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Crise Agricole dans une vallée de Casamance: Le bassin de Goudomp (Senegal)

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par Insa MANGA
Université de Rouen - Maitrise Géographie 2003
  

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CHAPITRE III : LES FACTEURS EXPLICATIFS DES CONTRE-PERFORMANCES POST- OPÉRATIONS DE DÉVELOPPEMENT

Introduction

En examinant les différents projets de développement agricole dans le bassin de Goudomp,

on constate la récurrence de deux thèmes techniques : la lutte contre la remontée des biseaux salés et l'intensification de la production par le biais de l'irrigation. Ces deux thèmes centraux ont occulté un autre non moins important qui est la création des organisations paysannes et le renforcement de leurs capacités pour une auto- prise en charge. Cette négligence coupable (omission de promouvoir des structures paysannes autonomes et efficaces) conjuguée a d'autres facteurs sociologiques sont pour une large part a l'origine des insuffisances dans le suivi des opérations de développement.

I- Une politique de développement agricole marquée par l'omniprésence du riz

Toutes les interventions des projets intégrés de développement dans le bassin avaient comme priorité l'augmentation de la production en riz. Ce choix est aisément concevable quand on sait les opportunités offertes par les bas- fonds pour une riziculture intensive, mais aussi la place du riz dans les habitudes alimentaires des populations. En effet, le riz constitue la première denrée consommée par les populations et occupe la première place dans les importations en céréales du Sénégal. Et dans le contexte de la crise, l'objectif de l'autosuffisance alimentaire passe nécessairement par l'accroissement ou le doublement de

la production locale.

La lutte contre la salinisation et pour la récupération des terres trouve la toute son importance. Initié par la MAC, ce thème fut relayé a tour de rôle par le PRS et plus tard, le PROGES. Des résultats parfois flatteurs furent acquis. Toutefois, ces progrès obtenus, citons notamment en exemple les résultats remarquables de la MAC qui a su développé avec succès la double culture par irrigation et initié la culture attelée et la motoculture, n'ont

pu être maintenus du fait des contraintes d'ordre technique: le transfert de technologie et de connaissances souvent sans rapport avec les niveaux de ressources tirées de l'exploitation agricole.

Par ailleurs, on peut regretter l'action trop centrée des différents projets de développement qui ont tous pour cible la riziculture. Les deux autres mamelles de l'économie locale en l'occurrence la pêche et les ressources naturelles ont été souvent oubliées. L'opération devrait tendre aussi vers l'autosuffisance alimentaire par l'intensification des cultures du mil et du maïs ; par l'accroissement de la production des cultures dites de diversification (niébé, légumes) tout comme elle devrait viser la sécurisation des revenus du

producteur rural par la valorisation des produits a travers l'établissement d'un système de

prix rémunérateur et l'organisation des marchés. A noter aussi la promotion de la participation du monde rural a la gestion de ses affaires.

II- Mise en place des organisations paysannes : une négligence coupable

La priorité absolue donnée a la lutte contre la salinisation des terres et au développement de

la riziculture a conduit les techniciens en charge du développement du bassin, a négliger la mise en place de structures paysannes autonomes capables d'assurer la relève. Certes, ils savaient que la préservation des rizières contre toute intrusion des biseaux salés était une action globale dans le cadre d'une intensification de la production et que sans un suivi judicieux des aménagements de la part des principaux acteurs (les producteurs), l'effort consenti était vain ; il n'empêche que tous les projets jusque- la, ont priorisé la réalisation d'une digue anti-sel et ne se sont intéressés que subsidiairement aux organisations paysannes. Or les producteurs, acteurs- clés du développement de leur terroir, doivent constituer le ciment de toute action intégrée qui vise a moyen ou long terme l'amélioration de leurs conditions de vie.

Le défi de la pérennité des acquis passe nécessairement par la formation des paysans, leur encadrement et le renforcement de leurs capacités d'auto- prise en charge. L'exemple du PROGES, qui a mis en place dans sa phase de réalisation, des structures paysannes (CVGE, CIVGE) chargées du pilotage des aménagements, mérite d'être soulignée. Cependant, la pertinence de ces structures au vue de leur impact réel dans la gestion de l'eau, leur crédibilité aux yeux des masses paysannes suscitent des interrogations. Mais a y voir de prés, les CVGE et CIVGE font face a la difficulté la plus courante dans le monde de la formation continue non publique: le financement du fonctionnement dans un environnement économique précaire au sein duquel la prise en charge des coUts de formation n'est pas encore établie. Dans ce contexte, la prise en main

et la solution des contraintes de financement de la formation par les pouvoirs publics et leurs partenaires au développement seraient d'un apport considérable a la réalisation des ambitions affichées.

III- Facteurs sociologiques : le poids de l'histoire

Le fait social qui handicape le plus le développement agricole du bassin de Goudomp est, sans nul doute, l'absentéisme total des hommes dans les travaux des rizières. Ce trait fondamental de la société traditionnelle mandingue est aujourd'hui adopté par l'ensemble des ethnies en présence. L'entretien du domaine rizicole incombe de manière absolument exclusive aux femmes. La MAC a réussi a convaincre certains hommes a descendre dans

les rizières en instaurant notamment la culture attelée, la motoculture et la récolte du riz a la fourche ; des travaux qui somme toute se font par des hommes. Mais, quelques années après le départ «brutal'' des techniciens chinois, l'exploitation du sol est conduite selon le

système traditionnel, fort simple comportant partout le même diptyque : les rizières domaine

des femmes, et les cultures sèches, domaine des hommes. Les femmes ont ainsi conservé

la charge du secteur essentiel de la production vivrière, la culture des rizières. Ce mode de

vie a largement contribué a fragiliser et a paupériser les ménages. En effet, la baisse des productions des cultures sèches pour cause de pauvreté des sols, amène la femme a assurer seule les besoins alimentaires du ménage.

Cette attitude des hommes a l'égard des tâches productives et l'utilisation qu'ils font

de la main d'oeuvre féminine ne sont pas des phénomènes récents. En effet, de leur passé

de commerçant et leur vocation militaire ancienne, la société mandingue a conservée une structure très différenciée et une répartition très précise des tâches entre les catégories sociales et surtout entre les sexes, mais aussi un héritage lourd : une allergie tenace a l'égard du travail manuel, en particulier du travail de la terre. Ce comportement des hommes mandingues, aujourd'hui largement adopté par toutes les autres ethnies, constitue un véritable frein au développement de la riziculture dans le bassin.

Conclusion

Cette analyse rétrospective de principaux projets de développement local permet de dégager

un certain nombre d'observation de valeur générale.

La première remarque concerne le danger d'un développement agricole réduit a une collection de projets sectoriels conçus et réalisés par des bailleurs de fonds en l'absence d'un programme de développement a long terme, sans que les populations concernées soient consultées et associées aux choix des décisions, a la réalisation des projets et a leur prise en charge. Le cas du PROGES a révélé un certain gaspillage dans la mesure où l'essentiel des moyens financiers est mobilisé pour la rémunération des cadres ou consacrés aux moyens de fonctionnement.

La deuxième, c'est que l'aménagement hydroagricole d'un bas-fond reste une aventure humaine dont le succès dépend certes du soin accordé a sa préparation et a sa réalisation, mais aussi des efforts quotidiens des paysans qui doivent pouvoir tirer profit de leur travail.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway