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La prière de la via lucis une pédagogie de la foi


par Patricia NOEL-PALLUEL
Institut Catholique de Paris - Diplôme de l'Institut Supérieur de Liturgie 2021
  

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2. LA VIA LUCIS, UNE PEDAGOGIE DE LA FOI

Le parcours de l'Initiation chrétienne se déroule selon le modèle d'une catéchèse de cheminement, d'étape en étape, sur un itinéraire balisé par des rites de purification et d'illumination, jusqu'à l'ultime passage du baptême lors de la Vigile pascale. Se tenir debout, avancer, stationner et accepter de se laisser déplacer, telle est la dynamique du cheminement. Mais dans quel sens faut-il avancer ? La voie est indiquée par le Ressuscité : il s'agit de passer des ténèbres à la lumière. Christ est la Voie (Jn 14,6).

Ainsi, la prière de la Via Lucis pourrait peut-être servir à souligner l'itinéraire parcouru par les catéchumènes devenus néophytes pendant le temps de la mystagogie consécutive aux célébrations des sacrements reçus pendant la Vigile pascale, c'est-à-dire pendant les sept semaines du Temps pascal. Les messes des dimanches du Temps pascal sont dites « messes pour les néophytes » (RICA 239). Le chemin de la Via Lucis est un chemin progressif de conversion, c'est un chemin d'entrée dans la nouveauté extraordinaire de la foi en la Résurrection du Christ. La Via Lucis est un chemin vers Dieu où l'on est guidé depuis le matin de Pâques, cinquante jours durant, par le Ressuscité.

Lors de la Vigile pascale, avant qu'ils ne reçoivent les sacrements de l'Illumination, les catéchumènes adolescents et adultes passent par des étapes de purification avec des scrutins et éventuellement un exorcisme. Or, le rite conclusif d'une célébration de la Via Lucis, dans la forme complète de la prière, comprend la Renonciation et la profession de foi56 qui correspond à des rites de la seule nuit pascale. Les nouveaux baptisés sont baptisés au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit (Mt 28,19). (Mt 28, 19-20) est la Onzième station de la prière de la Via Lucis. En grec, être baptisé « au nom de » se dit « eis to onoma », c'est-à-dire non pas « de la part de » mais « vers le Nom de »57. Le baptême au Nom de la Très Sainte Trinité ouvre une Voie : il ouvre un chemin et un sens.

Après avoir été plongés dans l'eau baptismale, les baptisés sont marqués au front du signe de la Croix par le célébrant au moyen d'une onction de saint-chrême consacrée à Pâques, puis ils reçoivent le vêtement blanc et ensuite un cierge allumé au cierge pascal, lequel a été allumé au feu nouveau lors de la liturgie de la lumière (RICA 221-227).

56 La Renonciation et la profession de foi est le rite conclusif de la prière de la Via Lucis : en Annexe, 105. http://vialucis.org/index.php/it/conclusione-13 (25/05/2021)

57 J.-N. BEZANCON, Un chemin pour aller ensemble au coeur de la foi.

52

L'onction préfigure la célébration de la confirmation qui est la mise en oeuvre de la deuxième étape du sacrement du baptême. « Le dernier rite du baptême, la remise de la lumière, dit bien que le chemin est un chemin éclairé par le Christ, mais aussi que le baptisé est lui-même lumière (vêtement blanc) et que c'est bien de son propre chemin qu'il s'agit, pas d'un chemin tracé d'avance58».

L'Eglise italienne a intégré la prière de la Via Lucis dans la liturgie baptismale et donc dans les rites de l'Initiation chrétienne de la Vigile pascale pour toute la communauté réunie, les catéchumènes appelés qui vont être baptisés et les fidèles. Ainsi, c'est l'ensemble de la communauté réunie qui vit pendant cette nuit pour les appelés la profession de foi solennelle, pour les fidèles le renouvellement des promesses baptismales : « je renonce », « je crois ».

La prière de la Via Lucis pourrait peut-être constituer un support de catéchèse consécutive à la réception des sacrements de l'Initiation chrétienne durant les sept dimanches des messes des néophytes. La mise en oeuvre de la mystagogie qui suit la célébration des sacrements n'est pas destinée aux seuls néophytes mais à tous les membres de la communauté59 pendant le Temps pascal. Avec la prière de la Via Lucis comme outil catéchétique, la catéchèse communautaire pourrait être l'occasion d'une mystagogie des sacrements de l'Initiation, non seulement entre néophytes mais aussi dans un échange intergénérationnel avec la communauté des fidèles. C'est aussi le rôle de la communauté paroissiale que d'être « catéchisée et catéchisante 60».

« Le fait de célébrer les sacrements de l'initiation dans la nuit de Pâques traduit en effet d'une façon particulière que ces sacrements associent au Christ et à son passage de la mort à la résurrection, qu'ils font en fait vivre un nouveau départ.

Mais ce caractère pascal du catéchuménat ne se limite pas à la Veillée pascale comme moment indiqué de la célébration des sacrements de l'initiation. Il embrasse aussi le Carême, temps fort de préparation de l'Église aux fêtes pascales, et, pour les

58 R. LACROIX, « La Vigile pascale, point d'orgue de l'Initiation chrétienne »,

https://liturgie.catholique.fr/accueil/initiation-chretienne/le-bapteme/temps-et-lieux/13040-la-vigile-pascale-point-dorgue-de-linitiation-chretienne/ (22/05/2021)

59 http://marly-catholique78.fr/wp/wp-content/uploads/2020/04/Livret-Temps-Pascal.pdf (25/05/2021)

60 A. FOSSION, Nouvelle Revue Théologique, « Vers des communautés catéchisées et catéchisantes, Une reconstruction de la catéchèse en un temps de crise », 2004, https://doi.org/10.3917/nrt.264.0598 (13/05/2021)

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catéchumènes, d'ouverture du coeur à la réception des dons du Seigneur. La célébration de « l'appel décisif » des catéchumènes, au début de ce temps, met de l'avant que Dieu fait les premiers pas vers eux, par l'intermédiaire de son Église, et que leur démarche est essentiellement de l'ordre de la réponse au Seigneur qui s'invite dans leur vie. Les « scrutins » interviennent aussi durant le Carême : ils assurent les catéchumènes de la miséricorde du Seigneur à leur endroit.

Le caractère pascal du catéchuménat s'étend encore au temps de la mystagogie, qui coïncide avec le temps pascal des cinquante jours après Pâques et met l'accent sur l'approfondissement des sacrements reçus. Dans plusieurs diocèses, l'évêque opte pour la confirmation célébrée au terme de cette initiation postbaptismale, à la Pentecôte. Histoire de permettre à l'initiation de se prolonger afin d'aider la foi à s'enraciner et de rendre explicite que, s'achevant en présence de l'évêque, cette initiation comporte une dimension supralocale de rattachement à l'Église.

Heureuse Église qui, du début du Carême à la Pentecôte, accompagne vers les sacrements de l'initiation et les célèbre ! Heureuses et heureux catéchumènes et néophytes qui, pendant ce temps, vivent l'expérience pascale de structuration de leur foi et de leur vie de disciples du Seigneur ! 61»

2.1. LA PRIERE DE LA VIA LUCIS ET LE LECTIONNAIRE DU TEMPS PASCAL

La prière de la Via Lucis a un contenu biblique qui fait parcourir le chemin vécu par les disciples de Jésus depuis l'aube de Pâques jusqu'à l'effusion de l'Esprit Saint sur la première Eglise du Christ. Le noyau scripturaire de la prière de la Via Lucis comprend les récits de découverte du tombeau vide de Matthieu et Luc - pas celui de Marc - et les récits d'apparition du Ressuscité, apparitions individuelles (Jean, Luc) et apparitions collectives (Matthieu) ; ainsi que les récits qui concernent l'Eglise primitive depuis l'Ascension du Seigneur jusqu'à l'effusion de l'Esprit-Saint (Jean) à la Pentecôte qui figurent dans les Actes des Apôtres (Luc).

61 P. G. DROUIN, Office de Catéchèse du Québec, « Les catéchumènes sont baptisés lors de la Vigile pascale, pourquoi ? », https://www.officedecatechese.qc.ca/formation/catechumenat/chronique/2017/201711_Drouin. html (22/05/2021)

54

Dans quel but faire le chemin de la Via Lucis ? Le but pastoral est que les fidèles découvrent l'unité du Temps pascal dans les sept semaines de Pâques à la Pentecôte, qu'ils s'intéressent à la lectio divina et qu'ils entrent davantage dans l'intelligence du mystère pascal avec les nouveaux baptisés, les néophytes qu'il faut intégrer dans la communauté.

Voir Jésus ressuscité et le reconnaître en tant qu'il est bien le Crucifié, le Maître, le Messie, le Seigneur, tel est l'enjeu des récits des Evangiles de la Résurrection proclamés durant le Temps pascal. C'est aussi ce qui constitue la trame scripturaire de la prière de la Via Lucis. Les récits de la Résurrection du Christ peuvent être sériés en deux sortes de récits : d'une part les récits du tombeau vide, d'autre part les récits d'apparitions du Ressuscité. Quant aux récits d'apparitions, ils peuvent également être sériés en deux catégories : les récits d'apparition à une personne particulière et les récits d'apparition à la communauté.

Toujours première est la Parole, toujours nous précédent est le Verbe, le Logos, la Parole est puissante et créatrice (Gn 1,3) et nous accompagne jusqu'à la fin des temps comme les enseignements de Jésus (Mt 28,20). La Parole de Dieu appelle à l'écoute dans le silence. Lors de la Transfiguration, sur le mont Thabor, la voix divine dit : « Celui-ci est mon Fils, ... Ecoutez-le !62».

Qu'ils écoutent, entendent et comprennent, tel est bien l'enjeu majeur de l'attente de Jésus ressuscité vis-à-vis de ses disciples, tout comme cela l'avait déjà été du temps de son ministère public mais il s'agit maintenant de former des apôtres croyants fermement en Christ ressuscité qui soient en mesure de porter témoignage de la réalité de la Résurrection du Seigneur, de la réalité de la résurrection des morts et de la vie éternelle. Le Ressuscité est venu former un collège apostolique capable de pouvoir témoigner jusqu'aux extrémités de la terre avoir vu, parlé, mangé et bu avec le Ressuscité, capable d'expliquer le dessein eschatologique de Dieu pour l'humanité révélé dans les Saintes Ecritures du peuple juif et accompli en Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur.

62 L. DEISS, Synopse de Matthieu, Marc et Luc, avec les parallèles de Jean, Paris, Desclée de Brouwer, 1963, 1975, (Mt 17,5 // Mc 9,7 // Lc 9,35), 121.

55

TABLEAU SYNOPTIQUE

LECTIONNAIRE DU TEMPS PASCAL63 / 3 sources de la prière de la VIA LUCIS

CALENDRIER
LITURGIQUE

Temps pascal /
Stations

VIA LUCIS

LECTIONNAIRE
DES
DIMANCHES
ET FÊTES
DU TEMPS
PASCAL
64

VIA LUCIS
PER CELEBRARE GESU
RISORTO, SUSSIDI
MINI,
RITUEL

PELERINS EN

PRIERE

POUR LE JUBILE
DE L'ANNEE
SAINTE 2000

LE CHEMIN
DE LUMIERE AU-

DELA DE LA CROIX,
14 STATIONS DE
PÄQUES A LA
PENTECÔTE

VIGILE
PASCALE

A

Mt 28,1-10

Mt 28,1-7 / 5-6 (1ère)

Mt 28,5-6 (1ère)

 

B

Mc 16,1-7

 
 
 

C

Lc 24,1-12

 
 

Lc 24,1-9 (1ère)

On peut constater dans le tableau ci-dessus que la prière de la Via Lucis est bien articulée au Lectionnaire du Temps pascal, selon l'année liturgique. On pourrait même dire que la Via Lucis est enracinée dans le Lectionnaire des dimanches et fêtes du Temps pascal, en fonction du calendrier liturgique par année A, B ou C. Lors de l'année liturgique A, il est proclamé l'Evangile selon Saint Matthieu ; lors de l'année B, c'est de l'Evangile selon Saint Marc dont il est fait lecture lors de la liturgie de la Parole et, lors de l'année C, c'est de l'Evangile selon Saint Luc. Dans notre source Le Chemin de lumière au-delà de la Croix, Les quatorze stations de Pâques à la Pentecôte du Père François Dufour, Salésien de Don Bosco, le texte scripturaire de la Première station est (Lc 24,1-9). Nous n'avons pas trouvé tout de suite pourquoi seule cette source avait la péricope de Luc, alors que les deux autres avaient Mattieu (Mt 28,5-6).

Nous avions l'intuition que les variations textuelles entre les sources étaient dues aux déclinaisons scripturaires du Lectionnaire des dimanches est fêtes du Temps pascal en fonction des années liturgiques mais nous en avions cherché en vain la vérification par rapport aux années d'édition des différentes sources. C'est après avoir fait le rapprochement entre la photographie de 2017 à Johannesbourg et notre source Le Chemin de Lumière au-

63 https://www.prionseneglise.fr/wp-content/uploads/2018/10/Calendrier_liturgique_2019.pdf C (31/05/2021) https://www.prionseneglise.fr/wp-content/uploads/2019/09/Calendrier_liturgique_2020_3.pdf A (31/05/2021) https://www.prionseneglise.fr/wp-content/uploads/2020/09/Calendrier-litrugique2021.pdf B (31/05/2021)

56

delà de la Croix, puis après avoir trouvé que l'inauguration du Chemin de Lumière du Père de la Croix avait eu lieu en 1998, que nous pouvons confirmer cette hypothèse :

L'année liturgique 1997-1998 était une année C, Luc. A la Vigile pascale était lu (Lc 24,1-12). C'est la raison pour laquelle (Lc 24,1-12) est indiquée comme péricope de la Première station dans le livre Le Chemin de Lumière au-delà de la Croix, relativement aux deux autres sources qui donnent pour la même station la péricope (Mt 28,5-6) ou, pour le livret de célébration Via lucis, Per celebrare Gesù risorto, également la même péricope élargie à (Mt 28,1-7). Ce qui nous conduit à conclure que la prière de la Via Lucis a été conçue pour être en harmonie avec le Lectionnaire du Temps pascal, en fonction des années liturgiques A, B et C ; et qu'elle constitue un support de catéchèse communautaire pendant le Temps pascal.

Il y est déjà possible d'observer dans ce tableau que la prière de la Via Lucis a davantage de correspondances avec le Lectionnaire du Temps pascal des années A qu'avec celui des années B ou C. Ceci est nettement confirmé par l'observation du « Tableau synoptique du Lectionnaire du Temps pascal et des trois sources de la prière de la Via Lucis » qui se trouve en annexe (105-106) : c'est avec les lectures du Lectionnaire du Temps pascal des années A que la prière de la Via Lucis a le plus de correspondances. Les années liturgiques A sont dites avoir « une connotation davantage baptismale65 », à cause notamment de la lecture semi-continue de la Première Lettre de Pierre qui est considérée comme une catéchèse baptismale66. La prière de la Via Lucis, en harmonie avec les lectures du Lectionnaire du Temps pascal des trois années liturgiques, est spécialement en harmonie avec les années A dont la connotation est baptismale.

La prière de la Via Lucis pourrait dont peut-être devenir en France le support d'une catéchèse communautaire dominicale pendant le Temps pascal67, en-dehors des horaires des célébrations eucharistiques. On pourrait imaginer ces rencontres où la communauté serait à la fois « catéchisée et catéchisante » le dimanche après-midi pendant la période des huit dimanches du Temps pascal68.

65 Id. P. G. DROUIN, « Les Evangiles des huit dimanches du Temps pascal ».

66 https://www.diocese-annecy.fr/diocese/2019-2020-annee-du-bapteme/boite-a-outils/6-la-1ere-lettre-de-pierre.pdf (31/05/2021)

67 Selon les Principes et Orientations du Directoire sur la piété populaire et la Liturgie (153). 68 https://liturgie.catholique.fr/accueil/annee-liturgique/du-careme-au-temps-pascal/le-temps-pascal/19692-evangiles-huit-dimanches/ (07/04/2021)

57

2.1.1. VIGILE PASCALE ET OCTAVE DE PÂQUES

VIGILE PASCALE ET (Mt 28,1-10/Lc24, 1-9) ET 1ère STATION : « Jésus triomphe de la mort » (Mt 28,1-7 / 5-6)

« Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié. Il n'est pas ici car il est ressuscité, comme il l'avait dit. Venez voir où il reposait » (Mt 28,5-6).

Pâques est le temps des ouvertures : du tombeau, du sens des Ecritures, des yeux des pèlerins d'Emmaüs, de l'entendement des disciples, du coeur de Pierre. L'important n'est pas que le tombeau soit ouvert mais c'est que la porte soit ouverte. Le Ressuscité est l'Ouverture, la « porte ouverte que nul ne peut fermer » (Ap 3,8). « Moi, je suis la porte. Si quelqu'un entre en passant par moi, il sera sauvé » (Jn 10,9).

Les trois évangiles synoptiques comportent le déchirement du voile du sanctuaire au moment de la mort de Jésus (Mt 27,51a // Mc 15,38 // Lc 23,47-49), mais Matthieu est le seul à faire le récit d'une théophanie avec un tremblement de terre, l'ouverture des tombeaux et la résurrection des « saints endormis » qui « entrèrent dans la Ville Sainte » et qui « apparurent à beaucoup » (27,51b).

Chez Matthieu, au moment de la mort de Jésus, les femmes regardaient de loin : ce sont « Marie la Magdalène et Marie, mère de Jacques et de Joseph et la mère des fils de Zébédée » (Mt 27,55-56). Chez Marc, ce sont « Marie la Magdalène et Marie, mère de Jacques le Petit et de Joset, et Salomé » (Mc 15,40-41). Après le départ des femmes, les gardes rapportèrent aux autorités religieuses les événements dont ils furent témoins et leur déconvenue. C'est en voulant user d'un stratagème que les chefs des prêtres et les Pharisiens annoncèrent eux-mêmes de façon indirecte et négative, sous forme de prolepse, le kérygme : « Il est ressuscité d'entre les morts » (Mt 27,64). Matthieu souligne également par ce détour que le fait que le tombeau soit vide ne peut pas constituer une preuve suffisante de la résurrection de Jésus. En Mt 28,4, ce sont les gardes qui « devinrent comme morts ».

L'annonce positive du kérygme par Matthieu dans notre péricope courte de la Première station de la Via Lucis (Mt 28,5-6)69 comporte par conséquent, au-delà de l'angélophanie, la puissance de la théophanie commencée au moment de la mort de Jésus. Ce sont les femmes disciples de Jésus qui sont les premiers témoins de cette théophanie et qui sont les personnages de la transition entre les récits de la découverte du tombeau vide et

69 Texte Source : Pèlerins en prière, Pour le Jubilé de l'Année Sainte 2000.

58

les récits d'apparition du Ressuscité. Chez Luc, ce sont « des femmes qui l'avaient suivi depuis la Galilée » (Lc 23,49). Le nom des femmes n'apparaît chez Luc, dans le récit de la découverte du tombeau vide, que lorsqu'elles reviennent porter leur témoignage « aux Onze et à tous les autres » : ce sont « Marie la Magdalène, et Jeanne, et Marie, la (mère) de Jacques. Et les autres (qui étaient) avec elles... » (Lc 24,10).

DIMANCHE DE PÂQUES (Jn 20,1-9) ET 2ème STATION : « Les disciples trouvent le tombeau vide » (Jn 20,1-9 / 6-8)

« Alors entra l'autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit et il crut » (Jn 20,8).

Le découpage de la péricope est très court. Le contenu informatif de cette phrase convoque deux personnes, deux disciples dont il est clair que l'un est un homme, qui viennent sur le lieu où se trouve un tombeau. Nous savons qu'il s'agit du tombeau de Jésus et que des femmes sont venues voir ce tombeau précédemment. On peut penser logiquement qu'il s'agit de deux hommes. Celui qui est arrivé en premier entre après l'autre et marque ainsi une déférence et probablement un respect de préséance.

Puisque ce sont des disciples de Jésus qui viennent voir le tombeau, ils doivent avoir en mémoire ce qu'avait dit le Maître, leur Rabbi. « Il vit et il crut ». L'autre disciple croit instantanément en voyant le tombeau vide que Jésus est ressuscité et donc qu'il est vivant. Mais que signifie : « il est ressuscité » ? Qu'avait dit le Maître au sujet de la résurrection, de sa résurrection ? Qu'est-ce que la résurrection ? Que pensait-on à cette époque, en milieu juif, à propos de la résurrection ? Tout le monde était-il d'accord à ce sujet ? Visiblement, cela pose des problèmes de compréhension et des difficultés d'adhésion de la foi. L'ange a dit aux femmes de venir voir l'endroit où reposait le corps de Jésus le crucifié. Il a montré le tombeau vide comme étant la conséquence du fait que Jésus est ressuscité.

Ce n'est pas parce que le tombeau est vide que Jésus est ressuscité mais c'est parce que Jésus est ressuscité que le tombeau est vide : « Il n'est pas ici car il est ressuscité ». Le tombeau vide n'est pas une preuve de la résurrection, sinon cela ne poserait de problème à personne de croire que Jésus est ressuscité, une fois le tombeau trouvé vide. Jésus s'est-il réveillé par ses forces propres alors qu'il était endormi du sommeil de la mort ? Le texte ne dit pas « il a ressuscité » mais « il est ressuscité », le verbe étant au passif - en exégèse, on utilise le terme de passif divin - indique que l'action vient de Dieu.

59

MARDI DE L'OCTAVE DE PÂQUES (Jn 20,11-18) ET 3ème STATION : « Le Ressuscité se manifeste à Marie de Magdala » (Jn 20,11-18 / 16-18)

« Jésus lui dit : `Marie !' Elle se tourne vers lui et dit : `Rabbouni !' ce qui veut dire : `Maître' » (Jn 20,16)70.

Nous avons de nouveau ici une péricope de l'Evangile selon Saint Jean. La péricope correspondante dans la TOB porte la précision que Rabbouni est un mot hébreu : « Jésus lui dit : `Marie.' Elle se retourna et lui dit en hébreu : `Rabbouni', ce qui signifie maître » (Jn 20,16). L'évangéliste donne le texte du dialogue le plus près possible de la langue parlée par Jésus et ajoute un commentaire pour que les destinataires du récit, en l'occurrence nous, comprennent le sens de ce dialogue. Donc, il y a un changement de culture entre le milieu d'origine et de langue de Jésus et les destinataires de l'Evangile selon Saint Jean. La réception de Jean n'a pas lieu en milieu juif, ou alors est-ce dans une population mixte judéo-chrétiens en milieu hellénistique, avec une minorité de juifs ce qui expliquerait que le rédacteur final conserve un mot hébreu (ou araméen). Ayons en mémoire que le Nouveau Testament a été rédigé en grec. La langue parlée communément dans tout le pourtour méditerranéen aux premiers siècles de l'ère chrétienne était le grec, la koinè.

La péricope de la Troisième station de la Via Lucis est un récit johannique d'apparition de Jésus ressuscité à une femme, Marie. Le titre de la station nous dit qu'il s'agit de Marie de Magdala, Marie-Madeleine. Jésus l'appelle « Marie », de manière familière. Quant à la réponse de celle-ci, « Rabbouni », il s'agit d'une manière affectueuse de donner au Maître le titre de Rabbi. Cette façon de parler exprime de la part de Marie-Madeleine à la fois un profond respect pour le Maître et un grand attachement à la personne de Jésus.

Cependant, si l'on veut découvrir le texte au-delà de cette péricope très courte, on apprend qu'avant que le Ressuscité ne prononçât son nom, Marie-Madeleine ne l'avait pas reconnu. Alors que manifestement il existait une relation particulière entre Marie-Madeleine et le Maître, lorsqu'il se présenta à elle ressuscité, elle ne le reconnut pas. Mieux encore, la péricope (20,13-15) dit qu'elle l'avait pris pour le jardinier, la TOB dit « le gardien du jardin »71. N'est-pas une référence au jardin d'Eden (Gn 2,15) ? Voyons le récit de la chute d'Adam et Eve, dans la Genèse : « Ayant chassé l'homme, il posta les chérubins à l'orient du jardin d'Eden avec la flamme de l'épée foudroyante pour garder le chemin de l'arbre de vie » (Gn 3,24). L'épée foudroyante n'est-elle pas le symbole du Verbe de Dieu (He 4,12-

70 https://cours.cath.ch/cours-1-apparition-de-jesus-a-marie-madeleine-jn-20-11-18/

71 TOB, 2622.

60

13) ? Dans le Symbole des Apôtres, nous professons notre foi en Jésus, Juge souverain lors du Jugement dernier : « Il est assis à la droite de Dieu, le Père Tout-Puissant d'où il viendra juger les vivants et les morts ». Comment Jésus-Christ viendra-t-il nous juger puisqu'il est venu nous sauver ? Ne sommes-nous pas déjà sauvés par sa mort ? C'est le Verbe de Dieu, la flamme de l'épée foudroyante, qui garde le jardin d'Eden où se trouve l'arbre de vie éternelle. Le Verbe incarné est venu nous porter la Parole de Vie : « Moi, la lumière, je suis venu dans le monde, afin que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. Si quelqu'un entend mes paroles et ne les garde pas, ce n'est pas moi qui le juge : car je ne suis pas venu juger le monde, je suis venu sauver le monde. Qui me rejette et ne reçoit pas mes paroles a son juge : la parole que j'ai dite le jugera au dernier jour » (Jn 12,46-48).

L'apparition à Marie-Madeleine, indépendamment du groupe des femmes, est propre à Jean. Pourquoi Jésus ressuscité est-il apparu en premier, du moins explicitement dans l'évangile, à Marie-Madeleine ? Peut-être est-ce à cause de l'affection qu'elle lui portait ? Matthieu et Marc citent nommément Marie la Magdalène dans le groupe des femmes présentes au moment de la mort de Jésus et qui le suivaient depuis la Galilée (Mt 27,56 // Mc 15,40). Luc nomme Marie la Magdalène dans le groupe des femmes venues faire des soins mortuaires qui reviennent vers les Onze et tous les autres pour leur annoncer la bonne nouvelle de la résurrection du Seigneur (Lc 24,1-12). Le verset 12, qui fait la narration du départ précipité de Pierre (seul) vers le tombeau n'est pas présent dans tous les témoins anciens72. Ce verset dit que Pierre, se penchant au-dessus du tombeau, ne vit que les bandelettes et qu'il s'en retourna avec étonnement. C'est en entendant le Seigneur prononcer son nom que Marie-Madeleine fit l'expérience de la conversion. Pour l'autre disciple, c'est en voyant le tombeau vide qu'il crut à la résurrection du Seigneur.

Au moment de sa résurrection, Jésus fait de Marie-Madeleine une femme apôtre qui doit convaincre les disciples de Jésus qu'il est ressuscité et leur transmettre ses paroles : « Pour toi, va trouver mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père qui est votre Père, vers mon Dieu qui est votre Dieu » (Jn 20,17b). La Croix a acquis aux hommes la filiation divine. Cependant, le chemin vers Dieu passe par une mission qui est de témoigner aux frères de Jésus de sa Résurrection et de leur faire savoir qu'il les a établis dans l'héritage du Royaume, ainsi qu'il l'a fait sur la Croix pour le disciple bien-aimé (Jn 19,26-27).

72 TOB, note z), 2550.

61

Ce récit d'apparition du Ressuscité constitue la Troisième station de la prière de la Via Lucis. Ce récit met en relief la relation qui existe entre Jésus et une femme appartenant au groupe de celles qui sont présentes à la Croix (19,25). C'est en interpellant Marie-Madeleine par son nom - d'une manière qui rappelle la manière dont est appelé Saül sur le chemin de Damas (Ac 22,7) - que Jésus ressuscité se fait reconnaître d'elle ; ce à quoi elle répond par un vocatif à la fois révérencieux et marquant un fort attachement, « Rabbouni 73», ce que la TOB dit signifier « maître » (Jn 20,16). La conversion spirituelle de Marie-Madeleine consiste à renoncer à ses affects douloureux liés à un attachement à l'apparence physique de Jésus et à voir le Ressuscité tel qu'il est réellement devenu.

Lc 24,1-12 est la lecture de la Vigile pascale des années C. Le récit se situe « le premier jour de la semaine, de grand matin ». Il y a trois femmes dont Marie-Madeleine, leur nom est cité en fin de récit (v. 10). Le propos des femmes rapporté aux apôtres leur semble être du délire.

La présence de Marie-Madeleine dans le groupe des femmes préposées aux soins du corps du Seigneur est évoquée en (Mc 16,1-7)74, dans la lecture de l'année liturgique B. Cependant, ce récit ne donne pas lieu à un dialogue particulier entre Marie de Magdala et le Ressuscité, ainsi qu'il est rapporté dans le récit de (Jn 20,11-18). Et la péricope (Mc 16,1-7) ne figure pas dans la prière de la Via Lucis. Dans la prière de la Via Lucis, les femmes sont missionnées pour parler et elles parlent.

DEUXIEME DIMANCHE DE PÂQUES (Jn 20,19-31) ET 7ème STATION : « Le Ressuscité donne le pouvoir de remettre le péché » (Jn 20,19-23 / 19-22 et Jn 20,24-29 / 27-29)

« Il répandit sur eux son souffle et leur dit : `Recevez l'Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis' » (Jn 20,22-23).

Le Seigneur ressuscité et exalté dans la gloire insuffle l'Esprit Saint à ses disciples et leur confère le pouvoir de pardonner les péchés. L'expression remettre les péchés s'apparente à celle de remettre les dettes, c'est-à-dire que l'épuration du passif spirituel serait

73 TOB, (Mc 11,51), « Rabbouni », j) : « Titre respectueux, comme Rabbi, marquant un attachement plus fort. Mt et Lc ont rendu ce mot par Seigneur. », 2439. « Rabbi » : cf. (Mc 9,5), a) : « Par ce titre respectueux, mon Seigneur (de rab : grand), on s'adressait aux docteurs de la loi mais aussi à d'autres personnages. Adressé à Jésus, ce titre est rendu par Maître en Jn 1,38 (gr. didascale). Vers la fin du Ier siècle le mot perdit sa valeur de vocatif et désigna les docteurs de la loi (de là l'emploi encore actuel du mot rabbin). », 2434.

74 L. DEISS, C. S. Sp., Synopse de Matthieu, Marc et Luc, avec les parallèles de Jean, Nouvelle édition, Paris, Desclée de Brouwer, 1963-1964, 1975, 233-234.

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analogue à l'apurement du passif d'un compte financier. Le concept de rémission des péchés se rattache à la doctrine de la rétribution et à une théologie juridique de la Rédemption sous le mode de la substitution ou satisfaction vicaire. Selon cette théologie, adoptée par saint Thomas d'Aquin, le Christ a pris sur lui tout le péché du monde afin de nous éviter la peine du dam éternel. Son sacrifice serait expiatoire et satisfactoire de la Justice divine, de façon vicaire c'est-à-dire que la peine est supportée sans être méritée. Selon Jean, Jésus est mort non « pour nos péchés » mais pour nous sauver et il est ressuscité pour nous introduire dans la vie éternelle.

De Moïse à Jésus il y a changement d'Alliance avec un culte nouveau et un sacrifice nouveau. Jésus n'est pas le bouc émissaire envoyé au désert pour prendre sur lui tout le péché du peuple. Ce n'est plus par le sang des boucs et des taureaux que le grand prêtre offre à Dieu un sacrifice expiatoire pour le peuple et pour lui-même une fois l'an (He 9,19-22), mais par son propre Sang que Christ « grand prêtre des biens à venir » s'offre lui-même en tant que victime innocente et pure pour le sacrifice libératoire définitif de notre conscience (He 9,11-14). L'expression biblique qui correspond à remettre ou ne pas remettre les péchés est celle de délier et lier.

Le pouvoir de lier et délier sur la terre comme aux cieux est conféré à Simon fils de Yonas75 en même temps qu'il se voit donner le nom nouveau de Pierre, les clefs du Royaume et celles des portes de l'Hadès (Mt 16,13-20). Le pouvoir de lier est l'institution de l'Alliance entre Dieu et les hommes. Relativement aux péchés, le pouvoir de délier et lier est l'institution du sacrement de pénitence-Réconciliation. Ce pouvoir a été donné à l'Eglise sur laquelle Pierre a été établi le chef avant la mort de Jésus. Cependant, la puissance de ce pouvoir a été conquise par le Christ vainqueur des puissances du mal dans le séjour des morts, arraché à la mort par l'Esprit Saint et exalté dans la gloire par le Père. C'est ainsi que ce pouvoir a été conféré dans la puissance aux apôtres par le Ressuscité après qu'il fut entré dans sa gloire.

Pour Jean l'évangéliste, à la Croix tout est accompli et Jésus remet l'esprit avec son dernier souffle (Jn 19,28.30). Comment le Seigneur ressuscité peut-il encore insuffler l'Esprit-Saint dans une apparition postpascale alors qu'il a remis l'esprit au Père avant de mourir ? C'est parce que c'est dans la gloire que Jésus est mort : Jésus, Fils de Dieu entré dans la gloire et devenu Seigneur, a été ressuscité par le Père dans l'Esprit-Saint. C'est de

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l'Esprit-Saint que Jésus Fils de Dieu a été conçu, de Marie, et c'est de l'Esprit-Saint que Jésus, Christ de Dieu et Seigneur, a été ressuscité de l'Esprit-Saint dans la puissance76. C'est par son souffle de Rédempteur que le Seigneur répand sur ses disciples la puissance de Miséricorde de l'Esprit Saint (Jn 20,22).

L'expression pardonner les péchés ne porte pas de connotation rétributive des oeuvres bonnes et mauvaises. Le pardon efface jusqu'à la mémoire de la faute et fait appel à l'amour, la charité, la miséricorde. Le pardon de l'Eglise est un sacrement qui ressort de la Miséricorde divine et de l'exercice du ministère sacerdotal. Le pénitent qui a entrepris un chemin de conversion, qui a reconnu ses fautes comme étant des fautes, est par le sacrement de toute l'Eglise donné par son ministre réconcilié avec Dieu et avec la communauté ecclésiale. Quant au pouvoir qui permet de pardonner les péchés, il est conféré aux ministres de l'Eglise dans la puissance de l'Esprit Saint par le Seigneur ressuscité qui s'est rendu vainqueur des forces du mal et qui a conquis les clefs de la mort et de l'Hadès (Ap 1,18).

Chez Jean, l'institution de l'Eucharistie est précédée par le rite du lavement des pieds où le Maître s'est montré le serviteur de tous en accomplissant une tâche réservée habituellement aux esclaves (Jn 13,4-17). Le lavement des pieds peut, sur le plan symbolique, se référer au pardon des péchés. Le fait de se laver les pieds les uns aux autres, comme Jésus demande de le faire au verset 17, peut signifier le pardon mutuel. Le sacrement de Réconciliation ne doit pas nous faire oublier que nous avons nous aussi à demander pardon à ceux à qui nous avons fait tort soit par nos manquements, soit par nos fautes. La prière du Pater nous rappelle que nous devons pardonner ainsi que Dieu nous pardonne, c'est-à-dire avec une infinie miséricorde et une infinie patience.

2EME DIMANCHE DE PÂQUES (Jn 20,19-31) ET 8ème STATION : « Le Ressuscité confirme la foi de Thomas » (Jn 20,24-29 / 27-29)

« Jésus dit à Thomas : `Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main et mets-la dans mon côté : cesse d'être incrédule, sois croyant'. Thomas lui dit alors : `Mon Seigneur et mon Dieu !' » (Jn 20,27-28).

Qu'on vive cette pratique pastorale sur un chemin de pèlerinage ou bien dans une église, à chaque nouvelle station de la prière de la Via Lucis, il est possible d'allumer un cierge. La Lumière du Christ va venir nous éclairer par sa Parole sur le sens des Ecritures.

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Pour que la raison consente à adhérer à cette nouvelle incroyable de la Résurrection du Christ, il faut soit expérimenter personnellement la présence réelle du Seigneur Jésus ressuscité, soit donner l'adhésion de la foi au témoignage de ceux qui l'ont vu. Les premiers disciples sont des témoins oculaires du Seigneur ressuscité et ils ont transmis leur témoignage pour que nous, nous puissions croire à la résurrection des morts - dont la nôtre - sans voir le Ressuscité et pour qu'à notre tour nous devenions témoins de la foi en la Résurrection du Christ.

Le Seigneur Jésus n'est pas parmi les morts mais il est parmi les vivants et désormais il ne pourra plus jamais être mort. Le problème principal de ce mystère est bien notre compréhension car notre raisonnement doit trouver des éclaircissements inhabituels, des sources de lumière surnaturelles. C'est la raison pour laquelle il y eut, lors des visites des femmes au tombeau, des angélophanies (Mt 28,5-7 ; Mc 16,5-7 ; Lc 24,4-7). De plus, chez Matthieu un tremblement de terre théophanique traverse le temps depuis la mort de Jésus jusqu'à sa Résurrection (Mt 27,51b - 53 ; 28,2-4).

Arrivés à la Huitième station de la Via Lucis, nous entendons la lectio divina du récit de l'apparition du Ressuscité au groupe des Onze qu'a rejoint Thomas (Jn 20,27-28). Or Thomas ne croit que ce qu'il peut voir et toucher et donc ne fait confiance qu'à ses perceptions sensorielles. Les perceptions sensorielles et la capacité mentale ou intellectuelle sont les seuls référents d'une approche primaire de connaissance du monde sans réflexion critique et sans référence à une sagesse supérieure. C'est a priori le sens du récit. En fait, il s'agissait là pour Thomas, puisqu'il était absent lors de l'apparition précédente de prêter foi au témoignage apostolique (Jn 20,22-23) et non à ses perceptions sensorielles : les dix disciples lui dirent avoir vu le Seigneur ressuscité. Il eut fallu que Thomas leur fît confiance et donc qu'il prêtât foi à leur témoignage, ce à quoi il ne pût se résoudre. Quant à nous, nous sommes comme Thomas, ceux qui doivent croire sans avoir vu le Seigneur ressuscité et nous apprenons grâce à lui que de croire sans voir est un macarisme : « Jésus lui dit : `Parce que tu m'as vu, tu as cru ; bienheureux ceux qui, sans avoir vu, ont cru' » (Jn 20,29)77.

77 VARONE M.-C., Cours biblique en ligne, « La Résurrection », « L'apparition à Thomas, Jn 20,24-29 », https://cours.cath.ch/cours-4-7-apparition-a-thomas-jn-20-24-29/ (23/03/2021)

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon