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Intégration socio-économique des réfugiés maliens à  Ayorou (Niger)


par Hassane Abdoullaye Boureima
Université de Niamey  - Master 2019
  

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1.1.4. Intégration socioéconomique des refugiés

Aujourd'hui, l'intégration des réfugiés est au coeur des préoccupations des États et des organismes internationaux. En effet, le terme « intégration » résume les différents processus d'inclusion économique, spatiale et culturelle des individus dans la société d'accueil, malgré qu'elle soit une lourde charge pour les zones d'accueil.

Pour WALI WALI C (ibid.) le terme intégration est utilisé pour l'incorporation progressive des étrangers dans une société d'accueil sans que cela soit une fusion, c'est un accompagnement pour que la personne qui arrive puisse trouver sa place dans la société d'accueil en vue de parvenir à une cohabitation et une acceptation mutuelle entre lui et les populations autochtones.

C'est entre 1960 et 1990 que la solution de l'installation sur place ou l'intégration a été largement adoptée par le HCR pour promouvoir l'autonomie de réfugiés sur le plan économique et social, car leur intégration dans le pays d'accueil permet au HCR de mettre fin à ses activités (BEIGBEDER Y, 1999),

Pour faciliter l'intégration des réfugiés et leur protection internationale et pour rechercher des solutions durables à leurs problèmes, plusieurs institutions ont vu le jour. Tout d'abord à la fin de la seconde guerre mondiale, l'Organisations des Nations Unies (ONU) met en place l'Organisation International des Réfugiés(OIR) en 1947 pour apporter aide et assistances aux personnes qui fuient les guerres (BELLO AMADOU M, 2018).

En 1951 s'en est suivie la convention de Genève et son protocole additionnel en 1967, à New York, qui a été élaboré et signé afin de corriger les limites de la Convention de 1951 (idem).

Á l'échelle de l'Afrique plusieurs conférences régionales ont été convoquées par rapport à l'afflux de réfugiés et de leur installation sur place :

- En 1967 s'est tenue à Addis-Abeba une conférence internationale qui souligne les aspects légaux, économiques et sociaux du problème de réfugiés en Afrique ;

- En 1969, a eu lieu l'assemblée de l'Organisation de l'Unité Africaine(OUA) régissant

les aspects propres aux problèmes de réfugiés et de leur installation en Afrique ;

- En 1979, s'est tenu la conférence d'Arusha(Tanzanie) pour évoquer également la question de l'intégration et de l'autonomie de réfugiés ;

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- En 1981 et 1984 se sont tenues respectivement deux conférences à Ciara (Genève) pour débattre sur l'assistance aux réfugiés et aux pays d'accueil pour faciliter l'intégration.

En outre, conformément à la convention de Genève de 1951, le HCR propose trois solutions durables pour les réfugiés. Ces solutions sont le rapatriement librement consenti : qui consiste à faire retourner les réfugiés dans leurs pays d'origine avec leur consentement, dans la sécurité et la dignité ; ensuite l'intégration sur place : il s'agit d'aider les réfugiés à s'intégrer dans le premier pays d'accueil ; et enfin la réinstallation qui consiste à orienter les réfugiés vers un autre pays qui accepte de les accueillir à titre permanent. Cependant, en réponse aux inquiétudes des pays du Nord (bailleurs du HCR) qui ne sont plus prêts à envisager la réinstallation en masse de population refugiée, le HCR propose que le rapatriement soit désormais la solution durable privilégiée,(FRESIA M, idem ).

Et selon toujours le même auteur, pour s'intégrer les réfugiés utilisent les liens de solidarités locales et parentales et aussi les liens de solidarités conventionnelles nationales et internationales.

Pour VATZ LAAROUSSI M (2009), plusieurs opportunités peuvent faciliter l'intégration des réfugiés au sein de la population locale notamment l'emploi, le contact social, le logement l'accès aux services de santé et l'éducation. Le réseau social est particulièrement le facteur important dans le cadre de leur intégration, il peut être organisé ou non et les relations à l'intérieur des réseaux sont diversifiés, (LEMIEUX V, 1999).

Les réseaux se forment dès l'arrivée des immigrants, lors des premiers contacts avec les résidents de la collectivité d'accueil et avec les organismes d'accueil. La formation continue tout au long de leurs parcours migratoires. Ces réseaux sont constitués de cinq groupes : la famille, les amis, les parrains, l'hôte et les nouveaux amis du même groupe culturel (VATZ LAAROUSSI M, idem.).

Plusieurs chercheurs notamment LASSAILLY JACOB V (ibid.), montrent que l'intégration est relative aux réfugiés selon leur temps d'arrivée, leur ethnicité et l'espace d'accueil. Il est plus facile pour les réfugiés qui arrivent en premier dans le lieu d'accueil de s'intégrer que ceux qui viennent par la suite.

DAROIS J (1989) montre dans ses recherches comment les réfugiés d'Asie au Québec se sont intégrés en fonction de leur date d'arrivée dans la population hôte. Par contre pour CHARLAND M(2006) les réfugiés s'intègrent à travers l'intervention des organismes humanitaires dans leur processus d'intégration, c'est via ces organismes que les réfugiés tissent des relations avec la population locale.

Lorsque les réfugiés traversent une frontière, ils se dirigent vers les villages et les villes où se trouvent leurs familles. Quelle qu'en soit la destination, le choix du lieu ne se fait pas au hasard car les réfugiés empruntent des itinéraires familiers (COLEMAN L, 2014), l'acceptation des refugiés par les autochtones dépendent des proximités culturelles et linguistiques.

D'après VATZ LAAROUSSI M (ibid.), la possibilité d'emplois et de revenus satisfaisants, le sentiment d'être reconnu professionnellement et socialement, la présence d'un réseau de

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soutien, la proximité d'un milieu scolaire, l'accès à des services de santé, la présence d'organismes d'accueil et d'intégration disponibles et efficaces, l'ouverture des organismes ou instances locales à la participation des migrants représentent des facteurs d'intégration et de rétention.

Ainsi, derrière l'intégration formelle recommandée par les institutions nationales et internationales, se forme un autre type qui se fait de manière informelle à travers des liens sociaux ou familiaux. Il est important de soutenir les pays qui choisissent de régler la situation des réfugiés au plan local à travers l'intégration qui est une décision souveraine et une option devant être prise par les États d'accueil sur la base de leurs obligations en vertu des traités et des principes relatifs aux droits humains (BEIGBEDER Y, 1999).

C'est pourquoi depuis quelques années le HCR en collaboration avec le Niger met en oeuvre une politique tournée vers l'installation sur place comme solution d'accueil de longue durée. Cette forme d'assistance est décrite par BEIGBEDER Y (idem), en ces termes : « Dans la mesure du possible, l'aide à l'installation sur place prend la forme de projet visant à promouvoir l'autonomie des réfugiés sur le plan socioéconomique et leur intégration dans le pays d'asile »

En effet, l'intégration locale comporte plusieurs dimensions notamment économique, sociale, politique et culturelle...etc. Cependant, selon COLEMAN L (idem) les facteurs socioéconomiques sont indispensables à l'intégration des immigrants, donc ce qu'il faut comprendre à ce niveau est que la question de l'emploi et la présence de personnes issues du même groupe (familles, amis et membres de la communauté) sont les facteurs principaux d'intégration.

Le «capital d'employabilité » est la principale dimension économique de l'intégration. Elle se réfère à toute l'infrastructure qui permet d'accéder à l'emploi, que ce soit la présence d'établissement postsecondaire, de l'accès au logement et au service de santé, du transport en commun et de tous les programmes offerts par les organismes gouvernementaux. Ce sont aussi les possibilités d'emploi, le coût de la vie, le niveau de compétence qu'un individu possède par rapport au marché de l'emploi ainsi que l'ouverture des employeurs envers l'immigration (LAMBERT E 2014).

En fait, les facteurs socioéconomiques permettent de faire le lien entre le travail et l'appartenance à sa propre communauté. Par contre pour d'autres organisations humanitaires qui accueillent les réfugiés les dimensions économiques et sociales ne sont pas forcément liés. Et elles ne sont pas aussi à sens unique, c'est-à-dire que l'intégration ne concerne pas seulement les réfugiés mais y compris la société d'accueil.

Les réfugiés et les populations d'accueil nouent des relations souvent conflictuelles et bénéfiques. En effet, selon FRESIA M (ibid) les réfugiés pratiquent des activités commerciales qui sont souvent bénéfiques aux autochtones, l'auteur montre aussi la vente des produits alimentaires distribués par les organismes humanitaires aux réfugiés dans les localités d'accueil. Cette dernière profite aussi à la population d'accueil.

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