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Adaptation des agriculteurs aux effets de la variabilité pluviométrique dans le département de Mayo-Dallah au Tchad


par Éloge Reounodji
Université de Dschang - Master recherche en Climatologie  2022
  

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CONCLUSION

L'objectif de ce chapitre, était de caractériser les pratiques agraires dans le Mayo Dallah. A la lumière de cette analyse, il est important de préciser que l'agriculture dans cette localité est essentiellement pluviale et dominées par les céréales, oléagineux et les tubercules, employant une d'oeuvre locale essentiellement familiale. Les pratiques agraires sont caractérisées par un faible niveau d'intensification et reste très majoritairement manuelles avec la réduction des jachères. Les rendements sont faibles et fluctuants d'une année à une autre. Ensuite, les apports organiques et minéraux sont faibles. Seul un petit nombre d'agricultures disposant de quelques têtes de boeufs apportent du fumier de parc sur les champs de sorgho et de maïs et les doses appliquées sont très faibles. Notons également que les itinéraires techniques pratiqués sont aussi à l'origine de la dégradation de la fertilité des sols, cette situation confirme les travaux d'Abdoulaye et al, (2006). Ainsi, l'érosion et la minéralisation accélérée des matières organiques en sont les résultats.

Cette situation ajoutées aux contraintes pluviométriques exposent d'avantage les agricultures aux risques de mauvaise production, d'où une insuffisance des moyens d'adaptations. Le chapitre suivant analyse la tendance de cette variabilité pluviométrique dans le Mayo Dallah.

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CHAPITRE 3 : LE MAYO-DALLAH : UN CONTEXTE MARQUE PAR
UNE FORTE VARIABILITE PLUVIOMETRIQUE

Le climat dans le Département de Mayo-Dallah connait des variabilités importantes, notamment la variation interannuelle, mensuelle et intra-saisonnière des précipitations, mais aussi des températures susceptibles d'avoir une incidence sur les cultures vivrières. Les enquêtes réalisées dans ledit Département ont montré que les agriculteurs considèrent le climat, et plus particulièrement la variabilité intra saisonnière des pluies, comme un élément déterminant pour la réussite des cultures et l'amélioration des conditions de vies acceptables. Il est question dans ce chapitre d'analyser tendance de la variabilité pluviométrique dans le Mayo Dallah afin d'apprécier l'évolution du climat (alternance des périodes humides, normales et sèches, écarts pluviométriques....) qui parait très indispensable. Il se fait à partir des données pluviométriques de 1990 à 2021 soit une période de 32 ans.

I. EVOLUTION INTERANNUELLE DES PRECIPITATIONS DANS LE DEPARTEMENT DE MAYO-DALLAH

Nous allons saisir la variabilité interannuelle de la pluviométrie à travers les cumuls annuels, la valeur moyenne interannuelle et la tendance. La variabilité pluviométrique annuelle est d'une importance cruciale dans cette partie du tropique ou les précipitations sont à peine suffisantes pour un usage agricole. Sa séquence d'années sèches entraine la famille pour la plupart des habitants. La tendance des précipitations moyennes annuelles de Mayo Dallah de 1991-2021 est présentée dans la figure 6 ci-dessous.

Pluviométrie en mm

2000,00 1800,00 1600,00 1400,00 1200,00 1000,00 800,00 600,00 400,00 200,00

0,00

 

Années

Pluies annuelles 2 Moy. mobile sur pér. (Pluies annuelles) Tendance

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021

Figure 8: Cumuls pluviométriques annuels (1990-2021) et la moyenne interannuelle dans le Mayo Dallah.

Source : ANADER, DREM, 2022

54

L'analyse de cette figure sur la variabilité pluviométrique interannuelle, la moyenne et la tendance dans le Département de Mayo-Dallah sur la période de 1990-2021 montre que les précipitations sont relativement stables autour de la moyenne de cette série qui est de 1009,44 mm. En effets, les écarts (positifs ou négatifs) autour de la moyenne sont très peu significatifs.

Sur les 32 ans d'analyse de la pluviométrie, 14 années ont enregistré une pluviométrie inferieure à la moyenne interannuelle 1004,84 mm soit 43,75%, 16 ont enregistré une pluviométrie supérieure à la moyenne interannuelle soit 50% et 2 années ont enregistré des précipitations égales à la normale, c'est-à-dire des années dites normales, soit 6,25%. L'année la plus déficitaire ou de sècheresse sévère est 2005 (SPI < -1,71) avec une pluviométrie annuelle de 538,80 mm qui est strictement inferieur à la moyenne 1009,4 4mm, par contre année 2020 (SPI > 2,99) est l'année la plus pluvieuse ou plus humide de la série avec un volume de précipitations qui s'élève jusqu'à 1820 mm dépassant ainsi de très loin la moyenne interannuelle 1004,84 mm.

D'une manière générale, les nombres années humides dépassent le nombre d'années sèches (16 années contre 14). Les écarts à la moyenne sont très peu significatifs. Ainsi, la tendance de la pluviométrie de cette période de 1990-2021 n'est ni à la baisse, ni à la hausse mais plutôt à la stabilité, les travaux de Gouataine (2018) confirment cette tendance qui est marquée depuis les années 1990.

II. VARIABILITE PLUVIOMETRIQUE INTERANNUELLES ET

ANOMALIES

La variabilité interannuelle de la pluie est calculée suivant l'indice de Nicholson, variable centrée réduite de Gauss, afin de mettre en évidence les fluctuations des régimes pluviométriques. L'indice de Nicholson joue un rôle très important dans la détermination et la caractérisation des années ou des décennies sèches de celles qui sont humides (anomalies). Ainsi, cet indice permet de mesurer l'écart par rapport à la moyenne établie sur une longue période en se référant sur une série de donnée. Une valeur positive représente année excédentaire tandis que la valeur négative traduit une année déficitaire. La figure 7 ci-dessous illustre les grandes anomalies et sa variation temporelle.

4,0

3,0

Indice pluviometrique annuel

2,0

1,0

0,0

Années

-1,0

-2,0

55

Figure 9: Anomalie des précipitations annuelles moyennes calculées sur la période de 19902021.

Source : ANADER, DREM, 2022

L'analyse visuelle de la figure (2) révèle que l'évolution interannuelle de la pluviométrie sur la période 1990-2021 est caractérisée par une alternance de périodes déficitaires et excédentaires et confirment ainsi les travaux d'Amani et al. (2004) sur les régimes pluviométriques en Afrique de l'Ouest. Elle indique ainsi une irrégularité (anomalie) très grande des hauteurs de pluie sur cette période. Sur les 32 années, seulement 2 années sont dites normales, 16 années ont enregistré des anomalies positives soit 50%, par contre les 14 autres années ont enregistré des anomalies négatives soit 43,75% justifiant ainsi une prééminence des années humides sur les années sèches. En considérant la figure, l'année 1990 est dite normale, les années (1991-1996) sont humides car les indices sont positifs. La tranche d'années 1997-2011 soit 14 ans est marquée par une très longue période sèche qui atteindra son paroxysme (SPI< -1,7) en 2005 suivie 2009 (SPI< -1,6), ainsi, ces indices négatifs impactent la production agricole dans cette zone. Cette longue période sèche est ponctuée par une année normale (2003) et deux années humides (2001 et 2007). Ils s'ensuivent quatre années (2014, 2015, 2018 et 2021) qui se caractérisent aussi par des anomalies négatives, car les indices sont négatifs. Tout même, les cinq années (2012, 2013, 2016, 2018, 2019 et 2020) se caractérisent par des anomalies positives, mais aussi par une année exceptionnellement très humide qui est l'année 2020 avec un indice positif

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(SPI > 2,99). Partant de cette analyse, on peut affirmer que la variabilité pluviométrique est très significative ainsi que les anomalies dans le Département de Mayo-Dallah.

Tableau 10: Anomalie des précipitations annuelles moyennes calculées sur la période de 1990-2021.

 

Nombre d'années déficitaires

Nombre
d'années
normales

Nombre d'années excédentaires

Année très

pluvieuse

Année très

sèche

14

2

16

2020

2005

Pourcentage

43,75%

6,25%

50%,

-

-

Source : ANADER, DREM, 2022

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery