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Gestion durable des adductions d’eau villageoises au Bénin


par Femi COCKER
Université d'Abomey Calavi - Master en droit option: marchés publics et partenariat public privés 2018
  

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§ 2 La prise en compte des usagers

Dans la gestion des infrastructures communautaires, les usagers se retrouvent à un niveau (I) dans la sélection et (II) dans l'exécution.

A. Dans la sélection

Déjà à l'étape de sélection, les usagers sont pris en compte. Avant la décentralisation, la gestion était communautaire. L'équipe de gestion de l'AEV est mise en place de façon participative pour un mandat périodique après une assemblée générale où tous les usagers de l'eau sont invités. En effet, les infrastructures d'approvisionnement en eau sont collectivement gérées en zone rurale béninoise par les populations bénéficiaires organisées en Association des Usagers de l'Eau (AUE). Cette association volontaire regroupe l'ensemble des villageois usagers de l'eau, résidant sur le territoire (un ou plusieurs villages), desservi par un système d'adduction d'eau. Le processus est supervisé par le Service de l'Eau du département concerné qui veille à la participation de tous.

Après la décentralisation, la gestion est passée de communautaire à communale. Selon la loi n° 97-029 du 15 janvier 1999, portant organisation des communes en République du Bénin, les communes sont responsables des infrastructures publiques de leur territoire de compétence. Mais la loi ne les autorise pas à gérer directement les ouvrages. Elles font donc « du faire faire ». Ici également, à part quelques ratés, la gestion solitaire est proscrite et le processus est conduit pour permettre aux usagers ayant l'aptitude et remplissant les conditions de participer à la sélection. Ainsi il y a eu des AUE qui se sont converties en structures d'affermage, des entreprises locales qui participent et gagnent les appels d'offres pour la mise en gestion déléguée des AEV.

Aujourd'hui, la sélection du partenaire privé est également participative. Suite à la convention entre l'Etat et les communes, c'est l'Etat qui conduit le processus à travers l'Agence Nationale d'Approvisionnement en Eau Potable en Milieu Rural (ANAEPMR). L'appel d'offre est international et copie est envoyée aux communes couvertes par le système d'AEV à mettre en gestion professionnelle. Elles sont aussi autorisées à participer à l'ouverture des plis.

B. Dans l'exécution

La participation s'observe de même dans l'exécution de la gestion. Le Bénin a adopté en 1992 une stratégie nationale d'alimentation en eau potable71. Cette stratégie vise à impliquer les populations du monde rural dans tout le processus d'appropriation de l'alimentation en eau

71 DIRECTION DE L'HYDRAULIQUE, Stratégie nationale de l'alimentation en eau potable, 1992, p. 19

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potable. Les principes fondamentaux de cette stratégie sont en particulier, la décentralisation du processus de prise de décision, ainsi que la participation des communautés à l'investissement et à la gestion des points d'eau.

La gestion communautaire est déjà par nature participative. Le mode de gestion est classique. Après réception des ouvrages, l'AUE fait une convention de cession et d'exploitation avec l'Etat, maître d'ouvrage représenté par la Direction Générale de l'Hydraulique en ce moment à travers le Service Départemental de l'Hydraulique. Par cette convention, l'AUE organise la gestion de l'ouvrage qui reste la propriété de l'Etat. Chaque adduction d'eau villageoise a son Association des Usagers de l'Eau (AUE) qui regroupe l'ensemble des villageois usagers du système d'eau potable. Ils mettent en place un Comité Directeur par élection qui compte un président, un secrétaire, un trésorier, un représentant de l'Association de Développement du milieu et une représentante des femmes. Déjà cette configuration est le socle de la gestion participative. Le comité de gestion signe un contrat avec un exploitant qui est chargé de la production, de la distribution et de l'appui à la collecte des recettes. Des contrats de vente de l'eau au niveau des Bornes Fontaines sont signés avec des fontainiers qui sont payés au prorata de la quantité vendue. L'AUE fait un contrat de maintenance avec une structure privée spécialisée dans la maintenance des AEV qui est agréée par la Direction de l'Hydraulique. La participation des usagers à l'investissement initial est de 5% selon l'approche par la demande. Les usagers sont impliqués dans la gestion des équipements, l'approbation du budget prévisionnel, la fixation du prix de l'eau, le renouvellement, l'extension des équipements jusqu'à l'élection des membres de l'AUE.

Dans la stratégie 2005-2015, approche par la demande est remplacée par la programmation communale. Les communautés à la base depuis le niveau hameaux, localités, villages jusqu'aux arrondissements remontent leur besoin à la commune à l'aide de l'outil de Programmation Communale Eau (PCEau) avec l'assistance-conseils du Service de l'Eau. La commune dans l'ordre de priorité déjà retenu par chaque acteur, met en place les participations financières au paravent mobilisées par les usagers eux-mêmes et soumet la réalisation au financement disponible. L'esprit de gestion participative se retrouve dans le processus de priorisation décrit conduit par les communautés. Dans la gestion confiée par la commune à un fermier, les usagers sont représentés par l'ACEP qui joue le rôle de veille citoyenne et défend l'intérêt des consommateurs. Périodiquement, en application de la loi sur la décentralisation, le maire fait une reddition de compte publique sur toutes activités de la commune. A cette occasion, le point

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de la gestion des ouvrages d'approvisionnement en eau est présenté et les administrés avec le conseil communal sont invités à se prononcer.

La gestion des infrastructures d'AEP est aujourd'hui confiée à une Agence Nationale qui est placée sous la tutelle de la Présidence de la République. Les attributions autrefois déconcentrées sont désormais recentrées. La gestion confiée à l'Unité d'Exécution qui rend compte au Conseil d'Administration (CA) de l'agence. Le fonctionnement de l'agence est contenu dans le décret n° 2017 -039 du 25 janvier 2017 constatant approbation de la création de l'Agence Nationale d'Approvisionnement en Eau Potable en Milieu Rural. L'agence travaille en symbiose avec les communes et s'appuie sur l'expertise des Structures Déconcentrées de l'Etat en charge du secteur de l'Eau pour réussir sa mission. Dans tous les cas, la gestion participative se retrouve dans un aspect ou dans l'autre.

Le cadre institutionnel est généralement adapté, la lourdeur administrative rend parfois inefficace les prises de décision.

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