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Crise Agricole dans une vallée de Casamance: Le bassin de Goudomp (Senegal)

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par Insa MANGA
Université de Rouen - Maitrise Géographie 2003
  

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UNIVERSITE DE ROUEN

UFR DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

LABORATOIRE L. E. D. R. A

MEMOIRE DE MAÎTRISE

Thème :

CRISE AGRICOLE DANS UNE VALLEE DE CASAMANCE : LE BASSIN DE GOUDOMP (SENEGAL)

Présenté par : Sous la direction de :

Insa MANGA Michel LESOURD

Professeur

Année Universitaire 2002- 2003

DEDICACES

A la mémoire de mon père

Puisse son âme reposer en paix.

A ma mère, inlassable éducatrice,

Femme qui a consenti à bien des sacrifices

Sans se plaindre et m'a donné sans réserve tout ce qu'elle a.

SOMMAIRE

SIGLES ET ACRONYMES

Avant-propos Introduction générale Problématique Méthodologie

PREMIÈRE PARTIE : COMPLEXITÉ DU DÉVELOPPEMENT AGRICOLE DANS LE BASSIN DE GOUDOMP

Chapitre I : Une vallée riche en potentialités agropédologiques

Chapitre II : Contraintes du climat et problématique de la maîtrise de l'eau

Chapitre III : Environnement démographique, sociologique et socioéconomique

DEUXIÈME PARTIE : MAÎTRISE DE L'EAU ET DÉVELOPPEMENT AGRICOLE : HISTORIQUE D'UNE ACTION ANCIENNE ET A RÉSULTATS MITIGÉS

Chapitre I : La MAC : «un projet d'assistance»

Chapitre II : Le PROGES ou l'histoire d'une intervention inachevée

Chapitre III : Les facteurs explicatifs des contre- performances post- opération de développement

TROISIÈME PARTIE : CRISE, STRATÉGIES PAYSANNES ET NOUVELLES ORIENTATIONS AGRICOLES

Chapitre I : Analyse du contexte de la crise

Chapitre II : Pour une nouvelle approche du développement local

Conclusion Générale

BIBLIOGRAPHIE ANNEXES

Table des matières

SIGLES ET ACRONYMES

AJAC : Association des Jeunes Agriculteurs de la Casamance

BRGM : Bureau de Recherche Géologique et Minière

CAR : Centre d'Animation Rurale

CERP : Centre d'Expansion Rurale Polyvalent

CFA : Commission Financière Africaine (monnaie des anciennes colonies françaises de l'Afrique de l'ouest)

CIVGE : Conseil Inter Villageois de Gestion de l'Eau

CNCAS : Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal

CNCR : Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux

CRA : Centre de Recherche Agricole

CVGE : Conseil Villageois de Gestion de l'Eau DAT : Direction de l'Aménagement du Territoire DEH : Direction des Études Hydrologiques

DPS : Division de la Prévision et de la Statistique

EDS : Enquêtes Démographie et Santé

ENDA : Environnement et Développement au Tiers- Monde

FADECBA : Fédération des Associations de Développement Communautaire du

Balantacounda

GIE : Groupement d'Intérêt Economique

IGN : Institut Géographique National

IRD : Institut de Recherche pour le Développement

ISRA : Institut Sénégalais de Recherche Agricole

MAC : Mission Agricole Chinoise

NPA : Nouvelle Politique Agricole

ONCAD : Office National de Coopération et d'Assistance au Développement

ONG : Organisation Non Gouvernemental

ORSTOM : Office de Recherche Scientifique et Technique d'Outre- Mer

PAS : Plan d'Ajustement Structurel

PASA : Plan d'Ajustement du Secteur Agricole

PIDAC : Programme Intégré de Développement Agricole de la Casamance

PNAE : Plan National d'Action pour l'Environnement PRIMOCA : Projet Rural Intégré de la Moyenne Casamance PRS : Projet Rizicole Rural de Sédhiou

PROGES : Projet de Gestion des Eaux du Sud

RGPH : Recensement Général de la Population et de l'Habitat

SATEC : Société d'Aide Technique et de Coopération

SOMIVAC : Société de Mise en Valeur Agricole de la Casamance

SONACOS : Société Nationale de Commercialisation des Oléagineux du Sénégal

UCAD : Université Cheikh Anta DIOP

UICN : Union Mondiale pour la Nature

USAID : Agence Américaine pour le Développement International

AVANT - PROPOS

Depuis plusieurs décennies, de nombreuses recherches ont mis en évidence la situation socio-économique précaire du monde rural sénégalais. La réduction de la pauvreté, notamment en milieu rural par la relance du secteur agricole, est devenue l'objectif prioritaire

de la politique de l'État.

L'une des manifestations majeures de la crise multiforme et généralisée qui frappe actuellement le bassin de Goudomp réside dans l'effondrement de son agriculture et, subséquemment, son incapacité à s'auto suffire sur le plan alimentaire. Or, au regard des enjeux actuellement en cause, notamment ceux relatifs à la sécurité alimentaire et à la survie économique de la région, il urge de revisiter l'approche stratégique du type de développement mis en oeuvre jusqu'à nos jours.

Dans cette perspective, l'agriculture, en l'état actuel des structures et compte tenu des immenses potentialités existantes, constitue assurément le secteur capable, s'il est judicieusement valorisé, de tracter l'ensemble de l'activité économique dans le cadre d'un développement véritable, irréversible et équilibré du bassin.

Ce travail qui marque nos débuts dans la recherche est une contribution à l'étude de

la géographie du développement. Il nous paraît intéressant dans le contexte de la crise agricole et dans le cadre de la recherche de solutions appropriées, de formuler des problématiques et de proposer des stratégies pour une meilleure mise en valeur des bas- fonds devenus aujourd'hui très convoités par les paysans.

Notre objectif est de faire le point des informations disponibles, détecter les mutations dans les domaines physiques, humaines, sociologiques, culturales, technologiques..., mais surtout d'apporter des éléments de réponse à quelques questions clés que se posent aujourd'hui tant les pouvoirs publics que les populations locales. Ce sont ces questions qui prendront la forme d'hypothèses de travail qui ont guidé le choix de nos informations et de nos enquêtes.

Ce présent mémoire est l'illustration de l'intérêt particulier que nous portons à la question du développement dans le monde rural en général et dans le bassin de Goudomp

en particulier.

Cette étude ne s'est pas faite sans difficultés qui s'expliquent notamment par la modicité des moyens mis à notre disposition.

Au terme de ce travail, nous tenons à adresser nos remerciements d'abord aux membres du jury qui nous font l'honneur de le juger. Mention spéciale à M. LESOURD qui a

la lourde responsabilité d'encadrer ce mémoire et qui en dépit de son emploi du temps chargé, l'a fait avec conscience, rigueur et efficacité. Nous tenons à lui remercier pour sa disponibilité permanente et ses critiques constructives si nécessaires à la finalisation du

texte.

Nos remerciements iront ensuite a l'endroit de tous les professeurs du département de Géographie de l'université Cheikh Anta DIOP de Dakar qui ont initié et guidé nos premiers pas dans la recherche ainsi qu'a tous les enseignants du département de Géographie de l'Université de Rouen qui ont assuré la continuité de leurs collègues de Dakar.

Que soient vivement remerciées toutes les personnes qui nous ont aidés dans l'avancement du travail. Nous pensons notamment a :

V M .Vaque NDIAYE, coordinateur de l'I.S.R.A Djibélor

V M. Abdoulaye BADJI responsable du Centre de documentation de l'I.S.R.A. Djibélor.

V M. Pierre TENDENG, ancien Directeur du PROGES

V M. Edouard SADIO, Directeur en retraite de l'école Publique de Birkama et

Président du CIVGE

V M. MANSALY, Directeur de l'école publique de Goudomp III.

V M. Augustin DIEME a L'IRD de Dakar

V M. Dominique BADIANE (Paix a son âme) et M. Djibril DIEDHIOU a Goudomp.

V M. SEYDI Adjoint au Maire de Goudomp

V M. MANE Bacary, notable a Bacoundi

V M. AIDARA Chérif Daha, Doctorant a l'Université de Rouen

Pour leur soutien moral permanent et pour leur esprit de solidarité nous disons merci a :

M. BASSENE Antoine, M. BASSENE Arfang, Mlle BADJI Laure, M. CAMARA Mamadou Lamine, M. CISSE Boubacar, Mlle Chantal SOBRINO TAFUNELL, M. DIOP Mouhammadou El Amine, DIOP Moussa, M. GOMIS Michel, M. MANGA Abdel Latif, M. MANGA Daouda, MANGA Christian Thierry, MBAYE Moussa, MBAYE Ousmane, NDIAYE Mame Yacine, SADIO Yankhoba, M. SY Atoumane, M. TENDENG Djitendeng et famille.

Nos pensées vont tout naturellement a nos frères et soeurs dont le soutien dans tous les domaines durant ces longues années ne saurait être évalué.

Enfin que tous ceux qui ont, de prés ou de loin, contribué a la réalisation de ce

mémoire trouvent ici l'expression de notre profonde gratitude.

Carte 1 : Localisation du bassin de Goudomp en Casamance (Sénégal). Source :

MONTOROI, J. P. 1996

Carte 2 : Vue d'ensemble du bassin de Goudomp. Source : MANGA I., 2003

INTRODUCTION GENERALE

La sécheresse persistante qui sévit depuis 1968 dans les pays du Sahel a eu pour conséquence outre le déficit hydro pluviométrique et ses répercussions sur l'agriculture et l'économie, la prise de conscience de la nécessité de maîtriser et de gérer au mieux les ressources en eaux existantes. Il en est résulté en Casamance l'élaboration de multiples programmes de mise en valeur agricole initiés par différents acteurs du développement (USAID, PRIMOCA, SOMIVAC, PIDAC, DERBAC, ORSTOM, ISRA, ENDA ...) avec des résultats plus ou moins mitigés.

La question de la maîtrise de l'eau reste de nos jours pendante dans le bassin de Goudomp et les mesures prises par les pouvoirs publics n'ont pas encore apporté des réponses aux attentes de la population paysanne. C'est dans ce cadre que s'inscrit ce

travail.

Le bassin de Goudomp, d'une superficie de 55 km2, se situe a une cinquantaine de kilomètres a l'est de Ziguinchor sur la rive gauche de fleuve Casamance dont il constitue

un sous bassin. Il s'étend entre 12° 27' et 12° 35' de latitude nord et entre 15°50' et 15° 55'

de longitude ouest. Il est essentiellement situé dans l'arrondissement de Diattacounda, département administrative de Sédhiou. (Carte 1)

Le bassin se présente en deux embranchements (le marigot de Goudomp et celui

de Birkama) qui se rejoignent en aval dans une zone de convergence renfermant en son sein un îlot de savane arborée avant de se jeter dans le fleuve Casamance. A l'exutoire dans la partie septentrionale du bassin, est aménagé un barrage anti-sel par le PROGES a

la demande de la population locale. (Carte 2)

Il est peuplé d'une dizaine de villages a majorité Balantes, Mandingues, Mandjaques

ou Mancagnes situés dans sa proximité. Ce sont d'amont en aval : Bindaba 1, Bindaba 2, Akintou Mancagne I et II, Diouniki, Bacoundi, Birkama et Goudomp. Il convient de noter que Goudomp et Birkama détiennent la quasi-totalité des terres des bas- fonds sous forme de tenure marquée par la prévalence du droit coutumier sur celui relatif au Domaine National.

L'activité économique est essentiellement polarisée par l'agriculture (riz, arachide, mil, fruits...) et la pèche. Le contexte physique (climat et ressources disponibles) offre des opportunités énormes. En effet, les bas- fonds de Goudomp et de Birkama - avec des avantages liés a leur situation topographique basse, la fertilité des sols, la pluviométrie relativement importante et régulière, la présence d'une vielle tradition rizicole au niveau des populations- ont toujours été des zones naturellement favorables a la riziculture.

A l'image du reste du pays, le bassin de Goudomp reste caractérisé par un climat marqué par une alternance de saisons sèche et humide, des températures élevées et une chaleur persistante presque toute l'année. Le sol est très sableux en profondeur et en surface, billonné sur la plus grande surface du bassin. La végétation est constituée de forêt

claire a la savane arborée.

Le bassin vit une double crise entretenue par des facteurs aggravants: une crise de la production (déficit vivrier chronique, allongement de la soudure) et une crise du modèle de

vie (lié aux comportements et a l'interprétation des héritages socioculturels) Elles se maintiennent et s'approfondissent davantage a cause de la pratique de l'usure et de la déconnexion géographique ; l'enclavement perturbe tous les systèmes de régulation de la crise et participe a alourdir «l'impôt de l'éloignement» . Toutes les denrées de grande consommation sont plus chères dans la région. Les déplacements sont hypothétiques a cause d'un système de transport globalement défectueux (pistes, véhicules de transport, etc.)

PROBLEMATIQUE

Plusieurs raisons fondent notre choix pour le bassin de Goudomp et pour le thème dont il est le support : Crise agricole dans une vallée de la Casamance : le bassin de Goudomp. Il s'agit d'une région en crise dont les problèmes de développement sont nombreux. Les handicaps sont de nature diverse : certains ont trait a l'écosystème ( climat aléatoire, sols pauvres, apparition de sel en aval du bassin...) tandis que d'autres sont directement socioéconomiques( poids démographique, taille relative faible des exploitations,

faible niveau de vie de la population, manque de crédit, système de production...)

La dégradation des conditions climatiques observée a partir du début des années

1970 dans toute la zone soudano-sahélienne avec une diminution de la pluviométrie, la faiblesse des crues des cours d'eau et la forte remontée des biseaux salés a l'intérieur des vallées a eu comme conséquence majeure la sursalure et l'acidification des sols alluviaux. Les effets néfastes de cette péjoration du climat sur les conditions de vie des populations, sur la répartition des ressources en eau du milieu et globalement sur l'économie locale, inquiètent les pouvoirs publics qui ont entrepris des mesures visant a enrayer les processus

de dégradation et a favoriser l'intensification et la sécurisation de la production agricole dans

les bas- fonds. En effet, zone de concentration des écoulements de surface, les bas- fonds ont vite attiré l'attention des acteurs de développement dans le cadre de leurs recherches de solutions a la crise post- sécheresse du monde rural. Il a été question d'orientations permettant une bonne maîtrise et une gestion rationnelle des ressources en eaux disponibles.

La valorisation des potentialités en eaux et en terres de Goudomp était a l'ordre du jour dès 1968 et les premières actions menées par la M.A.C (Mission Agricole Chinoise) ont porté sur la riziculture inondée. L'objectif visé a travers ce projet était l'augmentation de la productivité par la maîtrise de l'eau (petite irrigation, aménagement de diguettes anti-sel...) ; par l'introduction de nouvelles techniques culturales (motoculture, culture attelée) et de variétés améliorées. Mais l'espoir tant suscité par ce projet n'a été que temporaire. Si

l'objectif de l'amélioration du rendement a été atteint, il ne s'est pas inscrit dans la continuité.

Les multiples contre- performances constatées après leur départ s'expliquent- elles par l'inadéquation et /ou l'obsolescence technique des infrastructures et équipements découlant des déficiences dans le système de gestion des aménagements ? En d'autres termes, la crise que traversent les paysans du bassin de Goudomp est- elle liée a leur incapacité a gérer l'héritage de ce projet?

En 1994, fut mise en oeuvre, sous la houlette des ONG et des projets tels que le PIDAC et le PROGES, une politique d'aménagement des bas-fonds rizicoles de Casamance axée notamment sur la construction de petits ouvrages a coût relativement modique dont celui de Goudomp. L'objectif est d'empêcher les intrusions des biseaux salés et de permettre la récupération progressive des terres. Cette politique a vu l'adhésion totale des villageois qui participent physiquement et financièrement aux travaux.

En dépit de ces diverses interventions, aujourd'hui ce bassin, aux potentialités économiques considérables, a vu la quasi - totalité de ses activités ralenties, voire arrêtées. Les moyens de tous ordres ont été réduits, une partie des populations se trouve déplacée,

les terres continuent a se saliniser et les villages, jadis prospères, se paupérisent. Cette situation inquiète plus d'un et suscite beaucoup d'interrogations : faut- il persister sur la monoculture pluviale du riz alors qu'il y a des possibilités de diversification en optant pour les cultures de contre- saison ? Les contraintes physiques ou naturelles constituent- elles le seul handicap au développement du bassin ? Les difficultés pour le monde rural de supporter les variations climatiques ne révèlent- elles pas la fragilité permanente du système de production ? Pourquoi les hommes ne s'impliquent- ils pas dans les cultures des bas- fonds ? Sous quelle forme exploiter les terres récupérées : agriculture familiale ou villageoise ? L'essor d'une agriculture familiale peut - elle entraîner dans l'avenir la réalisation des ambitions de l'autosuffisance alimentaire ? Ces questions n'ont rien d'exceptionnelle, mais ici elles se posent toutes en même temps et avec la même acuité. Le problème est donc posé de savoir s'il est possible de proposer des alternatives aux pratiques paysannes actuelles, tant en ce qui concerne le choix des spéculations que les techniques agricoles et l'organisation sociale de la production.

Par ailleurs, il sera d'une utilité certaine de savoir comment les populations paysannes réagissent face aux contraintes qui ont pour nom : démographie galopante avec comme corollaire la pression sur les terres ; faible niveau d'investissement, régime foncier qui ne prend pas en compte la femme principale actrice dans le bas-fond.

La crise agricole dans le bassin de Goudomp est aussi une crise agraire provoquée par l'insécurité. En effet, la radicalisation de la crise casamançaise a causé un grand nombre

de victimes civiles, d'importants mouvements des populations, le départ précipité de projets

de développement, la chute brutale de la production et de l'économie locale ainsi que la désintégration du tissu social. Un phénomène d'abandon de la terre par les paysans et de marginalisation des migrants dans les gros bourgs a l'image de Goudomp en sont la

conséquence. Cette concentration des populations déplacées dans des zones dites

sécurisées provoque le déséquilibre du binôme population/ressources et entraîne la détérioration rapide des structures agraires par le morcellement des exploitations et la diminution du nombre des unités viables.

Les pouvoirs publics et les collectivités locales ont dès lors un défi majeur a relever

en ce qui concerne le développement du bassin de Goudomp. L'accent doit être mis sur le volet «recherche» car une stratégie d'intervention efficace implique nécessairement une bonne analyse permettant de connaître les populations, les ressources du terroir, les systèmes de fonctionnement de la société et les contraintes auxquelles elles sont confrontées.

C'est dans cette optique que s'inscrit notre étude dont le modeste objectif est de dégager sur la base de données physiques et sociologiques, les problèmes de développement de ce bassin a travers une mise en évidence des potentialités et contraintes

du milieu, un diagnostic du système de production et des structures sociales et une analyse critique de l'action des différents projets. La place des facteurs physiques ne sera pas minimisée, mais on cherchera a voir comment ceux- ci se conjuguent avec un ensemble de facteurs économiques et socioculturels pour expliquer la fragilisation des systèmes de production ayant aboutit a une crise généralisée dans le bassin. Une telle étude, qui n'a pas encore de nos jours été faite, nous permettra certainement de comprendre pourquoi le bassin de Goudomp, avec toutes ses potentialités n'arrive pas a assurer la couverture de ses besoins alimentaires. Notre problématique géographique ne saurait avoir un sens si nous n'apportions de réponses claires aux différentes interrogations et proposer une issue palliative. C'est fort de cela que nous tenterons de présenter, ou mieux de recommander un ensemble de stratégies qui permettront a l'avenir un développement agricole «réaliste» du

bassin.

Ce présent mémoire se veut une contribution a la prise de décision des acteurs du développement. Puisse t- il permettre d'attirer l'attention des pouvoirs publics, les collectivités locales, les acteurs privés et partenaires au développement sur les enjeux de la mise en valeur des bas fonds du bassin de Goudomp qui exigent des mesures spécifiques

eu égard au niveau de vie précaire de la population et des souffrances qu'elles endurent. On peut souhaiter également que cette étude de cas présente un intérêt pour toute personne qui, dans le cadre de programmes et de projets, s'interroge sur la façon d'associer les paysans, les moyens de valoriser leurs expériences et de répondre a leurs priorités dans les processus de planifications du développement.

Ce mémoire est divisé en trois parties.

La première étudie la complexité du développement agricole dans le bassin de Goudomp. Le premier chapitre de cette partie décrit les potentialités agropédologiques. A ce titre, il met l'accent sur les atouts du milieu physique a travers une étude systématique du relief, des bas- fonds et des disponibilités en eau du sous-sol. Le second chapitre étudie le climat

comme contrainte et met en évidence le contexte déficitaire actuel par l'analyse statistique

des données pluviométriques. Dans le troisième chapitre, il est question d'environnement démographique, sociologique et socioéconomique. Il étudie la population (structure, dynamique et caractéristiques socioéconomiques) dans un premier temps et insiste sur l'explosion démographique et ses corollaires. Afin de proposer des solutions adaptées aux problèmes de développement de la zone, ce chapitre s'intéresse dans un second temps a une analyse des systèmes de productions existants. Cette étude aura précisément pour objectifs : d'identifier les techniques culturales ainsi que les systèmes de cultures mis en oeuvre dans la vallée ; de repérer et de hiérarchiser leurs principaux goulets d'étranglements

et d'apprécier ainsi les marges de progrès les plus accessibles ; de comprendre la logique

de fonctionnement du système tant du point de vue des contraintes agronomiques que de la finalité socioéconomique.

La deuxième partie :«Maîtrise de l'eau et développement agricole» est une analyse critique des projets de développement agricole intervenus dans la vallée. Elle oppose l'action des projets MAC et PROGES dans la conception des ouvrages, leur gestion, les moyens et

les résultats obtenus et dresse un bilan global. Le dernier chapitre de cette partie présente les raisons qui expliquent l'échec dans le transfert des technologies.

La troisième partie :«Crise, stratégies paysannes et perspectives» dresse la situation qui prévaut actuellement dans le bassin. Le premier chapitre analyse le contexte actuel de la crise dans le bassin. A ce propos, il souligne les manifestations lisibles de la crise a savoir le recul des cultures traditionnelles, la paupérisation des ménages et l'émergence d'un secteur nouveau : l'arboriculture fruitière ; sans perdre de vue les causes ou facteurs aggravants et

les stratégies paysannes mises en oeuvre pour faire face aux mutations qu'entraîne la crise. Cette partie se termine par un chapitre intitulé «Pour une nouvelle approche du développement local». Ce chapitre tire les leçons retenues de l'expérience des différentes tentatives de mise en valeur. Il se fonde sur un ensemble de recommandations de stratégies pour entrevoir a l'avenir un développement local durable. Il a pour ambition non seulement

de concevoir des voies et moyens pouvant permettre aux producteurs d'atteindre leurs objectifs économiques a savoir l'autosuffisance alimentaire, la minimisation des risques, la maximisation des revenus par unité de surface ou a l'heure de travail et la rentabilisation du capital- argent investi, mais aussi de fournir a l'ensemble des acteurs un canevas pour une mise en valeur optimale du bassin.

METHODOLOGIE

La méthodologie mis en oeuvre pour mener a bien cette étude peut se résumer en deux points : la collecte des données et leur traitement.

A. Collecte des données

Pour réaliser une étude judicieuse du bassin et de ses bas fonds, le recueil d'un certain nombre de données a été nécessaire. Cela nous a permis de cerner les contours de notre espace d'étude, tout en dégageant la structure des caractéristiques des milieux physique et humain.

Les deux principales techniques utilisées pour la collecte de l'information ont été: la recherche documentaire et le travail de terrain.

A1 Recherche documentaire

La documentation s'est déroulée tout au long de l'étude a travers les différentes sources de documentation de l'Université Cheikh Anta DIOP de Dakar (Bibliothèque du Département de Géographie, BRGM, Bibliothèque Centrale), de l'Université de Rouen (Bibliothèque de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Bibliothèque Universitaire) et au niveau d'organismes d'études et de recherche du Sénégal (IRD, UICN, DPS, ISRA, IGN, DAT, DEH) Nous avons aussi visité les archives de la défunte SOMIVAC, du PROGES et celles

de la SONACOS de Ziguinchor pour avoir les données sur la production arachidière du

bassin.

Il s'agit d'une analyse globale de la zone a partir du dépouillement de divers documents préexistants réalisés par des étudiants ou chercheurs ou produits dans le cadre

de l'exécution des projets SOMIVAC, MAC, PROGES (rapports d'activités, études du milieu, documents thématiques, rapports d'évaluation et de programmation) ou dans le cadre du plan d'aménagement du territoire (cartes des sols, recensement de la population...)

A2. Le travail de terrain

Il s'est déroulé dans l'ensemble du bassin et a consisté en des visites et observations, des

enquêtes et des entretiens avec les personnes- ressources. Les objectif assignés étaient entre autres de :

- déterminer les caractéristiques socio-économiques et agro techniques du bassin ;

- sonder les progrès accomplis dans le domaine d'une meilleure gestion de l'eau et de l'adoption de pratiques pour une agriculture durable ;

- identifier les problèmes agricoles et de gestion des eaux ;

- quantifier la population vivant dans le bassin ;

- cerner l'organisation sociale de la production ;

- identifier les systèmes de production ;

- établir les calendriers culturaux ;

- estimer les productions agricoles ;

- diagnostiquer et de hiérarchiser les principales contraintes de production.

Les enquêtes ont eu pour base un échantillon de 150 ménages répartis dans les villages de

Goudomp (100) et Birkama (50) L'explication est simple. D'abord, les autres villages du

bassin a l'exception de Bacoundi ont été, pour des raisons de sécurité, désertés de leurs populations qui se sont installées en majorité a Goudomp ou Birkama. Ensuite, la commune

de Goudomp compte a elle seule plus des 2/3 de la population du bassin.

Les difficultés d'ordre matériel et financier ajoutées aux contraintes de temps, nous ont poussé a adopter le sondage ponctuel a passage unique. Chaque ménage est enquêté une seule fois. A ce propos, est considéré comme ménage tout couple marié ou adulte (marié ou célibataire) indépendant tant du point de vue revenus que logement . Tout individu hébergé gratuitement et/ ou assisté financièrement est en revanche compté comme dépendant du ménage d'accueil1.

La méthode d'échantillonnage probabiliste ou aléatoire a l'avantage de donner a tous

les individus la même chance de faire partie de l'échantillon. Aussi avons- nous opté pour cette technique où le hasard va jouer dans la désignation des ménages a enquêter.

Auprès des ménages enquêtés, des informations relatives a la structure, la composition et le revenu des ménages ; mais aussi aux exploitations ont été recueillies. Ainsi, pour ce qui est de la population présente sur l'exploitation, on distingua les personnes

a charge de la population active en précisant notamment leur âge, leur sexe et leur qualification professionnelle.

La question sur le foncier met l'accent sur le statut : propriété, location ou emprunt. Quant a l'analyse fine du système de production, on s'intéresse aux cultures pratiquées, aux modes de labour et instruments arables, au rendement par rizière et a la pratique de gestion des ressources naturelles. De ce fait, on vérifia la logique socioéconomique et mis en évidence les principales contraintes auxquelles sont confrontées les paysans.

Dans l'ensemble, 97% des chefs de ménage sont des hommes, mais on a rencontré des femmes (veuves ou divorcées) qui ont ce statut. Les ménages sont de grande taille. Un ménage compte en moyenne 8 a 9 personnes.

Les principales difficultés auxquelles nous nous sommes confrontés sont diverses. Sur les questions relatives a la production agricole ou au revenu mensuel, nombre d'enquêtés n'a

pu ou su apporter une réponse satisfaisante. Par ailleurs, certains chefs de ménage craignaient que l'enquête ne soit exploitée par le service des impôts. Aussi avons nous dans plusieurs cas, fait usage de la ruse pour réussir a convaincre les plus intransigeants.

La mise en valeur du terroir étant avant tout l'affaire des paysans principaux bénéficiaires, nous avons réalisé des enquêtes complémentaires auprès de personnalités qui, du fait de leur âge ou de leur position sociale ont pu voir évoluer les pratiques paysannes. Cette enquête menée auprès des témoins bien informés (notables des différents villages, vieux paysans, vulgarisateurs agricoles, ex- employés de la MAC , maîtres d'école, présidentes d'associations de femmes ...) se fit sous forme d'entretiens très ouverts et

visaient a comprendre quelles ont été dans la région les transformations récentes en ce qui

1 Définition de ménage par les enquêtes EDS 1 et 2

concerne les cultures pratiquées (espèces et variétés), les rotations de cultures, les techniques employées ; mais aussi pour avoir leur idée sur la gestion des rizières et recueillir leur point de vue dans la recherche de solutions aux différentes contraintes.

Des visites, effectuées sur le terrain nous ont permis d'observer le parcellaire, la morphologie des champs et de mesurer les dimensions des rizières en vue d'une estimation des rendements.

B. Le traitement des données

Il se résume au dépouillement des résultats des enquêtes et entretiens, et leur traitement informatique avec les logiciels WORD, EXCEL et ADOBE ILLUSTRATOR.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote