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Le projet de grand contournement ferroviaire du bassin parisien au depart du port du Havre dans le cadre des corridors de fret européens


par Roman Lauterfing
Université Paris IV Sorbonne - DESS Transport, Logistique et Communication 2000
  

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D. Les navettes

L'optimisation technique et commerciale de l'offre ferroviaire apparaît comme une priorité pour les havrais qui juge que l'offre ferroviaire au Havre n'est pas suffisante de la part des opérateurs présents.

Ainsi, Port Autonome du Havre oeuvre pour la mise en place de lignes dédiées fret afin d'optimiser l'offre et proposer un produit qui est dans la concurrence, en prix, fiabilité et temps, le leitmotiv étant toujours le même : massifier. Pour répondre à la demande croissante de desserte terrestre et notamment de transport ferroviaire de la clientèle havraise, il faut stimuler la concurrence entre les opérateurs ferroviaires afin de faire baisser les prix du transport des pre- ou post-acheminements terrestres.

Le PAH propose ainsi de remplacer progressivement et pour des relations pertinentes par leur volume de trafic, les trains dirigés systématiquement vers le point nodal par un système de navettes cadencées dès lors que le volume de trafic généré par une région donnée justifie une circulation directe.

Les ports d'Anvers et Rotterdam ont largement fondé la desserte ferroviaire de leur hinterland sur la mise en place de telles navettes.

La demande du marché est d'obtenir un enlèvement quotidien à un coût compétitif. La réponse de l'offre est de proposer un service quotidien et une massification de l'acheminement.

La technique du point nodal qui n'est pas spécifiquement ferroviaire, est la consolidation des trafics via une plate-forme centrale.

La technique de la navette est le plein emploi de deux rames de matériels en aller/retour entre deux points.

Le passage par le point nodal implique que les horaires des trains soient tributaires de la phase de consolidation qui dure tout de même quelques heures et génère des coûts de fonctionnement. La mise en oeuvre d'une navette implique que chaque jour la relation fournisse dans les deux sens l'alimentation nécessaire à l'équilibre financier.

Ces deux modes opératoires sont différents mais ils ne sont pas opposés. Les deux sont des instruments de distribution, l'un prenant appui sur l'économie générale, l'autre prenant appui sur l'économie d'un seul axe. Ils sont parfois même complémentaires car pas mal de navettes sont à destination de points nodaux ou plutôt de centres de correspondance.

Le PAH, en partenariat avec les opérateurs CNC, ICF ou Novatrans souhaite approfondir son hinterland par la multiplication de telles navettes, dédiées aux conteneurs entre Le Havre et quelques destinations choisies, notamment en direction de l'est et du sud-est de la France.

La réponse de la place du Havre a pour nom « Le Havre Shuttles » (LHS), une société anonyme à statut de commissionnaire, (sorte de coopérative d'achat qui achète de la capacité à la CNC), commercialisant du transport ferroviaire, en ayant acheté au préalable des navettes ferroviaires opérant sur grandes distances ou plus simplement des « slots ». Les services seront ensuite revendus directement par LHS aux clients.

L'UMEP est actuellement le principal actionnaire de LHS. Les syndicats professionnels ont été sollicités de même que les entreprises privées. Dans le tour de table apparaît également le PAH pour 34% du capital.

Le PAH a déjà mis en place de tels services en supportant le risque financier durant le temps de la montée en charge des services :

· une navette Le Havre/Lille

· une navette Le Havre/Lyon-Vénissieux

· une navette Le Havre/Strasbourg-Cronenbourg

Navette Le Havre/Lille

Pour desservir le Nord-Pas de Calais et mettre en place un réseau de trafics interrégionaux, Le Havre et le port fluvial de Lille (ce dernier est commissionnaire) sont reliés en direct par un train bloc ICF, avec une rotation par semaine.

A titre indicatif, le prix du transport ferroviaire dans chaque sens (hors manutention) pour un conteneur plein ou vide est de 650 francs pour un 20', de 800 francs pour un 40'. Il s'agît là de conditions à priori attractives, mais la distance est trop courte pour permettre au fer de jouer vraiment son rôle. D'autant plus que les prix de production semblent plus intéressants au-delà de la frontière, c'est à dire sur le réseau belge et ses prolongements.

Cependant, la région lilloise proche du port du Havre, est la 2e région import-export de France après l'Ile de France. L'enjeu est donc de taille. Le PAH souhaite ainsi, grâce à cette ligne, faire basculer les trafics d'Anvers vers Le Havre en mettant en valeur la situation géographique du port normand de 1er port touché à l'import et dernier à l'export. Le Havre cherche ainsi à conquérir de nouveaux marchés en concurrençant les prestations du port belge sur son hinterland.

L'autre facteur majeur d'attraction des trafics est bien évidemment le coût de transport. Les navettes ont pour but de minimiser les coûts et les temps de transport, de rendre plus compétitive l'offre vis à vis des ports concurrents et générer par conséquent des volumes plus importants et conquérir des parts de marché.

La navette Le Havre/Lille a ainsi pour but de concurrencer l'offre de transport fluvial et fluvio-maritime au départ du port fluvial de Lille et orientée vers Anvers et Rotterdam. Le coût de transport d'un conteneur sur cet axe (650 francs) est néanmoins encore trop élevé pour pouvoir rivaliser avec les prestations des ports du nord.

Navette Le Havre/Lyon-Vénissieux

Créée en partenariat avec la CNC sous la forme d'un service trihebdomadaire depuis 1996, en réaction à un projet de mise en place d'une navette Lyon/Rotterdam par l'opérateur privé européen European Rail Shuttles (ERS), la navette ferroviaire directe entre les terminaux du port et la plate-forme de la CNC à Vénissieux connectée aux principaux centres économiques du sud-est de l'Europe, a permis de réduire les délais de livraison d'environ 20 heures.

Cette navette connaît un réel succès : 50 000 EVP ont été transportés depuis son lancement. La CNC jouant le jeu de la massification, les prix ont pu être sensiblement baissés (jusqu'à 30%).

Navette Le Havre/Strasbourg-Cronenbourg

Strasbourg et sa région constituent un autre gisement de trafic convoité par les havrais, mais cependant dominé par l'offre des ports d'Anvers et de Rotterdam.

Depuis janvier 1998, une navette d'une capacité de 80 EVP circule avec trois aller/retour par semaine entre les terminaux havrais et le chantier ferroviaire de la CNC à Cronenbourg, connecté aux principaux centres économiques de l'est européen. Concurrence oblige, les prix pratiqués sont plus ou moins alignés sur ceux du Rhin. Même s'il subsiste une légère différence, cette navette séduit par un transit time plus court.

Le produit monte en puissance avec 600 EVP par mois, ce qui est d'autant plus apprécié sur la place havraise qu'elle avait subie de plein fouet la concurrence des services conteneurisés du Rhin.

LHS entend exploiter ultérieurement en propre la navette sur Strasbourg, en mettant en concurrence CNC et ICF afin de minimiser encore des coûts et devenir encore plus compétitif sur l'offre de transport terrestre.

Fort du succès de ces premières expériences, et particulièrement de la navette sur Lyon, le PAH souhaite développer ce type de desserte et offrir une palette élargie de destinations à travers l'Europe par trains navettes.

Il propose la mise en place de quatre nouvelles navettes :

· Le Havre/Liège via Bruxelles

· Le Havre/Vesoul-Mulhouse

· Le Havre/Vienne-Sopron

· Le Havre/Milan

L'organisation de ces navettes et leur commercialisation seront le fait d'une structure opérationnelle, en cours de constitution à l'instigation de PAH, et dans laquelle le port serait majoritaire. Statut de commissionnaire de transport pour cette opération, la structure négocierait l'achat de trains auprès des exploitants ferroviaires, en assurerait la commercialisation et la facturation auprès des transitaires et armements.

A long terme, et compte tenu du nombre de trains directs que le port estime générer, PAH revendique l'aménagement d'itinéraires ferroviaires dédiés au fret et notamment vers l'est.

Il s'agît en évitant la région parisienne dont les réseaux sont saturés, d'aménager les voies existantes entre Le Havre, Amiens, Reims, Chalons en Champagne et Metz.

Le dégagement d'un tel itinéraire suppose des travaux d'infrastructures et des études d'exploitation.

Le choix du mode de transport ferroviaire dans la desserte de l'hinterland paraît donc à l'heure actuelle indéniable étant donné les potentialités existantes de ce mode de transport et la volonté des politiques de développer cette alternative. C'est dans cette perspective et dans ce contexte que le port du Havre souhaite éminemment être desservi par une ligne ferroviaire pour profiter de ces potentialités, à l'instar de ses concurrents européens. Sur l'initiative du port du Havre, un projet a été fondé pour répondre à cette attente et offrir ainsi au premier port français la possibilité de conquérir de nouveaux marchés et d'envisager, avec l'appui du projet « Port 2000 », un avenir plus prospère.

Quel est la nature de ce projet ? Quelles sont les conditions pour qu'il se réalise et pour qu'il soit réellement efficace et rentable ?

III. LE PROJET DE CONTOURNEMENT FERROVIAIRE DU BASSIN PARISIEN DANS LE CADRE DES CORRIDORS DE FRET EUROPEENS

C'est donc sur le rail que se porte l'essentiel de la compétition pour desservir l'hinterland national et international. Le développement du Havre nécessitera des infrastructures performantes de liaisons avec l'est de la France ainsi que l'Europe Centrale et du sud, permettant d'éviter une région parisienne déjà bien engorgée. Sachant que la compétition entre les ports maritimes va se jouer sur leurs capacités de desservir l'hinterland européen sur des axes ouest-est, l'objectif du port du Havre est la création d'un axe puissant vers l'est.

Le marché du transport de conteneurs est, comme nous l'avons vu, en voie d'extension et d'intégration. La desserte de l'hinterland se conçoit désormais à l'échelle continentale, européenne et les ports se doivent de développer leurs dessertes terrestres afin d'atteindre les grandes zones industrielles et les zones de distribution et d'y conquérir des parts de marché.

La carte des flux de conteneurs en Europe permet de visualiser les itinéraires des flux de distribution des conteneurs par voie maritime ou terrestre. Elle fait apparaître plusieurs zones géographiques de diverses importances en fonction de la densité des relations. On peut voir que le champ de compétition des grands ports européens se situent dans la traditionnelle « banane bleue » (Bénélux, Allemagne ex RFA, Suisse, Autriche, Italie du nord) qui symbolise une forte concentration des régions industrielles dynamiques de l'Europe fortement tournées vers le commerce international.

La « banane bleue » est un lieu privilégié pour les importations et les exportations faisant largement appel aux infrastructures portuaires et aux dessertes terrestres pour l'acheminement du fret. Cet ensemble forme un champ clos où s'affrontent les ports majors du nord, Anvers, Hambourg et Rotterdam. Le principal handicap du Havre par rapport à ses concurrents de la mer du Nord est son relatif éloignement vis à vis de cet ensemble économique et son proche hinterland relativement désert. Si la route est compétitive jusqu'à 500 km, au-delà, rien ne vaut le fer pour combler ce handicap géographique et jouer dans la même cour que les « grands ».

Plus de 220 millions d'habitants résident dans un espace de 1000 km de rayon autour du Havre contre 240 millions pour Rotterdam. Le port normand, avec le développement de l'outil ferroviaire, a donc toutes ses chances.

S'il est bon que le port soit connecté à une ligne dédiée au fret qui le branche, au-delà de Strasbourg, sur la « banane bleue », cette zone prospère de l'Europe qui s'étend de Londres à Milan, en passant par Rotterdam et Hambourg, encore faut-il que les installations terminales sur le port assurent un tri efficace et le chargement rapide des trains et que ceux-ci dispose d'une infrastructure suffisamment performante.

Dans un contexte ultra concurrentiel, la France a pris du retard par rapport aux actions engagées au niveau terrestre en Europe du nord, étant donné que les choix des grands armements dépendent désormais, en grande partie, des dessertes ferroviaires, celles notamment qui permettent d'innerver le centre de l'Europe.

Réaliste, A. Graillot admet que « le Rhin crée une zone de basse pression » drainant sur Rotterdam et Anvers un paquet substantiel de boites en provenance ou à destination de la Suisse, de la France Rhénane et du sud de l'Allemagne. Mais au-delà du Rhin, en allant plus à l'est, en Autriche ou en Hongrie par exemple, le port peut de nouveau être compétitif.

Car le champ de compétition ne se restreint plus à la traditionnelle « banane bleue », un nouvel espace qui lui est fortement lié, apparaît, constitué de la République Tchèque, la Slovaquie, la Hongrie, la Slovénie, la Croatie, la Pologne...les PECO (Pays d'Europe Centrale et Orientale) ouverts récemment à l'Europe de l'ouest et qui sont très demandeurs de transport et de fret. Les flux devraient ainsi se concentrer de plus en plus entre les ports et les plates-formes terminales de transbordement à proximité de ces pays dont le parcours s'effectuera instinctivement par voie ferrée.

L'intégration économique progressive des PECO à l'Europe Occidentale sont et seront le principal facteur de la nouvelle organisation des flux en Europe. C'est sous la pression des marchés que se construits l'Europe et sous l'influence de l'évolution des transports.

Sous l'égide de la Commission Européenne, le groupe TINA (Transport Infrastructure Needs Assesment group) vient de faire des propositions pour le choix des axes et points nodaux à mettre à niveau ou à créer dans les pays d'Europe Centrale et Orientale afin d'assurer la continuité des réseaux transeuropéens de transport. Ces propositions confortent concrètement l'émergence d'un vaste espace économique en voie d'intégration rapide à l'Union Européenne. Les ports maritimes voient donc là un nouveau débouché apte à renforcer la dimension de leur hinterland. Le Havre voit là une formidable opportunité pour développer son hinterland sur un espace encore épargné par la concurrence portuaire terrestre. Cependant, il faudra aller vite car les autres ports ne resteront pas longtemps l'arme au pied.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore