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Impacts des aménagements pastoraux sur l’environnement écologique et socioéconomique. cas de la commune de zaafrane (djelfa- algérie)


par Mohamed Adnane BENCHERIF
Centre International de Hautes études agronomiques de Montpellier- France - - Master of science  2012
  

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II- Historique de la steppe algérienne et les différentes interventions menées par l'Etat depuis l'indépendance pour le développement durable :

Durant la période précoloniale, les pasteurs et les agropasteurs formaient la majeure partie de la population du pays, ils utilisaient l'ensemble du territoire en l'occurrence la steppe pour produire leurs substances et nourrir leurs troupeaux. Leurs migrations pendulaires entre le Nord et le Sud à la recherche de meilleur parcours a fait d'eux des nomades. Les communautés sociales qu'étaient les tribus se reconnaissaient des territoires qu'elles géraient en fonctions des règles précises et codifiées d'accès aux ressources fourragères naturelles et aux points d'eaux. Selon les saisons ou les années, des accords de réciprocité avec les collectivités limitrophes permettaient de réguler l'insuffisance ou l'excédant de fourrage (Bedrani, 1994).

La colonisation rompt l'équilibre séculaire de la vie pastorale. On accaparant les meilleurs terres agricoles du Nord du pays, la population a été refouler vers les montagnes et la steppe ce qui a conduit a un bouleversement dans les systèmes de migrations saisonnières. La croissance de la population et de leurs besoins entrainent une mise en culture progressive des terres de parcours et une surcharge des zones encore limitées non repensées par des techniques nouvelles d'accroissement de la productivité (Boukhoubza, 1982).

Depuis l'indépendance, l'Etat algérien a initié et mis en oeuvre plusieurs actions tendant à corriger les problèmes vécus dans la steppe tout en essayons de développer cette dernière par des actions engagées au titre du plan triennal (1969 - 1971) et quadriennaux (1972 - 1975) et (1976 - 1979).

Le plan triennal (1969 - 1971) vise essentiellement la reconstitution rapide du cheptel dessimé par la guerre à travers la mise en place des structures décentralisées et la modernisation de l'élevage par la création de 50 coopératives pastorales. Les moyens mis en oeuvre (prêt d'équipement et travaux hydraulique) bénéficient surtout aux éleveurs aisés.

L'objectif du premier plan quadriennal (1972 - 1975) était de renforcer les structures technico-administratives (délégation pastorale, centre de mise en valeur communal et organisation des éleveurs) et de sédentarisé définitivement la population nomade.

Le deuxième plan quadriennal (1976 - 1979) qui s'est matérialisé par la mise en place des programmes spéciaux dont la plus grande partie des investissements a été orienté vers l'amélioration des conditions de vie et des populations rurales et marque aussi l'événement de la révolution agraire à l'époque.

D'après Bedrani (1987), les années soixante-dix sont dominées par la révolution agraire. Cette dernière est un phénomène qui se traduit par un code pastoral qui a la prétention de transformer radicalement la gestion de la steppe par une puissante intervention de l'Etat sur le plan institutionnel : limitation du cheptel détenu par chaque famille, généralisation des coopératives pastorales et équipement de la steppe par les infrastructures économiques et sociales. Cette période a connu la création de 6.000 coopératives agricoles dont la plupart étaient des coopératives de production de la révolution agraire (CAPRA). Un réseau de plus de 750 coopératives agricoles polyvalentes communales de services (CAPCS) distribuait les intrants et les services à des prix soutenus. La révolution agraire avait comme objectif de répartir les terres appartenant à de grands propriétaires et les terres mal exploitées entre des agriculteurs qui avaient peu ou pas de terres. Au nom du principe que « la terre appartient à celui qui la travaille », la révolution agraire de 1971 énonçait que nul ne pouvait posséder ou exploiter une terre s'il ne la travaillait pas (ordonnance n° : 7173 du 8 novembre 1971).

Cette époque, qui a été catastrophique pour l'avenir de l'agriculture algérienne, (litiges entre les anciens propriétaires des terres nationalisées et les bénéficiaires, découragement et perte d'une main d'oeuvre agricole qualifiée...) a vu le démarrage d'un gigantesque projet national : le « barrage vert » qui visait la création d'une biomasse boisée importante dans la zone pré-désertique par l'implantation d'une bande d'arbre de 15 à 20 km de large, de 1 500 km de long et couvrant 3 millions d'hectare tout au long de la

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limite Nord du Sahara. Malgré l'ampleur des moyens financiers, techniques et humains mis en oeuvre, cette entreprise s'est soldée par des résultats très décevants, du fait de la conception du projet lui-même, du modèle d'aménagement, du choix des zones d'implantation, du refus de la population dont les terres ont été nationalisées dans le but de réaliser ce projet, de la forme de réalisation et du choix d'une seule espèce (pin d'Alep Pinus halepensis) ce qui l'a rendu très vulnérable aux parasites et aux insectes. Aujourd'hui seulement 372 180 hectares ainsi boisés persistent encore, sur les 2,1 millions d'hectares plantés, dont une grande partie est constituée d'arbres chétifs et/ou malades.

La période (1983 - 1992) été caractérisée par le lancement des opérations d'accession à la propriété foncière agricole (APFA) par la loi 83- 18 du 13 aout 1983 des textes d'applications relatifs à l'APFA par la mise en valeur dans la région steppique algérienne. En 1998 l'attribution de 151,85 ha a concerné 23.913 bénéficiaires dont 49.281 ha réellement mise en valeur. Selon Bourbouze (2000), les opérations d'APFA ont permis l'attribution de prés de 100.000 ha dont 10.000 ha seulement sont mise en valeur, par contre en 1970 et 1994 les terres cultivées et les parcours en steppe sont passés respectivement de 1,1 à 2,7 millions d'hectares et de 14,3 à 13,1 millions d'hectares sous la pression de défrichement illégaux.

En 1981, création du haut commissariat au développement de la steppe (le HCDS) par le décret N° : 81 - 337 du 12 décembre 1981. Cet organisme a été chargé de mettre en place une politique de développement intégré sur la steppe en tenant compte de tous les aspects économiques et sociaux. En 1994, le HCDS a élaboré le programme des grands travaux d'aménagements steppiques qui vise d'abord à faire connaitre le milieu steppique et d'améliorer ensuite les conditions de vie des habitants des zones rurales tout en préservant le milieu naturel et de lutter en parallèle contre le phénomène de la désertification.

Le bilan de l'impact des programmes menés dans la steppe algérienne a été présenté par le HCDS en janvier 2005 aux représentants de l'ONU, dans le cadre des journées de lutte contre la désertification tenues à Alger. Selon ce bilan, l'ensemble des programmes aurait conduit aux réalisations suivantes : la mise en défens de 3 millions d'hectares de parcours ; la réhabilitation de 300 000 ha de parcours par des plantations pastorales ; la réalisation de 628 ouvrages de dérivation des eaux de crues pour l'intensification fourragère ; la réhabilitation de 4 000 ha de surface agricole ; la densification du réseau des points d'eau de 1 pour 6 000 ha à 1 pour 3 500 ha. Malgré la contestation de plusieurs responsables et spécialistes du programme et des projets établis et suivis par l'HCDS, et malgré les critiques sur la gestion des fonds et sur la réalité des chiffres communiqués, nous estimons que l'expérience du HCDS peut être considérée comme bénéfique pour le développement de la steppe et d'autres zones arides et semi-arides en Algérie.

A la fin des années 1990, un programme de mise en valeur (épierrement, forages, bassins d'accumulation) et de concession à des particuliers a été lancé par la générale des concessions agricoles (GCA). Ce programme s'est soldé par de nombreux scandales à cause de la mauvaise gestion des fonds ainsi que des mauvais choix d'emplacements des projets (des bassins d'accumulation d'eau ont été réalisés dans des zones manquant d'eau, comme c'était le cas dans la région de Sid Ladjel dans la willaya de Djelfa).

En 2000, le programme national de développement agricole et rural (PNDAR) visait au niveau de la steppe le développement des cultures (céréales, horticulture) et de l'arboriculture en irrigué. Ces deux derniers programmes (mise en valeur de la GCA et PNDAR) ont permis grâce à une importante aide de l'Etat qui finançait parfois l'intégralité de la mise en valeur des terres (forages, construction des bassins d'accumulation, irrigation, plantations...) d'accroître les superficies irriguées et les productions. En même temps beaucoup de bénéficiaires de ces terrains mis en valeur se sont orientés vers de nouvelles productions (arboriculture fruitière, maraîchage), dont ils avaient peu d'expérience et ils n'ont reçu aucune formation auparavant. Malheureusement, ces programmes n'ont été suivis d'aucun encouragement pour la production et le stockage des fourrages, visant à compléter l'alimentation des troupeaux.

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En 2008, le programme de renouveau rural (PRR). Les surfaces cultivables ont été réduites ces dernières années au profit des surfaces consacrées à l'industrie, à l'habitat et aux projets de relance économique. Une nouvelle réorganisation (la loi n°08/16 du 3 Aout 2008) du foncier et des acteurs sur le terrain a été promulguée afin de garantir la sécurité alimentaire et d'assurer une bonne organisation et un bon encadrement du secteur agricole. Pour la préservation du foncier, cette loi prévoit la création d'une carte de délimitation des terres agricoles ou à vocation agricole. Elle prévoit aussi la création d'associations professionnelles d'agriculteurs qui bénéficieront d'une assistance technique, et de nouvelles coopératives agricoles qui auront pour mission de faciliter les opérations de production, de transformation, d'achat ou de commercialisation, et de réduire le prix de revient et le prix de vente de certains produits agricoles et de certains services. Le programme de renouveau rural qui cible les espaces occupés par une population d'environ 13 millions d'habitants, a pour objectif l'amélioration du niveau de vie des ruraux à travers des soutiens économiques et sociaux, avec un encadrement et un accompagnement.

Son outil de mise en oeuvre local est le PPDRI (projet de proximité de développement durable rural intégré), qui agit sur quatre axes : réhabilitation et modernisation des villages ; protection et valorisation des ressources naturelles (montagne, steppe, forêt, oasis) ; diversification des activités économiques en milieu rural (tourisme, artisanat...) ; protection et valorisation du patrimoine rural, matériel et immatériel.

Concernant les contrats de performance du renouveau rural 2009-2014, dans lequel s'est engagée chaque willaya, les prévisions tablent sur le montage de 12 148 PPDRI. « Pour 2009, on a monté 2096 projets alors que le tableau des contrats de performance fait état de 1949 PPDRI », déclare Fatiha Déniche chargé du dossier de développement rural au niveau du ministère de l'agriculture (déclaration au journal EL Moudjahid paru le 28 décembre 2009).

La multiplication des projets de développement dans la steppe algérienne a aboutit à une crise d'évolution, car aucun de ces projets n'a montré son efficacité. Aucun aspect du problème du développement de la steppe n'a pu être résolu en profondeur. Cet échec est dû à une série de facteur qui a pesée sur l'exécution des programmes de développement notamment : la méconnaissance des problèmes des zones arides et du monde pastoral, le manque d'un programme de développement intégré et le sous équipement (Merabet, 1989).

Mais pour Bennaoum (1996), la multiplication des théories, des projets, des expériences et des réalisations en matière de pastoralisme n'est pas seulement une repense à la crise que traverse la steppe algérienne. Elle traduit aussi le désarroi des techniciens échaudés par leur propre échec, démunis devant un monde qui ne les comprend pas et qui oppose une force d'inertie capable d'annihiler tous les efforts orientés vers l'amélioration de ces capacités de production. Les coopératives traduisent par leur stagnation l'absence de communication entre les décideurs qui suivent des technologies apprises dans les livres ou observées en d'autres pays et les pasteurs devenus les exécutants de décisions qui les dépassent.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld