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Les enjeux de la conservation de la biodiversité pour les pays du bassin du Congo: cas du parc national de Lobéké au Cameroun


par Jean Marie Bakeleki Bohin
Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) - Master en Relations Internationales 2023
  

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REPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON

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PAIX - TRAVAIL - PATRIE PEACE-WORK-FATHERLAND

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MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR MINISTRY OF HIGHER EDUCATION

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INSTITUT DES RELATIONS INTERNATIONALES DU CAMEROUN
Filière : « Coopération Internationale, Action Humanitaire et
Développement Durable (CA2D) »
9éme Promotion (2018-2020)
Option : Management environnemental et développement durable
THEME

Les enjeux de la conservation de la biodiversité pour les pays du Bassin du Congo : Cas du parc national de Lobéké au

Cameroun.

PROJECT WORK

(Communication Visuelle et Intégrée du Parc National de

Lobéké)

COVII DU PNL

Mémoire rédigé et soutenu publiquement le 31/07/2023 en vue de l'obtention du diplôme de Master en Relations Internationales (mention très bien)

Présenté par :

BAKELEKI BOHIN Jean Marie

Sous la supervision de : Pr. Yves Paul MANDJEM

Professeur des Universités. Chef de département de l'intégration et de la Coopération au développement

Année Académique : 2021 2022

1

SOMMAIRE

i

SOMMAIRE i

AVERTISSEMENT ii

DEDICACE iii

REMERCIEMENTS iv

ABREVIATIONS, ACRONYMES ET SIGLES v

RESUME vi

ABSTRACT vii

INTRODUCTION GENERALE 1

PARTIE I : LE CONTEXTE MITIGE DE LA CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE DANS LE BASSIN

DU CONGO 26

CHAPITRE I : 27

LES POLITIQUES DE CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE DANS LE BASSIN DU CONGO 27

SECTION I : L'ÉTAT DES LIEUX DE LA GESTION DES FORÊTS DU BASSIN DU CONGO 27

PARAGRAPHE I : LES POLITIQUES DE GESTION DES FORÊTS DU BASSIN DU CONGO 28

PARAGRAPHE II : LES CONFLITS HOMME/HOMME (HH) ET HOMME/ GRANDS SINGES (HGS) 32

SECTION II : L'EXEMPLE DE LA GESTION DECENTRALISEE DES FORÊTS AU CAMEROUN 37

PARAGRAPHE I : LA STRUCTURE DECENTRALISEE DE LA GESTION DES FORÊTS AU CAMEROUN

38

PARAGRAPHE II : ZONAGE PARTICIPATIF ET GESTION INTEGREE DE LA PERIPHERIE DU PNL 41

CHAPITRE II :LES RELATIONS INTERNATIONALES ET LA CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE

DANS LE BASSIN DU CONGO 44

SECTION I : LE CONTEXTE INTERNATIONAL DE LA CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE 44

PARAGRAPHE I : TENTATIVE D'INTERPRETATION DU PROTOCOLE DE NAGOYA ET DES

OBJECTIFS D'AICHI 45

PARAGRAPHE II : LA COMMISSION DES FORÊTS D'AFRIQUE CENTRALE (COMIFAC) 49

SECTION II : LA GESTION DES AIRES PROTEGEES ET L'ASSISTANCE TECHNIQUE DES

POLITIQUES DE CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE DANS LE BASSIN DU CONGO 56
PARAGRAPHE I : LES SYSTEMES DE GESTION DES AIRES PROTEGEES DANS LA SOUS-REGION 57

PARAGRAPHE II : L'ASSISTANCE TECHNIQUE DES AP AU CAMEROUN 59
PARTIE II : LES ENJEUX CONTEMPORAINS DE LA CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE FACE

AU DEVELOPPEMENT DURABLE DANS LE BASSIN DU CONGO 66

CHAPITRE III : LE DEVELOPPEMENT DURABLE ET LA CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE 68

SECTION I : LES PILIERS DU DEVELOPPEMENT DURABLE DANS LA CONSERVATION DE LA

BIODIVERSITE 68

PARAGRAPHE I : L'ENVIRONNEMENT ET, OU L'ECONOMIE ? 69

PARAGRAPHE II : LA RESPONSABILITE SOCIALE 78

SECTION II : ENTRE PRATIQUES TRADITIONNELLES ET INNOVATIONS SCIENTIFIQUES 84

PARAGRAPHE I : LA CULTURE BAKA 84

PARAGRAPHE II : DEUX AVANCEES SCIENTIFIQUES DANS LA CONSERVATION DE LA

BIODIVERSITE 87

CHAPITRE IV : LE TOURISME DURABLE AU PARC NATIONAL DE LOBEKE 96

SECTION I : LE TOURISME DURABLE COMME ENJEU DE DEVELOPPEMENT 96

PARAGRAPHE I : LA STRATEGIE SOUS- REGIONALE DE DEVELOPPEMENT DE L'ECOTOURISME

96

PARAGRAPHE II : LA STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DE L'ECOTOURISME DU PNL 102

SECTION II : LE TOURISME CULINAIRE POUR LE PNL 105

PARAGRAPHE I : LES NOUVELLES TENDANCES ALIMENTAIRES 106

PARAGRAPHE II : LE POTENTIEL CULINAIRE AUTOCHTONE DE LA PERIPHERIE DU PNL ET LES

PERSPECTIVES D'AVENIR POUR LA SOUS REGION 111

CONCLUSION GENERALE 117

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 120

ANNEXES 126

TABLE DES MATIERES 129

AVERTISSEMENT

ii

L'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) n'entend donner aucune approbation ni improbation aux options contenues dans ce mémoire. Celles-ci doivent être considérées comme propres à l'auteur.

DEDICACE

iii

À

Mon feu père M. BOHIN Etienne KABELOK (1960-2019)

REMERCIEMENTS

iv

Ce travail de recherche ne serait convenablement parvenu à son terme sans les contributions significatives des institutions et personnes ci-après. C'est ainsi l'occasion pour nous de signifier nos remerciements :

6. Au Professeur Yves Paul MANDJEM, notre enseignant et superviseur académique, pour les orientations thématiques capitales tout au long de notre parcours académique et nos travaux de recherche sur le terrain;

6. À S.E. Daniel Urbain NDONGO, Directeur de l'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) pour la supervision générale des travaux de recherche à l'IRIC et pour le magnifique cadre d'apprentissage mis à notre disposition;

6. À tout le personnel enseignant de l'IRIC et de l'Université de Padoue (Italie) pour le très haut niveau d'enseignement dispensé malgré les contraintes de la COVID 19 ;

6. À la Professeure Sarriette BATIBONAK pour son accompagnement personnel et méthodologique tout au long de nos travaux ;

6. Au Colonel Jean Paul Kevin MBAMBA (conservateur du PNL) et tout le personnel du parc national de Lobéké (PNL), pour l'accompagnement et la disponibilité durant notre stage d'insertion professionnelle;

6. Au Colonel Jean Pierre BISSEK et toute l'équipe du service de la conservation du parc national du Mpem et Djim, pour toute l'attention durant notre stage académique;

6. Au Dr FEUSSOM du ministère des pêches et de l'industrie animale (MINEPIA) pour tous les conseils techniques ;

6. À l'organisation Allemande : Konrad Adenaeur Stifung (KAS), pour la bourse de recherche de 1500 Euro qui nous a été octroyée;

6. À l'organisation Américaine : Conservation Action Research Network (CARN) pour la subvention à hauteur de 1000 Dollars US et l'accompagnement jusqu'à la publication de nos travaux ;

6. Aux Ministères des relations extérieures et celui des Forêts et de la Faune (MINFOF), aux différents partenaires techniques (WWF, FTNS, GIZ), pour le suivi logistique, technique, scientifique et financier de ces travaux;

6. À la famille EBA pour son soutien moral et fraternel inconditionnel ;

6. À la famille BATIBONAK pour le suivi professionnelle et humain ;

6. À la famille IMOULANOK pour l'espace de travail familial;

6. À Tous mes amis, camarades et connaissances ayant contribué de près comme de loin

à l'accomplissement de ce mémoire : Alexis KALDAPA, Dominique ETAMBOA, Fernand Moïse NDJIPENDJI, Branly FOMEKONG, Nelson NOUMA, Georges MBARGA, William NGUIMGO, Ricardo KIEGAIN, gaucho NDONG, Brice SIMEU, Fritz BETCHEM à BETCHEM, Marthe NGO NGUE TEGUE ma confidente et tous les autres ;

6. Enfin, à mes frères : BOHIN BOMBAR, BOHIN MOUSSENI, BOHIN BEHALAL, BOHIN BAGNAMAK ; et ma mère Mme BOHIN née ONBEHOK Anne-Marie. Merci pour toutes les énergies positives que vous m'avez transmis durant ces moments laborieux.

ACRONYMES ET SIGLES

v

AP : Aire Protégée

AGNU : Assemblée Générale des Nations Unies

ASBABUK : Association Sanguia Buka Buma'a Kpode

ASGE : L'Analyse Stratégique de la Gestion Environnementale

CCNUCC : Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques

CDB : Convention sur la Diversité Biologique

CEEAC : Communauté Economique des États de l'Afrique Centrale

CEFDHAC : La Conférence sur les Ecosystèmes des Forêts Denses et Humides d'Afrique Centrale

CITES : Convention on International Trade in Endangered Species of Wild Fauna and Flora/ Convention sur le Commerce international des Espèces de faune et de flore Menacées d'Extinction

CNRS : Centre National de Recherches Scientifiques

COMIFAC : Commission des Forêts d'Afrique Centrale

FAO : Organisation de Nations Unies pour l'Alimentation

FTNS : Fondation pour le Tri National de la Sangha

GIZ: Geselchäft für Internationale Zusammen arbeit

LAB : Lutte Anti Braconnage

MINEPDED : Ministère de l'Environnement, de la Protection de la Nature et du

Développement Durable

MINFOF : Ministère des Forêts et de la Faune

MNHN : Museum National d'Hhistoire Naturelle

ODD : Objectifs de Développement Durable

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

OSC : Organisation de la Société Civile (OSC)

PFBC : Partenariat des Forêts du Bassin du Congo

PNUE : Programme des Nations Unies pour l'Environnement.

PN : Parc National

RAPAC : Réseau des Aires Protégées d'Afrique Centrale

RT : Redevance Touristique

UA : Union Africaine

UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature

UNESCO : Organisation des Nation Unies pour la Science, l'Education et la Culture

WWF: World Wild Fund for Nature.

RESUME

vi

Les enjeux liés à la conservation de la biodiversité dans le bassin du Congo gravitent principalement autour de son importante capacité de séquestration du carbone. En effet, l'actuelle deuxième réserve écologique de la terre fait l'objet de convoitises de la part des grandes puissances internationales pour des raisons scientifiques, géostratégiques, politiques, écologiques et autres. Toutefois, cette richesse écologique contraste avec la pauvreté économique des populations locales. Faisant naitre pour les pays du bassin du Congo des enjeux sous-jacents de développement durable tels que le transfert de technologie, la culture, la place des femmes, etc. Bien que de nombreuses conventions et accords internationaux martèlent l'impérieuse nécessité d'autonomisation des populations locales pour une conservation optimale de la biodiversité dans cette zone politiquement instable, tout reste à faire. C'est fort de ce constat mitigé que nous nous sommes demandé comment contribuer à l'optimisation des politiques de conservation de la biodiversité en accord avec les résolutions internationales ? Comment réintégré les populations locales et autochtones; gardiennes traditionnelles de ces forêts, dans les processus décisionnels, opérationnels et légaux de conservation de la biodiversité ?

Pour y répondre, en convoquant notamment la théorie du transfert des politiques publiques, nous sommes partis d'un raisonnement hypothético-déductif sur la base de nos observations directes au niveau des parcs nationaux du Mpem et Djim et de Lobéké au Cameroun et d'une revue documentaire des derniers rapports officiels dont ceux de la COMIFAC. En pleine période de COVID-19, nous avons dû faire appel à des techniques de collecte résilientes comme la photo et des entretiens téléphoniques ouverts. Nous avons ainsi pu identifier quelques grands axes politiques et stratégiques du plan de convergence de la COMIFAC à l'horizon 2025 pouvant impulser un développement durable et interculturel en périphérie des aires protégées de la sous-région. Parmi ceux-ci, l'écotourisme et en particulier le tourisme culinaire nous sont apparu comme un consensus idéal pour une gestion durable et équitable des aires protégées telles que le parc national de Lobéké. Nous avons ainsi pu dégager des perspectives de soft power pour l'État du Cameroun en particulier et par extension pour les pays du bassin du Congo.

Mots-clés : Enjeux, conservation de la biodiversité, politique publique, PNL, bassin du Congo, écotourisme.

ABSTRACT

vii

The challenges related to the conservation of biodiversity in the Congo Basin revolve mainly around its significant carbon sequestration capacity. Indeed, the current second ecological reserve of the earth is coveted by the major international powers for scientific, geostrategic, political, ecological and other reasons. However, this ecological wealth contrasts with the economic poverty of local populations. Giving rise to underlying sustainable development issues for the countries of the Congo Basin such as technology transfer, culture, the place of women, etc. Although many international conventions and agreements stress the urgent need for local populations to be empowered for optimal biodiversity conservation in this politically unstable area, everything remains to be done. It is on the strength of this mixed observation that we asked ourselves how to contribute to the optimization of biodiversity conservation policies in accordance with international resolutions? How to reintegrate local and indigenous populations; Traditional custodians of these forests, in the decision-making, operational and legal processes of biodiversity conservation?

To answer this, by summoning in particular the theory of the transfer of public policies, we started from a hypothetico deductive reasoning on the basis of our direct observations at the level of the national parks of Mpem and Djim and Lobéké in Cameroon and a documentary review of the latest official reports including those of COMIFAC. In the midst of COVID-19, we had to rely on resilient collection techniques such as photography and open phone interviews. We were thus able to identify some major political and strategic axes of COMIFAC's convergence plan by 2025 that could boost sustainable and intercultural development on the periphery of protected areas in the sub-region. Among these, ecotourism and in particular culinary tourism appeared to us as an ideal consensus for a sustainable and equitable management of protected areas such as Lobéké National Park. We were thus able to identify prospects of soft power for the State of Cameroon in particular by extension for the countries of the Congo Basin.

Keywords: Issues, biodiversity conservation, public policy, NLP, Congo Basin, ecotourism.

INTRODUCTION GENERALE

1

Depuis les années 1970, on accorde de plus en plus d'importance aux questions se rapportant à l'environnement. Environnement entendu ici comme la biosphère et les écosystèmes où les hommes et autres espèces évoluent. Sur le plan international, la couverture médiatique d'enjeux majeurs tels que le changement climatique et les catastrophes naturelles ou de grandes rencontres internationales comme le Sommet de la Terre de 2012 Rio+20, dénotent une indéniable attention du moins en apparence, à l'égard des problématiques environnementales. Toutefois, cette attention n'est pas pour autant régulière et systématique. Certaines thématiques davantage pécuniaires font plus souvent la une, certains événements captivent plus que d'autres1. Par ailleurs, le constat de la perte continue de la biodiversité demeure alarmant en 2022. La biodiversité devrait pourtant au vue de la crise qu'elle subit actuellement être l'une de ces problématiques environnementales les plus urgentes à régler pour la planète terre.

À l'origine, sur le plan international, les accords liés à la régulation des habitats naturels et des espèces sauvages sont en général le produit d'une coïncidence d'intérêt entre plusieurs catégories d'acteurs notamment: les « conservateurs» et les « utilisateurs ». Les conservateurs rassemblent les personnes et organisations vouées à la conservation de l'environnement, en particulier les grandes organisations proches des gouvernements, telles la GIZ, I'UICN ou le WWF2. L'utilisateur quant à lui fait référence aux populations locales principalement. De fait, réussir à adjoindre les besoins de développement économique et de conservation de la biodiversité constitue aujourd'hui encore un enjeu de survie planétaire à plusieurs titres3. En effet, si depuis la convention sur la diversité biologique (CDB) de Rio de Janeiro en 1992, des efforts se multiplient pour tenter d'inverser la vitesse à laquelle disparaissent certaines espèces, les pressions anthropiques sur la nature continuent de croitre4. Comme le confirme le rapport 2019 de la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services éco systémiques (IPBES) :

« Selon la plupart des scenarios de changement à l'échelle planétaire, la biodiversité et les contributions régulatrices de la nature aux populations devraient encore décliner au cours des prochaines décennies, tandis que l'offre et la demande de contribution matérielles possédant une valeur marchande établie (aliments destinés à la consommation humaine et animale, bois d'oeuvre et bioénergie) devraient augmenter. »5.

En Afrique, le constat du déclin progressif de la biodiversité ne date pas d'aujourd'hui. Mais certains enjeux de développement durable en lien avec sa gestion quant à eux ne sont

1Lucile Maertens, Penser l'environnement et les relations internationales : une introduction, Genève, Science Po/ CERI-Université / GSI, 2014, p. 1.

2Marc Hufty, La gouvernance internationale de la biodiversité, Études Internationales, 32 (1), 2001, p. 8.

3 Idem.

4 Ibid., p. 2.

5 Rapport annuel de l'IPBES 29 mai 2019, p. 31.

2

pas encore tous bien intégrés par les politiques régionales et sous régionales de conservation de la biodiversité. La place de la culture, l'implication des minorités sociales, les nouvelles technologies sont autant d'enjeux contemporains qui nécessitent une plus grande attention des politiques. De fait, l'appropriation des résolutions internationales reste encore problématique pour de nombreux États africains en voie de développement et génère déjà des conflits dans des zones économiquement fragiles comme le bassin du Congo.

D'après l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le bassin du Congo est considérer comme la deuxième réserve écologique de la terre6. C'est également une zone en pleine croissance économique. Sa gestion au niveau décisionnaire est assurée par des institutions sous régionales à l'instar de la commission des forêts d'Afrique centrale (COMIFAC). À ce jour, quasiment tous les États africains participent aux grandes conventions internationales sur la gestion durable de l'environnement et font preuve d'avancées significatives dans l'appropriation de la vision planétaire de conservation de la biodiversité. Des efforts sont également faits dans la matérialisation des accords internationaux au niveau de l'application législative, de l'implication des populations autochtones ; bien que dans les faits des écarts considérables sont encore observés dans la redistribution des bénéfices tirés de la nature7. De nombreuses aires protégées doivent faire face aujourd'hui en priorité aux besoins des populations riveraines afin d'éviter des conflits gestants.

Le parc national de Lobéké (PNL/Cameroun) est l'une de ces aires protégées dont les enjeux socio-économiques, culturelles, environnementaux, géostratégiques, etc., sont grandissants. Cette aire protégée transfrontalière à la RCA et le Congo Brazzaville fait l'objet d'une attention particulière de la part de la communauté internationale pour son impressionnant potentiel environnemental et culturel. La construction d'un modèle de développement durable et équitable au travers de l'écotourisme y est en cours.

I. CONSTRUCTION DE L'OBJET D'ÉTUDE

Construire un objet d'étude, « C'est d'abord et avant tout, rompre avec le sens commun »8. En d'autres termes, construire son objet d'étude reviens également à se situé dans un champ épistémologique et à adopter une stratégie visant à construire, orienté la recherche vers des objectifs à définir clairement9. Pour Quivy et Campenhoudt, l'objet de l'étude s'exprime aussi plus classiquement, sous le terme problématique.10Même s'il ne s'agit que d'une première formulation très provisoire. À ce titre, aborder la problématique des enjeux de la conservation de la biodiversité pour les pays du bassin du Congo impose une démarche construite autour des connaissances actuelles sur cet objet d'étude contemporain.

6UICN/PACO, Rapport annuel 2019, Dakar, Sénégal : UICN PACO, 2020, p. 24.

7UICN/PACO, Retombées économiques des aires protégées d'Afrique de l'Ouest, Ouagadougou, BF: UIC, 2011, p. 7.

8Pierre Bourdieu, Réponses, Paris Seuil, 1992, p. 207.

9Yvonne Giodano, Spécifié l'objet de recherche, Nice, Université de Nice Sophia-Antipolis, 2008, p. 2. 10Raymond Quivy, et Luc Van Campenhoudt, Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, DUNOD 2eme édition, 1995, p. 15.

3

A. CONTEXTE ET JUSTIFICATION

La conservation de la biodiversité depuis de nombreuses années maintenant est au coeur des préoccupations mondiales et constitue plus que jamais un enjeu majeur des relations internationales. Ceci en raison des mouvements écologistes au départ puis de la prise de conscience mondiale de la dégradation continue de l'environnement, du climat et de la biodiversité au cours de la révolution industrielle11. Aujourd'hui sur toute la planète, les ressources naturelles se détériorent, les écosystèmes sont mis à rude épreuve et la biodiversité se perd. Les changements d'affectation des terres et la déforestation, entrainent la disparition d'habitats précieux, une diminution des ressources en eau douce, la dégradation des terres, l'érosion des sols et la libération de carbone dans l'atmosphère. Entrainant une perte d'actifs économiques précieux et des valeurs culturelles des populations locales.12 Jusqu'à il y a quelques décennies encore, en dehors des milieux spécialisés, il n'était prêté que peu d'attention à la diversité biologique comme facteur de développement. Précisément avant la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement de Rio de Janeiro en 1992. Cette convention fait depuis l'objet d'une attention particulière et a suscité par la suite des conventions et conférences internationales, projets et programmes13.

En effet, depuis les premiers constats de la dégradation de notre milieu naturel à la suite des grandes catastrophes industrielles dans les années 1960, la planète toute entière s'est dotée d'un cadre de réflexion et de décision au sein des grandes instances des nations unies pour remédier au phénomène. Par la suite, les objectifs du développement durable (ODD) ont vu le jour ; précisément lors de la conférence de Rio de Janeiro, en 1992 : considérée comme le point de départ de la sensibilisation et de la mobilisation de la communauté internationale sur les questions écologiques et de développent durable. C'est à l'occasion de ce sommet de la terre qu'a été mise en place la convention sur la diversité biologique (CDB) pour la valorisation et la conservation de la biodiversité dans le monde, convention entrée en vigueur le 29 décembre 1993 et ratifiée actuellement par 193 pays.

S'agissant du développement durable, il se résume en 17 objectifs fondés sur 03 piliers : l'économie, le sociale et l'environnement. Auxquels nous essaierons de greffer la culture et les nouvelles technologies. Cet ensemble d'objectifs a été élaboré en vue de relever des défis urgents auxquels notre monde est confronté sur le plan socio-écologique, politique et économique. Les ODD remplacent en 2015 les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avec lesquels ont été entamés en 2010 les efforts mondiaux destinés à combattre l'indignité et la pauvreté. Les OMD ont fixé des objectifs mesurables, faisant l'objet d'un consensus universel, pour éradiquer l'extrême pauvreté et la faim, empêcher les pandémies comme Ebola et étendre la scolarisation a tous les enfants en âge de fréquenter l'école primaire, entre autres priorités de développement.

11Luc Martens, Penser l'environnement et les relations internationales : une introduction, Genève, Sciences Po /CERI-Université de /GSI, 2016, p.16.

12[En ligne : « http://www.fao.org/sustainable-development-goals/goals/goal-15/fr/ », consulté le 08/09/2020 à 13h45].

13Marc Hufty, op. cit, 2001, p. 5.

4

Face à une faible réponse politique aux changements climatiques, la planète s'est désormais tournée vers un développement plus soutenable et durable. Les objectifs de développement durable se sont alors présenter comme l'occasion de rendre le monde meilleur pour les générations présentes et futures14. Ces 17 objectifs de développement durable forment la clé de voute de l'Agenda 2030 de l'Organisation des Nations Unies (ONU). Ils tiennent compte équitablement de la dimension économique sociale et environnementale du développement durable.15La biodiversité et les écosystèmes se reflètent dans plusieurs ODD mais principalement l'ODD 15: « Gérer durablement les forêts, lutter contre la désertification, enrayer et inverser le processus de dégradation des terres, mettre fin à l'appauvrissement de la biodiversité ».

Il est plus que jamais urgent d'agir car la biodiversité planétaire subit actuellement l'une des crises les plus importantes de notre histoire. La communauté scientifique parle de la 6eme extinction massive, qui se caractérise par des rythmes de diminution et de perte de la biodiversité beaucoup plus rapides que dans les périodes précédentes. Ce rythme serait entre 100 à 1000 fois plus rapide. Par exemple, en France, des chercheurs du muséum national d'histoire naturelle (MNHN) et du centre national de recherches scientifiques (CNRS) ont alerté l'opinion en mars 2018 à propos de la disparition d'un tiers des oiseaux de campagne française en 15 ans. Une autre étude réalisée en Allemagne a montré que 75% des insectes volants ont disparu en 30 ans. En mars 2018 le Kenya lui a enregistré la mort du dernier rhinocéros blanc du nord male16.

S'il est vrai que Rio 1992 aura marqué le lancement de la phase contraignante de la convention sur la diversité biologique, engageant les pays signataires non plus simplement à réduire mais à stopper la dégradation de la biodiversité, 2010 marquera sans doute une phase encore plus importante. En effet l'assemblée générale des nations unies (AGNU) a décidé en décembre 2006 de déclarer 2010 comme année internationale de la biodiversité dans l'espoir de voir les États et les autres acteurs de la communauté internationale mettre cet évènement à profit pour sensibiliser la communauté internationale à l'importance de la biodiversité et entreprendre des actions concrètes au niveau international, régional et local. Avec comme organe décisionnel la conférence des parties (COP)17.

La dixième conférence des parties (COP 10) s'est tenue à Nagoya dans la préfecture d'Aichi au Japon du 18 au 29 octobre 201018.Conférence ayant débouché sur un plan stratégique 2011-2020 pour la conservation de la diversité biologique encore appelé les objectifs d'Aichi. Cette stratégie visait premièrement à consacrer plus d'espace à la conservation de la biodiversité et la création d'aires protégées :

14[En ligne : « https://www.undp.org/content/undp/fr/home/sustainable-development-goals/background.html »

consulté le 15/09/2020 à 15h32]

15Le développement durable d'après la convention sur la diversité biologique (DD) est « un développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité pour les générations futures de répondre aux leurs » : Mme Gro Harlem Brundtland, premier ministre norvégien (1987).

16Abdou SOILIHI, « réconciliation des enjeux de la conservation de la biodiversité et de développement : analyse des perceptions de la mise en place d'une aire protégée dans la forêt du Karthala aux Comores ». Biodiversité et écologie, Paris, Université Paris Saclay, 2018, p. 35.

17[En ligne : « http://www.biodiversite2010.ch/comprendre/international/index.html », consulté le 07/10/2020 à 19h02].

18[En ligne : « https://www.cbd.int/cop10/ », consulté le 15/10/2020 à 19h35].

5

« D'ici à 2020, au moins 17% des zones terrestres et d'eaux intérieures et 10% des zones marines et côtières ; y compris les zones qui sont particulièrement importantes pour la diversité biologique et les services fournis par les écosystèmes, sont conservés au moyen de réseaux écologiquement représentatifs et bien relies d'aires protégées gérées efficacement etéquitablement et d'autre mesures de conservation effectives par zone, et intégrées dans l'ensemble du paysage terrestre et marin. »19(Objectif 11).

Le Bassin du Congo qui recèle à lui tout seul la moitié de la faune et de la flore africaine20est le deuxième réservoir écologique planétaire après le bassin de l'Amazonie en Amérique du sud et suivi du bassin du Mékong en Asie du sud Est. Ses forêts font l'objet d'une attention particulière de la part de la communauté Internationale en raison de leur diversité biologique et de leur impact sur le climat planétaire mais aussi des valeurs culturelles locales.21

En effet, au plan régional, l'Union africaine (UA) demeure consciente de l'utilisation non durable de la faune et de la flore sauvage d'Afrique et a intégré les objectifs d'Aichi dans l'Agenda 2063.Le constat étant que :

- La biodiversité en Afrique continue à décliner, avec des pertes constantes d'espèces et d'habitats ;

- La perte continue de la biodiversité en Afrique est entrainée par une combinaison de facteurs anthropiques ;

- Les écosystèmes d'eau douce de l'Afrique et leur biodiversité sont particulièrement menacés ;

- L'Afrique continue de connaitre la déforestation et la dégradation des forêts ;

- Les impacts négatifs des changements climatiques sur les espèces et les écosystèmes aggravent les effets de ces pressions ;

- Les pays africains travaillent de manière collaborative afin de traiter certains objectifs d'Aichi pour la biodiversité ;

- Il existe un portefeuille croissant d'aides internationales pour aider les pays africains à atteindre les objectifs d'Aichi ;

- Les pays africains recourent à l'évaluation des services rendus par les écosystèmes et à l'investissement dans la REDD+ afin d'atteindre les objectifs d'Aichi pour la biodiversité ;

- De nombreux pays ont déjà atteint leur objectif de 17% d'aire terrestres protégées, et beaucoup d'autres travaillent à la réalisation de cet objectif et celui qui vise à atteindre 10% d'aires marines protégées ;

- L'Afrique recourt de plus en plus à la conservation fondée sur les écosystèmes et à la restauration des ressources naturelles22.

Sur le plan sous régional, les pays membres de la COMIFAC s'organisent au sein d'institutions avec des missions générales et spécifiques comme l'agence intergouvernementale pour le développement de l'information environnementale (ADIE), la

19Plan stratégique 2011-2020 pour la diversité biologique, Nagoya 2011, p. 15.

20[En ligne : « www.comifac.org », consulté le 15/10/2020 à 20h37].

21SNCFFC : (Stratégie nationale des contrôles forestiers et fauniques au Cameroun), Mars 2005, p. 3. 22UNEP-WCMC, l'État de la biodiversité en Afrique : Examen à mi-parcours des progrès réalisés vers l'atteinte

des objectifs d'Aichi, Cambridge, UNEP-WCMC, UK, 2016, p. 1.

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conférence sur les écosystèmes des forêts denses et humides d'Afrique centrale (CEFDHAC), l'organisation pour la conservation de la faune sauvage en Afrique (OCFSA) ou encore le réseau des aires protégées d'Afrique (REPAR). La biodiversité de l'Afrique est l'un des atouts majeurs pour la réalisation des objectifs de développement durable et peut être utilisée de manière durable et équitable pour réduire les inégalités et la pauvreté sur le continent. L'harmonisation des objectifs de l'Agenda 2063 de l'Union africaine, des objectifs de développement durable et des Objectifs d'Aichi pour la biodiversité, associés à la conservation de la biodiversité et aux contributions de la nature au bien-être humain en Afrique, faciliteraient l'élaboration d'interventions pouvant aboutir à de multiples résultats positifs. L'Afrique cherche donc à assurer un environnement et des écosystèmes sains et préservés, capables de soutenir des économies résilientes aux changements climatiques et les moyens de subsistance des communautés locales et autochtones riveraines des AP.23

Comme l'a indiqué le récent rapport d'évaluation régionale de l'IPBES concernant la biodiversité et les services éco systémiques en Afrique, les écosystèmes et les paysages joueront un rôle de plus en plus important dans les efforts menés par les pays pour concilier leurs intérêts en matière de conservation, restauration et développement. La demande croissante en denrées alimentaires, biens de consommation et avantages multiples des écosystèmes dans le bassin du Congo entraine une présence de nombreux acteurs internationaux comme le WWF (World Wilde Fund), la GIZ, L'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) et bien d'autres. Il ne fait plus aucun doute que le bassin du Congo par la richesse de sa biodiversité représente aujourd'hui un enjeu environnemental, stratégique pour les sciences politiques et toutes disciplines scientifique en évolution avec son temps.

Le massif forestier du Bassin du Congo qui s'étend principalement sur le Cameroun, le Congo, le Gabon, la guinée équatoriale, la république centrafricaine, la république démocratique du Congo, Burundi, Rwanda, Sao tome et principe et le Tchad, recèle la moitié de la faune et la flore africaine on l'a déjà dit.24La commission pour les forêts d'Afrique centrale (COMIFAC), s'est assigné pour mission d'orienter, d'harmoniser et suivre les politiques forestières et environnementales en Afrique centrale; par la supervision, la coordination des actions et initiatives en matière de gestion des forêts et de l'environnement dans la sous-région. Dotée de trois organes : le sommet des chefs d'États et gouvernement, le conseil des ministres en charge des forets ou environnement et le secrétariat exécutif.25La COMIFAC défini ainsi les enjeux prioritaires en matière de conservation de la diversité biologique pour le bassin du Congo.

Au Cameroun, la politique forestière est mise en oeuvre par le ministère des forêts et de la faune (MINFOF) à travers la loi 1994 et ses deux décrets d'application.26La conservation de la biodiversité et l'amélioration de la gouvernance sont deux piliers qui montrent le moins des résultats à atteindre. Plusieurs textes balisent déjà le secteur forestier au Cameroun. Il est

23Sharm El-Sheikh, Rapport de la conférence des ministres africains sur la biodiversité, Caire, 13 Novembre, 2018, p.18.

24[En ligne : « www.comifac.org », consulté le 19/11/2020 à 16h38.]

25Bulletin d'information de la commission des forêts d'Afrique centrale, numéro 17, trimestre 2019, p. 6. 26L'aménagement durable des forêts de production; la conservation de la biodiversité; la participation des populations locales; l'amélioration de la gouvernance.

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essentiellement question de trouver la formule pour une adéquation des politiques de conservation. Trouver des solutions alternatives qui ne soient pas justes théoriques. L'écotourisme et le tourisme culinaire en particulier présenterait d'après les derniers rapports d'experts, le compromis idéal à la réalisation de nombreux objectifs de développement durable interculturel.

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