WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les passerelles entre économie solidaire et économie collaboratve


par Eugenie Lobe
Conservatoire national des arts et métiers  - Master Sciences humaines et sociales 2017
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

I.4 Dimension politique de l'économie solidaire

La dimension collaborative de l'économie solidaire se reflète à travers la notion de propriété : La propriété collective relevant de la fonction sociale (Duguit)9 est revendiquée, au détriment de la traditionnelle propriété privée. La mise en commun par les ouvriers de leurs forces et outils de travail afin de créer un capital collectif, permettrait d'équilibrer le rapport de force face au patronat, disposant des capitaux financiers et unités de production. Les différentes parties prenantes de cette association sont égaux en droits comme en devoirs et la propriété a une fonction éminemment sociale. C'est ce qui définit la théorie de l'association de production, née en 1831, attribuée à Buchez.

Les composantes collaboratives du projet solidaire, et de ses initiatives, sont aussi présentes à travers la notion de capital social et espace public. Outre la propriété collective de biens et de moyens de production, une autre forme de capital est caractéristique des initiatives solidaires : le capital social. Le concept de capital social, tissé sur la base de relations de solidarité, à travers des « espaces publics de proximité », lieu d'échanges, constitue une ressource essentielle dans l'économie solidaire, à travers notamment les effets de réseaux qu'ils permettent de développer. Dans sa thèse, Elisabetta Bucolo expose l'idée suivant laquelle le capital social joue un rôle majeur dans la généralisation de l'esprit civique, et le bon fonctionnement des institutions, à travers l'ensemble de réseaux et de relations entre individus qu'il

9 Duguit L, Les transformations générales du droit privé depuis le Code Napoléon, Librairie Felix Alcan , 1912

14

permet de déployer.10 Elle explique également que la structure qui sous-tend ce capital social est composée de « relations interpersonnelles »11, qu'il est lui-même composé d'un sentiment d'« appartenance, partage de valeurs et de normes et de confiance réciproque »12. Enfin, le capital social a une dimension « production de biens »13, en cela qu'il génère de la « confiance généralisée »14 au sens de « civiness »15, le développement de l'esprit civique.

Cette mise en perspective nous permet également de mieux appréhender le positionnement des initiatives portées par la société civile sur le concept de « bien commun ».Le regroupement de différents acteurs autour d'un référentiel de valeurs communes sur un même territoire permet de substituer des logiques de coopération à des logiques de compétition. Ce qui entraîne une redynamisation des différentes formes d'organisation du travail, mis au service de l'émancipation individuelle et collective, ainsi que l'émergence d'une société véritablement impliquée dans le développement de l'esprit civique, corrélé au capital social.

L'espace public est ainsi le lieu collaboratif, en tant que lieu de rencontre et d'expression de la société civile, où se développe ce capital social.

L'acceptation du terme « espace public » recouvre des réalités à peu près identiques, suivant les auteurs qui abordent ce concept : lieu d'expression, de délibération et de conflictualité constructive (structuration du dissensus). L'espace public comme lieu de délibération et de prise de décisions collectives est, selon Elinor Ostrom16, bien qu'elle ne le désigne pas en ces termes, lieu de négociation et de résolution de conflits des communautés qui le constituent.

Cela rejoint la définition d'Habermas de l'espace public, comme étant « une sphère de personnes privées rassemblées en un public ». Si l'approche de celui-ci de

10 BUCOLO E., Associations et coopératives, hier et aujourd'hui. Un regard sur la Sicile à partir du capital social, 2011 (p 51-56)

11 Ibid

12 Ibid

13 Ibid

14 Ibid

15 Ibid

16 Economiste ayant reçu en 2009 le prix Nobel d'économie pour ses travaux portant sur son analyse de la gouvernance économique et, en particulier, des biens communs.

15

l'espace public est principalement appréhendée dans sa dimension bourgeoise17, elle prend néanmoins en compte le morcellement de ces espaces publics, dits « polycentriques », pouvant entrer en résonnance, mais aussi parfois en conflits, les uns avec les autres. Ce terme renvoie, d'ailleurs, aux « formes polycentriques de gouvernance », plébiscitées par Elinor Ostrom, pour laquelle l'action collective occupe un rôle essentiel dans la gestion des communs et leur essaimage.

La pluralité et la diversité des espaces publics, ainsi que leur dimension locale, sont soulignées par d'autres penseurs. Dewey, pour lequel la défense de la démocratie repose sur la participation et l'engagement citoyen dans l'espace public, rejoint, tout comme Fraser, l'idée suivant laquelle la pluralité de l'espace public, divisé en micro-espaces, sont autant de « lieux de construction des identités sociales » et de revendications politiques.

Ces espaces publics de proximité, dans une dynamique de « voice » suivant le terme d'Hirschman18, participent activement à la vitalité de la démocratie participative, tant sur le plan de la participation interne à travers des dispositifs d'expression directe, que sur celui de la participation externe par le biais des différentes formes de prises de parole de ces espaces publics polycentriques dans les débats publics.

17 Nancy Fraser, dans « Repenser la sphère publique, une contribution à la critique de la démocratie telle qu'elle existe réellement », souligne à la fois la vocation profondément discursve et délibérative de ces espaces, et leurs limites conceptuelles à la sphère bourgeoise dans lapensée dHabermas

18 « Exit, Voice and Loyalty: Responses to Decline in Firms, Organizations and States » Albert O. Hirschman

16

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe