WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le défi du désendettement soutenable en Afrique Subsaharienne: Au-delà de l'Initiative PPTE.

( Télécharger le fichier original )
par Claire Barraud
Université Pierre Mendès France, Grenoble II - M2 recherche Politiques économiques et sociales 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2. Les causes exogènes, une histoire de mauvaise ingérence.

Les causes exogènesreprésententtous les facteurs d'accumulation de la dette ne résultant pas de la volonté des débiteurs. Il faut souligner que le rapport du FMI, déjà cité, les aborde, certes, mais ne les cite que comme des accidents auxquels les pays d'Afrique n'ont pas su (et non «pu ») s'adapter. Pour D. Millet et E. Toussaint15, quatre acteurs se partagent pourtant la responsabilité de l'endettement excessif. Il s'agit des banques privées, des Etats du Nord, de la Banque mondiale et des gouvernements du Sud. La responsabilité au Sud a déjà été démontrée. Il convient de raj outer clairement à ces quatre intervenants deux autres éléments: le contexte géopolitique et les instabilités internationales, également identifiés par les auteurs.

14 Le Zaïre est aujourd'hui connu sous le nom de République démocratique du Congo.

15 Millet D, et Toussaint E., 2002, op cit, p.47 à 62.

Le contexte géopolitique à partir de 1945 est à la Guerre froide entre les Etats-Unis et l'URSS, qui tentent tous deux d'élargir leur zone d'influence. Le mouvement des indépendances en Afrique débute dès 1950. Certains pays commencent alors à affirmer leur volonté de mettre en oeuvre un développement propre (comme l'Egypte ou le Ghana).

C'est dans ce contexte que la Banque mondiale intervient pour d'un côté contrecarrer l'influence soviétique et de l'autre, ramener les nouveaux indépendants sur le chemin de la raison dominante. La Banque mène, de fait, une double stratégie dans la mesure où les prêts seront utilisés aussi bien pour soutenir les alliés que pour soumettre les récalcitrants. Pour renforcer la zone d'influence américaine, la Banque soutient les alliés stratégiques des Etats-Unis (dont Mobutu Sese Seko au Zaïre). Pour ramener de son côté les hétérodoxes, elle accorde des prêts soumis à conditions, leur affirmant que la meilleure stratégie pour rembourser leur dette reste le développement des exportations de matières premières, s'immisçant par là même dans la définition des politiques économiques. «Dans de nombreux cas, les prêts étaient destinés à corrompre des gouvernements pendant la guerre froide »16. La Banque mondiale a accordé davantage de prêts en six ans (1968-1973) qu'en vingt-quatre ans (1945-1968). Elle a incité les pays pauvres à emprunter massivement pour financer la promotion de leurs exportations et les connecter plus étroitement au marché mondial. Ces prêts ont alors constitué le berceau de la partie multilatérale de la dett e extérieure publique, devenue majoritaire avec les plans d'ajustement structurels (voir graphique 4 en annexe p.1 68).

En parallèle, après la Seconde Guerre mondiale, le plan Marshall a fait des pays européens des partenaires privilégiés pour les EtatsUnis. Constatant que la circulation de dollars sur la scène mondiale devenait dangereuse, les autorités américaines ont favorisé l'installation des entreprises à l'étranger pour éviter le retour de dollar en excès, synonyme de forte inflation. De fait, dès 1960, les banques commerciales étrangères regorgent d'« eurodollars »17 et vont les prêter à des conditions avantageuses, notamment aux pays africains nouvellement indépendants qui souhaitent se développer. Ces banques regarderont très peu la destination de ces fonds, la rentabilité des projets et les risques pris par les débiteurs. En outre, les emprunteurs ont souvent d'autres motivations que le développement de leur économie ou le bien-être de

16 Stiglitz J. E., 7 mars 2000, in L'Autre mondialisation, Arte. Extrait tiré de Millet D. et Toussaint E., 2002, id., p51.

17Avoirs en dollars déposés dans des banques extérieures aux Etats-Unis, mais dans la mesure où il ne s'agit pas seulement de banques européenne, certains préconisent de parler de «xénodollars ».

leur population (cf. supra). Par la suite, avec la flambée du prix du pétrole en 1973, dénommé premier choc pétrolier, les pays producteurs de pétrole vont à leur tour placer ces pétrodollars dans les banques occidentales. De nouveaux prêts à bas taux (également favorisés par une forte inflation) sont alors accordés. Ces prêts accordés par des institutions privées mais également par les institutions multilatérales, évoluant dans un environnement concurrentiel, sans regard sur la destination des fonds et sans estimation de la solvabilité des emprunteurs, ont constitué la partie privée de la dette extérieure publique. Néanmoins, la part privée n'est pas la plus importante, mais bien qu'elle ait diminué depuis (voir graphique 3 en annexe p.1 67), son origine soit douteuse.

La partie bilatérale est constituée, à cette époque, des prêts des Etats du Nord. Il s'agit de prêts d'Etat à Etat et, dans la présente analyse, d'Etat du Nord à Etat du Sud. Touchés par la récession mondiale aux lendemains du premier choc pétrolier, les Etats occidentaux ont manqué de débouchés pour leurs exportations. Ils ont alors pratiqué l'aide liée, consistant à prêter une somme à un pays, pauvre de surcroît, afin qu'il achète les marchandises de son créancier. Cette aide a souvent pris la forme de crédits d'exportation. (pour le total des différentes part, voir graphique 3 en annexe p.1 67)

L'explosion de la dette sera institutionnalisée peu de temps après sous la conjonction de deux facteurs. D'une part, la sévère hausse des taux d'intérêt décidée unilatéralement par les Etats-Unis en 1979 s'explique par les très mauvaises performances à la fin des années 1970 (forte inflation etvariation du cours du dollar) et les échecs diplomatiques (Vietnam, Iran...). Un tournant ultralibéral s'opère pour éradiquer la forte inflation, l'augmentation des taux devant attirer l'épargne, interne aussi bien qu'internationale. Les sommes exorbitantes bloquées sur les comptes calmeraient ainsi la flambée des prix. Or, les taux pour les PED sont certes faibles mais à taux variables et liés aux taux nord-américains et anglais (menant également une politique monétaire austère). De 4% en 1970, ils passent à 18% dans les périodes fortes de la crise.

Et la dette triple dujour au lendemain. (voir tableau 1 en annexe p.139).

D'autre part, pour rembourser leur dette, souvent contractée en devises (autres monnaies que la monnaie locale), les pays doivent produire encore davantage et encore exporter pour remplir leurs coffres des réserves de devises nécessaires. Le fait qu'ils mettent tous et en même temps de plus en plus de matières premières sur le marché, alors même que la demande mondiale stagne, leur sera fatal. Fatal parce qu'il s'agit

du domaine de spécialisation de ces pays. Or, le cours des matières premières chute et les termes de l'échange18 vont se dégrader durablement (voir tableaux 5 et 6 en annexe p.143).

Et la dette devint insoutenable.

Les institutions financières internationales (IFI), comme le montre le document de travail du FMI, n'ont voulu voir que la mauvaise gestion faite par les débiteurs. Or, elles représentaient à ce moment là des voies incontournables pour quiconque demandant de l'aide. S'appuyant sur le consensus de Washington, elle accordait volontiers cette aide, certes, mais à des conditions exhaustives et onéreuses pour les peuples « ajustés ».

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand