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Privatisation et bien-être social: le cas de l'électricité au Cameroun

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par Maxime Kamdem Kamdem
université de Yaoundé II - DEA Sciences économiques 2004
  

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SECTION 2 : DEMANDE D'ÉLECTRICITÉ ET EFFICACITE DE LA PRODUCTION

L'offre n'a de sens que s'il existe une demande sur le marché qui attend d'être satisfaite. La rencontre des deux est sanctionnée par la détermination du prix d'équilibre. L'analyse de l'offre nécessite donc aussi celle de la demande. Celle-ci fera l'objet de cette section, ainsi que la détermination des critères d'efficacité de la production à l'AES-SONEL.

I. L'analyse de la demande

Avant d'analyser la demande d'électricité au Cameroun, il s'avère nécessaire de présenter les éléments de la définition de la fonction de demande.

I-1. La définition de la fonction de demande

Le premier point consistera à caractériser l'optimum du consommateur et le second permettra

de définir la notion d'élasticité de la demande.

I-1-1. La caractérisation de l'optimum du consommateur

L'objectif du consommateur rationnel est la maximisation de son utilité, sous sa contrainte budgétaire. Supposons qu'il consomme une quantité x1 d'électricité et une quantité x2 des

autres biens, son problème peut donc s'écrire sous la forme :

s

/

c

Max

u ( x1

, x 2)

1 2

p x 1 + p x 2 = R

La contrainte budgétaire ou droite de budget définit une droite dans le plan (x1,x2). La

résolution de ce programme permet d'obtenir les quantités optimales x*1 d'électricité et x*2

des autres biens qui maximisent l'utilité du consommateur.

Graphiquement, cet optimum peut être caractérisé de la manière suivante :

Figure 2.3: Choix optimal du consommateur

X2

x*2

Source : Varian (2000).

x*1 X1

Cette figure caractérise l'optimum du consommateur. L'utilité est maximale au point de

tangence de la courbe et de la droite de budget. Le couple (x*1 ;x*2) représente cet optimum. Elle montre aussi que l'augmentation de la consommation d'électricité se traduit automatiquement par la réduction de la consommation des autres biens, de sorte que la contrainte budgétaire soit saturée.

Cette situation nous permet de définir la fonction de demande de l'un des biens. La figure ci- dessous présente la fonction de demande du bien X1.

Figure 2.4. : Courbe de demande d'un bien

P

X1

Source : Varian (2000).

La fonction de demande d'électricité exprime le choix optimal du consommateur en fonction

du prix unitaire de l'électricité et du revenu dont celui-ci dispose. La courbe de demande est donc une relation inverse entre la quantité consommée d'électricité et son prix.

I-1-2. L'élasticité et la demande

L'élasticité prix de la demande est définie comme la variation relative (en pourcentage) de

la quantité divisée par la variation relative (en pourcentage) du prix :

= Q x p

[2.1]

p Q

La valeur de laisse voir deux types de biens:

>1, ce sont les biens dont la demande est élastique. Dans ce cas, une hausse du prix

de ces biens conduit à une forte réduction de leur consommation.

<1, il s'agit des biens dont la demande est faiblement élastique par rapport au prix. Pour ces biens, la hausse du prix ne réduit que faiblement la demande de sorte que la dépense augmente. C'est généralement le cas de certains biens tels l'électricité ou le téléphone.

De façon générale, l'élasticité de la demande d'un bien dépend dans une large mesure du nombre de substituts proches que ce bien possède. Ainsi, si un bien a beaucoup de substituts

proches (biens alimentaires), il faut s'attendre à ce que sa courbe de demande soit très

sensible à des variations de prix; si par contre, un bien ne possède que peu de substituts,

proches (électricité, téléphone...), il aura une demande assez inélastique.

I-2. La demande d'électricité au Cameroun

L'évolution des abonnés et la répartition de la consommation constitueront les deux axes de

ce paragraphe.

I-2-1. L'évolution des abonnés

Cette évolution sera présentée à partir du tableau ci-dessous.

Tableau 2.1 : Evolution du nombre total des abonnés.

Années

Total des

abonnés

Basse tension

Moyenne tension

Haute

tension

1990/1991

308 124

307 345

774

5

1991/1992

317 547

316 743

798

5

1992/1993

342 879

342 011

862

5

1993/1994

363 792

363 792

914

5

1994/1995

382 000

381 034

960

5

1995/1996

401 873

400 858

1 010

5

1996/1997

420 995

419 932

1 058

5

1997/1998

428 269

427 167

1 097

5

1998/1999

447 936

446 823

1 108

5

1999/2000

452 192

451 066

1 121

5

2000/2001

452 994

451 855

1 134

5

 

2001/2002

456 121

454 969

1 147

5

 

UD

UP

EP

RG

RZPFI

 

404 922

45 497

4 550

974

173

5

2002/2003

459 317

458 144

1 168

5

 

UD

UP

EP

RG

RZPFI

 

407 749

45 814

4 581

993

175

5

2003/2004

461 358

460 177

1 176

5

 

UD

UP

EP

RG

RZPFI

 

409 559

46 017

4 601

995

181

5

Source : L'auteur, à partir des données de l'ARSEL.

Ce tableau montre une augmentation du nombre total des abonnés avec le temps. On constate qu'avant la privatisation, les consommateurs étaient regroupés en trois catégories : Les consommateurs en basse tension, en moyenne tension et en haute tension. Les abonnés de la catégorie basse tension représentent plus de 95% du nombre total d'abonnés.

Après la privatisation, on constate qu'en basse tension, 89% des abonnés utilisent l'électricité

à des fins exclusivement domestiques ; 10% sont des abonnés professionnels et 1% des abonnés utilisant l'électricité pour l'éclairage public. En moyenne tension, plus de 85% des

abonnés appartiennent au régime général. En ce qui concerne la haute tension, cinq abonnés

sont classés dans cette catégorie ; il s'agit principalement de ALUCAM, SOCATRAL, PPC (ex-CELLUCAM), CIMENCAM et CICAM.

I-2-2. La répartition de la consommation

Cette répartition sera présentée suivant les types de tension : basse tension (BT), moyenne tension (MT) et haute tension (HT). La figure ci-dessous retrace cette répartition.

Figure 2.5 : Consommation d'électricité BT, MT et HT de 1991 à 2004.

Consommation en milliers de kWh

4 000 000

3 500 000

3 000 000

2 500 000

2 000 000

1 500 000

1 000 000

500 000

-

1990/1991 1993/1994 1996/1997 1999/2000 2002/2003

Années

Consommation totale consommation BT Consommation MT Consommation HT

Source : L'auteur, à partir des données de l'ARSEL.

La consommation totale d'électricité a augmenté avec le temps et avec le nombre d'abonnés.

On constate que la consommation des abonnés haute tension représente plus de la moitié de la consommation totale chaque année. La consommation annuelle des abonnés en basse tension représente environ 25% de la consommation totale, et celle des abonnés de la catégorie moyenne tension est d'environ 23%.

Par ailleurs, les consommations en usage domestique, usage professionnel et éclairage public sont respectivement proportionnelles à 66%, 32% et 2% de la consommation totale basse tension. En moyenne tension, 57% de la consommation totale est attribuée aux abonnés du

régime général.

Après la privatisation de la SONEL, la consommation d'électricité a augmenté en même

temps que les tarifs ; la figure ci-dessous retrace cette évolution.

Figure 2.6 : Evolution des tarifs (BT, MT et HT) et de la consommation totale.

Consommation en millers de kWh

80 4 000 000

70 3 500 000

60 3 000 000

50 2 500 000

Prix

40 2 000 000

30 1 500 000

20 1 000 000

10 500 000

- -

Années

Prix HT Prix moyens BT et MT Consommation totale

Source : L'auteur, à partir des données de l'ARSEL.

On peut constater que la consommation totale d'électricité s'est nettement accrue après la privatisation, et a coïncidé avec l'augmentation des tarifs des consommateurs des catégories basse tension et moyenne tension. Cependant, les tarifs des abonnés de la catégorie haute tension n'ont pas subit une augmentation significative, malgré que ces derniers consomment plus de la moitié d'électricité produite.

II. L'efficacité de la production à l'AES-SONEL

L'un des objectifs de la privatisation de la SONEL était d'améliorer l'efficacité de la production d'électricité. Cette amélioration passe par l'accroissement des investissements dans le secteur et par la définition des critères d'efficacité par l'entreprise. Le premier point

de ce paragraphe sera axé sur l'approche méthodologique de la recherche de l'efficacité, et le deuxième consistera à tester les critères permettant de savoir si la production a été améliorée

ou pas.

II-1. Approche méthodologique

Avant de donner les critères de la mesure de l'efficacité de la production, il est important de noter que la baisse de la production observée après la privatisation est la conséquence directe

de l'absence d'investissement dans le secteur de l'électricité. En effet, la puissance totale installée est passée de 316 MW en 1975/1976 à 757 MW en 1987/1988. Celle-ci repose sur trois aménagements hydroélectriques (Edéa : 264 MW et Song Loulou : 384 MW dans la partie Sud du pays ; Lagdo : 72 MW dans la partie Nord) et 42 centrales thermiques.

Au 30 juin 1988, La SONEL disposait d'un parc de production thermique d'une puissance totale de 81 MW exploitée comme centrale de secours dans les réseaux interconnectés, et comme centrale de production dans les centres isolés. En 2001, on a observé un relâchement

de l'augmentation de la puissance totale installée, celle-ci n'est plus que de 843,5 MW.

On peut donc constater qu'entre 1975 et 1988, la puissance totale a augmenté de 441 MW et qu'entre 1988 et 2001, l'augmentation n'est plus que de 86,5 MW. Ceci est dû à l'absence d'investissement dans le réseau. La conséquence directe a donc été l'augmentation moins que proportionnelle de la production par rapport au taux d'augmentation de la demande. En effet, entre 1980 et 1990, la production est passée de 1365 GWh à 2650 GWh, soit une augmentation de 1285 GWh ; par contre, cette augmentation n'est plus que de 824 GWh entre

1990 et 2001, soit une baisse de 461 GWh par rapport à la première décennie.

Les problèmes décelés dans la gestion de la SONEL, notamment la dégradation de sa structure financière et le subventionnement des consommateurs de la catégorie haute tension ; l'absence d'investissement dans le secteur et la recherche de l'efficacité de la production ont conduit l'AES-SONEL à définir deux principaux critères de mesure de l'efficacité de la production, à savoir : les pertes d'énergies et les énergies non fournies.

Les pertes d'énergies expriment la différence entre les énergies produites (production totale)

et les énergies émises (part des énergies produites acheminées vers les autres segments) ; alors que les énergies non fournies sont exprimées par l'intensité des délestages.

Selon ces deux critères, il y aura amélioration de l'efficacité de la production si les pertes

d'énergies et les énergies non fournies ont été minimisées après la privatisation.

II-2. La mesure de l'efficacité de la production à l'AES-SONEL

Le test consistera à observer les pertes d'énergies et les énergies non fournies sur la période allant de 1991 à 2004, avec un accent particulier sur la période après privatisation. Nous

allons à cet effet représenter sur une même figure les courbes retraçant ces évolutions.

45,0

40,0

Pertes d'énergies

35,0

30,0

25,0

20,0

15,0

10,0

5,0

-

40,000

Energies non fournies

35,000

30,000

25,000

20,000

15,000

10,000

5,000

-

Années

Energies non fournies pertes d'énergies

Figure 2.7 : Evolution des pertes d'énergies et des énergies non fournies de 1991 à 2004.

Source : L'auteur, à partir des données de l'ARSEL.

La première observation est que les courbes représentant les pertes d'énergies et les énergies non fournies suivent la même évolution.

En observant la première, on constate que les pertes se sont accentuées après la privatisation

et le pic a été atteint durant l'exercice 2002/2003. Elles sont évaluées à 39,6GWh environ, et sont causées par la vétusté des équipements de production qui ont à leur tour été à l'origine de

la diminution du taux de disponibilité des principaux barrages. Le tableau ci-dessous présente

ces taux dans les différentes centrales (Edéa, Song Loulou et Lagdo), ainsi que les taux moyens de disponibilité après la privatisation.

Tableau 2.2 : Evolution des taux de disponibilité par centrale et des taux moyens après la privatisation

Exercices

2001/2002

2002/2003

2003/2004

Centrales

Edéa

Song

Loulou

Lagdo

Edéa

Song

Loulou

Lagdo

Edéa

Song

Loulou

Lagdo

Taux de

disponibilité des centrales

79%

90,73%

95%

75%

87,31%

91,7%

82%

91%

94%

Taux moyens

de disponibilité

88,24%

84,67%

89%

Source : L'auteur, à partir des données de l'ARSEL.

Ce tableau indique que le taux moyen de disponibilité des centrales s'est accrû en 2003/2004

de 4,33%. Il était de 84,67% en 2002/2003 contre 89% pour l'exercice suivant. Cependant, l'augmentation par rapport à l'exercice 2001/2002 est d'environ 0,76%.

En observant la figure 2.7, on constate que les pertes d'énergies diminuent lors de l'exercice

2003/2004, grâce notamment aux révisions effectuées dans lesdites centrales. Ce taux reste légèrement inférieur à celui de l'exercice 2000/2001, qui s'élevait à 91,5%.

La courbe des énergies non fournies indique bien une augmentation des délestages à partir de l'exercice 2001/2002, avec un pic en 2002/2003. On observe par ailleurs que les énergies non fournies ont augmenté à partir de 1994, période à laquelle la SONEL était en crise. L'augmentation des énergies non fournies est aussi due au matériel vétuste qui ne permet pas une production efficace pouvant satisfaire la demande.

A partir de la réduction des énergies non fournies observées en 2003/2004, l'on serait tenté de croire que la seule conséquence de cette diminution est l'accroissement des investissements dans le secteur en vue d'améliorer la production de l'électricité. Cette réduction est aussi en partie due au comportement des industries (consommateurs en moyenne tension). En effet, celles-ci ont procéder à un réaménagement de leur consommation en accentuant leur activité

en période hors pointe (de 23h à 6h) pour bénéficier des tarifs plus bas. La période de pointe

(de 18h à 23h) étant caractérisée par une élévation des coûts de production suite au recours à

la source thermique pour suppléer la production hydraulique

Bien que les énergies non fournies et les pertes d'énergies aient été minimisées, lors de l'exercice 2003/2004, on ne peut pas conclure à une efficacité de la production au sens strict,

mais à une relative amélioration de l'efficacité, dans la mesure où les valeurs des pertes

d'énergies et des énergies non fournies n'ont pas encore atteint les niveaux enregistrés avant

la privatisation.

Au total, cette section consistait rapprocher les notions de privatisation et d'efficacité, et à déterminer s'il y a eu amélioration de l'efficacité de la production à l'AES-SONEL ou pas.

Conclusion

Le problème posé par ce chapitre était celui de l'efficacité de la production d'électricité à l'AES-SONEL. L'on s'est aperçu dans un premier temps que la privatisation devrait contribuer à améliorer l'efficacité par le biais des investissements. En second lieu, l'analyse

de l'offre a permis de distinguer les différentes sources de production d'électricité : l'hydraulique et le thermique. Afin de mesurer l'efficacité de la production à l'AES-SONEL, deux principaux critères ont été définis, à savoir les pertes d'énergies et les énergies non fournies qui sont caractérisées par l'intensité des délestages. La mesure se faisant à partir de la

minimisation de chacun de ces critères a conduit à une relative amélioration de l'efficacité.

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