| UNIVERSITE DE ROUEN UFR DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE
GEOGRAPHIE LABORATOIRE  L. E. D. R. A MEMOIRE DE MAÎTRISE Thème : CRISE AGRICOLE  DANS UNE VALLEE DE CASAMANCE : LE
BASSIN  DE GOUDOMP (SENEGAL) 
 Présenté par : Sous la direction de
: Insa MANGA Michel LESOURD Professeur Année Universitaire 2002- 2003 DEDICACES A  la mémoire de mon
père Puisse son âme reposer en
paix. A  ma mère, inlassable
éducatrice, Femme qui a consenti à bien des
sacrifices Sans se plaindre et m'a donné sans
réserve tout ce qu'elle a. SOMMAIRE SIGLES ET ACRONYMES Avant-propos Introduction générale
Problématique Méthodologie PREMIÈRE  PARTIE :  COMPLEXITÉ DU 
DÉVELOPPEMENT  AGRICOLE  DANS  LE BASSIN DE GOUDOMP Chapitre I : Une vallée riche en
potentialités agropédologiques Chapitre II : Contraintes du  climat  et
problématique de la maîtrise de l'eau Chapitre III : Environnement démographique,
sociologique et socioéconomique DEUXIÈME PARTIE : MAÎTRISE DE L'EAU ET
DÉVELOPPEMENT AGRICOLE : HISTORIQUE D'UNE ACTION ANCIENNE ET A
RÉSULTATS MITIGÉS Chapitre I : La MAC : «un projet
d'assistance» Chapitre II : Le PROGES ou l'histoire d'une intervention
inachevée Chapitre  III :  Les  facteurs  explicatifs  des  contre-
 performances  post-  opération  de développement TROISIÈME PARTIE : CRISE, STRATÉGIES
PAYSANNES ET NOUVELLES ORIENTATIONS AGRICOLES Chapitre I : Analyse du contexte de la crise Chapitre II : Pour une nouvelle approche du
développement local Conclusion Générale BIBLIOGRAPHIE ANNEXES Table des matières SIGLES ET ACRONYMES AJAC : Association des Jeunes Agriculteurs de la
Casamance BRGM : Bureau de Recherche Géologique et
Minière CAR : Centre d'Animation Rurale CERP : Centre d'Expansion Rurale Polyvalent CFA :   Commission   Financière  
Africaine   (monnaie   des   anciennes   colonies françaises de
l'Afrique de l'ouest) CIVGE : Conseil Inter Villageois de Gestion de
l'Eau CNCAS : Caisse Nationale de Crédit
Agricole du Sénégal CNCR : Conseil National  de Concertation et de
Coopération des Ruraux CRA : Centre de Recherche Agricole CVGE : Conseil Villageois de Gestion de l'Eau
DAT : Direction de l'Aménagement du Territoire
DEH  : Direction des Études Hydrologiques DPS : Division de la Prévision et de la
Statistique EDS : Enquêtes Démographie et
Santé ENDA : Environnement et Développement au
Tiers- Monde FADECBA :  Fédération  des 
Associations  de  Développement  Communautaire  du Balantacounda GIE : Groupement d'Intérêt
Economique IGN : Institut Géographique National IRD : Institut de Recherche pour le
Développement ISRA : Institut Sénégalais de
Recherche Agricole MAC : Mission Agricole Chinoise NPA : Nouvelle Politique Agricole ONCAD : Office National de Coopération et
d'Assistance au Développement ONG : Organisation Non Gouvernemental ORSTOM : Office de Recherche Scientifique et
Technique d'Outre- Mer PAS : Plan d'Ajustement Structurel PASA : Plan d'Ajustement du Secteur Agricole PIDAC : Programme Intégré de
Développement Agricole de la Casamance PNAE : Plan National d'Action pour
l'Environnement PRIMOCA : Projet Rural Intégré
de la Moyenne Casamance PRS : Projet Rizicole Rural de
Sédhiou PROGES : Projet de Gestion des Eaux du Sud RGPH : Recensement Général de la
Population et de l'Habitat SATEC : Société d'Aide Technique
et de Coopération SOMIVAC : Société de Mise en
Valeur Agricole de la Casamance SONACOS : Société Nationale de
Commercialisation des Oléagineux du Sénégal UCAD : Université Cheikh Anta DIOP UICN : Union Mondiale pour la Nature USAID : Agence Américaine pour le
Développement International AVANT - PROPOS Depuis  plusieurs  décennies,  de  nombreuses 
recherches  ont  mis  en  évidence  la  situation
socio-économique   précaire   du   monde   rural  
sénégalais.   La  réduction   de   la   pauvreté,
notamment en milieu rural par la relance du secteur agricole, est devenue
l'objectif prioritaire de la politique de l'État. L'une des manifestations majeures de la crise multiforme et 
généralisée qui frappe actuellement  le  bassin  de 
Goudomp  réside  dans  l'effondrement  de  son  agriculture  et,
subséquemment, son incapacité à s'auto suffire sur le plan
alimentaire. Or, au regard des enjeux actuellement en cause, notamment ceux
relatifs à la sécurité alimentaire et à la survie
économique   de   la   région,   il   urge   de   revisiter  
l'approche   stratégique   du   type   de développement mis en
oeuvre jusqu'à nos jours. Dans  cette  perspective,  l'agriculture,  en  l'état 
actuel  des  structures  et  compte  tenu des  immenses  potentialités 
existantes,  constitue  assurément  le  secteur  capable,  s'il  est
judicieusement  valorisé,  de  tracter  l'ensemble  de 
l'activité  économique dans  le  cadre  d'un développement
véritable, irréversible et équilibré du bassin. Ce travail qui marque nos débuts dans la recherche est une
contribution à l'étude de la  géographie  du  développement.  Il  nous 
paraît  intéressant  dans  le  contexte  de  la  crise agricole 
et  dans  le  cadre  de  la  recherche  de  solutions  appropriées,  de 
formuler  des problématiques et de proposer des stratégies pour
une meilleure   mise en valeur des bas- fonds devenus aujourd'hui très
convoités par les paysans. Notre objectif est de faire le point des informations
disponibles, détecter les mutations dans les domaines physiques,
humaines, sociologiques, culturales, technologiques..., mais surtout 
d'apporter  des  éléments  de  réponse  à  quelques
 questions  clés  que  se  posent aujourd'hui tant les pouvoirs publics
que les populations locales. Ce sont ces questions qui prendront la forme
d'hypothèses de travail qui ont guidé le choix de nos
informations et de nos enquêtes. Ce  présent  mémoire  est  l'illustration  de 
l'intérêt  particulier  que  nous  portons  à  la question
du développement dans le monde rural en général et dans le
bassin de Goudomp en particulier. Cette étude ne s'est pas faite sans difficultés qui
s'expliquent notamment par la modicité des moyens mis à notre
disposition. Au terme de ce travail, nous tenons à adresser nos
remerciements d'abord aux membres du jury qui nous font l'honneur de le juger.
Mention spéciale à M. LESOURD qui a la lourde responsabilité d'encadrer ce mémoire et
qui en dépit de son emploi du temps chargé, l'a fait avec
conscience, rigueur et efficacité. Nous tenons à lui remercier
pour sa disponibilité permanente et ses critiques constructives si
nécessaires à la finalisation du texte. Nos remerciements iront ensuite a l'endroit de tous les
professeurs du département de Géographie de l'université
Cheikh Anta DIOP de Dakar qui ont initié et guidé nos premiers
pas  dans  la  recherche ainsi  qu'a  tous  les  enseignants  du 
département  de  Géographie  de l'Université de Rouen  qui
ont assuré la continuité de leurs collègues de Dakar. Que   soient   vivement   remerciées toutes les personnes 
 qui   nous   ont   aidés dans l'avancement  du travail. Nous  pensons 
notamment  a : V   M .Vaque  NDIAYE, coordinateur  de  l'I.S.R.A 
Djibélor V M. Abdoulaye  BADJI  responsable du  Centre  de documentation 
de l'I.S.R.A. Djibélor. V   M. Pierre TENDENG, ancien Directeur du  PROGES V M.  Edouard SADIO, Directeur  en retraite  de  l'école 
Publique de  Birkama  et Président du CIVGE V M. MANSALY, Directeur  de l'école  publique  de Goudomp
III. V   M. Augustin  DIEME a L'IRD de Dakar V   M. Dominique  BADIANE (Paix  a son  âme)  et M. Djibril
DIEDHIOU a Goudomp. V   M. SEYDI  Adjoint au Maire de Goudomp V   M. MANE Bacary, notable a Bacoundi V   M. AIDARA  Chérif Daha, Doctorant a
l'Université de Rouen Pour leur soutien moral permanent  et pour  leur  esprit   de 
solidarité   nous disons merci a : M. BASSENE   Antoine, M. BASSENE   Arfang, Mlle BADJI Laure,
M. CAMARA Mamadou Lamine, M. CISSE Boubacar, Mlle Chantal SOBRINO TAFUNELL, M.
DIOP Mouhammadou   El  Amine,  DIOP  Moussa,  M.  GOMIS  Michel,  M.  MANGA 
Abdel  Latif,  M. MANGA Daouda, MANGA Christian Thierry, MBAYE Moussa,  MBAYE
Ousmane, NDIAYE Mame Yacine, SADIO Yankhoba, M. SY Atoumane, M. TENDENG 
Djitendeng et famille. Nos pensées   vont tout naturellement a nos frères 
 et soeurs   dont   le soutien dans tous  les  domaines durant ces longues
années ne saurait  être évalué. Enfin  que  tous ceux qui ont, de prés ou de loin,
contribué a la réalisation  de ce mémoire trouvent ici l'expression de notre profonde
gratitude. 
 Carte 1 : Localisation du bassin de
Goudomp en Casamance (Sénégal). Source : MONTOROI, J. P. 1996 
 Carte 2 : Vue d'ensemble du bassin de
Goudomp. Source : MANGA I., 2003 INTRODUCTION GENERALELa  sécheresse  persistante  qui  sévit  depuis
1968  dans  les pays  du  Sahel  a  eu  pour conséquence outre le
déficit hydro pluviométrique et ses répercussions sur
l'agriculture   et l'économie,  la  prise  de  conscience  de  la 
nécessité  de  maîtriser  et  de  gérer  au  mieux 
les ressources  en  eaux  existantes.  Il  en  est  résulté  en 
Casamance  l'élaboration  de  multiples programmes de mise en valeur  
agricole   initiés   par   différents   acteurs du
développement (USAID, PRIMOCA,   SOMIVAC, PIDAC, DERBAC, ORSTOM,   ISRA,
ENDA ...) avec   des résultats  plus  ou moins mitigés. La question de la maîtrise de l'eau reste de nos jours
pendante dans le bassin de Goudomp  et  les  mesures  prises  par  les 
pouvoirs  publics  n'ont  pas  encore  apporté  des réponses  aux
 attentes  de  la  population  paysanne.  C'est  dans  ce  cadre   que  
s'inscrit  ce travail. Le bassin  de Goudomp, d'une  superficie de 55 km2, se
situe  a une  cinquantaine de kilomètres  a l'est de Ziguinchor  sur  la
rive  gauche  de fleuve Casamance  dont  il constitue un sous bassin. Il s'étend entre 12° 27' et 12°
35'   de  latitude nord et entre  15°50' et 15° 55' de  longitude ouest.  Il  est  essentiellement  situé 
dans l'arrondissement  de  Diattacounda, département administrative de
Sédhiou. (Carte 1) Le bassin se présente   en deux embranchements (le marigot
de   Goudomp et celui de Birkama) qui se rejoignent en aval dans une zone   de  
convergence   renfermant en son sein un îlot de savane arborée 
avant  de  se jeter dans le  fleuve  Casamance. A  l'exutoire dans la partie
septentrionale du bassin, est aménagé un barrage anti-sel par le
PROGES a la demande de la population locale.  (Carte
2) Il est peuplé d'une dizaine de villages a majorité
Balantes, Mandingues, Mandjaques ou  Mancagnes  situés dans  sa proximité. Ce
sont d'amont en aval : Bindaba 1, Bindaba 2, Akintou Mancagne I et II,
Diouniki, Bacoundi, Birkama et Goudomp. Il convient de noter que Goudomp et
Birkama détiennent la quasi-totalité des terres des bas- fonds
sous forme de tenure  marquée par la prévalence du  droit
coutumier sur celui relatif au Domaine National. L'activité  économique  est  essentiellement 
polarisée  par  l'agriculture  (riz,  arachide, mil, fruits...) et la
pèche. Le contexte   physique (climat et ressources disponibles) offre
des opportunités  énormes.  En  effet,  les  bas-  fonds  de 
Goudomp  et  de  Birkama  -  avec  des avantages liés  a  leur 
situation  topographique  basse,  la  fertilité  des  sols,  la 
pluviométrie relativement importante et régulière, la
présence   d'une   vielle tradition   rizicole   au niveau des
populations- ont toujours été  des zones naturellement favorables
a la riziculture. A  l'image  du reste du  pays,  le  bassin  de Goudomp reste
caractérisé  par  un climat marqué   par une alternance de
saisons sèche et humide, des températures élevées
et une chaleur  persistante  presque toute  l'année.  Le  sol  est 
très  sableux  en  profondeur et  en surface, billonné  sur la
plus grande surface du bassin. La végétation est 
constituée de forêt claire a la savane arborée. Le bassin vit une double crise entretenue par des facteurs
aggravants: une crise de la production (déficit vivrier chronique,
allongement de la soudure) et une crise du modèle de vie  (lié  aux  comportements  et  a 
l'interprétation  des  héritages  socioculturels)  Elles  se
maintiennent  et  s'approfondissent  davantage  a  cause  de  la  pratique  de 
l'usure  et  de  la déconnexion  géographique ;  l'enclavement 
perturbe  tous  les  systèmes  de  régulation  de  la crise  et 
participe  a  alourdir  «l'impôt  de  l'éloignement»  . 
Toutes  les  denrées  de  grande consommation  sont  plus  chères
 dans  la  région.  Les  déplacements  sont  hypothétiques
 a cause  d'un  système  de  transport  globalement  défectueux 
(pistes,  véhicules  de  transport, etc.) PROBLEMATIQUE Plusieurs raisons fondent notre choix pour le   bassin de
Goudomp et pour le thème dont il est  le  support :  Crise 
agricole  dans  une  vallée  de  la  Casamance :  le  bassin  de
Goudomp.  Il  s'agit  d'une  région  en  crise  dont  les 
problèmes  de  développement  sont nombreux. Les handicaps sont
de nature diverse : certains ont trait a l'écosystème ( climat
aléatoire,  sols  pauvres,  apparition  de  sel  en  aval  du bassin...)
 tandis  que  d'autres  sont directement socioéconomiques( poids
démographique, taille relative faible des exploitations, faible niveau de vie de la population, manque de crédit,
système de production...) La  dégradation  des  conditions  climatiques 
observée  a  partir  du  début  des  années 1970  dans  toute  la  zone  soudano-sahélienne  avec 
une  diminution  de  la  pluviométrie,  la faiblesse des crues des cours
d'eau et la forte remontée des biseaux salés a l'intérieur
des vallées a eu comme conséquence majeure la sursalure et
l'acidification des sols alluviaux. Les effets néfastes de cette
péjoration du climat sur les conditions de vie des populations, sur  la 
répartition  des  ressources  en  eau  du  milieu  et  globalement  sur 
l'économie  locale, inquiètent les pouvoirs publics qui ont
entrepris des mesures visant a enrayer les processus de dégradation et a favoriser l'intensification et la
sécurisation de la production agricole dans les bas- fonds. En effet, zone de concentration des
écoulements  de surface, les bas- fonds ont vite attiré
l'attention des acteurs de développement dans le cadre de leurs
recherches de solutions  a  la  crise  post-  sécheresse  du  monde 
rural.  Il  a  été  question  d'orientations permettant   une  
bonne   maîtrise   et   une   gestion   rationnelle   des   ressources  
en   eaux disponibles. La valorisation des potentialités en eaux et en terres
de Goudomp était a l'ordre du jour dès 1968 et les
premières actions menées par la M.A.C (Mission Agricole Chinoise)
ont porté sur la riziculture inondée. L'objectif visé a
travers ce projet était l'augmentation de la productivité par la
maîtrise de l'eau (petite irrigation, aménagement de diguettes
anti-sel...) ; par  l'introduction  de  nouvelles  techniques  culturales 
(motoculture,  culture  attelée)  et  de variétés 
améliorées.  Mais  l'espoir  tant  suscité  par  ce 
projet  n'a  été  que  temporaire.  Si l'objectif de l'amélioration du rendement a
été atteint, il ne s'est pas inscrit dans la
continuité. Les multiples contre-  performances constatées
après leur  départ s'expliquent-  elles par 
l'inadéquation  et  /ou  l'obsolescence  technique  des  infrastructures
 et  équipements découlant  des  déficiences  dans  le 
système  de  gestion  des  aménagements ?  En  d'autres termes, 
la  crise  que  traversent  les  paysans  du  bassin  de  Goudomp  est-  elle 
liée  a  leur incapacité a gérer l'héritage de ce
projet? En 1994, fut mise en oeuvre, sous la houlette des ONG et des
projets tels que le PIDAC et le PROGES,  une  politique  d'aménagement 
des  bas-fonds  rizicoles  de  Casamance  axée notamment sur la
construction de petits ouvrages a coût relativement modique dont celui de
Goudomp.  L'objectif  est  d'empêcher  les  intrusions  des  biseaux 
salés  et  de  permettre  la récupération progressive des
terres. Cette politique a vu l'adhésion totale des villageois qui
participent physiquement et financièrement aux travaux. En  dépit  de  ces  diverses  interventions, 
aujourd'hui  ce  bassin,  aux  potentialités économiques
considérables, a vu la quasi - totalité de ses activités
ralenties, voire arrêtées. Les moyens de tous ordres ont
été réduits, une partie des populations se trouve
déplacée, les  terres  continuent  a  se  saliniser  et  les  villages, 
jadis  prospères,  se  paupérisent.  Cette situation 
inquiète  plus  d'un  et  suscite  beaucoup  d'interrogations :  faut- 
il  persister  sur  la monoculture pluviale du riz alors qu'il y a des
possibilités de diversification en optant pour les cultures de contre-
saison ? Les contraintes physiques ou naturelles constituent- elles le seul
handicap au développement du bassin ? Les difficultés pour le
monde rural de supporter les variations   climatiques   ne  
révèlent-   elles   pas   la   fragilité   permanente   du
  système   de production ?  Pourquoi  les  hommes  ne  s'impliquent- 
ils  pas  dans  les  cultures  des  bas- fonds ?   Sous   quelle   forme  
exploiter   les   terres   récupérées :   agriculture  
familiale   ou villageoise ?  L'essor  d'une  agriculture  familiale  peut  - 
elle  entraîner  dans  l'avenir  la réalisation   des   ambitions 
 de   l'autosuffisance   alimentaire ?   Ces   questions   n'ont   rien
d'exceptionnelle, mais ici elles se posent toutes en même temps et avec
la même acuité. Le problème  est  donc  posé de 
savoir  s'il  est  possible  de  proposer  des  alternatives  aux pratiques 
paysannes  actuelles,  tant  en  ce qui  concerne  le  choix des 
spéculations  que  les techniques agricoles et l'organisation sociale de
la production. Par   ailleurs,   il   sera   d'une   utilité  
certaine   de   savoir   comment   les   populations paysannes 
réagissent  face aux contraintes  qui  ont  pour  nom : 
démographie  galopante avec  comme  corollaire  la  pression  sur  les 
terres ;  faible  niveau  d'investissement,  régime foncier qui ne prend
pas en compte la femme principale actrice dans le bas-fond. La crise agricole dans le bassin de Goudomp est aussi une crise
agraire provoquée par l'insécurité. En effet, la
radicalisation de la crise casamançaise a causé un grand
nombre de victimes civiles, d'importants mouvements des populations, le
départ précipité de projets de  développement,   la chute  brutale  de la 
production  et  de  l'économie locale  ainsi  que  la
désintégration du tissu social. Un phénomène
d'abandon de la terre par les paysans et de marginalisation  des  migrants 
dans  les  gros  bourgs  a  l'image  de  Goudomp  en  sont  la conséquence.   Cette   concentration   des   populations  
déplacées   dans   des   zones   dites sécurisées  provoque  le 
déséquilibre  du  binôme  population/ressources  et
entraîne  la détérioration  rapide  des  structures 
agraires  par  le  morcellement  des exploitations  et  la diminution du nombre
des unités viables. Les pouvoirs publics et les collectivités locales ont
dès lors un défi majeur a relever en ce qui concerne le développement du bassin de
Goudomp. L'accent doit être mis sur le volet  «recherche»  car 
une  stratégie  d'intervention  efficace  implique 
nécessairement  une bonne  analyse  permettant  de  connaître  les
 populations,  les  ressources  du  terroir,  les systèmes   de  
fonctionnement   de   la   société   et   les   contraintes  
auxquelles   elles   sont confrontées. C'est  dans  cette  optique  que  s'inscrit   notre 
étude  dont  le  modeste  objectif  est  de dégager   sur   la  
base   de   données   physiques   et   sociologiques,   les  
problèmes   de développement de ce bassin  a travers une mise en
évidence des potentialités et contraintes du milieu, un diagnostic du système de production et
des structures sociales et une analyse critique  de  l'action  des 
différents  projets.  La  place  des  facteurs  physiques  ne  sera  pas
minimisée, mais on cherchera a voir comment ceux- ci se conjuguent avec
un ensemble de facteurs  économiques  et  socioculturels  pour 
expliquer  la  fragilisation  des  systèmes  de production ayant aboutit
a une crise généralisée dans le bassin. Une telle
étude, qui n'a pas encore  de  nos  jours  été  faite, 
nous  permettra  certainement  de  comprendre  pourquoi  le bassin de Goudomp, 
avec toutes ses potentialités n'arrive pas a assurer  la couverture de
ses  besoins  alimentaires.  Notre  problématique   géographique 
ne  saurait  avoir  un  sens  si nous n'apportions de réponses claires
aux différentes interrogations et proposer une issue palliative. C'est
fort de cela que nous tenterons de présenter, ou mieux de recommander un
ensemble  de  stratégies  qui  permettront  a  l'avenir  un 
développement  agricole  «réaliste»  du bassin. Ce présent   mémoire se veut une contribution a
la prise de décision des acteurs du développement.   Puisse   t- 
 il   permettre   d'attirer   l'attention   des   pouvoirs   publics, les
collectivités locales, les acteurs privés et partenaires au
développement sur les enjeux de la mise en valeur des bas fonds du
bassin  de Goudomp qui exigent des mesures spécifiques eu égard au niveau de vie précaire de la
population et des souffrances qu'elles endurent. On peut souhaiter
également que cette étude de cas présente un  
intérêt pour toute personne qui,  dans  le  cadre  de  programmes 
et  de  projets,  s'interroge  sur  la  façon  d'associer  les paysans,
les moyens de valoriser leurs expériences et de répondre a leurs
priorités dans les processus de planifications du
développement. Ce mémoire est divisé en trois parties. La première étudie la complexité du
développement agricole dans le bassin de Goudomp. Le premier  chapitre
de cette partie décrit  les potentialités
agropédologiques.  A ce titre,  il met l'accent sur les atouts du milieu
physique a travers une étude systématique   du relief, des bas- 
fonds  et  des  disponibilités  en  eau  du  sous-sol.  Le  second 
chapitre  étudie  le  climat comme contrainte et met en évidence le contexte
déficitaire actuel par l'analyse statistique des  données  pluviométriques.  Dans  le 
troisième  chapitre,  il est  question  d'environnement
démographique,   sociologique   et   socioéconomique.   Il  
étudie   la   population   (structure, dynamique  et 
caractéristiques  socioéconomiques)  dans  un  premier  temps  et
 insiste  sur l'explosion démographique et ses corollaires. Afin de
proposer des solutions adaptées aux problèmes de
développement de la zone, ce chapitre s'intéresse dans un second
temps a une  analyse  des  systèmes  de  productions  existants.  Cette 
étude  aura  précisément  pour objectifs :  d'identifier 
les  techniques  culturales  ainsi  que  les  systèmes  de  cultures 
mis  en oeuvre dans la vallée ; de repérer et de
hiérarchiser leurs principaux goulets d'étranglements et d'apprécier ainsi les marges de progrès les plus
accessibles ; de comprendre la logique de fonctionnement du système tant du point de vue des
contraintes agronomiques que de la finalité socioéconomique. La  deuxième  partie :«Maîtrise  de  l'eau 
et  développement  agricole»  est  une  analyse critique des
projets de développement agricole intervenus dans la vallée. Elle
oppose l'action des projets MAC et PROGES dans la conception des ouvrages, leur
gestion, les moyens et les résultats obtenus et dresse un bilan global. Le
dernier chapitre de cette partie présente les raisons qui expliquent
l'échec dans le transfert des technologies. La troisième partie :«Crise, stratégies
paysannes et perspectives» dresse la situation qui prévaut
actuellement dans le bassin. Le premier chapitre analyse le contexte actuel de
la crise dans le  bassin. A ce propos, il souligne les manifestations lisibles
de la crise a savoir le recul des cultures traditionnelles, la
paupérisation des ménages et l'émergence d'un secteur
nouveau : l'arboriculture fruitière ; sans perdre de vue les causes ou
facteurs aggravants et les stratégies paysannes mises en oeuvre pour faire
face aux mutations qu'entraîne la crise. Cette   partie se   termine  
par   un   chapitre   intitulé   «Pour   une   nouvelle   approche 
 du développement  local».  Ce  chapitre  tire  les  leçons 
retenues  de  l'expérience  des  différentes tentatives de mise
en valeur. Il se fonde sur un ensemble de recommandations de stratégies
pour entrevoir a l'avenir un développement local durable. Il a pour
ambition non seulement de  concevoir  des  voies  et  moyens  pouvant  permettre  aux
 producteurs  d'atteindre  leurs objectifs économiques a savoir
l'autosuffisance alimentaire, la minimisation des risques,   la maximisation
des revenus par unité de surface ou a l'heure de travail et la
rentabilisation du capital- argent investi, mais aussi de fournir a l'ensemble
des acteurs un canevas pour une mise en valeur optimale du bassin. METHODOLOGIE La méthodologie mis en oeuvre pour mener a bien cette
étude peut se résumer en deux points : la collecte des
données et leur traitement. A. Collecte des données Pour  réaliser  une étude   judicieuse  du 
bassin  et  de  ses bas fonds,  le  recueil  d'un  certain nombre de
données a été nécessaire. Cela nous a permis de
cerner les contours de notre espace d'étude, tout en dégageant la
structure des caractéristiques des milieux physique et humain. Les  deux  principales  techniques  utilisées  pour  la 
collecte  de  l'information  ont  été:  la recherche documentaire
et le travail de terrain. A1  Recherche documentaire La documentation s'est déroulée tout au long de
l'étude a travers les différentes sources de documentation de
l'Université Cheikh Anta DIOP de Dakar (Bibliothèque du
Département de Géographie,  BRGM,  Bibliothèque 
Centrale),  de  l'Université  de  Rouen  (Bibliothèque  de  la
Faculté   des   Lettres   et   Sciences   Humaines,  
Bibliothèque   Universitaire)   et   au   niveau d'organismes 
d'études  et  de  recherche du  Sénégal  (IRD,  UICN, 
DPS,  ISRA,  IGN,  DAT, DEH) Nous avons aussi visité   les archives de
la défunte SOMIVAC, du PROGES et celles de  la  SONACOS  de  Ziguinchor  pour  avoir  les  données
 sur  la  production  arachidière  du bassin. Il  s'agit  d'une  analyse  globale  de  la  zone  a  partir  du 
dépouillement  de  divers documents préexistants
réalisés par des étudiants ou chercheurs ou produits dans
le cadre de l'exécution des projets SOMIVAC, MAC, PROGES
(rapports d'activités, études du milieu, documents 
thématiques,  rapports  d'évaluation  et  de  programmation)  ou 
dans  le  cadre  du plan d'aménagement du territoire (cartes des sols,
recensement de la population...) A2. Le travail de terrain Il s'est déroulé dans l'ensemble du bassin et a
consisté en des visites et
observations, des enquêtes et des entretiens
avec les personnes- ressources. Les objectif assignés
étaient entre autres de : - déterminer les caractéristiques
socio-économiques et agro techniques du bassin ; - sonder les progrès accomplis dans le domaine d'une
meilleure gestion de l'eau et de l'adoption de pratiques pour une agriculture
durable ; - identifier les problèmes agricoles et de gestion des
eaux ; - quantifier la population vivant dans le bassin ; - cerner l'organisation sociale de la production ; - identifier les systèmes de production ; - établir les calendriers culturaux ; - estimer les productions agricoles ; - diagnostiquer et de hiérarchiser les principales
contraintes de production. Les enquêtes ont eu pour base un échantillon de 150
ménages répartis dans les villages de Goudomp  (100)  et  Birkama  (50)  L'explication est  simple. 
D'abord,  les  autres  villages  du bassin a l'exception de  Bacoundi ont  été,  pour 
des raisons de sécurité, désertés de leurs
populations qui se sont installées en majorité a Goudomp ou
Birkama. Ensuite, la commune de Goudomp compte a elle seule plus des 2/3 de la population du
bassin. Les difficultés d'ordre matériel et financier
ajoutées aux contraintes de temps, nous ont poussé a adopter le
sondage ponctuel a passage unique. Chaque ménage est
enquêté une  seule  fois.  A  ce  propos,  est 
considéré  comme  ménage  tout  couple  marié  ou 
adulte (marié ou célibataire) indépendant tant du point de
vue revenus que logement . Tout individu hébergé  gratuitement 
et/   ou   assisté  financièrement   est   en  revanche  
compté   comme dépendant du ménage
d'accueil1. La méthode d'échantillonnage probabiliste ou
aléatoire a l'avantage de donner a tous les individus la même chance de faire partie de
l'échantillon. Aussi avons- nous opté pour cette technique
où le hasard va jouer dans la désignation des ménages a
enquêter. Auprès   des  ménages enquêtés, 
des   informations   relatives   a   la   structure,   la composition  et  le 
revenu  des  ménages ;  mais  aussi  aux  exploitations  ont 
été  recueillies. Ainsi, pour ce qui est de la population 
présente sur l'exploitation, on distingua les personnes a  charge  de  la  population  active  en  précisant 
notamment  leur  âge,  leur  sexe  et  leur qualification
professionnelle. La question sur le foncier met l'accent sur le statut :
propriété, location ou emprunt. Quant a l'analyse fine du
système de production, on s'intéresse aux cultures
pratiquées, aux modes de labour et instruments arables, au rendement par
rizière et a la pratique de gestion des  ressources  naturelles.  De  ce
 fait,  on  vérifia  la  logique  socioéconomique  et  mis  en
évidence les principales contraintes auxquelles sont confrontées
les paysans. Dans l'ensemble,  97%  des chefs de ménage sont  des
hommes,  mais on a rencontré des femmes  (veuves  ou  divorcées) 
qui  ont  ce  statut.  Les  ménages  sont  de  grande  taille.  Un
ménage compte en moyenne 8 a 9 personnes. Les principales difficultés auxquelles nous nous sommes
confrontés sont diverses. Sur les questions relatives a la production
agricole ou au revenu mensuel, nombre d'enquêtés n'a pu  ou  su  apporter  une  réponse  satisfaisante.  Par
 ailleurs,  certains  chefs  de  ménage craignaient que l'enquête
ne soit exploitée par le service des impôts. Aussi avons nous dans
plusieurs cas, fait usage de la ruse pour réussir a convaincre les plus
intransigeants. La  mise  en  valeur  du  terroir  étant  avant  tout 
l'affaire  des  paysans  principaux bénéficiaires,  nous  avons 
réalisé  des  enquêtes  complémentaires 
auprès  de  personnalités qui,  du  fait  de  leur  âge  ou
 de  leur  position  sociale  ont  pu  voir  évoluer  les  pratiques
paysannes. Cette enquête menée auprès des témoins
bien informés (notables des différents villages, vieux paysans,
vulgarisateurs agricoles, ex- employés de la MAC , maîtres
d'école, présidentes  d'associations  de  femmes  ...)  se  fit 
sous  forme  d'entretiens  très  ouverts  et visaient a comprendre quelles ont été dans la
région les transformations récentes en ce qui 1  Définition de ménage par les
enquêtes EDS 1 et 2 concerne  les  cultures  pratiquées (espèces  et
 variétés),  les  rotations  de  cultures,  les techniques
employées ; mais aussi pour avoir leur idée sur la gestion des
rizières et recueillir leur point de vue dans la recherche de solutions
aux différentes contraintes. Des  visites,  effectuées   sur  le 
terrain  nous  ont  permis  d'observer  le  parcellaire,  la morphologie des
champs et de mesurer les dimensions des rizières en vue d'une estimation
des rendements. B. Le traitement des données Il  se  résume au  dépouillement  des 
résultats  des  enquêtes  et  entretiens,  et  leur traitement
informatique avec les logiciels WORD, EXCEL et ADOBE ILLUSTRATOR. |