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Les déterminants de l’inadéquation entre qualification et emploi dans les sociétés de gardiennage en ville de Goma, de 2013 à  2018.


par Taylor ELIE BUSHU
Institut supérieur de management des grands lacs/ Goma - Licence en management 2017
  

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I.4. LES THEORIES EN RAPPORT AVEC L'EMPLOI ET LE FONCTIONNEMENT DU MARCHE DE TRAVAIL

I.4.1. NOTION SUR LE MARCHE DE TRAVAIL

Le marché est un lieu public, en plein air ou couvert, où l'on vend et où l'on achète des marchandises45

Le marché est encore défini comme un lieu ou moyen de rencontre de l'offre et de la demande d'un bien ou d'un service, où se détermine le prix de cession et les quantités échangés.

L'expression « passer un marché » indique que le marché est aussi un contrat comportant vente et achat des biens et services. Le marché peut être localisé avec présentation effective des marchandises et présence physique des acteurs. Le marché est un lieu de rencontre (éventuelles abstrait) où les offres des vendeurs (offreurs des services) rencontrent les demandes des acheteurs (demandeurs des services) qui s'ajustent à un certain prix. Notre cas ici se focalise exclusivement sur le marché des Services.

Selon cette définition, le marché est donc une façon de confronter l'offre et la demande afin de réaliser un échange des sévices ou des capitaux.46

45 SILI M. et JM ALBERTII, lexique d'économie, 7e Edition, Paris, Dalloz, 2002, p 626.

46 GELEDAN et J BREMOND, Dictionnaire économique et sociale, HATER, Paris 1981, 3e Ed. P 230

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Figure n° 1 : Le marché et l'offre

Demande

Offre

Marché

Organiser la
rencontre

Prix du
marché

Quantités
échangées

Ce schéma nous montre comment le marché est une façon de confronter l'offre à la demande afin de réaliser un échange des biens et services ou des capitaux.

Au cours des années quatre-vingt, la conception collective qui sous entendait le marché de travail suscita des critiques de plus en plus nourris. Ces critiques ont été entérinées par le Fond Monétaire International (FMI) dans le cadre de ses programmes d'Ajustement Structurel (PAS). Le fond a observé que c'est sur le marché de travail que l'action réformatrice a été la moins marquée. Par exemple jusqu'à une époque récente, c'était le code de travail seul qui réglementait les relations du travail.

Ainsi donc plusieurs théories sont venues appuyer les textes qui existaient déjà en rapport avec l'emploi et le fonctionnement du marché de travail.

Trois grands corpus théoriques, la théorie du capital humain, la théorie du signal et la concurrence pour l'emploi ont tenté de formaliser le lien de l'inadéquation entre qualification et emploi.

I.4.1.1. La théorie de capital humain :47 suppose d'une part que la formation initiale, dont l'accès est libre, augmente les compétences individuelles directement mobilisables dans l'emploi et d'autre part que le marché du travail dans différents secteurs est en situation de concurrence. Dans cette situation sans chômage, la qualification est alors un investissement en capital humain et les individus choisissent la durée de la formation en fonction (le

47 Marie Chantal Doucet, théorie du comportement humain et configurations sociales, les presse de l'université, Montréal, 2009, Pp 35-53

48 Gary Becker, Human capital, A theoretical and empiricalanalysis, withspecialreference to education, NBER-Columbia Universitypress, 1964, P 187

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cursus académique jusqu'à être qualifié ou avoir un grand diplôme) du rendement attendu de la formation en termes de salaire. La concurrence égalise donc les taux de rendements (écart entre le rendement salarial de la qualification et coûts directs et d'opportunité liés à cette dernière). Le diplôme et la spécialité ne jouent aucun rôle. Le rendement salarial est en corrélation avec la durée des études.

Pour expliquer le rôle différencié du domaine de formation et de la qualification sur le salaire, en respectant les hypothèses standards de ce corpus, il faut supposer que la qualification est aussi un investissement de type qualitatif. Les coûts directs et/ou les coûts d'opportunité de formation dans chaque domaine suivi à l'université doivent alors être différenciés. Les plus qualifiés supposés avoir dépensés des coûts plus élevés doivent donc des rendements plus importants sur le marché du travail, conséquence de la libre concurrence sur le marché du travail et de la qualification. Les différences de salaires reflètent alors les différences de productivité attachées aux individus. Ces différences sont le résultat d'investissements distincts en formation en termes de durée des études et de choix de la spécialité ou du domaine suivi.

I.4.1.2. La théorie du signal : 48A la différence de la précédente théorie, la théorie du signal suppose que le marché du travail n'est pas doté d'une information pure et parfaite. En particulier, l'employeur ne connaît pas la productivité future du travailleur qu'il embauche. La formation initiale (niveau, durée ou diplôme) est pour lui la seule mesure des capacités productives potentielles dont il dispose. Le rôle du fait d'être qualifié est de « filtrer » la population active afin de signaler aux employeurs les capacités productives des individus. Dans la version stricte du signal, la qualification ne fait que signaler des capacités préexistantes sans les modifier ou les augmenter. Ces capacités sont les aptitudes innées et éventuellement augmentées par l'influence du milieu familial ou social. Les plus aptes poursuivent davantage leurs études pour être plus qualifiés car les coûts de formation supportés par les individus sont d'autant plus faibles que les capacités préexistantes des individus sont élevées. Les spécialités de formation peuvent aussi jouer un rôle dans ce cadre théorique. En effet, si les domaines de formation reposent sur des processus de sélection et de signaux différenciés (certaines spécialités sont plus difficiles à suivre et demandent donc plus de capacités cognitives et non cognitives) alors la valeur sur le marché du travail du signal de chaque spécialité de formation sera aussi différenciée.

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La théorie du capital humain et du signal ne sont pas opposées et sont souvent supposées complémentaires puisqu'elles reposent sur des hypothèses différentes. De plus, dans les deux cas, la vérification empirique lie le salaire au niveau d'études et ne permet pas aisément de trancher empiriquement entre les deux hypothèses. Ainsi, le rôle de signalement des compétences productives ne s'oppose pas à l'hypothèse selon laquelle les études augmentent les capacités productives des individus. Il suffit que les coûts d'obtention d'une qualification quelconque dans un ou tel autre domaine à haut rendement salarial soient les plus élevés et soient négativement corrélés aux capacités préexistantes.

En revanche, ces deux théories dans leur forme simple ne sont pas en mesure d'expliquer le rendement de l'adéquation entre qualification d'emploi. En effet, elles ne font aucun lien entre les capacités individuelles et le contenu réel des emplois. Elles ne permettent donc pas d'expliquer le rendement de l'adéquation. La qualification transforme et signale ces productivités individuelles qui sont ensuite valorisées sur le marché du travail. Le salaire ne dépend que de ces productivités et non pas du poste occupé. Comment alors expliquer que deux individus identiques du point de vue de leur formation n'ont pas le même salaire selon qu'ils occupent un emploi en adéquation avec la spécialité de formation ou non ? Il faut pour cela faire l'hypothèse que les capacités productives sont de deux types. Les capacités appartenant au premier type se valorisent sur l'ensemble des emplois. Il s'agit de compétences générales. Les capacités de deuxième type ne se valorisent que sur un nombre restreint d'emplois. Il s'agit de compétences plus spécifiques. Ces compétences sont à distinguer du capital humain spécifique du modèle de base Gary Becker. Ce dernier est spécifique à chaque entreprise et ne s'accumule qu'avec l'ancienneté dans l'entreprise. Il ne peut être valorisé à l'extérieur de l'entreprise. Les compétences spécifiques définies ici sont caractérisées par le fait qu'elles se valorisent sur un sous ensemble d'emploi (les emplois appartenant à une même spécialité professionnelle). On rejoint ici l'idée de « marchés professionnels » spécifiques à certaines formations.49 Ces capacités spécifiques peuvent être signalées ou acquises par le niveau de qualification. L'existence de ces capacités spécifiques explique le rendement positif de l'adéquation entre qualification et emploi. Ainsi, un système de formation qui sélectionne les individus selon leurs capacités générales et spécifiques (acquises et signalées) permet d'expliquer le rôle différencié de la spécialité dans le gain salarial, ce qui est différent dans les sociétés de gardiennage en ville de Goma.

49 Henri Lepage, Demain le capitalisme, livre de poche, 1977

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I.4.1.3. La théorie de concurrence : Le modèle de concurrence pour l'emploi de JP Jarousse50 apporte un éclairage sur la relation entre qualification et salaire mais aussi sur la probabilité de réaliser l'adéquation. Il est supposé ici que le marché du travail n'est pas en concurrence et que la productivité et donc le salaire dépendent de l'emploi. Il est fixé par des éléments institutionnels dont la régulation ne dépend pas des forces du marché. Sur le marché du travail, l'emploi est donc rationné et il existe un chômage durable et involontaire. L'employeur ne pouvant ajuster le salaire en fonction des caractéristiques de l'individu, choisi le candidat qui rejoindra le plus rapidement la norme de productivité. La qualification joue donc le rôle d'une carte d'entrée pour l'emploi. Et il n'y a pas de relation directe entre le domaine poursuivi à l'université et la productivité dans l'emploi. La théorie de la concurrence pour l'emploi permet donc de comprendre le rôle de la qualification dans le parcours d'insertion et dans la probabilité d'embauche et d'adéquation. En effet, c'est l'employabilité plutôt que la productivité qui est recherché par les employeurs. L'employabilité est alors une notion complexe et multidimensionnelle qui peut faire appel aussi à d'autres signaux ou indices comme la spécialité. Les estimations économétriques ne peuvent distinguer la théorie du signal de la théorie de la concurrence pour l'emploi par les différences salariales entre individus occupant des postes différents, notamment parce que l'employabilité est liée aux capacités individuelles préexistantes. 51Ces deux cadres théoriques apparaissent donc largement complémentaires.

La théorie de la concurrence pour l'emploi peut aussi permettre d'expliquer les différences salariales entre qualification et emploi. Si certains domaines conduisent les jeunes à acquérir des capacités d'adaptation supérieures aux autres acquis, alors ils auront accès à des emplois mieux rémunérés.52L'adéquation entre qualification et emploi joue alors un rôle dans le classement des individus dans la file d'attente. Pour aller plus loin, on peut supposer que les compétences générales acquises permettent d'acquérir ensuite à moindre coût des compétences spécifiques nécessaires pour occuper l'emploi correspondant à sa qualification.53 Sous cette hypothèse, les individus ayant un niveau de compétences générales élevées valorisent mieux

50 Jean Pierre Jarousse, Formation et critères : contribution de la théorie du capital humain à l'analyse du fonctionnement du marché du travail, Presse de l'université de Bourgogne, Dijon, 1971

51 Michel Fourmy, Ressources Humaines, stratégie et création des valeurs, vers une économie du capital humain, Edition Maxima 2012

52FRIEDMANN, G. ET NAVILLE, P., cité par J.D MUKENDI KADIMA, Traité de sociologie du travail, Edit. Armand colin, Paris, 1962, P. 235.

53SALAIS, R. et Alii, cité par J.D MUKENDI KADIMA, l'intervention du chômage, histoire et Transformation d'une catégorie en France des années 1890 aux années 1980, PUF, Paris, 1986, P.4.

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leurs compétences spécifiques. Ce qui peut donc amener à un rendement différencié de l'adéquation selon la qualification. Chose qui ne se passe dans la ville de Goma, spécialement dans les sociétés de gardiennage.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo