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La mise en œuvre de la responsabilité de protéger en Afrique. étude de quelques cas récents (Mali, Centrafrique, Libye).


par Bansopa Linda DARATE
Université d'Abomey-Calavi, Bénin - Master II Droit International et Organisations Internationales  2017
  

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B- L'absence d'impartialité

La mise en oeuvre de la Responsabilité de protéger doit faire face à des défis considérables, au premier titre desquels la présence de l'indispensable volonté politique et d'un consensus international. Face aux risques d'instrumentalisation du principe à des fins de politique étrangère, c'est ce dernier qui constitue le gage de légitimité de son application.

En effet, les mesures au titre de la R2P ou de la protection des populations sont décidées et mises en oeuvre par les États : si le consensus au Conseil de sécurité et les courants des opinions publics sont un test pour les « motifs de protection », qui doivent en principe constituer l'objectif premier de l'intervention, les États n'en demeurent pas moins guidés par leurs objectifs propres, politiques par excellence. Ce dilemme

194 Rapport du Groupe d'étude sur les opérations de paix de l'ONU (Rapport Brahimi), Doc. A/55/305-S/2000/809, op. cit., paragraphe 122, p. 24.

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concerne les opérations de paix onusiennes ou menées par des organisations régionales, mais il est d'autant plus prégnant lorsqu'une opération militaire coercitive est en cause. Ainsi, l'opération coordonnée par l'OTAN en Lybie au printemps 2011 semble poursuivre non pas un, mais deux agendas : la protection des civils et la chute du régime. Si le premier relève de la responsabilité de protéger pour laquelle un mandat de l'ONU a été voté, le second relève d'un choix politique de la coalition. Or, ce dernier demeure inavouable dans le cadre de la R2P, parce qu'il remet directement en cause la souveraineté étatique. Le même dilemme avait marqué la campagne de bombardements de l'OTAN au Kosovo en 1999 alors menée sans mandat du Conseil de sécurité : comme l'expliquait Rony Brauman195. Ces logiques concurrentes expliquent en partie pourquoi de nombreuses situations dramatiques pour les civils ne donnent lieu à aucune mesure collective de la part de la Communauté internationale. Non seulement les rapports de force au Conseil de sécurité conditionnent la reconnaissance de l'existence de massacres, d'un génocide ou de crimes contre l'humanité, nonobstant leur réalité objective, mais la situation géopolitique ou géostratégique pèse également lourd sur toute intervention. Ainsi le Conseil de sécurité a-t-il invoqué la R2P dans plusieurs résolutions sur le Darfour en 2006, mais pas lors de l'écrasement des manifestations pacifiques en Birmanie l'année suivante ; de même une opération militaire de protection a-t-elle été lancée dès les débuts de la guerre civile en Libye en mars 2011, tandis que l'idée même d'une intervention en Syrie, à la même période et dans le même contexte des révolutions arabes, demeure hors de question.

Par ailleurs, la volonté politique, comme le rappelle Hugo Slim196, est souvent présentée comme la clé ultime du succès de la lutte contre les génocides et autres atrocités massives : une action militaire est bien souvent susceptible d'engendrer une situation pire, pour les civils, que celle qu'elle est censée éviter. Ainsi des tergiversations sur le Darfour, où les options furent limitées par les risques de voir

195 Le discours « humanitariste » qui semblait guider la guerre contre la Serbie de Milosevic « effaçait les considérations politiques qui en étaient à l'origine. Que les Nations européennes décident, dans le cadre d'une alliance militaire, de mettre un terme à la politique criminelle d'un pays européen, la Serbie, voilà qui [relevait] pourtant d'un programme politique décent » Rony Brauman, Humanitaire : le dilemme, Paris, Textuel, 2007 (nouvelle éd.).

196 Directeur de recherché à l'Institute of Ethics, Law and Armed Conflict de l'Université d'Oxford. Il a conseillé plusieurs sociétés en matière de droit de l'homme et de résolution des conflits dont BP. Auteur de l'ouvrage intitulé Les civils dans la guerre.

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annuler le processus de paix parallèle Nord-Sud, ou de provoquer un embrasement régional. En outre, les prévisions raisonnables de réussite d'une intervention sont trop souvent dominées par des considérations autocentrées de la part de leurs promoteurs : à cet égard, l'intervention militaire en Libye, en dépit de sa légitimité, n'est pas sans faire craindre le glissement d'un scénario « Kosovo » vers un scénario à l'irakienne. Dans ces deux cas, nonobstant la supériorité militaire, c'est le consentement des populations qui fit la différence.

Les quatre cas auxquels la Communauté internationale a voulu limiter la portée de la responsabilité de protéger sont censés en constituer les garde-fous. Or leur qualification, leur reconnaissance qui doit donner lieu à l'action collective est conditionnée par des facteurs éminemment politiques. Le recours à la R2P en Libye, qui en renforce certes la logique dissuasive, ne doit pas faire oublier les nombreuses situations où aucun consensus ne vient secourir les civils. Que ce soit en mode diplomatique ou coercitif, pacifique ou militaire, la responsabilité subsidiaire de la Communauté internationale reste largement tributaire des intérêts des États membres.

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