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La mise en œuvre de la responsabilité de protéger en Afrique. étude de quelques cas récents (Mali, Centrafrique, Libye).


par Bansopa Linda DARATE
Université d'Abomey-Calavi, Bénin - Master II Droit International et Organisations Internationales  2017
  

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CHAPITRE II : DES MOYENS DE MISE EN OEUVRE CONFUS

L'humanitaire est devenu un justificatif d'intervention militaire102. Une intervention pour motif humanitaire peut recouvrir diverses actions diplomatiques, des actions médicales et de secours d'urgence, des pressions politiques, des sanctions économiques comme le rappelle la Résolution 1674103 du Conseil de sécurité; mais elle peut aussi consister dans une action militaire officiellement motivée par le secours d'une population touchée par la répression. C'est ce mélange des genres qui sera au coeur de cette étude : l'analyse sera centrée sur les risques que présente l'intervention militaire d'un Etat ou plusieurs sur le territoire d'un autre Etat dans un but officiellement humanitaire, et sur les dangers qui découlent du mélange de l'humanitaire et du militaire. Car, la confusion ne manque pas souvent de s'installer entre l'humanitaire et le militaire (Section 1). De cette confusion, découlent des conséquences (Section 2) qu'ils convient de relever.

Section 1 : Le mélange de l'humanitaire et du militaire : l'humanitaire armé

Les textes internationaux notamment les rapports104 du Secrétaire général des Nations unies relatifs au concept de « responsabilité de protéger » sont clairs : la détresse d'une population appelle une assistance humanitaire, puis en l'absence d'accord entre les intéressés, une intervention politique des Nations unies pour trouver diplomatiquement une solution politique. Le militaire ne doit être employé que dans des cas extrêmes et rarissimes. Cependant, il est aisé de constater que l' « humanitaire armé » se généralise depuis une décennie sous deux formes principales. Il s'agit des opérations civilo-militaires (Paragraphe 1) d'une part, et des missions intégrées de maintien de la paix (Paragraphe 2), d'autre part.

102 On en arrive ainsi à qualifier une guerre d' « humanitaire » (expression largement utilisée par les journalistes et les analystes politiques lors de la guerre du Kosovo en 1999) comme si l'adjectif pouvait adoucir la réalité d'un conflit où des personnes sont tuées et des « dommages collatéraux » acceptés au nom de la croisade nécessaire contre le mal du moment.

103 Résolution sur la protection des civils dans les conflits armés, CSNU, 28 avril 2006.

104 Rapport du Secrétaire Général des Nations Unies, La protection des civils dans les conflits armés, New York, ONU, 28 octobre 2007, S/2007/643. Rapport du Secrétaire général, Responsabilité de protéger : réagir de manière prompte et décisive, Doc. A/66/874À S/2012/578, 25 juillet 2012.

Réalisé et présenté par Bansopa Linda DARATE Page 33

La mise en oeuvre de la responsabilité de protéger en Afrique : Etude de quelques cas récents (Mali, Centrafrique, Libye)

Paragraphe 1 : Les opérations civilo-militaires

De prime abord antinomique, ce couple civilo-militaire est la résultante d'un dilemme plus large, qui est celui du devoir moral et éthique d'intervenir au nom des droits fondamentaux de la personne, et des limites auxquelles cette même intervention est confrontée si elle reste exclusivement dans le « pré carré » de l'intervention d'humanité. De nature diverse (A), les opérations civilo-militaires ont une portée relative (B).

A- La nature des opérations

La réflexion débouchant sur une militarisation de l'humanitaire a débuté dans les années 1990, aux États-Unis. Un processus de coordination inter-agences est mené entre le département d'État, le Pentagone105 et USAID106 (United States Agency for International Development) ; il s'agit d'intégrer les systèmes civils et militaires destinés à gérer les crises. L'objectif est double : rationaliser l'action publique (et ainsi, faire des économies) ; rechercher l'unité de l'effort pour plus d'efficacité militaire. L'idée est d'impliquer les forces armées américaines dans des opérations de stabilisation et de secours d'urgence en même temps que de combat ; ainsi en Afghanistan et en Irak, les PRT107 (Provincial Reconstruction Teams) pratiquent des interventions humanitaires et des actions de reconstruction, mais aussi des missions de renseignement et de propagande. La confusion des genres est totale : le militaire « étasunien » fait de l'humanitaire un instrument de domination asymétrique de l'ennemi. Ce qui signifie bien sûr la fin de l'humanitaire indépendant, neutre108, impartial109, garantissant l'accès à toutes les victimes110.

105Par métonymie, Département de la Défense des Etats-Unis.

106Agence des Etats-Unis pour le développement international, USAID est chargée du développement économique et de l'assistance humanitaire dans le monde.

107Ces équipes régionales, constituées d'experts civils et militaires aux ordres du commandement, ont pour but de favoriser le rétablissement de la normalité institutionnelle et économique dans leur zone d'action en parallèle et en accompagnement de l'action sécuritaire des unités agissant dans la même zone. Cette évolution, sans doute inéluctable, pose avec une acuité nouvelle la question de la relation entre forces armées et ONG humanitaires dans les zones d'intervention internationale.

108La neutralité signifie ne pas prendre parti dans les hostilités, et ne jamais s'engager dans des controverses d'ordre politique, religieux ou idéologique.

109L'impartialité est le corollaire du principe d'humanité en ce qui concerne les souffrances humaines ; elle peut être définie comme l'absence de toute discrimination basée sur la race, la nationalité, la religion, les opinions politiques ou tout autre critère similaire.

110 D'autant que se développent, parallèlement, des sociétés privées d'aide humanitaire, branches des « sociétés privées de sécurité »: un phénomène encore marginal, mais qui pourrait représenter un danger et une dérive en termes d'éthique.

Réalisé et présenté par Bansopa Linda DARATE Page 34

La mise en oeuvre de la responsabilité de protéger en Afrique : Etude de quelques cas récents (Mali, Centrafrique, Libye)

Ce modèle a ensuite été diffusé en Europe au nom de l'interopérabilité entre alliés au sein de l'OTAN. Ainsi en France, le Livre blanc sur la défense111 publié en juin 2008 insiste-t-il sur « l'importance des opérations civiles et mixtes civilo-militaires dans la gestion des crises » et affirme-t-il rechercher une « synergie entre les composantes militaires et civiles des interventions ». L'aide à la population, les projets de développement économique et culturel s'imposent comme des actions tactiques permettant d'atteindre les objectifs fixés aux armées par les chefs politiques, au même titre que les actions coercitives de sécurité ; le nouveau concept est celui d' « approche globale de la gestion du conflit ». La diffusion des normes anglo-saxonnes112 est encore facilitée par la politique européenne de sécurité et de défense : cette dernière est fondée sur le principe d'une capacité globale et cohérente pour la prévention et la gestion des crises, comportant des capacités militaires mais aussi des capacités civiles de gestion des crises, pour mener les missions dites de Petersburg (missions humanitaires, de maintien de la paix ou d'évacuation de ressortissants ; désarmement et stabilisation)113. L'union européenne souligne la complémentarité entre le militaire et l'humanitaire pour la réalisation de ce type de mission. Mais la réalité est moins simple. Cette évolution inquiète de plus en plus les acteurs humanitaires indépendants, car en diluant le rôle de chacun, la confusion de genre est un danger réel.

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