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Les enjeux de la conservation de la biodiversité pour les pays du bassin du Congo: cas du parc national de Lobéké au Cameroun


par Jean Marie Bakeleki Bohin
Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) - Master en Relations Internationales 2023
  

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A. Historique et fonctionnement de la COMIFAC

1. Historique de la COMIFAC

La commission des forêts d'Afrique centrale (COMIFAC) est née de la volonté des chefs d'États d'Afrique centrale qui en mars 1999 se sont réunis à Yaoundé dans le cadre du 1er sommet des chefs d'États et gouvernements sur la gestion durable des écosystèmes forestiers d'Afrique centrale, sommet au terme duquel une Déclaration dite « Déclaration de Yaoundé » a été adoptée et dont la déclinaison opérationnelle est le plan de convergence. La COMIFAC est un instrument très essentiel pour la sous-région d'Afrique centrale voire pour l'Afrique tout entière à en juger par les positions communes prises lors des foras internationaux qui traitent des problématiques des forêts et de l'environnement126.

Figure 05 : Paysage institutionnel de la COMIFAC. Source : COMIFAC news, No 17, 2ème trimestre 2019.

2. Fonctionnement de la COMIFAC

Les politiques nationales de gestion des écosystèmes forestiers présentent le principal inconvénient de briser l'unité géographique des massifs forestiers qui relèvent de la juridiction de plusieurs États. Par conséquent, l'appropriation nationale de la forêt participe, dans une certaine mesure, à la déstructuration de la biodiversité au sens global. La multiplication et la diversité des législations nationales apparaissent donc comme des contraintes supplémentaires qui méritent d'être levées. Car chaque État adopte ses lois et règlements sur la base de ses intérêts et, sans toujours tenir compte des besoins d'harmonisation. En outre, les uns et les autres ne disposent pas toujours des ressources financières, matérielles et de l'expertise

126 COMIFAC news, op. cit. p. 11.

51

nécessaires à la conservation appropriée de la forêt et de ses ressources. La prise de conscience de ces facteurs justifie l'adoption de mesures au plan sous régional.

Sur le plan financier, l'article 20 du Traité indique que « le financement de la COMIFAC est assuré par une contribution obligatoire des États membres selon un principe égalitaire ou conformément à un mécanisme de financement indexé sur un taux appliqué à la somme des recettes réalisées sur les produits forestiers et fauniques exportés. Toutefois, la COMIFAC peut rechercher des financements additionnels, notamment auprès des partenaires au développement. Le montant de la contribution annuelle obligatoire des États est fixé par le conseil des ministres sur proposition budgétaire préparée par le Secrétariat Exécutif. Tout État qui ne remplit pas ses obligations financières perd son droit de vote ainsi que tout appui de l'organisation jusqu'à régularisation. La COMIFAC est habilitée à recevoir des dons, des legs. La COMIFAC est ouverte à tout autre mode de financement susceptible d'accroitre ses ressources sans porter atteinte à ses objectifs. » À cette effet, le Conseil des ministres de la COMIFAC a fixé la contribution égalitaire à 45 000 000 (quarante-cinq millions) de francs CFA, soit environ 90 000 USD127.

Les revenus de la contribution obligatoire des États membres ont progressivement rétrécis au cours des dernières années ; peu de pays s'acquittent de leurs contributions égalitaires. Cette situation est due d'une part aux difficultés financières que rencontrent la plupart des États membres, mais aussi et surtout à leur appartenance à plusieurs autres organisations, aussi bien au niveau sous régional, régional, qu'international. Par ailleurs, la conjoncture financière internationale, marquée par une instabilité des cours des matières premières qui sont les principales sources de revenus des pays ne facilite elle non plus le respect par certains États de leurs engagements vis-à-vis de la COMIFAC128.

La COMIFAC comporte trois principaux organes, selon l'article 6 du Traité :

· Le Sommet des chefs d'États et de gouvernement ;

· Le Conseil des ministres ;

· Le Secrétariat exécutif.

Les deux premiers Sommets des chefs d'États et de gouvernement se sont tenus à Yaoundé en 1999 et en 2005 à Brazzaville. Le deuxième organe c'est le Conseil des ministres qui est composé des ministres en charge des forêts et/ ou l'environnement de chaque État membre. Il est l'organe de décision, de coordination et de contrôle de la mise en oeuvre des politiques en matière de gestion durable des écosystèmes forestiers d'Afrique centrale. Le conseil des ministres se tient en session ordinaire tous les deux ans. Des sessions extraordinaires peuvent être convoquées par le président en exercice, sur demande des 2/3 des membres. À défaut, une nouvelle session se tient, sans aucune exigence de quorum, à une date ultérieure. Le Président en exercice du Conseil de ministres est le ministre en charge des forêts du pas assurant la présidence de la COMIFAC. Son mandat est de deux ans129.

127 Ibid., p.12.

128 Ibid., p.13.

129 Idem.

52

Au cours de ces sessions, les ministres font le point sur les problèmes liés au fonctionnement de l'institution aussi bien sur les plans organisationnels, techniques, que financiers. Lesquels proposent ou instruisent le Secrétariat Exécutif de mener des actions en vue de les résoudre. À ce titre, en 2007, les chefs d'États ont fait de la COMIFAC un organe spécialisé de la CEEAC ; Par la suite ils ont instruit la CEEAC de procéder à la rationalisation des organisations sous régionales.

Les Coordinations Nationales COMIFAC sont les relais à l'échelle nationale du secrétariat exécutif. Elles sont appelées à travers leurs lettres de mission à adopter en septembre 2006 à Malabo en Guinée Equatoriale, et révisée à Brazzaville en début juin 2019 ; à jouer un rôle prépondérant, aussi bien dans le suivi, la coordination de la mise en oeuvre du plan de convergence, que dans l'animation des fora nationaux regroupant tous les acteurs concernés par la conservation et la gestion durable des écosystèmes forestiers.

Par décision No /D/MINFOF/SG/DCP du 07 Septembre 2017 portant création, organisation et fonctionnement de la Coordination Nationale de la COMIFAC, la CNC Cameroun sous la direction de Mme Victoire EHETH a été redynamisée. Dès lors elle a mené plusieurs activités à savoir :

- Son installation suivie de l'inauguration de son immeuble siège ;

- Formalisation du réseau des points focaux des conventions ;

- Organisation de l'atelier de présentation du premier rapport de mise en oeuvre des

directives sous régionales de la COMIFAC ;

- Organisation de la 17èmeréunion du Partenariat pour les forêts du bassin du Congo

(PFBC) et de session extraordinaire des ministres de l'OCFSA du 24 au 27 octobre 2017 à

Douala ;

- Suivi du chantier de construction de l'immeuble siège de la COMIFAC, du paiement

des locaux actuels de la COMIFAC et du paiement de la contribution égalitaire ;

- Déclinaison des priorités du Plan de convergence 2 au niveau du cadre de planification

national à moyen terme qu'est le Cadre de dépenses à Moyen Terme (CDMT) ;

- En avril 2016, un chantier et une table ronde sur la vulgarisation du P s'était tenu à

Yaoundé, au cours desquels ce document avait été largement diffusé ;

- Vulgarisation du P sur le site web du Ministère des forêts et de la faune (MINFOF)

à travers la cellule de la communication ;

- Édition et diffusion du rapport 2016 de l'état de mise en oeuvre des directives sous

régionales de la COMIFAC ;

- Suivi et réalisation du bilan de la mise en oeuvre du P au niveau national à travers

son tableau de bord et le suivi de la plateforme suivi convergence;

- Organisation d'un atelier de mise en cohérence des indicateurs du P et ceux des

annuaires statistiques produits par le MINFOF ;

- Organisation du Forum National CEFDHAC ;

- Suivi des projets sous régionaux en lien avec le processus COMIFAC, exécutés au

Cameroun (TNS, BSB YAMOUSSA, TRIPARTITE Tchad-Cameroun-RCA) ;

- Invitation du Secrétariat Exécutif aux activités phares du ministère ;

- Eclairage de la hiérarchie sur tous les dossiers concernant la COMIFAC ;

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- Signature de plusieurs MoU avec les ONG, les PTF et les pays à travers les ambassades pour l'accompagnement de la CNC, à travers le MINFOF dans la mise en oeuvre du P ;

- Développement d'une base de données de toutes les initiatives sous régionales mises en oeuvre au niveau du Cameroun ;

- Facilitation des missions des programmes et projets COMIFAC mis en oeuvre au Cameroun ;

- Participation à toutes les rencontres organisées par le SE COMIFAC ou ses partenaires ;

- Organisation d'un atelier de lancement de la campagne de collecte de données du P ;

- Appui à l'élaboration des directives sous régionales de suivi des ODD ;

- Organisation de l'atelier national de validation des indicateurs de suivi des ODD dans les pays de l'espace COMIFAC : cas du Cameroun ;

- Conduite des activités préparatoires de la 10ème session ordinaire du Conseil des ministres de la COMIFAC qui a eu lieu à Yaoundé du 09 au 11 juillet 2019130.

À ce titre, il ne fait plus aucun doute que les forêts du bassin du Congo jouent un rôle déterminant pour l'Afrique et le reste du monde en termes de fourniture des biens et services environnementaux, la régulation et la stabilisation du climat mondial. Ces forêts n'appartiennent plus aux seuls pays de l'espace COMIFAC qui les abritent, mais deviennent un bien de l'humanité tout entière. Donc, les moyens de gestion ne devraient plus venir uniquement des pays qui font déjà des efforts considérables mais de la communauté internationale comme l'a voulue l'Assemblée Générale des Nations Unies à travers sa résolution 5/214 du 22décembre 1999. Dix ans après Rio de Janeiro, précisément à Johannesbourg en 2002 lors du Sommet sur le Développement Durable, les partenaires qui accompagnent la COMIFAC se sont réunis au sein d'une structure appelée Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo (PFBC) pour appuyer les États sur le plan technique et financier dans la mise en oeuvre des politiques forestières. Les nombreuses réalisations obtenues par la COMIFAC depuis sa création lui ont valu la reconnaissance et la notoriété qu'elle a aujourd'hui tant sur le plan national, sous régional qu'international.

Ces acquis faut-il le dire, sont à mettre en grande partie à l'actif des pays membres mais aussi des appuis multiformes des partenaires techniques et financiers. Ceux-ci contribuent aux cotés des États à la mise en oeuvre du plan de convergence et surtout à l'amélioration des performances que l'institution a su acquérir au fil des années131.

B. Le Plan de Convergence 2 (P) 2015-2025 de la COMIFAC 1. Les résultats à mi-parcours

Après dix 10 ans de mise en oeuvre dudit Plan de Convergence, l'on relève que des progrès majeurs ont été enregistrés, notamment :

130 Ibid., p. 21.

131 Ibid., p. 14.

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- la signature et la ratification des conventions internationales majeures sur les forêts et l'environnement ;

- les réformes engagées au niveau des politiques et législations forestières nationales ;

- l'augmentation de la superficie d'aires protégées nationales et des complexes d'aires protégées transfrontalières ;

- l'augmentation des superficies des forêts sous aménagement et des forêts certifiées ;

- la diminution du taux de déforestation et de dégradation des forêts ;

- l'adoption et l'internalisation au niveau national des instruments juridiques, politiques et techniques d'orientation pour la gestion durable, tels que les accords de coopération et de partenariat, les directives et stratégies sous régionales relatives aux divers domaines ;

- la création du Fonds pour les Forêts du Bassin du Congo (FFBC) destiné à financer les priorités du Plan de Convergence et la création d'un fonds fiduciaire pour la gestion du complexe d'aires protégées trinational de la Sangha (TNS) auquel appartient le parc national de Lobéké (PNL)132.

Ce plan énonce dans un premier temps les valeurs de la COMIFAC, les hypothèses qui guident la réflexion au sein de l'organisation et les axes stratégiques.

2. Valeurs et axes stratégiques du plan de convergence 2 (P)

v Les valeurs

Le plan de convergence 2 (P) est arrimé aux conventions, traités et accords internationaux, régionaux et sous régionaux auxquels les pays de l'espace COMIFAC ont adhéré. Il contribue essentiellement à la mise en oeuvre des engagements des chefs d'Etats d'Afrique centrale énoncés dans la déclaration de Yaoundé sur les forêts en mars 1999. Ainsi, toute action ou initiative de gestion durable des écosystèmes forestiers en Afrique centrale doit systématiquement considéré les valeurs portées par la Déclaration de Yaoundé et soutenues par la COMIFAC. Ces valeurs se résument dans les quatre points ci-après :

- Le respect des droits de l'homme et des droits des peuples autochtones : « Considérées comme des atouts indéniables pour la conservation des ressources biologiques, leurs connaissances doivent être promues et valorisées pour garantir le développement socio-économique et culturel de ces populations et procurer les services essentiels pour le bien être de l'homme et la réduction de la pauvreté. »;

- La prise en compte du genre : « La stratégie sous régionale pour la prise en compte du genre dans le Plan de Convergence est l'outils de référence pour intégrer les préoccupations et les aspirations des femmes aussi bien que celles des hommes dans l'élaboration, la mise en oeuvre, le suivi et l'évaluation des programmes de conservation et de gestion durable des forêts des pays de la COMIFAC. » ;

- La coopération, le partenariat et la solidarité : « Selon l'esprit de la Déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide publique au développement, la formulation et la mise en oeuvre des politiques nationales et instruments sous régionaux de gestion durable des forêts doivent obéir aux principes d'alignement, de synergie, de dialogue et de concertation entre les parties. » ;

132 COMIFAC, Plan de convergence pour la conservation et la gestion durable des écosystèmes forestiers d'Afrique centrale, Édition 2015-2025, 2015, p. 14.

55

- La bonne gouvernance : « Toute action menée dans le cadre du Plan de convergence doit par conséquent contribuer à renforcer la bonne gouvernance forestière dans la région à travers notamment une amélioration de la reddition des comptes , de la transparence, de l'équité, de la participation, de la redevabilité et de la subsidiarité, en particulier en lien avec la lutte contre la corruption dans le secteur forêt-environnement de l'espace COMIFAC »133.

Les différentes leçons tirées de la mise en oeuvre du Plan de Convergence et les résultats des travaux des différents ateliers tenus dans le cadre du processus de la révision dudit Plan ont permis d'identifier des conditions de réussite (hypothèses) ainsi que des risques qui pourraient influencer l'atteinte des objectifs du P. Il s'agit entre autre de :

- L'engagement politique affirmé depuis le Sommet de Yaoundé est maintenu : « les intérêts des différentes parties prenantes à la gestion des écosystèmes forestiers d'Afrique centrale sont parfois divergents, de même que la prédominance des intérêts de certains États (et même de certaines administrations à l'intérieur d'un États).Ceux-ci ne doivent pas occulter l'engagement de départ des États relatif à la vision commune et la gestion concertée des écosystèmes forestiers de la sous-région au risque de compromettre l'atteinte des objectifs du Plan de Convergence. »;

- L'appropriation du Plan de Convergence par toutes les parties prenantes est renforcée : « La non prise en compte des priorités du Plan de Convergence par tous les acteurs pourrait avoir un impact préjudiciable sur l'atteinte de objectifs communs de conservation et de gestion durable des écosystèmes forestiers. » ;

- Les financements durables sont effectifs : « En effet, l'irrégularité des financements extérieurs n'est pas de nature à garantir l'atteinte des résultats dudit plan. » ;

- L'alignement et le soutien des partenaires internationaux pour la mise en oeuvre du Plan de Convergence sont garantis : « Malgré l'importance et le dynamisme du PFBC, l'aide internationale pour la convergence des politiques forestières en Afrique centrale reste globalement éloignée des standards prévus par la Déclaration de Paris. » ;

- Les conditions de paix et de sécurité sont maintenues : « Bien que la paix et la sécurité soient assurées dans la plupart des pays, l'on observe encore ici et là des zones de conflits qui entrainent des déplacements et migrations des populations avec comme corollaire la dégradation de l'environnement »134.

La stratégie sous régionale de conservation de la biodiversité dans le bassin du Congo encadrée par le P obéit à une vision énoncée telle que suit : Les pays d'Afrique centrale gèrent durablement et d'une manière concertée leurs ressources forestières pour le bien-être de leurs populations, pour la conservation de la diversité biologique et pour la sauvegarde de l'environnement mondial. Le but étant d'arriver d'ici 2025 à une transition vers une économie verte, les ressources forestières et fauniques des pays d'Afrique centrale sont conservées efficacement et gérées durablement de manière concertée pour l'amélioration du bien-être des populations, pour la contribution au développement économique des pays de la sous-région et pour l'équilibre écologique de la planète. Cette vision se traduit en 06 axes prioritaires d'intervention et 03 axes transversaux135.

133 Ibid., p. 14.

134 Ibid., p. 18.

135 Ibid., p. 19.

v

56

Les axes stratégiques du plan de convergence 2 (P)

· Les axes prioritaires

- L'harmonisation des politiques forestières et environnementales : « D'ici 2025, tous les pays d'Afrique centrale sont dotés de politiques et législations forestières et environnementales, et de cadres institutionnels appropriés, en cohérence avec les politiques sectorielles et intégrant les directives COMIFAC et les accords régionaux et internationaux. » Indicateur 1.1 ;

- La gestion et valorisation durable des ressources forestières : « D'ici 2025, l'intégrité
des domaines forestiers permanents de tous les pays d'Afrique centrale est maintenue dans le cadre des schémas nationaux d'aménagement du territoire. » Indicateur 2.1 ;

- La conservation et l'utilisation durable de la diversité biologique : « La contribution du secteur écotouristique aux PIB nationaux a augmenté de 20% dans tous les pays d'Afrique centrale d'ici 2025.» Indicateur 3.1 B ;

- Lutte contre les effets du changement climatique et la désertification : « Les superficies reboisées et ou restaurées ont augmenté de 25% dans tous les pays d'Afrique centrale d'ici 2025.» Indicateur 4.2 ;

- Le développement socio-économique et la participation multi-acteur : « Le nombre de documents de propositions des groupes vulnérables (jeunes, femmes, autochtones) pris en compte dans l'élaboration des politiques forestières a augmenté de 25% dans tous les pas d'Afrique centrale d'ici 2025. » Indicateur 5.2 ;

- Les financements durables : « Les besoins de financement de la gestion durable des forêts sont couverts à au moins 75% d'ici 2025 au niveau national et sous régional. » Indicateur 6.1136.

· Les axes transversaux

- La formation et le renforcement des capacités : « Développer, harmoniser et mettre en
oeuvre les curricula et programmes de formation adaptés aux exigences actuelles et future. » ;

- La recherche et le développement : « Promouvoir le dialogue entre les scientifiques et
les politiques pour la valorisation des résultats de la recherche.» ;

- La communication, la sensibilisation, l'information et l'éducation : « Promouvoir la
sensibilisation et l'éducation environnementale. »137.

La mise en pratique du P au niveau national passe inévitablement par une appropriation législative et juridique des recommandations politiques de la COMIFAC. Les aires protégées qui sont l'un des outils prioritaires de gestion durable des écosystèmes de la sous région souffrent encore de l'appropriation intégrale de ces objectifs.

SECTION II : LA GESTION DES AIRES PROTEGEES ET L'ASSISTANCE TECHNIQUE DES POLITIQUES DE CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE DANS LE BASSIN DU CONGO

Dans cette section nous présenterons succinctement d'une part le système global de gestion institutionnelle et décisionnelle des aires protégées dans la sous-région (Paragraphe I) et d'autre part l'assistance technique et la stratégie de gestion des aires protégées au Cameroun (Paragraphe II).

136 Ibid., p. 30.

137 Ibid., p. 34.

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PARAGRAPHE I : LES SYSTEMES DE GESTION DES AIRES PROTEGEES DANS LA SOUS-REGION

D'après P. Bigombe Logo, « Les politiques et les législations qui régissent aujourd'hui la gestion des ressources forestières et fauniques au Cameroun et dans le bassin du Congo sont encore largement tributaires de la période coloniale 138». En d'autres termes, les modèles de gestion forestière dans le bassin du Congo en 2022 nécessitent encore un examen.

Dans un premier temps, nous observerons la stratégie sous régionale de gouvernance des aires protégées (A) et par la suite nous proposerons des pistes d'améliorations de la gestion des aires protégées dans le bassin du Congo (B).

A. La stratégie sous régionale de gestion des aires protégées 1. Un constat mitigé

En dépit de l'augmentation continue des réseaux d'aires protégées et des financements en Afrique centrale, ainsi que des efforts internationaux et sous régionaux déployés pour accroitre la performance des aires protégées, les objectifs fixés ne sont pas toujours atteints. Le braconnage et les autres pressions anthropiques continuent de s'exercer parfois avec des ramifications dans d'autres domaines comme la sécurité alimentaire, la santé, l'éducation, etc. Une réponse un tant soit peu efficace à ces défis n'est envisageable que si la gouvernance des aires protégées est améliorée.

Si la « bonne gouvernance » - partagée, transparente, efficace est un facteur clé de la gestion efficiente des aires protégées. Son absence peut conduire à des résultats mitigés, malgré la mobilisation de moyens financiers, humains et matériels importants. La bonne gouvernance ne se décrète pas, c'est un processus évolutif de connaissances, de pratiques et de normes qui doivent être adaptées à chaque contexte. Qu'en est-il des aires protégées d'Afrique centrale ? Leur gouvernance favorise-t-elle une participation inclusive et effective de tous les acteurs ?

Par participation inclusive et effective ici nous entendons l'implication des institutions gouvernementales, des communautés locales, du secteur privé et de la société civile dans les processus entiers de prise de décisions, en toute transparence et dans le respect du principe de reddition des comptes aux parties-prenantes concernées.139Ceci dans le respect des canons de communication adaptés au public cible.

L'efficacité de gestion des aires protégées dépend de nombreux facteurs parmi lesquels le statut légal, des objectifs clairs de gestion et de conservation, le type de gouvernance, les ressources humaines, le budget, la législation en vigueur y compris dans d'autres secteurs, le contexte écologique et socio-économique (présence de populations riveraines, projets industriels, etc.). Tous ces éléments doivent être pris en compte dans les plans d'aménagement des aires protégées ; outils stratégiques indispensables pour le pilotage

138Patrick Bigombe Logo, J. J., Sinang, et Y., Zo'obo, « Les racines coloniales de la gestion des ressources forestières et fauniques au Cameroun », in P. Batibonak (Dir.), les indépendances inachevées en Afrique. Sur les chemins de la reconquête, Yaoundé, Monange, 2020, p. 4.

139 EDAP, op.cit. 2020, p. 66.

58

de la gestion des sites. Ces plans doivent s'étendre sur plusieurs années et faire l'objet d'une révision à l'issue de cette période, à des fins d'améliorations. Ils doivent ensuite être déclinés en plans de gestion annuels, plans d'affaires et autres documents opérationnels140.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote