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Gestion durable des adductions d’eau villageoises au Bénin


par Femi COCKER
Université d'Abomey Calavi - Master en droit option: marchés publics et partenariat public privés 2018
  

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Conclusion

L'eau est la première des matières premières dont on ne peut se passer. Sa fonction est d'assurer la vie. D'une part, le coût élevé72 de la réalisation des infrastructures d'approvisionnement en eau potable, constitue un obstacle majeur à l'amélioration de l'accès à l'eau dans les régions pauvres d'Afrique, en particulier en milieu rural au Bénin. D'autre part, « la bonne gestion constitue la moitié des réserves de provisions ou même la totalité 73 ». Autrement-dit, lorsque les infrastructures sont bien gérées, elles durent le temps qui est prévu pour le renouvellement et/ou l'extension. Ainsi, le maître d'ouvrage a l'avantage de réorienter ses autres ressources vers d'autres besoins non moins importants. L'infrastructure bien gérée, devient un bien économique et une source de revenu donc constitue une réserve. Dans le cas d'espèce, puisque la gestion de l'AEV produit des redevances, le système doit pouvoir s'auto entretenir donc n'a plus nécessairement besoin que le maître d'ouvrage y injecte à nouveau des ressources. Le concept de délégation de gestion s'inscrit également dans une logique d'ouverture à la participation du secteur privé74. La bonne gouvernance de l'eau repose sur la coordination des actions, une implication judicieuse et une large concertation entre les différents acteurs avec un recours aux outils modernes de gestion.

On constate aujourd'hui, que c'est bien de réaliser les ouvrages d'AEP pour soulager les peines des populations, mais c'est encore mieux d'organiser autour de ces infrastructures qui coutent beaucoup d'argent, une gestion pérenne gage d'une utilisation durable qui permettra d'augmenter le taux de desserte75 et de le maintenir ascendant. C'est pour cela que certaines collectivités territoriales se mettent ensemble ou font des jumelages76 avec des communes de la métropole où d'ailleurs pour faire face au défi de la gestion durable des AEV. Les cas de l'UCOZ77 dans le Zou et du GICC78 dans les Collines, en sont des illustrations. Le Gouvernement du Bénin a quand même réalisé des progrès rapides depuis la gestion

72 HOUNMENOU B. G., « Gouvernance de l'eau potable et dynamiques locales en zone rurale au Bénin », op. cit., p. 1.

73 MARKETEUR B., Consultant en Publicité, Lecture, Communication, Voyage, Algérie, Bejaia

74 WSP, Délégation de gestion du service d'eau en milieu rural et semi urbain, op.cit., p. 7.

75 Le taux de desserte : c'est le rapport entre la population effectivement desservie et la population totale. Il ne peut excéder 100% même dans le cas où il y a des points d'eau en excédent. MEE, Guide de programmation communale des ouvrages d'approvisionnement en eau potable en milieu rural et semi urbain, 2010, p.11

76 Plusieurs communes ont faits des partenariats appelés « jumelage » avec d'autres communes occidentales pour des projets de développement dont la réaliser et renforcement de la gestion des AEV. C'est le cas des communes de Bohicon, Dassa, Akpro-Missérété...

77 UCOZ, Union des Communes du Zou

78 GIC Groupement Intercommunal des Collines

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communautaire puis en aidant les communes à adopter les contrats d'affermage et enfin il est en train de passer à la gestion en PPP des systèmes d'AEV.

Depuis 1992 avec l'approche par la demande, les AEV sont gérées par les communautés à la base organisées en Association des Usagers de l'Eau avec l'accompagnement de la Direction de l'Hydraulique. Outre l'entretien et la maintenance des équipements, beaucoup d'AUE ont investi dans l'extension de leurs réseaux ou dans le cofinancement de diverses infrastructures sociocommunautaires dans leurs localités, construction de modules de classe et bibliothèque en milieu scolaire, extension du réseau vers d'autres villages79. Le Bénin ne manque pas d'investir dans la réalisation des infrastructures sociocommunautaires et particulièrement les infrastructures de production et de distribution d'eau potable aux populations. Force est de constater que le taux de desserte peine à augmenter à cause de la fréquence des pannes80. Cette information est confirmée par les données ressentes du ministère en charge de l'eau qui affiche pour l'année 2018, un taux de desserte de 40 %81. Déjà il n'y a pas suffisamment de ressources financières pour réaliser les ouvrages au fur et à mesure que la population s'accroit. Mais, le peu d'infrastructure réalisé connait tellement de difficultés de gestion82 qui se ressentent sur l'état de fonctionnement des ouvrages au point où certains ouvrages sont constamment en panne. Plusieurs acteurs dont les Organisations de la Société Civile à travers la Coalition Eau83 ont observé que la gestion qu'en font les collectivités locales reste à améliorer. L'Etat a déjà fait des efforts d'investissements, mais la finalité n'est pas assurée. Il ne s'agit donc pas seulement de réaliser les ouvrages. Mais il faut aussi organiser leur gestion pérenne.

Les collectivités locales ont fait l'expérience d'une gestion professionnelle avec l'affermage des AEV. L'Etat accompagne la commune pour l'investissement initial et le fermier assure l'exploitation et la maintenance dans une certaine mesure puisque le renouvellement des équipements n'est même pas à la charge du fermier selon le contrat d'affermage84. Mais cette gestion a malheureusement montré ses limites malgré les efforts des communes. En effet, avec l'avènement de la décentralisation en 2003, les communes ont expérimenté la gestion déléguée

79 HOUNMENOU B. G., « Gouvernance de l'eau potable et dynamiques locales en zone rurale au Bénin », op. cit., p. 11.

80 Les pannes tirent vers le bas le taux de desserte, car un ouvrage en panne n'est pas pris en compte dans le calcul du taux de desserte, voir site web de la DGEau, www.eaubenin.bj, consulté le 21/03/2019 à 18h12mn.

81 Taux de desserte, disponible sur: www.eaubenin.bj, consulté le 21/03/2019 à 19h30mn

82 WSP, Bénin-Partenariats Public-Privé novateurs au service de la durabilité de l'approvisionnement en eau potable en milieu rural-Étude de cas, 2016, op. cit., p. 10.

83 Coalition Eau, Etat des lieux des collectifs, plateformes et réseaux d'organisation de la société civile du secteur eau et assainissement dans 7 pays de l'Afrique de l'Ouest et du Centre, 2008, Rapport Bénin

84 Article 4, Contrat d'affermage des AEV, 9. Annexe 1

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des AEV suite à l'accompagnement technique et financier des structures déconcentrées de l'Etat dans le secteur de l'eau et des Partenaires Techniques et Financières. En 2010, 157 AEV étaient gérées sous contrats d'affermage, soit 47 % des 340 AEV construites à l'époque85. Par contre, il y en a qui n'ont pas su gérer. L'étude sur la décentralisation et Gouvernance de l'eau potable en milieu rural au Bénin est parvenue à la conclusion que « la gestion communautaire n'est pas favorable à la pérennité du service d'approvisionnement en eau potable compte tenu du fonctionnement irrégulier des AUE et du manque de professionnalisme de leurs responsables »86. Il a été relevé plusieurs cas de mauvaise gestion87 comme l'illustre également le rapport bilan du Programme Eau et Assainissement88 de la Banque Mondiale qui constate que les performances de la gestion communautaire, après vingt ans de pratique, n'ont globalement pas été à la hauteur des enjeux. Cela est confirmé par l'étude sur la gouvernance de l'eau potable et dynamiques locales en zone rurale au Bénin89, qui a conclu que « certains membres de comités directeurs s'entendent avec les exploitants pour détourner les fonds de leurs AUE ». A l'avènement de la décentralisation, il y a eu la gestion communale.

Aujourd'hui, l'Etat est en train de prendre les dispositions pour expérimenter la gestion des AEV à travers le Partenariat Public-Privé. L'avantage ici est que l'Etat pourra alimenter en eau potable sa population et rembourser plus tard. Le partenaire est dans l'obligation de faire une gestion professionnelle durable pour pouvoir récupérer ses investissements.

Toutefois, ces différentes formes de gestion ont connu des points forts et des points faibles. L'essentiel étant de tirer les avantages et corriger les faiblesses. Cependant, toutes les formes de gestions décrites le long de cette étude peuvent conduire à la gestion durable des AEV au Bénin. Mais c'est la mise en oeuvre qu'en font les acteurs qui ne respecte plus l'approche qu'ils ont eux-mêmes mis en place. Donc le problème de formule ou méthode de gestion ne se pose pas. Il suffit de choisir celle qu'on pense la mieux adaptée à son cas et bien la mettre en oeuvre. Ensuite, recenser les difficultés lors de la mise en oeuvre, les analyser pour y apporter des solutions appropriées afin d'arriver effectivement à une gestion durable des Adductions d'Eau

85 DGEAU, Evaluation du processus de professionnalisation de la gestion des AEV- Bénin, Cotonou, Rapport Final Version Provisoire n° 1, 2010, p. 21.

86 ADOMOU A., Décentralisation et Gouvernance de l'eau potable en milieu rural au Bénin: cas de la commune de Toffo, DESS développement et gestion de projet, Université de Bouaké et Institut Universitaire du Bénin, 2008, p. 47.

87 BONNASSIEUX A. et GANGNERON F., « Des mini-réseaux d'eau potable : entre enjeux politiques et arrangements locaux. Le cas de la commune de Djougou au Bénin » op. cit., p. 84.

88 WSP, Délégation de gestion du service d'eau en milieu rural et semi urbain, op. cit., p.3

89 HOUNMENOU, B. G., « Gouvernance de l'eau potable et dynamiques locales en zone rurale au Bénin », op. cit., p. 10.

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Villageoises en vue d'améliorer le taux de desserte en milieu rural qui est encore de 40 % en 2018 selon la Direction Générale de l'Eau.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle