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Les Etats face aux Drogues


par Eric Farges
Université Pierre Mendès France - IEP Grenoble 2002
  

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1.1.2.2 Les usages et mésusages des substances: de la toxicomanie à la dépendance

Les termes de toxicomanie et de dépendance recouvrent une pluralité de sens. Il est possible d'en donner de nombreuses définitions selon l'angle de vue adopté. Ils ont été pendant longtemps assimilés l'un à l'autre. L'approche médicale, aussi bien somatique que psychiatrique, peut constituer un point de départ utile dans leur définition et leur distinction. Deux classifications internationales, qui sont très similaires, ont été établies afin d'apporter une homogénéisation dans la définition de ces termes : le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) proposé par l'Association Américaine de Psychiatrie (APA) et le CIM élaboré par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS)83(*). L'OMS a abandonné en 1964 l'idée de toxicomanie pour lui préférer celle de « pharmacodépendance » qu'elle définissait ainsi en 1969 :

« Un état psychique et quelques fois également physique, résultant de l'interaction entre un organisme vivant et une drogue, se caractérisant par des modifications de comportement et par d'autres réactions, qui comprennent toujours une pulsion à prendre le produit de façon continue ou périodique afin de le retrouver des effets psychiques et quelquefois d'éviter le malaise de la privation. Cet état peut s'accompagner ou non de tolérance. Un même individu peut être dépendant de un ou plusieurs produits »

Cette définition souligne, comme le note Florent Farges, aussi bien la dépendance physique, que la dépendance psychique ou encore le processus de tolérance. La dépendance psychique, auparavant appelée accoutumance, est « un état mental caractérisé par une impulsion qui requiert l'usage périodique ou continu d'une drogue dans le but de créer un plaisir ou d'annuler une tension » 84(*). La dépendance physique correspond à « une exigence de l'organisme nécessitant, pour conserver son équilibre, l'apport régulier d'une substance chimique exogène. Cette dépendance se manifeste à travers les symptômes physiques survenant lors du sevrage et de la tolérance » 85(*).

Quelle que soit la définition adoptée, la tolérance constitue l'idée majeure de la notion de dépendance, il s'agit d'un dénominateur commun à toutes les drogues. Florent Farges définit la tolérance comme « le processus d'adaptation d'un organisme à une substance, qui se traduit par l'affaiblissement progressif des effets de celle-ci et entraîne la nécessité d'augmenter la dose pour obtenir les mêmes effets »86(*). La tolérance est à l'origine de la pulsion qui amène le consommateur à revenir vers la substance, le craving87(*). Le craving est une impulsion à rechercher le produit et à le consommer de façon compulsive. Il s'agit d'une sensation de très forte intensité, comparable à la soif ou à la faim. Ce désir similaire aux besoins naturels est une construction psycho-comportementale.

L'introduction du concept de pharmacodépendance en 1964 a permis de mieux cerner le champ de la toxicomanie en distinguant certaines pratiques culturelles ou sociologiques d'avec les consommations pathologiques d'une substance (d'où une distinction entre la dépendance et l'usage), mais aussi en délimitant un trait commun aussi bien aux substances illicites que licites. Les critères diagnostiques de la dépendance, communs à l'ensemble des substances psychoactives, établis au sein des classifications internationales ont provoqué une évolution sensible dans ce domaine. Le manuel DSM IV établi par l'APA en 1994 et la CIM 10 établie en 1992 par l'OMS ne requièrent pas la présence nécessaire des items de sevrage ou de dépendance physique pour porter le diagnostic de dépendance à une substance. C'est le mode d'utilisation compulsive de la substance qui caractérise désormais la dépendance88(*). La définition de la dépendance semble dès lors reposer aussi bien sur le sujet que vers l'objet c'est à dire la substance. L'approche toxicologique amène donc à porter une réflexion sur les substances.

* 83 Farges F., « Dépendance, abus, usage »in Angel P., Richard D., Valleur., Toxicomanies, op.cit, pp.16-22.

* 84 Idem, p17.

* 85 Idem, p17.

* 86 Idem, p17.

* 87 Marco Orsenigo définit le craving comme « un état d'âme caractérisé par un intense désir de la substance ou du comportement objet de la dépendance, distincte du phénomène de l'abstinence, qui désigne à l'inverse les symptômes produits par l'accoutumance aux substances comme l'alcool ou les opiacés. Le craving apparaît indépendamment du type de substance et exprime la contrainte de la conscience produite par la dépendance psychologique et par la dynamique toxicomaniaque ». Marco Orsenigo, Tra clinica e controllo sociale. Il lavoro psicologico nei servizi per tossicodipendenti, op.cit., p.154

* 88 Le DSM IV définit la dépendance à une substance comme « le mode d'utilisation inadapté d'une substance conduisant à une altération du fonctionnement ou à une souffrance cliniquement significative ». Le DSM IV présente sept critères dont trois au moins doivent être réunis, le CIM 10 apporte six critères de définition du syndrome de dépendance. Farges F., « Dépendance, abus, usage », in Angel P., Richard D., Valleur. M, Toxicomanies, op.cit, pp.18-19.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand