WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La naissance du "sujet" moderne


par Ariane ZAMBIRAS - Aude ROUSSELOT
Sciences Po -   2002
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

« Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans une représentation. » Il y a une « évidente dégradation de l'être en avoir »

>> Le phénomène de personnalisation et de choix dans les objets-signes montre que l'individu pris dans les systèmes de modèles traditionnels ou novateurs plus ou moins factices compense la déstructuration externe de son mode de vie.

B. La problématique populaire et démocratique :

La certitude du Sujet est maintenant répandue sur toute la planète, si ce n'est réalisée (la chute des dictatures et les revendications des opposants chinois en sont des signes).

Alain Touraine s'interroge en 1997, dans Pourrons-nous vivre ensemble, sur la possibilité de vivre ensemble alors que nous connaissons nos différences et l'idéal d'égalité qui nous habite, qui sont contrariés par la survivance et l'émergence de deux formes de spoliation du Sujet de son droit à la subjectivité :

« comment pouvons-nous vivre ensemble dans une société de plus en plus divisée entre des réseaux qui nous instrumentalisent et des communautés qui nous empêchent de communiquer avec les autres ? » « nous ne pouvons vivre ensemble, c'est-à-dire combiner l'unité d'une société avec la diversité des personnalités et des cultures, qu'en plaçant l'idée du Sujet personnel au centre de notre réflexion et de notre action ».

Il propose donc de voir « le Sujet à la fois comme combinaison d'une identité personnelle et d'une culture particulière avec la participation à un monde rationalisé, et comme affirmation, par ce travail même, de sa liberté et de sa responsabilité » : affirmation du choix personnel comme valeur suprême de la subjectivation en actes.

- l'individu en double combat pour la préservation des potentiels subjectivants

- les deux excès possibles :

=> la logique hégémoniste : proposition d'éléments culturels globalisés (« culture désocialisée de masse » même sodas, même sida, même rapport libéral au commerce, même real TV...) dont on argue qu'ils sont détachés de toute organisation sociale particulière. Danger uniformisant.

=> la réaction communautarisante : les replis identitaires 1. Rejet de la mutation : purification ethnique en ex-Yougoslavie, islamisme contre l'« agression culturelle » (Iran), incompréhension des autres cultures comme Montesquieu et son « Comment peut-on être Persan »10(*) 2. Espoir en des Sujets universels à l'ancienne : modèles totalitaires vers l'homme nouveau : fascisme, nazisme, socialisme. Sujet authentique de l'Histoire = le prolétariat (Marx théorise, Aron dénonce) . Danger particularisant.

p 356 « contradiction entre défense du Sujet personnel et de sa liberté et logique des systèmes, que cette logique soit celle du marché ou celle d'une identité nationale ou culturelle ». « ceux qui ne pensent qu'en termes de logique du système social, soit pour l'approuver, soit pour le condamner, sont incapables de participer utilement au politique ».

- Une solution ?

Combiner l'unité et la pluralité culturelle n'est pas plus contradictoire que combiner unité de la loi et diversité des opinions et des moyens. « toute société moderne est définie d'abord par son historicité (c'est-à-dire sa capacité de se produire et de se transformer elle-même) et doit à la fois accroître son action sur elle-même (et donc concentrer des ressources et du pouvoir) et élargir ses mécanismes de participation » Combiner liberté et égalité a produit la Démocratie politique, le capitalisme et la justice sociale ; on ne doit pas craindre aujourd'hui une mutation nouvelle de la démocratie architecturale représentative vers une nature plus participative et spontanée.

Attention à la dérive multiculturaliste : melting-pot ou même au salad-bowl trompeurs (les villes comme New York City ou Los Angeles sont des puzzles de ghettos, réseaux globaux et communautés fermées s'y côtoyant).

Passe par une vision nouvelle des structurations traditionnelles du politique mis à distance par l'individu :

p 357 « refuser de choisir entre la globalisation dirigée par les forces industrielles et financières, et les dictatures qui s'imposent au nom des droits d'une communauté, car ces deux forces dont l'opposition domine aujourd'hui la planète, menacent aussi gravement l'une que l'autre la liberté du Sujet ».

Globalisation = concentration de capital, possibilité d'imposition de modes comportementaux, capacité à diffuser des messages. Différent de la vision horizontale sociétale gérant les conflits en coopération ou en compromis.

p 359 « individus ou groupes travaillant à combiner une expérience culturelle privée avec la participation à l'action à l'univers de l'action instrumentale ».

- l'action éthique, nouvelle nature du forum politique ? Le Sujet comme créateur- acteur de son monde

- crise de la démocratie communautaire et structurée au niveau planétaire :

Il n'y a plus de confiance dans les modèles et de les hommes de l'univers politicien (déterminé et déterminant) p 362 « derrière le déclin des idéologies et la perte de confiance des populations dans les dirigeants s'opère un bouleversement de l'expérience personnelle et de l'action collective aussi important que le fut (...) la formation des états nationaux ». ; d'où vide de la scène politique dans l'esprit des individus.

Mais les « coulisses de l'Histoire » sont pleines de vie, d'aspirations et surtout de réflexion des individus. « beaucoup s'arrachent à leur existence de consommateurs ou de participants passifs et commencent à se poser face à la vie sociale, parfois pour se tenir à l'écart, plus souvent pour se préparer à défendre, dans un monde changeant, leur conscience d'identité ». La « société civile réapparaît maintenant en s'opposant à la fois aux impératifs de l'économie globalisée et à l'ordre imposé par les communautarismes. Elle impose un principe absolu, la liberté-justice, aux contraintes que cherchent à imposer ceux qui parlent au nom de la rationalité économique ou d'une identité culturelle ».

> Le renouvellement des valeurs et des acteurs dans la promotion de l'action individuelle :

- la Liberté fut conçue comme le renversement des minorités par la majorité. Elle est aujourd'hui défendue comme la reconnaissance des droits sociaux et culturels des minorités, donc de la diversité, du droit pour soi-même et de combiner ses valeurs et ses formes d'action avec la rationalité instrumentale.

La justice fut tout d'abord conçue comme l'égalité de tout devant la loi et la destruction dans privilèges ; elle l'est aujourd'hui comme équité éthique, défense institutionnalisée de la liberté et de la condamnation des abus, de la violence ou de la corruption.

- « tandis que se dégradent les anciennes formes d'action qui cessent d'être des mouvements de libération sociale pour s'enfermer dans la défense corporative d'intérêts acquis ou d'idéologies épuisées, s'élèvent des voix nouvelles qui parlent avec émotion et passion des crimes contre l'humanité, de la diversité menacée par l'homogénéisation culturelle, de l'exclusion sociale aggravée par le système économique ».

Nouvelles voix de Sujets revendiquant leurs particularités et leur richesse épistémologique : la jeunesse, les femmes, les immigrés, les membres de minorités.

> p 358 « ni la bonne conscience libérale ni les radicalismes communautaires ne peuvent favoriser l'émergence des mouvements sociaux et des convictions individuelles sans lesquelles aucune réforme politique réelle n'est possible ». « Seule l'analyse qui donne une importance centrale à la liberté et à la capacité d'initiative et de survie des acteurs peut contribuer au renforcement de ceux-ci ».

Aujourd'hui il est bien plus facile et plus réaliste (même si passe par le virtuel et la représentation) d'envisager un changement à échelle personnelle et culturelle que de recourir aux vieilles obsessions des révolutions politiques. On marque donc la fin des idéologies révolutionnaires traditionnel vers des évolutions mondiales de nature culturelle et économique.

>> définition en creux de la démocratie, ménagement de l'espace public, pour permettre le libre développement de tous : le principe de l'activité de ces acteurs du nouveau forum démocratique est plus défensif que négociateur : elle est plus éthique que politique car elle s'oppose à une invasion et à une manipulation plus qu'elle n'entreprend des conquêtes. cf. 1. Commandant Marcos et les Zapatistes, 20 ans de lutte permanente sans jamais vouloir prendre le pouvoir. 2. Non-violence MLKing : prônait la tolérance et la coexistence sans revendication autre que la justice et l'égalité statutaire. La définition de la démocratie et de l'espace public n'est alors plus imposée, plus délimitée, mais affirmée en creux pour y laisser le maximum d'espace à l'existence et à l'expression de l'individu. .

p 363 « la conscience du Sujet et conscience de la totalité concrète dont nous faisons partie constituent la base d'une nouvelle culture politique mondiale ». 11(*)

Conclusion

Nous conclurons tout d'abord avec un petit retour linguistique. Pour qu'un énoncé performatif fonctionne, il faut des conditions de félicité. Par exemple, déclarer mariées deux personnes dans la rue ne suffit pas à la réalisation de l'acte, comme nous le disions en introduction en « déclarant la séance ouverte ». Il ne faut pas tomber dans le « tout moderne », ni dans son extrême d'un moderne qui ne serait qu'occidental. Pour comprendre la modernité, il est essentiel de tenir compte des processus de recomposition des traditions, d'emprunts, de création de la différence.

Finalement, pourquoi parler d'actualité alors que le Sujet comme objet est né depuis 1641 ? Parce que sa place a évolué dans l'esprit des penseurs et dans la société, et qu'on remarque un développement nouveau et exponentiel du phénomène dans ce brassage exacerbé qu'est la globalisation. La nature du Sujet est d'évoluer, il évolue et évoluera encore et toujours dans la quotidienneté performative qu'il s'approprie, ce qui correspond parfaitement à la définition de la globalisation comme modernité de J. F. Bayart : elle est à la fois « historicité » et « appropriation ».

Bibliographie

Adlelkhah Fariba Etre moderne en Iran Karthala 1997

Asad, Talal. 1993. Genealogies of Religion. Johns Hopkins University Press.

Brecht Bertolt Leben des Galilei écriture 1938-1939, première représentation 1962, version 1998 Suhrkamp Verlag.

Castel, Robert et Claudine Haroche. 2001. Propriété Privée, Propriété sociale, Propriété de soi; Entretiens sur la Construction de l'Individu Moderne. Fayard.

Descartes René Méditations métaphysiques, première en particulier, écriture 1641 version GF 1979 Préface par Beyssade J.M.

Eluard Paul le Visage de la Paix 21, Editeurs Français Réunis

Foucault Michel Folie et déraison. Histoire de la Folie à l'Age Classique, écriture 1954, version PUF 1966 ; Les mots et les Choses Gallimard 1966 ;

Histoire de la Sexualité tome I `La volonté de Savoir' Gallimard 1976 ;

cours 1981-1983 L'Herméneutique du Sujet NRF ; Structuralisme et Post- structuralisme

Habermas Jürgen Morale et Communication, écriture 1983 traduction française au Cerf 1986

Le discours philosophique de la modernité Douze conférences composées de 1983 et 1984, NRF 1988

Kant Emmanuel Fondements de la métaphysique des moeurs

La Boetie Etienne de, Discours de la servitude volontaire, écrit entre 1548 et 1452, version GF 1983, Préface par Goyard-Fabre S.

Locke John, Second traité du gouvernement, 1689

Mouzelis, Nicos. 1999. « Modernity : a non-European Conceptualization. » Journal of British Sociology, vol.50 n°3

Nietzsche Généalogie de la Morale écriture 1887, version GF 1996 Préface par Choulet P.

Numéro spécial de Daedalus. 2000. « Multiple modernities » vol. 129 n°1 (Winter)

Numéro spécial de Daedalus. 1998 « Early Modernities: Varieties and Transitions »vol.127 n°3 (summer)

Sartre La nausée 1938 ;

L'Etre et le Néant 1943 ;

Huis Clos 1944 ;

L'Existentialisme est un humanisme 1946...

Sledziewski Elisabeth Révolutions du Sujet, Méridiens Klincksieck 1989

Sous Andrani - Rosen Structure, système, champ et théorie du sujet, l'Harmattan 1997

Touraine Alain Pourrons-nous vivre ensemble ? Egaux et différents, Fayard 1997

[Note de séance]

Ariane ZAMBIRAS - Aude ROUSSELOT

Exposé d'Espace Mondial

05-03-2002

La naissance du « sujet » moderne

Introduction

Aujourd'hui, et après une conceptualisation progressive en Europe, on peut affirmer la continuité de l'émergence du sujet dans la globalisation (passage de la dialectique de la rupture à la dynamique de l'amalgame) en ce sens nous pensons la modernité comme performative.

Modernité = phénomène quotidien, performatif; énoncé à un jour et en un lieu précis de la façon dont les évolutions philosophiques et techniques ( internes et externes) s'illustrent dans les cadres privés et sociaux.

Du point de vue philosophique, comment les philosophes ont pensé l'émergence de ce sujet moderne (« De l'assujettissement à la subjectivation » car l'individu se libère progressivement des cadres traditionnels qui l'enserrent).

dans une 2ème partie, montrer que ce processus n'est pas achevé, et pas limité au contexte européen (d'où le titre « La globalisation comme expérience de subjectivation »).

On est sans cesse en train de ré-itérer, de reformuler ce je, par des processus d'appropriation, d'emprunts à l'étranger, des processus d'énonciation performative du moi, i.e. de subjectivation

I. De l'assujettissement à la subjectivation

A. Emergence de la philosophie du Sujet

* 10 Montesquieu Les Lettres Persanes, 1721, est une des premières études comparatistes et relativistes sur les civilisations.

* 11 Faut-il entendre de ces conclusions comme un adieu à la politique ? Faut-il reconnaître qu'après une longue période historique dominée par les rapports communautaires, nous sommes entrés dans une société de production-consommation, donc de marché, où les problèmes collectifs prennent définitivement le pas aux projets et aux crises individuelles de personnes qui revendiquent leur droit à l'existence pur eux-mêmes ? Habermas, pour sa part, pense que non : il propose un patriotisme de la Constitution, affirmant qu'il ne faut plus concevoir a société comme communauté de destin culturel et idéologique, mais comme un lieu de respect des libertés-justice-tolérance proclamés par la Constitution, libre contrat interindividuel que se donnent tous les acteurs qui veulent participer à sa rédaction où à sa validation référendaire. Attention Habermas lui-même reconnaît que cette situation est minimaliste : simple outil de connaissance-reconnaissance bénévolente, privilégie la coexistence mais ne garantit pas la communication. (Morale et Communication)

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote