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Crise Agricole dans une vallée de Casamance: Le bassin de Goudomp (Senegal)

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par Insa MANGA
Université de Rouen - Maitrise Géographie 2003
  

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PREMIERE PARTIE : COMPLEXITE DU DEVELOPPEMENT AGRICOLE DANS LE BASSIN DE GOUDOMP

CHAPITRE I : UNE VALLÉE RICHE EN POTENTIALITÉS AGROPÉDOLOGIQUES

Introduction

Le cadre physique de la région naturelle de Casamance est de nos jours l'objet de plusieurs travaux de recherche de synthèses réalisés par différents bureaux d'études et universitaires. Les résultats de ces études dans les domaines aussi variés que sont la Géologie et la Géomorphologie, la végétation et les sols ont pour une bonne part, contribué a une meilleure connaissance de cette région a haute vocation agricole.

Avec des sols riches sur un relief a faible pente, de l'eau disponible en surface et en profondeur (nappe phréatique), le bassin de Goudomp offre toutes les opportunités pour un développement agricole.

I- Un relief monotone simple à mettre en valeur

Le relief du bassin de Goudomp a l'instar du reste de la Casamance se caractérise par sa monotonie. Il est formé par des bas plateaux, des interfluves séparés par des plaines alluviales. Il s'agit de terrains intermédiaires entre les plaines et les zones a ondulation de terrain, assez imperméables avec des zones perméables d'étendues notoires. Les pentes longitudinales et transversales sont faibles dans l'ensemble du bassin, conséquence de la monotonie du relief. Les pentes les plus fortes sont inférieures a 5%. Les valeurs de la pente s'estompent au fur et a mesure que l'on va vers l'aval. Cette faiblesse de la pente entraîne d'une part, un ralentissement de la dynamique fluviale avec comme conséquence un alluvionnement au sein du lit du marigot ; d'autre part, elle facilite la remontée des biseaux

salés a l'intérieur des terres rizicultivées.

Cette monotonie du relief facilite sa mise en culture qui se fait avec un outillage rudimentaire. La faiblesse des pentes amoindrit l'érosion par ruissellement et la perméabilité des sols favorise l'infiltration qui alimente l'écoulement souterrain.

II- De l'eau disponible mais sous- exploitée

Notre analyse sera orientée essentiellement sur les bas-fonds (zones d'écoulement des eaux de surface) et sur les ressources d'eau souterraine; les précipitations étant étudiées dans le chapitre suivant.

II-1 Les bas- fonds : un espace humide

Les bas-fonds sont, selon RAUNET2, des fonds plats ou concaves des vallons et axes déprimés ne possédant pas de cours d'eau importants bien marqués, submergés pendant une période de l'année par une nappe d'eau qui s'écoule. Les sols sont d'origine colluviale.

Le bassin- versant a une surface variant entre 1 et 200 km2. Un bas-fond peut se découper

en trois parties : l'extrême amont ou tête de bas-fond, le tronçon amont et le tronçon aval.

II- 1-1 Un écoulement de surface maîtrisable

Le réseau hydrographique du bassin de Goudomp est lâche et se réduit aux deux drains principaux (le marigot de Goudomp et le marigot de Birkama) avec respectivement deux et

un affluents sans chevelu hydrographique. Mais il est nettement enfoncé avec lits majeurs importants, découpé par une multitude de diguettes de rizières et lits mineurs relativement petits a peines creusés dans le lit majeur. C'est un réseau radial formé d'un thalweg principal issu de la convergence dans son bief aval de formateurs d'importance similaire, les points de confluence étant reparties sur les deux rives. Avec la faiblesse de la pente, la vitesse de l'eau dans le réseau et particulièrement dans les cours principaux n'est pas suffisante pour entretenir un tracé net du lit dont la forme se dégrade d'amont en aval pour aboutir a un cheminement parfois difficile a identifier.

Le marigot de Goudomp reçoit sur sa gauche deux affluents, celui de Birkama en reçoit un sur sa rive gauche qui collectent les eaux de ruissellement de la partie haute du bassin. A quelques mètres de l'exutoire, les deux marigots se joignent et forment un bras unique qui se jette dans le fleuve Casamance.

Le régime des rivières suit celui des précipitations. Elle correspond a une seule saison des pluies qui survient durant l'été boréal.

L'écoulement, temporaire en amont et pérenne en aval, se fait du sud vers le nord.

En effet, en amont de la vallée, au début de la saison des pluies jusqu'en février, les réserves fournissent encore un peu d'eau, mais ensuite elles sont taries avec néanmoins des sous- écoulements dans les alluvions ; en aval par contre la présence du barrage maintient les eaux durant toute l'année. L'aménagement de la digue freine (dans une

2 RAUNET, 1992 cité par BADJI, 1998

moindre mesure) la remontée de la langue salée a l'intérieur des rizières et permet le maintient de l'eau durant la saison sèche. Cette eau peut constituer un atout potentiel pour une agriculture irriguée.

II-1-2 Les sols des bas- fonds : entre salinité et aptitude à la riziculture

Les bas-fonds de Goudomp et de Birkama recèlent une diversité de types de sol. D'après une étude de Sénagrosol-consult réalisée dans le cadre du PROGES, les bas- fonds de Goudomp et Birkama renferment neuf types de sols répartis sur cinq unités paysagiques a savoir : le lit mineur inondé, le lit majeur inondable, les terrasses inférieures a tanne nu et tanne herbacé et le bas-fonds inondable (terrasse inférieure)

II-1-2-1. Typologie, caractéristiques et répartition

Les sols de tanne (sols peu évolués d'apport alluvial organique potentiellement sulfatés acides, sols hydro morphes minéraux argilo limoneux a gley salé, sols sulfatés acides a horizon de jarosite peu profond, sols sulfatés acides argileux a horizon de jarosite moyennement profond) couvrent une superficie de 160 ha et se caractérisent par une forte acidité et une salinité en aval suite a l'effet de digue créé par la piste latéritique qui traverse

les deux bas-fonds et joint Goudomp a Birkama. Leur texture argileuse favorise un drainage pauvre a imparfait. Les sols de tannes sont identifiés principalement en amont de cette piste latéritique.

Les sols potentiellement sulfatés acides ou acidifiés, identifiables dans le thalweg, représentent les terres inondables situées en dessous du point altimétrique 1,2

IGN. Il est noté par ailleurs une très faible profondeur de sol au fur et a mesure qu'on descend vers l'embouchure.

Quant aux sols sulfatés acides matures situés dans les positions les plus élevées du

lit majeur ou en bordure de bas- fonds, ils constituent 126 ha des terres ; ils ont une texture argileuse.

Dans les zones médiane et amont du lit majeur non atteintes par la marée, il existe

les sols hydromorphes à pseudo- gley d'une superficie de 28 ha. Ils sont de couleur sombre avec des nuances de gris en profondeur, leur texture argileuse en surface repose sur un horizon poreux a peu poreux favorisant une remontée de nappe et une saturation quasi permanente des unités a gley. Cette situation reste propice pour la double culture dans certains endroits tels qu'en haute vallée. Ces sols sont néanmoins pauvres en azote et matières organiques. L'acidité mesurée varie entre 4 et 4,8.

Sur les terrasses moyennes a haute savane, peuvent être identifiés les sols profonds sur matériaux d'ensemble sableux à sablo-argileux (sols hydromorphes

minéraux a pseudo-gley argileux-sableux alluvio-colluvionnaire) avec un bon drainage

interne par endroit excessif a cause de la pente moyenne jugée élevée (supérieure a 5%) Ce sont des sols acides avec des teneurs en matières organiques et azotées médiocres.

II-1-2-2 Des sols aptes à la riziculture malgré les contraintes de salinisation

A l'issue de cette étude menée par le Sénagrosol- Consult la conclusion suivante fut tirée :

-76 ha soit 17,4% des terres constitués de tannes nus ou engorgées ne sont pas cultivées. Les limitations majeures concernent la forte acidité, la faible profondeur du sol, la salinité qui n'affecte que les terres situées dans la partie septentrionale du bassin en aval de

la piste latéritique Goudomp- Birkama. Après la construction de la digue anti-sel en 1996, la récupération des terres (encore timide) a permis une mise en valeur de quelques parcelles

a aptitude potentielle marginale.

-265 ha soit 60,6% des terres sont constituées de tannes herbeuses et de sols a texture légère. Les productions permises sont marginales. Les facteurs limitant sont entre autres, la difficulté de drainage, la salinité et acidité a faible profondeur, les risques d'érosion,

la pauvreté en matière organique. Ces terres présentent une aptitude a la riziculture marginale a moyenne.

-96ha soit 23% des terres seulement sont constituées de sols cultivables et a productivité moyenne a bonne. Ces unités se rencontrent en amont des deux bras (Goudomp et Birkama) Les principales contraintes sont les risques d'inondation et la déficience en matière organique.

Il ressort en analysant de prés cette conclusion que dans l'ensemble, la vallée de Goudomp présente des sols aptes a la riziculture malgré les contraintes liées a la salinité. Ces contraintes ont été en partie circonscrites par l'aménagement de la digue. Par ailleurs

un apport en matières organiques et un drainage régulier augmenteraient le potentiel agricole de cette zone.

II-2 Un sous-sol riche en ressources hydriques

Les potentialités hydriques du sous-sol ont été mis en évidence par quelques sondages pétroliers et de nombreux forages et piézomètres réalisés dans le bassin casamançais (dont ceux de Goudomp et Birkama) lors des grandes campagnes d'étude des différents projets initiés dans la région.

Les ressources en eau souterraine intéressent trois systèmes aquifères correspondant aux principales formations géologiques de la région: le Continental Terminal, l'Oligo-Miocène

et le Maastrichtien.

a) L'aquifère superficiel du Continental Terminal

Il est mis en évidence a travers les multiples puits réalisés a Goudomp, Birkama et

Bacoundi. En effet, la nappe phréatique se trouve a quelques décimètres du sol aux abords

des marigots et a une vingtaine de mètres de profondeur sous les plateaux. Elle est captée dans toutes les localités par des puits traditionnels et joue un rôle très important dans l'hydraulique villageoise.

L'aquifère du Continental Terminal (C.T) est constitué de sables fins jaunes a gris beige uniformes ou argilo-sableux avec de fréquentes variations latérales et verticales de faciès. Le caractère hétérogène de ces formations détritiques du Continental Terminal a été mis en exergue par des études basées essentiellement sur l'observation des puits. A cause

de sa faible transmissivité et du rabattement possible très limité du niveau de l'eau, la nappe contenue dans les formations du «C.T » ne permet qu'une exploitation par puits et non par forages a grand débit (KRUGER, 1980)

L'épaisseur de la nappe du « C.T », fonction de son mode de dépôt est très variable dans le bassin de Goudomp. Le niveau statique se trouvant vers plus de 10m sous les plateaux et vers 0m au niveau des bas- fonds.

L'étude des variations piézométriques a montré que la nappe d'eau superficielle suit

un cycle d'évolution saisonnière qui se traduit par une remontée pendant la saison des pluies

et une baisse au cours de la saison sèche. La hausse du niveau piézométrique est significative d'une recharge pluviale : elle est rapide et substantielle sous les terrasses mais devient différée et peu marquée sous les plateaux (MALOU, 1992)

b) La nappe de l'Oligo- Miocène

Les études réalisées a travers le forage de Birkama ont montré l'importance de cet aquifère dans le bassin de Goudomp.

Les formations de cette nappe sont essentiellement sableuses et sablo-argileuses. La géométrie de l'aquifère, liée au mode de dépôt des sables et aux accidents tectoniques, est irrégulière. La limite inférieure des formations Oligo-Miocènes est déterminée par le toit de l'Eocène. Cet aquifère se présente sous la forme d'un ou de plusieurs niveaux superposés

de sables.

c) La nappe profonde du Maastrichtien

Les formations du Maastrichtien sont constituées de faciès détritique littoral. Il s'agit de sables de granulométrie variable alternant avec des passages argileux. La formation générale du toit de l'aquifère est très simple (LEPRIOL, 1984) Sa limite supérieure est déterminée par le mur des formations marneuses et calcaires du Paléocène- Eocène moyen. Sous le niveau de la mer, le toit descend par gradins successifs d'est en ouest. Son épaisseur est variable.

Conclusion

L'environnement physique du bassin de Goudomp malgré de lourdes contraintes naturelles, regorge d'énormes potentialités agropédologiques. Les sols offrent un cadre adéquat pour une mise en valeur. Les différents aquifères mis en place par la géologie sont richement

dotés en ressources hydriques. Le potentiel en eau douce, très important, se concentre pour l'essentiel dans le bas-fond où le réseau hydrographique est relativement dense et creusé. Les rivières sont sémi-pérennes car suffisamment profondes pour drainer la nappe phréatique. L'aménagement du barrage anti-sel qui a permis d'abroger plusieurs contraintes physiques, laisse entrevoir une lueur d'espoir quant a une mise en valeur moderne des terres pour les années a venir.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault