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L'implication dans les travaux d'un groupe projet assure-t-elle un engagement individuel dans la diffusion du projet au sein de l'organisation ?

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par Christophe Fié
Université d'Evry Val d'Essonne - D.E.S.S. - Dynamique humaine et développement de l'organisation 1994
  

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B - Attractions interpersonnelles et affinites

Par attractions interpersonnelles et affinités on s'attache à l'attraction mutuelle entre les membres d'un groupe. L'affinité désignait initialement des relations de voisinage ou de parenté par alliance. Par la suite ce terme a pris le sens de "convenance", d'attrait privilégié entre certaines personnes. Jean Maisonneuve48(*) définit une affinité comme :

"Toute relation dilective, c'est-à-dire impliquant un choix réciproque lié à une satisfaction affective des partenaires."

Cette définition donne un caractère psychologique à la notion d'affinité. Celle-ci repose sur des motivations individuelles (besoins de communication, d'affection, désirs, etc.) et conduit à un sentiment de satisfaction quand elles existent.

Jean Maisonneuve indique au sujet des groupes :

"Si homogènes et solidaires que puissent être les membres d'un groupe, il existe entre eux des liens électifs contrastant avec d'autres rapports de tolérance, d'indifférence ou même d'hostilité. En outre, les choix individuels ne sont pas réciproques ni d'égale intensité, mais souvent unilatéraux ou instables."

Les affinités s'inscrivent dans le cadre d'un rapport interindividuel. Si l'on s'attache à l'interprétation de ce processus deux thèses s'opposent :

le rôle des similitudes, qui favorisent le "rapprochement. Ces similitudes au niveau des attitudes et des valeurs exercent un effet de sécurisation sur les 2 partenaires en facilitant leur communication et une certaine identification (voir par exemple Scott et Mitchell49(*) ).

le rôle des complémentarités. Cette thèse est d'inspiration freudienne et s'articule surtout autour de la dimension domination/dépendance entre 2 personnes.

Dans les groupes restreints, l'apparition d'attractions interpersonnelles et d'affinités est rapide. Plusieurs facteurs influencent leur développement.

Proximité. Des enquêtes ont montré que plus les personnes étaient proches physiquement les unes des autres, plus elles ont la possibilité de développer et de nouer des rapports amicaux. Des individus qui vivent et travaillent côte-à-côte sont plus à même de communiquer les uns avec les autres et sont plus susceptibles de nouer des liens d'amitié et des affinités que si cette proximité n'existait pas.

Succès . Les groupes qui ont exécuté une tâche avec succès dans le passé ont un plus haut degré d'attirance interpersonnelle que ceux qui ont subi des échecs.

Leur stabilité dans le temps est plus importante d'après Blake et Mouton50(*) lorsque les membres se connaissent depuis longtemps. Pour Thibaut J. W. et Strickland L. H.51(*) les relations d'amitié entre les membres du groupe ont tendance à orienter le groupe sur une disposition centré sur le groupe plutôt que sur la tâche.

Importance du groupe et interaction : Une étude réalisée par Bales et Borgotta52(*) examine les interactions dans des groupes allant de 2 à 10 membres. Ils font travailler en laboratoire des sujets sur un problème et observent "qui dit quoi à qui". Ils observent que de très petits groupes (2 à 5 personnes) produisent une tension plus élevée, un accord plus grand et un échange d'opinions plus important. Les groupes de plus grande taille produisent une détente plus prononcée, des suggestions plus nombreuses et d'avantage d'apports en information. Ils en concluent que dans les petits groupes il est plus important pour les membres de s'accorder, et que les gens disposant de plus de temps individuellement pour le faire, s'attachent à élaborer leurs idées et leurs positions en commun. Dans les groupes plus importants, l'individu doit être plus direct à cause du nombre plus important de participants et la réduction du temps de parole de chacun.

L'étude de M. Sherif53(*) sur l'évolution des affinités et les changements de situation met en évidence l'influence de facteurs extérieurs sur la structuration des groupes. Un groupe de garçon de 11 à 12 ans est observé pendant un séjour en colonie de vacances. Durant la première partie du séjour les enfants ont été hébergés et occupés tous ensemble de manière à pouvoir constituer un groupe cohérent. A la fin de cette première partie, on administre un test sociométrique pour déterminer la nature des relations qu'ils entretiennent les uns envers les autres.

La seconde partie de l'expérience est fondée sur la rupture de ces relations. La colonie est divisée en 2 camps où l'on séparait systématiquement ceux qui entretenaient de bonnes relations. Chacun des sous-groupes se structura alors en fonction des ressources de chacun des participants et des situations auxquelles les sous-groupes se trouvèrent confrontés. On réalisa un nouveau test qui fit apparaître un renversement presque total des choix initiaux, les préférences étant presque toutes orientés vers l'intérieur du sous-groupe, et pratiquement plus en fonction du groupe initiale.

Plus tard, les 2 sous-groupes étant placés en situation de compétition et de rivalité, on vit se manifester des sentiments hostiles dirigés de l'intérieur d'un sous-groupe vers tout ou partie des membres de l'autre.

Dans cette expérience, le changement de situation de proximité, puis l'institution d'un climat de compétition et de conflit, ont entraîné une modification radicale des affinités.

Quels sont les effets de l'attirance et des affinités qui se nouent au sein du groupe sur son fonctionnement ?

Les groupes restreints favorisent le développement des affinités. Elles sont renforcées par la proximité, le succès du groupe, le temps, la taille du groupe. Le changement de situation (contexte) les modifie. Elles ont pour effets de renforcer les communications et interactions entre les membres du groupe et la cohésion.

Quels sont les effets de ces phénomènes sur le conformisme et la normalisation des comportements?

La tendance au conformisme de l'individu au sein d'un groupe à été précisée par les travaux de Thibaut J. W. et Strickland L. H.54(*). Ils établissent que c'est le degré d'attraction vers un groupe qui détermine le degré de conformisme aux normes du groupe. La soumission ou la non-soumission à la pression du groupe sont fonction de 2 dispositions psychologiques qui vont influencer l'évaluation des jugements, perceptions ou attitudes qui lui sont communiquées par le groupe.

une disposition centrée sur le groupe. La personne s'attache à établir ou maintenir son appartenance au groupe.

une disposition centrée sur la tâche. Les autres membres sont des médiateurs de fait, le rapport au groupe a pour but de maintenir ou établir la connaissance de son environnement au sein duquel son action s'inscrit.

Ils arrivent aux conclusions suivantes :

la disposition ou l'orientation d'un membre du groupe est cruciale dans la détermination de son degré de soumission,

lorsque la quantité de pression à la conformité augmente, le nombre des membres du groupe qui changeront leur jugement et se conformeront est plus important chez les membres orientés sur le groupe. A l'inverse plus la pression à la conformité est forte moins les membres à orientation tâche se conformeront et changeront leur jugement,

lorsque les membres d'un groupe ont la même orientation (tâche ou groupe) l'augmentation de la pression à la conformité les phénomènes précédents sont encore plus marqués. La similitude des orientations au sein du groupe renforce les attitudes des membres en ce qui concerne leur degré de conformisme et le changement de jugement initial,

lorsque la pression à la conformité augmente, les membres orientés sur la tâche ont tendance à manifester une plus grande confiance publique (par des gestes, mimiques, déclarations, etc.) en leur jugement. Cette expression publique renforce la résistance à la pression du groupe en réduisant la convergence possible entre ses opinions et ceux du groupe. Ce phénomène n'est pas constaté chez les membres orientés sur le groupe,

dans les groupes orientés sur la tâche, si la confiance publique d'un membre tombe, il aura tendance à se conformer à l'opinion de la majorité. Dans les groupes orientés sur le groupe, les comportements de conformité sont indépendants des changements de confiance publique.

Des travaux sur le conformisme et la pression des groupes confirment les résultats de Thibaut et Strickland. Ainsi pour S. Milgram55(*), dans le cas où le sujet doit exprimer publiquement son opinion le degré de conformisme est plus grand. Il remarque que ce conformisme se manifeste par le comportement, ce qui ne signifie pas un changement d'attitude. Dans beaucoup de cas l'individu peut faire ce qui est exigé de lui sans y croire réellement.

* 48 Maisonneuve J. "Introduction à la psychosociologie", PUF, 1989, P-152.

* 49 Scott W. G. & Mitchell T. R. "Organisation et structure d'entreprise : Analyse des comportements" publi-Union, 1972.

* 50 Black R. & Mouton J. "Les 2 dimensions du management" ed d'Organisation, 1969.

* 51 Thibaut J. W. & Strickland L. H. "Disposition psychologique et conformité sociale" in André Lévy "Psychologie sociale - textes fondamentaux"Tome 1 - Dunod - 1974.

* 52 Bales R. F. & Borgotta E. F. "Size of group as a factor in the interaction profile" in Harre & Bales & Bogotta "Handbook of small group research", Free Press, 1962.

* 53 Sherif M. cité par Anzieu D. & Martin J. Y. "La dynamique des groupes restreints", Puf, 1994.

* 54 Thibaut J. W. & Strickland L. H. "Disposition psychologique et conformité sociale" in André Lévy "Psychologie sociale - textes fondamentaux"Tome 1 - Dunod - 1974.

* 55 Milgram S. "Some conditions of obedience and disobedience to authority" Human Relations, vol 18, 1965, p-57-76.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld