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Les enjeux de la conservation de la biodiversité pour les pays du bassin du Congo: cas du parc national de Lobéké au Cameroun


par Jean Marie Bakeleki Bohin
Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) - Master en Relations Internationales 2023
  

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SECTION II : L'EXEMPLE DE LA GESTION DECENTRALISEE DES FORÊTS AU

CAMEROUN

L'applicabilité et le transfert des différents accords et conventions internationales liées à la conservation de la biodiversité dans le bassin du Congo se heurte dans la majorité des États membres à une inadéquation législative, une insuffisance dans la contextualisation locale, la volonté politique pas toujours claire, etc. Dans le contexte Camerounais, on peut observer que les textes de lois relatifs à la gestion décentralisée et communautaire des forêts et

102Cyrille Leonel Zela Demelon, « Conflits homme - grands singes dans la zone périphérique du parc national de Lobéké », Mémoire de master en foresterie, Université de Dchang, 2021, p. 72.

103 La classe A est celle d'après la liste rouge de l'UICN qui correspond au niveau le plus élevé de protection. C'est le cas du lion, de l'éléphant, du gorille, du pangolin géant, de la panthère, de nombreux oiseaux comme le perroquet à queue rouge (Perroquet à l'origine du classement du parc national de Lobéké comme patrimoine modial de l'UNESCO).

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les bénéfices des aires protégées sont assez nombreux. Toutefois, la place accordée aux actions communautaires concrètes comme l'intégration intégrale des femmes reste en construction.

Les modèles de gestion décentralisée et intégrée qui encouragent des actions communautaires au Cameroun et plus précisément dans la périphérie du PNL sont ceux qui retiendront notre attention dans cette section. Nous verrons ainsi un aperçu de la structure décentralisée et intégrée des forêts au Cameroun (Paragraphe I) et par la suite nous présenterons le modèle de zonage participatif et intégré de la périphérie du PNL (Paragraphe II).

PARAGRAPHE I : LA STRUCTURE DECENTRALISEE DE LA GESTION DES FORÊTS AU CAMEROUN

D'après Dominique d'Antin de VAILLAC104, « Les forêts appartiennent toutes à quelqu'un, entité publique ou privée, individu, collectivité ou communauté, elles se déploient toutes entre des frontières au même titre que tout autre espace affectés, champs, villages, villes, friches ou déserts. » 105

Au Cameroun, l'État s'est engagé à restituer une partie des bénéfices de ses forêts aux communautés riveraines des aires protégées au travers de la foresterie communautaire (A) bien que ce secteur rencontre encore beaucoup de défis (B).

A. La foresterie communautaire au Cameroun 1. L'accompagnement législatif

La loi forestière de 1994 validée par le Président de la République a favorisé l'implication de nouveaux acteurs dans la gestion des ressources forestières et fauniques au Cameroun. C'est le cas des systèmes de cogestion : États-populations locales riveraines des aires protégées, de la rétrocession des taxes forestières aux communes et communautés, de la création/gestion des forêts communales et communautaires, etc.

D'après cette loi en son article 37 (3), les produits forestiers de toute nature résultants de l'exploitation des forêts communautaires appartiennent aux communautés villageoises concernées, qui bénéficient d'une assistance technique gratuite de l'administration forestière (art. 37 (1)). Toutefois, il faut relever que d'après la convention de gestion, l'État transfère uniquement la gestion de la forêt aux communautés et non le foncier. Pour le décret d'application de 1995106, précision est faite de ce que les forêts pouvant faire l'objet d'une convention de gestion de forêts communautaire sont celles situées à la périphérie ou à proximité d'une ou de plusieurs communautés et dans lesquelles leurs populations exercent

104Docteur en science politique, il est professeur associé à l'Université Bordeaux IV-Montesquieu (France) et directeur de recherche au Centre d'analyse politique comparée, de géopolitique et de relations internationales (Bordeaux IV). Il est également chercheur associé à l'institut d'études de la forêt cultivée (IEFC) et coordinateur du groupe Aquitaine de recherche sur les indicateurs socio-économiques de gestion forestière durable.

105Dominique d'Antin de VAILLAC, « La forêt comme objet de relations internationales ?», Annuaire français des relations internationales, Vol. VI., 2005, p.1.

106 Décret no95/531/PM du 23 août 1995 fixant les modalités d'application du régime des forêts.

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leurs activités (art.27 (2)) et que toute forêt susceptible d'être érigée en forêt communautaire incombe de ce fait et de manière principale à la communauté concernée (art.32 (2)).

Pour ce qui est de son exploitation, le législateur n'a pas tenu compte du côté artisanal, encore moins de la faible capacité financière des communautés par rapport aux exploitants forestiers plus nantis. En son article 54, la loi précise que l'exploitation d'une forêt communautaire se fait pour le compte de la communauté en régie, par vente de coupe, par autorisation de coupe personnelle ou par cession, conformément au plan simple de gestion approuvé par l'administration forestière107.

2. Quelques textes d'accompagnement

Bien d'autres dispositions réglementaires ont été prises plus récemment au Cameroun par le Président de la République pour la gestion communautaire des forêts. On peut citer entre autres :

· La lettre circulaire no0677/LC/MINEF/DF/CFC du 23 février 2001 limitant l'exploitation industrielle dans les forêts communautaires ;

· L'arrêté ministériel no0518/MINEF/CAB du 21 décembre 2001 fixant les modalités d'attribution en priorité aux communautés villageoises riveraines de toute forêt susceptible d'être érigée en forêt communautaire. L'originalité de cet arrêté par rapport à la loi de 1994 est l'introduction du droit de préemption, qui donne la priorité aux communautés de créer une forêt communautaire par rapport à la vente de coupe, lorsque celle-ci est projetée sur le même espace ;

· La décision ministérielle no1985/D/MINEF/SG/DF/CFC du 26 juin 2002 fixant les modalités d'exploitation en régie dans le cadre de la mise en oeuvre des plans simples de gestion (PSG) des forêts communautaires ;

· Le manuel de procédure des normes d'attribution d'une forêt communautaire élaboré en 1998 et révisé en février 2009 a introduit de nouvelles dispositions :

- L'intégration d'une phase préliminaire d'information et de sensibilisation ;

- Un effort de représentativité de toutes les composantes sociales dans le processus en vue de limiter les conflits ;

- Plus de précisions sur l'entité de gestion (organisation, gestion rôle des membres, etc.)

- Une réduction de la durée de traitement des dossiers ;

- L'instauration de la Convention provisoire de gestion (2 années) en vue de permettre aux communautés d'exploiter la forêt et de financer elles-mêmes l'élaboration du PSG ;

- L'ouverture mécanique de pistes d'accès à la forêt à faible impact environnemental ;

- La possibilité d'utiliser des engins agricoles pour le transport des produits.

Si l'avancée législative en matière de foresterie communautaire au Cameroun a fait un progrès significatif au cours de ces dernières années, des défis importants restes à relever.

107Luc Moutoni (Okani), « La foresterie communautaire au Cameroun-un aperçu de la perspective communautaire », 2019, p.10.

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