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La mise en œuvre de la responsabilité de protéger en Afrique. étude de quelques cas récents (Mali, Centrafrique, Libye).


par Bansopa Linda DARATE
Université d'Abomey-Calavi, Bénin - Master II Droit International et Organisations Internationales  2017
  

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B- L'effectivité ambiguë des sanctions

Le mécanisme de sanctions prévu par la Charte des Nations unies offre énormément de possibilités d'interventions au Conseil de sécurité. Car les mesures envisageables sont diverses et variées, elles peuvent s'adapter à tout type de situation. De plus, le Conseil a, dans la pratique, respecté une certaine graduation dans l'emploi des sanctions. Les sanctions peuvent être graduées en fonction de leur champ d'application matériel. Ainsi, les mesures mises en place ont pu être renforcées, au fur et à mesure, face à l'absence de résultats positifs. En effet, l'article 41 prévoit que les mesures peuvent être "totales ou partielles". Le Conseil de sécurité peut recourir aux mesures coercitives de façon graduelle en imposant tout d'abord à l'Etat concerné un embargo sélectif et en augmentant peu à peu la pression sur cet Etat en instaurant un embargo généralisé. Cette progression dans l'usage des sanctions permet au Conseil de sécurité d'assortir ses résolutions d'un «ultimatum», ce qui «favorise le dialogue par l'invocation d'une contrainte encore virtuelle»204.

Cependant, malgré la souplesse et l'adaptabilité des sanctions ainsi que les efforts du Conseil de sécurité pour "calibrer" ces mesures en fonction de chaque situation, le bilan est plutôt mitigé quant à leur efficacité. Il est difficile de déterminer la part de succès attribuable à un régime de sanction lorsque l'objectif de celle-ci a été atteint, étant donné la multitude de facteurs qui peuvent intervenir. Il existe des désaccords dans la doctrine concernant l'efficacité ou non de certains régimes de

204 MEDHI R., « Les Nations Unies et les sanctions, le temps des incertitudes », in MEDHI R. eds. Les Nations Unies et les sanctions: Quelle efficacité?, Huitièmes rencontres internationales d'Aix en Provence (10 et 11 septembre 1999), Pedone, Paris, 2000, page 31.

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sanctions. L'un des arguments qui peut être avancé pour prouver l'inefficacité des sanctions est celui de la prolongation dans le temps de nombreux régimes, avant de pouvoir aboutir à des résultats plus ou moins positifs. Le processus de sanctions coercitives est effectivement long à mettre en place notamment en ce qui concerne les sanctions économiques et militaires et un certain délai peut être nécessaire avant que les sanctions produisent l'effet attendu. Il faut quelques jours voire quelques semaines pour que les produits visés par un embargo commencent à manquer. De plus, à l'annonce d'une future résolution du Conseil de sécurité, les factions armées des pays concernés profitent du temps nécessaire à l'adoption et à la mise en place du régime de sanction, pour établir un stock d'armes. Selon certains experts, des sanctions appliquées trop longtemps sans produire de résultats significatifs perdent leur justification205.

Ce qui nuit surtout à l'efficacité des mesures coercitives et conduit à leur pérennisation est le non respect de ces régimes de sanctions par les Etats membres de l'Organisation soit parce qu'ils ne peuvent pas en assurer le respect, soit parce que le respect de ce régime est contraire à leurs intérêts. Les sanctions prises par le Conseil de sécurité au titre de l'article 41 de la Charte des Nations Unies sont aujourd'hui confrontées à une remise en cause de leur efficacité, c'est-à-dire leur capacité à atteindre l'objectif qui leur est assigné. En effet, la plupart des régimes ont mis plusieurs années avant d'obtenir des résultats plus ou moins positifs. Certains régimes n'ont d'ailleurs pas pu empêcher le recours à la force, n'ayant qu'un impact limité sur la situation. De plus, même lorsque les sanctions parviennent au résultat recherché, il est impossible de déterminer la part de succès imputable aux mesures collectives, étant donné la multitude d'éléments qui participent au règlement de la situation (négociations, présence militaire, menace ou utilisation de sanctions unilatérales).

Mais au-delà de leur capacité à atteindre l'objectif fixé, l'efficacité des sanctions a été sérieusement entamée par les conséquences désastreuses qu'elles ont pu avoir sur les droits de l'homme. En effet, l'une des critiques formulées par la doctrine, d'ailleurs largement reprise par les médias, est la dimension collatérale des

205 Selon Kofi Annan, Si les sanctions peuvent, dans certains cas, apparaître comme des outils performants, certains types de sanctions, notamment les sanctions économiques, sont des instruments grossiers, infligeant souvent de graves souffrances à la population civile, sans toucher les protagonistes°, K. ANNAN dans son rapport de début 1999 sur l'Afrique.

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sanctions à l'encontre de la population de l'Etat cible mais aussi à l'encontre des Etats tiers. Dans le Supplément à l'agenda pour la paix de 1995, le Secrétaire Général des Nations Unies reconnaît que les "sanctions ont toujours des effets non intentionnels ou non souhaités". Il est vrai que les sanctions interviennent la plupart du temps dans des Etats en crise dont la population est déjà gravement touchée par la guerre, la disette ou encore l'absence de soins médicaux. Mais alors que leur but est de rétablir le droit, les sanctions vont aboutir à l'effet inverse de celui recherché et aggraver une situation déjà alarmante. L'exemple extrême de l'Irak repris par de nombreux spécialistes et journalistes n'est malheureusement pas le seul exemple d'effets "pervers" des sanctions.

La question est alors de savoir s'il faut privilégier la réalisation de l'objectif visé par la sanction sur les dommages collatéraux envers la population de l'Etat cible et des pays tiers. L'efficacité des sanctions oui, mais à quel prix ?

Pour atténuer les répercussions humanitaires des mesures économiques, le Conseil de sécurité assortit, tous ses régimes de sanctions "d'exceptions humanitaires". Cependant, celles-ci ne permettent pas de remédier à la gravité de la catastrophe humanitaire qui touche les pays sanctionnés. D'où la réflexion actuelle des auteurs206 mais aussi des experts de l'ONU sur la notion de "sanctions intelligentes" (smart sanctions), des sanctions plus humaines et sans répercussion sur les populations.

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