0.2. PROBLEMATIQUE
La paix durable exige la participation des femmes et des
filles ainsi que l'intégration de la perspective du genre dans tout
processus de construction de paix7. Le processus de consolidation de
la paix dans cette partie du pays et de réconciliation durant les cinq
dernières années a été documenté comme
étant du ressort des autorités, des organisations non
gouvernementale et de la communauté dans son ensemble ; mais le
rôle des différents groupes sociaux tels que les hommes, les
femmes et les jeunes ne l'a pas été. On n'a pas souligné
la contribution particulière des femmes et cela fait que la
participation de la femme à la paix et à la réconciliation
reste marginale et leur potentiel semble difficile à exploiter.
La paix et le développement sont très
liés, il n'y a pas de développement sans paix et aucune paix ne
peut être durable si elle n'est pas soutenue par le développement.
On ne peut pas construire une paix durable en oubliant une grande partie de la
population. Si la guerre est souvent l'affaire des hommes, la paix est
plutôt celle des femmes, ceci n'est peut être pas automatique mais
l'expérience montre, cependant, que la discussion et la médiation
permettent parfois à des femmes appartenant à des groupes rivaux
dans un conflit de trouver plus facilement un terrain d'entente. Elles sont
donc une force pour la paix et la réconciliation et doivent être
mieux intégrées dans les processus de paix La prévention
des conflits armés demeure le meilleur paramètre de la paix et de
la sécurité en Afrique. Construire la paix, c'est prévenir
la guerre.
Les femmes ont un rôle décisif dans la promotion
de la tolérance et de la non-violence, car elles sont la première
école de vie. Elles peuvent manifester leur influence d'épouses,
en faisant régner l'intégrité et la respectabilité
dans leur foyer. Les femmes peuvent également associer leurs
frères et soeurs au mouvement de la paix en organisant des cours de
formation, des séminaires et des campagnes de
sensibilisation. Dans tous les pays des grands lacs les femmes constituent
la grande majorité de la population, dans certaines régions les
femmes sont restées seules après les guerres.
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Il est tout naturel de dire que la femme donne la vie et
qu'elle est la mieux placée pour
savoir sa valeur et mieux la préserver Les exemples
positifs montrent que de manière générale les femmes
participent activement aux mouvements en faveur de la paix, aussi bien qu'au
sein des organisations féminines à l'intérieur des pays et
à l'extérieur. Les femmes ont souvent
bénéficié d'une autorité morale en raison de leur
rôle de mère8. Les structures documentées n'ont
pas été présentées dans le but d'être
représentatives des initiatives menées dans le territoire de
Rusthuru, mais afin d'aider à montrer le rôle spécifique
joué par certains acteurs locaux dont les initiatives ont
été jugées particulièrement pertinentes. Il est
à noter que la majorité de ces structures aussi bien
gouvernementales que non gouvernementales est chapotée (dirigée)
par les hommes.
Pour illustrer les faits susmentionnés, le portrait que
présentent les structures de la société civile ainsi que
celles du gouvernement en dit long.
· Structures de la société civile:
- Les clubs de paix de HOVINA : 12% des femmes9
- L'édit foncier et le plaidoyer sur le Code foncier du
FAT (Forum des amis de la terre) ;
18% des femmes10
- Les noyaux de résolution des conflits fonciers d'AAP
(Aide et action pour la paix) ; 5%
des femmes11
- Les clubs de paix et de résolution des conflits fonciers
de FEMISA : 10% des femmes12
Structures gouvernementales :
o Les comités locaux de conciliation
- Organe exécutif : les dix
membres locaux du Comité Exécutif Cellulaire, correspondant aux
départements exécutifs du gouvernement local, avec en tête
le Responsable Cellulaire (et son suppléant), 20% des femmes ;
8 Le Rôle de la femme pour une paix durable en Afrique, 2
août 2013
9 La coordination de l'ONG HOVINA dans le territoire de
Rutshuru
10 La coordination de l'association FAT dans le
territoire de Rutshuru
11 Bureau de représentation de Rutshuru
12 Bureau de coordination basé à
Rutshuru
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- Organe de Justice participative :
le Responsable Local (et son suppléant) du «Comité Local
Permanent de Conciliation», siégeant au niveau communal, 14% des
femmes ;
- Organe de délibération
: les délégués de la Cellule au
«Collège Communal»,
organe de délibération au sein de la Commune, 16%
des femmes.
o Les structures de coordination des actions humanitaires, de
développement et de gestion de conflits dans les entités
territoriales de la Province du Nord-Kivu, 10% des femmes ( CPAP Nord-Kivu).
Cette étude vise à examiner la contribution de
la femme dans le processus de consolidation de la paix et de
réconciliation surtout entre les communautés qui ont
été affectées par la guerre et les conflits ethniques.
De plus, elle explore les voies et moyens à partir
desquels cette contribution pourra être renforcée surtout par des
interventions centrées sur la cohabitation pacifique et la
cohésion sociale. Bien que la politique du gouvernement sur la promotion
de la qualité du genre soit explicite quant au besoin de l'implication
des femmes, en pratique, la politique sur le genre reste à traduire en
action comme cela est indiqué dans le rapport sur la politique au niveau
des structures gouvernementales et de la société civile dans le
territoire de Rutshuru.
De ce qui précède, il s'observe un faible niveau
de participation des femmes dans le processus de consolidation de la paix et de
conciliation, malgré la disponibilité des structures
gouvernementales et non gouvernementales chargées de mettre en
application les opportunités de ces femmes vis-à-vis du
processus, la question principale est de savoir comment faire pour
améliorer le niveau de participation dans le processus de consolidation
de la paix et réconciliation dans le territoire de Rutshuru ?
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