I.3 Reconnaissance et institutionnalisation, dans une
dynamique de co-construction avec les pouvoirs publics
La reconnaissance de l'économie solidaire s'inscrit
dans une dynamique de co-construction avec les pouvoirs publics, qui a
nécessité un rapprochement stratégique avec
l'économie sociale et la mise en relief/valeur d'une
complémentarité constructive. Mais la vision commune, qui
viendrait remplacer un « compromis imparfait »,
résultant d'une institutionnalisation influencée par des
élus locaux, reste à construire au travers de projets communs et
d'entrecroisements de pratiques.
Suite aux premières initiatives solidaires sur un
modèle plus émancipateur, collectif et démocratique,
l'institutionnalisation de l'économie solidaire a rapidement
été impulsée par la société civile à
travers la création dans les années 1980 de structures comme le
CRIDA (Centre de recherche et d'information sur la démocratie et
l'autonomie), visant à travers leurs travaux sur la démocratie en
entreprise, le mouvement coopératif, les emplois précaires ou
encore l'économie locale, à analyser l'émergence de
nouvelles formes de sociabilité dans les structures de production.
En 1995, le journal Le Monde lance un appel,
porté par de nombreux acteurs locaux, forts de leur pratique sur le
terrain. Ce manifeste a pour principal objectif d'interpeller le gouvernement
en place et permettre la reconnaissance de cette économie face à
des inégalités sociales grandissantes.
La nomination d'un secrétaire d'Etat à
l'Economie solidaire en 2000 (Guy Hascoët) et la parution en 2001 du
Rapport Lipietz qui propose deux réformes fondamentales pour le
Tiers-secteur (clarification du statut et avantages fiscaux) accompagnent
également cette dynamique de reconnaissance des initiatives de
l'économie solidaire. Ces étapes seront suivies d'une
démarche d'organisation en réseaux locaux, régionaux et
nationaux de l'économie solidaire, porté par un travail de
réflexion des collectivités territoriales en réseau avec
les acteurs et les institutions publiques.
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Enfin, ces dernières années sont marquées
par la nomination en 2012 de Benoît Hamon, sous la présidence de
François Hollande, comme ministre délégué de
l'Economie sociale et solidaire, qui sera à l'origine de la loi ESS
2014, portant son nom. Cette loi opte pour une définition inclusive de
l'ESS, considérée comme « un mode d'entreprendre
». Si l'approche par les statuts est souligné et les
critères d'obtention de l'agrément « solidaire » sont
bien encadrés, force est de constater que la volonté politique
est également d'ouvrir les portes de l'ESS à l'entrepreneuriat
social, terreau de l'économie collaborative.
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