qui s'adresse au diplômés sans emploi et titulaire du Brevet d'Etude du Premier cycle (BEPC). Cela est d'autant plus pertinent que le système éducatif ivoirien manque d'enseignants.

La question de la disparité selon le sexe est prise en compte par le projet passerelle par « le volet genre » qui donne la priorité aux jeunes filles dans les critères de recrutement. Quant à la disparité selon la région et la zone, ces classes s'implantent dans les zones C.N.O qui ont subi les effets néfastes de la guerre sur les infrastructures éducatives. Ce sont des zones qui ont connu très peu d'investissement dans le domaine éducatif depuis la guerre de 2002 du fait de l'absence de l'Etat. Le projet des passerelles de 2007 et 2009 viennent en appui à la dotation des zones rurales et urbaines souffrant d'une lacune d'offre éducative.

234 Gouvernement de Côte d'Ivoire et al, 2016, op. cit., p.7

235 idem, pp. 10-11

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld