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Les politiques publiques de gestion de la diversité culturelle dans les processus de construction de la paix en afrique centrale


par JERVE SIGNI TSAGHO
Institut Des Relations Internationales du Cameroun  - Master 2 en Relations Internationales  0000
  

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B - Les enjeux de la diversité culturelle liés à la question des réfugiés et aux migrations

À bien des égards, l'appartenance à un groupe considéré comme minorité est une condition naturelle et une « pathologie sociale » des communautés humaines. Elle peut procurer un sentiment de solidarité communautaire face à la mondialisation des marchés. Cependant, elle devient néanmoins un obstacle entravant l'harmonie sociétale quand elle est mobilisée dans des hostilités contre «l'autre ». En cas de tensions ou de crises, la conscience minoritaire a alors tendance à déshumaniser l'autre en prenant des voies menant à des conflits et violences d'une intensité singulière112.

111 Philippe HUGON, « L'économie des conflits en Afrique », in Revue internationale et stratégique, n° 43, 2001, p. 152-169.

112 UNRISD (Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social), « Diversité ethnique et politiques publiques: Aperçu », Genève, 1994.

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L'Afrique centrale sensu lato a son lot de réfugiés. Les besoins et les impacts socio-économiques de ces populations sont immenses, et la menace de nouveaux épisodes d'insécurité est présente dans chaque camp. L'escalade du conflit en République centrafricaine depuis décembre 2013 a entraîné le déplacement de 930 000 personnes en 2014, tandis que 250 000 Centrafricains ont fui vers le Cameroun, 22 000 vers la République démocratique du Congo, 20 000 vers le Tchad et quelque 10 000 vers la République du Congo76. En 2012, les activités de la LRA avaient contraint 20 269 Centrafricains et 347 360 Congolais à se déplacer, et 6 034 Congolais à fuir leur pays pour se réfugier en République centrafricaine, sans compter les milliers de morts et d'enlèvements (qui ont également touché le Soudan du Sud). La situation en République centrafricaine a également entraîné la fuite de dizaines de milliers d'étrangers résidents dans le pays, originaires principalement du Tchad et du Cameroun. En particulier, la situation des ressortissants du Tchad a constitué un problème humanitaire dans la mesure où la plupart étaient des immigrés de la deuxième ou troisième génération qui résidaient en République centrafricaine depuis de nombreuses années et avaient peu, voire aucun lien avec leur pays d'origine113.

Dans l'est de la République démocratique du Congo, la situation sécuritaire demeure instable et imprévisible, freinant les interventions humanitaires et empêchant le retour de quelque 429 000 réfugiés installés pour la plupart au Burundi, au Rwanda, en Tanzanie et en Ouganda. La République démocratique du Congo compte actuellement plus de 2,6 millions de déplacés. La République du Congo accueille toujours près de 23 200 réfugiés originaires de la République démocratique du Congo, auxquels s'ajoutent plus de 10 000 nouveaux arrivants de la République centrafricaine. Les réfugiés venus de République démocratique du Congo sont également nombreux au Burundi respectivement de 57 700, et au Rwanda 74 000 environs114.

La présence massive des étrangers africains dans les secteurs de la petite activité marchande les rend indispensables au fonctionnement de l'économie urbaine, mais les expose à des accès périodiques de xénophobie dont ont été victimes à tour de rôle Congolais de Brazzaville, Tchadiens, et Camerounais. Ces migrants temporaires tissent des réseaux transnationaux, contribuent à une redistribution régionale des ressources monétaires, diffusent des pratiques religieuses et culturelles, des modes vestimentaires etc. participant ainsi à la

113 HCR, Aperçu opérationnel sous régional 2015, zone Afrique centrale et Grands Lacs, disponible à l'adresse : http://www.unhcr.fr/pages/4aae621d541.html

114 Idem

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formation d'une urbanité africaine. Si en période de crise politique ils sont exposés à la vindicte populaire et aux pillages, et doivent parfois se résoudre à un rapatriement prématuré, ils ne posent pas de problèmes aussi complexes que les migrants ruraux car, le plus souvent résidents temporaires, ils gardent un statut d'étranger et ne sont pas impliqués dans les confuses questions foncières.

Pour ce qui est des migrations, celles-ci créent des conditions de vie très artificielles, plus ou moins éphémères, généralement dans des camps gérés par le HCR, signe tangible de leur non-intégration dans le pays d'accueil. Une réflexion d'ensemble sur l'Afrique centrale ne peut éluder un questionnement sur l'avenir des populations réfugiées et sur les possibilités de résorption des camps soit par des politiques de retour, soit par des politiques d'intégration : Tous les pays de la sous-région sont concernés car, ils ont tous été affectés à des degrés divers par ces chassés croisés transfrontaliers de populations en fuite. Les étrangers comptent pour le quart de la population de la capitale gabonaise. Ils sont originaires d'Afrique centrale (Cameroun, Guinée équatoriale, les deux Congo) ou d'Afrique de l'Ouest (Mali, Sénégal, Togo et Bénin, Nigeria) ; ceux qu'on désigne du terme générique de « Haoussa » jouent depuis quelques décennies un rôle important dans la diffusion de l'islam.

La question des réfugiés n'est pas seulement humanitaire, elle est aussi politique : les réfugiés représentent en effet un potentiel d'instabilité régionale. La reconquête du pouvoir au Rwanda par les Tutsis réfugiés en Ouganda au début des années 1990 en est la meilleure illustration. L'APR, Armée Patriotique Rwandaise, s'est forgée en Ouganda en s'engageant au côté de Yoweri MUSEVENI. Elle y a acquis une efficacité qui fait d'elle une des meilleures armées d'Afrique subsaharienne. C'est la crainte de voir les Hutus se réorganiser dans les camps de réfugiés du Kivu pour tenter de reconquérir le pouvoir qui est à l'origine de la grande offensive lancée à l'automne 1996 par les nouveaux maîtres de Kigali, offensive d'où sont sortis l'AFDL et Laurent-Désiré KABILA. Depuis la débâcle des forces armées hutues en 1996, quelques milliers de rescapés, anciens militaires et miliciens, ont réussi à gagner les pays voisins après avoir traversé le Zaïre. Au Congo Brazzaville, pour quelques dollars par jour, ils se mirent au service de SASSOU NGUESSO. Cette catégorie de réfugiés-mercenaires, constitue un facteur de déstabilisation et d'insécurité à l'échelle régionale.

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