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Impacts des aménagements pastoraux sur l’environnement écologique et socioéconomique. cas de la commune de zaafrane (djelfa- algérie)


par Mohamed Adnane BENCHERIF
Centre International de Hautes études agronomiques de Montpellier- France - - Master of science  2012
  

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01-3- La composition des tribus :

Les résultats des enquêtes réalisées au niveau de la commune de Zaafrane révèlent que notre zone d'étude est exploitée principalement par trois tribus :

- La tribu d'Ouled si Ahmed - La tribu d'Ouled Mhani - La tribu d'Ouled Aissa

La tribu d'Ouled si Ahmed est la tribu autochtone de la région. Elle est divisée en plusieurs fractions : Ouled Sherif, Ouled Salem, Ouled Slim, Ouled Kaki, Ouled Djaballah et Ouled Mrizek. 86 % de notre échantillon (43 /50) appartient à cette tribu. Le recours à des bergers pour la conduite des troupeaux explique la présence des tribus d'Ouled Mhani et Ouled Aissa dans cette commune, elles sont représentées respectivement par 12 % (6/50) et 2 % (1/50) (voir figure N° : 09).

Figure N° 09 : La composition des tribus au niveau de notre échantillon enquêté

01-4- L'élevage et les modes d'acquisitions du cheptel :

L'élevage est l'activité économique prédominante de la population de la commune de Zaafrane, malgré la différenciation entre les systèmes et les types d'élevages, l'élevage ovin reste le plus dominant dans la région. C'est l'une des caractéristiques ayant prévalue dans le choix de la commune de Zaafrane comme zone d'étude.

A- Les types d'élevages et la taille des troupeaux :

Despois (1958) qui affirme que depuis la haute antiquité l'Algérie a été principalement une région d'élevage, et que toute son histoire agro-économique parait avoir été marquée par une lutte entre les populations sédentaires, adonnées à la culture, et les populations nomades, se livrant à l'élevage. Un élevage qui s'est toujours adapté aux conditions diversement arides du climat, en restant extensif et en utilisant diverses formes de transhumance : c'est par la transhumance et la vie en plein air que l'élevage s'est adapté à l'aridité ajoute l'auteur. Démontés (1930), en rappelant l'histoire du pastoralisme en

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Algérie, explique que les pasteurs du Sud, venus des régions steppiques et sahariennes, ont toujours essayé d'empiéter sur les terres de labour du Nord, et que constamment les cultivateurs du Nord, autochtones ou immigrants originaires des régions proches de la méditerranée, se sont efforcé de refouler vers la steppe les conducteurs de troupeaux. Selon cet auteur, les migrations des pasteurs à la recherche de pâturages ont commencé dans cette région du monde dès que l'élevage est devenu commun chez les Gétules (anciens peuples berbères nomades d'Afrique du Nord) et chez les Libyens (peuples habitants l'Afrique du Nord avant l'arrivée des phéniciens). Et il ajoute que pour les peuples situés au voisinage des déserts, le nomadisme qui n'a pas seulement une cause pastorale est aussi lié aux échanges entre régions.

La plupart des spécialistes de l'histoire de l'Afrique du Nord sont d'accord sur le fait que l'exploitation des terres dans cette région est entrée dans l'histoire il y a bien plus de trois mille ans. Depuis, la région ne paraît pas avoir connu de changement de climat, sinon des fluctuations de brève durée (Julien, 1952).

En décrivant les conduites d'élevage pendant la colonisation, Diffloth (1924) a expliqué que celles-ci différent selon les régions : « dans le Tell c'est la vie en plein air avec possibilité de stabulation, dans d'autres régions c'est la demi-transhumance avec déplacement saisonnier dans un rayon de peu d'étendue, dans la steppe c'est la transhumance, qui s'exerçait sur les 3/5 des effectifs se déplaçant au désert pendant l'hiver et remontant sur les hauts plateaux en été, d'où la nécessité de conserver l'existence nomade et en plein air pour la sauvegarde des bêtes ». A cette époque, l'élevage en Algérie était entre les mains des algériens. Avec un effectif qui variait entre 4 et 10 millions de têtes, l'élevage des ovins en Algérie l'emportait, et de loin, sur celui des caprins (entre 4 millions et 1,8 millions de têtes) et celui des bovins (entre 600 000 et 1,1 millions de têtes). « L'élevage du mouton est, au point de vue pastoral, la plus importante source de richesses des nomades qui possédaient 93% de l'élevage Algérien » (Diffloth, 1924). Il est important de rappeler ici que, pendant la période coloniale, une grande partie des produits ovins était destinée à la métropole où l'élevage de ces animaux était en régression, les exportations ovines s'élevaient jusqu'à 1 500 000 têtes en 1910. Sur les terres servant traditionnellement à la transhumance d'été (achaba) le cheptel des colons est passé de 351 430 en 1887 à 805 880 têtes en 1910 (Annuaire statistique du gouvernement général 13, cité par Boukhoubza, 1982). Selon le même auteur la transhumance vers le Tell devient en 1923 surveillée par un administrateur dans chaque commune et en 1927 les tribus devaient obtenir une autorisation pour se déplacer alors que pour louer leurs chaumes, les colons devaient passer par l'administration.

Boukhoubza (1976) a indiqué que suite a la diminution de l'aire de déplacement, le chargement en bétail des parcours durant cette période s'est considérablement accru. En même temps les pasteurs ont perdu ce qui était, dans le passé, le principal de leur revenu : perte d'une partie des parcours, perte du monopole des transports. Suite à ces changements l'économie de troc s'est transformée en économie marchande monétarisée et l'équilibre qui existait par la complémentarité entre le Tell et la steppe s'est rompu, augmentant ainsi la pression sur les parcours steppiques.

La transhumance vers le Tell avait un peu repris après l'indépendance (dans les années soixante). Mais par la suite de l'application de la révolution agraire (1971), qui remaniait les droits de pâturages, et le code pastoral (1975), et qui précisait que les terres de parcours steppiques appartiennent juridiquement à l'Etat, puis la loi portant accession à la propriété foncière agricole (1983) ont été mal acceptées par les populations locales. Elles ont contrarié les règles tribales anciennes et elles ont précipité le phénomène d'appropriation des terres steppiques, sub-steppiques et sahariennes par tous les moyens possibles : labour hors saison, défrichement des parcours pour marquer la présence et mise en défens saisonnière. « Le résultat de cette situation est une privatisation officieuse des terres officiellement étatiques ». Résument en quelques mots Benrebiha et Bouabelah (1992). En conséquence de ces transformations les superficies pastorales ouvertes et les couloirs de passages des troupeaux transhumant vers le Nord et vers le Sud se sont considérablement restreints, ce qui a obligé les éleveurs à utiliser le plus souvent des camions pour se déplacer. De plus l'augmentation des effectifs ovins s'est traduite par une sévère concurrence sur les chaumes dans le Tell. La surenchère sur les prix de location des chaumes et des camions est alors apparue, contraignant ainsi les éleveurs à se sédentariser et à étendre les cultures de céréales fourragères.

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Les résultats de notre enquête révèlent qu'il y a trois principaux types d'élevages qui sont pratiqués dans la commune de Zaafrane :

- L'élevage sédentaire qui représente 40 % (20 /50) de l'ensemble de notre échantillon, les enquêtés sédentaires ne se déplacent pas durant toute l'année et les animaux pâturent autour des lieux d'habitation. L'existence de l'agriculture en sec et l'appropriation illicite des parcours pastoraux sont à l'origine de la sédentarisation des éleveurs de la commune de Zaafrane, avec le sentiment que la propriété des terres devient la meilleure base garantissant le pouvoir et l'enrichissement de ces derniers.

- L'élevage transhumant qui est le plus répandu dans la commune de Zaafrane avec un taux de 50 %. Les éleveurs pratiquent des déplacements oscillant entre 30 à 100 km des lieux d'habitations. Les troupeaux sont accompagnés par un membre de la famille ou un berger.

- L'élevage nomade compte seulement 10 % ; les déplacements de ces derniers sont effectués surtout dans la période estivale en direction des wilayas de Tiaret et Ghardaïa. Le transport des animaux est assuré par la location des camions (voir figure N° : 10).

Figure N° 10 : Le type d'élevage pratiqué au niveau de notre échantillon enquêté

En ce qui concerne la taille des troupeaux dans notre zone d'étude, on trouve qu'il est un peu erroné de prétendre connaitre l'effectif réel des animaux car en réalité les éleveurs de la région ne déclarent jamais leurs vrais effectifs. Dans notre zone d'étude les cheptels sont principalement composés d'ovins de races locales : Ouled Djellal, Taâdmit, Hamra, parfois croisées avec la Rumbi et éventuellement d'autres races. Ils comportent aussi des caprins de races locales, des bovins, des ânes et plus rarement des chevaux ou des dromadaires. Des chiens de garde accompagnent la plupart du temps les agropasteurs. Les principales races rencontrées dans notre zone d'étude pendant la réalisation des enquêtes sont :

La race Ouled Djellal : est aussi appelée race arabe, race blanche, ou la race d'Ouled Naïl. C'est la plus importante par son effectif en Algérie : taille haute, grand format (poids moyen égal à 80 kg chez le mâle et à 60 kg chez la femelle) ; tête assez fine, un peu longue sans cornes ; oreilles longues et pendantes ; cou et membres longs ; peau et laine blanche fine descendant jusqu'au jarret et aux genoux, alors que le ventre et la partie inférieure du cou sont nues.

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La race Rumbi : dont le nom provient probablement de l'arabe « L'arenabi » qui signifie couleur de lièvre : de grande taille et corps massif (elle a les mêmes poids moyens chez le mâle et chez la femelle que la race d'Ouled Djellal, pattes robustes, terminées par des sabots gris foncé et très durs, laine blanche couvrant tout le corps. Chez les mâles, les cornes sont spiralées et massives et elles sont de petites tailles, quand elles existent, chez les femelles.

La race Hamra : ce qui signifie race rouge, est de petite taille (71 kg de poids moyen chez le mâle). Adaptée aux terrains plats, exigeante, sélectionnant avec soin ses aliments, cette race, peu adaptée aux pâturages maigres, est en régression.

La race Taâdmit : issue du croissement par les zootechniciens français du bélier Mérinos d'Arles et de la brebis de la race d'Ouled Djellal, elle est très peu répandue.

Les effectifs bovins : la wilaya de Djelfa est constituée essentiellement d'animaux de race locale. Généralement localisé en montagne, elle a une taille très réduite. Leur production laitière, très faible, est destinée à la consommation familiale.

Les effectifs caprins : pendant la réalisation de nos enquêtes, on a constaté que les caprins sont toujours présents dans les troupeaux parce qu'ils assurent la production laitière pour l'autoconsommation des éleveurs. Leur production qui est généralement autoconsommée participe aussi à la réduction des coûts de production. En plus de la race local, il existe d'autre race : la race française (la Saanen, l'Alpine), l'espagnole (la Murcia), la syrienne (la Chami) et la race Angora qui est très rustique, d'une meilleure qualité de viande que la race locale et d'une laine très appréciées mondialement.

Les résultats de l'enquête ont révélé que l'effectif du cheptel au niveau de notre échantillon varie d'une tête à plus de 2.000 têtes selon le statut de l'éleveur (voir figure N° : 11). A cet effet, nous avons rencontré au cours de la réalisation de nos enquêtes de terrain dans la commune de Zaafrane les trois catégories suivantes :

- La première renferme ceux ayant chacun un cheptel dont l'effectif varie de 1 à 250 têtes ; c'est la catégorie des petits agents économiques. Cette catégorie est la plus répandue dans notre zone d'étude avec un taux de 66 %, soit 33 enquêtés sur 50. La sécheresse qui touche la région depuis plusieurs années, suivi de l'augmentation des facteurs de production expliquent aujourd'hui cette situation qui est marquée par le passage des statuts de moyens et gros éleveurs aux petits éleveurs : c'est la paupérisation des moyens et gros éleveurs qui deviennent de petits éleveurs. Selon le dictionnaire de la langue française, le concept paupérisation signifie l'appauvrissement d'une population ou d'une classe sociale. Cette classe regroupe principalement les sédentaires et les transhumants : les sédentaires ne transhumant pas, ils sont obligés de vendre une bonne partie de leurs animaux (même les reproductrices) à bas prix pour pouvoir acheter du fourrage, très cher, destiné à alimenter ce qui reste du troupeau. En voyant leurs revenus s'effondrer, certains (surtout les petits éleveurs) vendent précipitamment leurs animaux et changent, si possible, d'activité. Concernant les transhumants, ils arrivent à maintenir de bons revenus grâce au fourrage grossier (gratuit) fourni par les parcours sahariens et telliens.

- La deuxième renferme les éleveurs ayant chacun un cheptel dont l'effectif est compris entre 251 et 500 têtes. C'est la catégorie des agents économiques moyens dans la commune de Zaafrane. Elle représente 24 % (12/50) de l'ensemble de notre échantillon. Elle est formée principalement par les transhumants. Durant la période coloniale, les colons ont occupés la zone tellienne afin de produire des céréales destinées à l'exportation vers la métropole, ce qui a provoqué une amputation de l'aire d'extension de l'élevage ovin, et la réduction des déplacements du cheptel. Alors les labours ont commencé à se développer dans la steppe afin de produire des grains nécessaires à l'alimentation des nomades et à la complémentation de l'alimentation de leurs animaux. Après l'indépendance, l'Etat algérien, a essayé de sédentariser les éleveurs de la steppe par la création de coopératives, la nationalisation des terres et des troupeaux et les importations d'orge. Ce qui a beaucoup réduit les déplacements des troupeaux vers le Nord et vers le Sud « les nomades sont devenus des transhumants » et provoqué une sédentarisation accompagnée d'une extension des superficie cultivées en céréales fourragères afin de compenser la perte

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des fourrages que fournissaient précédemment les parcours steppiques, telliens et sahariens lors des déplacement réguliers. De plus, selon les déclarations des enquêtés lors de la réalisation des enquêtes informelles, les bas prix des céréales fourragères des années 1980, 1990 et début 2010 ont incité les éleveurs à compléter largement l'alimentation de leurs troupeaux avec des céréales fourragères, généralement importées. Mais ce que nous ont montré les enquêtes informelles, c'est que : si la transhumance n'était plus pratiquée lorsque le prix de fourrage était bas et lorsque l'état des parcours de la steppe le permettait, les déplacements pouvaient reprendre lorsque le prix du fourrage était élevé et que l'état des parcours du Tell et du Sahara le permettait. Les agropasteurs qui appartiennent aux agents économiques moyens dans notre échantillon enquêté peuvent donc changer de conduite, selon les circonstances économiques et écologiques : ce sont des agropasteurs transhumants ou pas, selon ces circonstances.

- La dernière catégorie est celle des grands agents économiques ayant chacun un effectif qui dépasse 501 têtes. Cette troisième fraction qui tend à disparaitre dans notre zone d'étude à cause du changement climatique et de la hausse des prix du fourrage représente une infime partie qui est de 10 % (5/50). Cette partie regroupe les nomades qui se déplacent fréquemment du Sahara vers le Tell, soit du Tell vers le Sahara à la recherche du fourrage gratuit. Mais Avant de prendre la décision de la transhumance, l'éleveur vit dans une tension encore plus grande que dans la steppe. Il ne peut pas cacher son anxiété. Il s'interroge sans cesse, avant de décider, s'il vaut mieux partir ou rester. Il se demande, quelle est la meilleure stratégie à adopter, qui lui permettra d'augmenter ses gains et de réduire ses pertes et ses dépenses ? Arrivé sur place, il cherche tout le temps d'autres parcours à exploiter, et il se demande : combien de temps ceux-ci vont assurer l'alimentation de son troupeau ? Il est donc toujours tendu, méfiant, et sur ses gardes. Toutefois, avant de prendre la décision de transhumer, l'éleveur effectue des prospections pour voir l'état des pâturages telliens ou sahariens et pour en négocier les prix de location. Et il récolte le maximum d'informations possibles sur les marchés, en passant par les villes et en croisant d'autres personnes qui sont liées de près ou de loin au métier.

Le départ vers le Sahara se fait généralement en automne au cours des mois d'octobre, novembre et parfois en décembre à cause de la rareté du fourrage en grains souvent indisponible, de la faiblesse des fourrages grossiers produits par la steppe et suite à une pluviométrie abondante en hiver dans le Sahara qui a permis une forte repousse végétale. Le déplacement se fait rarement à pied, uniquement quand les troupeaux se trouvent déjà au sud, prés du Sahara, et que les endroits à traverser sont riches de végétation. Il se fait le plus souvent en camion, car le passage des troupeaux vers le Sud est bloqué par les éleveurs locaux qui pratiquent la mise en défens saisonnière « gdall ». Les parcours choisis sont ceux qui ont bénéficié d'une bonne pluviométrie en automne et qui ont commencé à produire une quantité de biomasse verte satisfaisante, riches en espèces de bonne valeur fourragère et le plus près possible des points d'abreuvement pour éviter l'achat de citernes d'eau. Une fois la destination choisie et les moyens de transport trouvés, la date de départ sera fixée. Le jour du déplacement, les animaux ne sont pas alimentés pour éviter qu'ils ne soient pas malades et qu'ils ne se salissent pas les uns les autres. Si le déplacement prévu doit être très long, les animaux sont transportés la nuit de préférence, en prenant le soin de mettre un gardien dans la remorque pour les surveiller. Et ils seront relâchés directement sur les parcours dès leur arrivée, le lendemain matin, afin de faciliter leur adaptation. Si le déplacement doit être court, le transport se fait à n'importe quel moment de la journée ; généralement l'éleveur emmène sa famille avec lui. Arrivés au Sahara, la tente est installée et les animaux sont lâchés sur les parcours avoisinants. Lorsque ces derniers ne peuvent plus satisfaire les exigences des animaux, suite à un passage répété, l'éleveur cherche de nouveaux parcours en bon état et déplace fréquemment son troupeau. Si tous les parcours proches sont totalement pâturés, le troupeau sera déplacé par camion vers des parcours plus éloignés. Vers le début du printemps, la chaleur commence à se faire sentir, les plantes annuelles commencent à se dessécher et les animaux ont besoin de s'abreuver chaque jour. Le fourrage manque et l'eau aussi, la chaleur devient insupportable pour les animaux. Mais, avant de retourner dans la steppe ou de prendre le chemin du Tell ou des pâturages du Nord, les animaux sont débarrassés de la laine qui devient étouffante. Ensuite, une fois la date et la destination choisies, le transport, vers le Nord, du troupeau, de la tente et des affaires personnelles se fait par camion. En transhumance, la répartition des tâches journalières entre les membres de la famille se fait comme dans la steppe : les agneaux nouveau-

nés sont gardés par les femmes et les enfants, le troupeau, en pâturage est gardé par le père ou le fils assez âgé. Mais toutes les tâches sont plus ardues du fait des distances parcourues quotidiennement par le troupeau et ses gardiens, et des déplacements de tous, bêtes et personnes, plus fréquents et plus longs pour trouver de nouveaux pâturages, plus riches. A chaque déplacement, la famille doit démonter la tente, plier les bagages, charger le tout sur camion, et, une fois arrivée, décharger, remonter la tente et déplier de nouveau ses bagages. Enfin quand les conditions le permettent (climat favorable, moyen de transport disponible, courte distance à parcourir, préférence de partir en groupe), il faut, aller en ville pour procéder à quelques achats indispensables. Le départ vers le Tell se fait généralement au mois de juin, soit à pied quand les moutons se trouvent assez au nord, soit en camion (c'est le cas le plus fréquent) quand ils sont loin au sud, ou qu'ils viennent directement du Sahara. Dans le Tell, l'éleveur choisit, après négociations, les pâturages d'été les plus riches et les moins chers, sans considération pour l'eau d'abreuvement qui est beaucoup plus largement disponible et facile à trouver. Pendant leur séjour dans le Tell, les moutons passent toute la journée sur les chaumes loués ou sur les parcours forestiers ou autres qui se trouvent à moins de 5 km du lieu de campement de l'éleveur. Une fois ces chaumes et parcours complètement pâturés par les troupeaux, la plupart des éleveurs, qui recourent alors aux aliments achetés sur place, prennent le chemin du retour par camion vers la fin de l'été, à un moment où les pâturages telliens et steppiques sont très pauvres en herbe.

On peut dire alors que le mode d'affouragement du bétail a beaucoup changé ces dernières décennies et, de nos jours, il varie d'un endroit à l'autre et d'une année à l'autre selon l'état des parcours et selon la production locale et le prix des céréales fourragères. Nous savons aussi qu'autrefois, le mode d'affouragement pratiqué consistait à subvenir aux besoins alimentaires du bétail seulement à partir des fourrages naturels grossiers fournis par les parcours de la steppe, du Tell et du Sahara. Ce mode d'alimentation du bétail basé sur la double transhumance est devenu rare de nos jours : lorsque les aliments de bétail sont abondants, et à bas prix, le fourrage grossier produit par les parcours de la steppe est complété par les grains produits sur place ou achetés. Par contre, lorsque ces aliments sont chers et non disponibles, le mode d'affouragement éventuellement pratiqué consiste à alimenter le plus largement possible les troupeaux par le fourrage fourni par les parcours steppiques, telliens et sahariens, en complétant (mais le moins possible et en cas de nécessité) par des céréales fourragères produites ou achetées.

Figure N° 11 : Les types d'agents économiques au niveau de notre échantillon enquêté

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard