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La liberté du sujet éthique chez Kant et Fichte

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par Christophe Premat
Université Paris I - DEA d'Histoire de la Philosophie 2000
  

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2) Nécessité d'une nouvelle éducation qui forme la volonté morale chez Fichte.

L'éducation chez Fichte a exclusivement pour finalité l'épanouissement moral de l'individu, elle possède un sens spirituel. Dans le troisième discours des Discours à la Nation allemande, texte de 1808, il écrit à propos de l'éducation : « elle est l'art de former l'élève à la pureté morale. »24(*) Le terme « pureté » indique qu'elle ne peut souffrir aucun mobile extérieur, aucun élément étranger qui viendrait corrompre l'enfant puisque si la pureté n'est pas à la base de l'homme, elle ne pourra jamais être atteinte. Il faut une éducation nouvelle qui prenne en considération cette pureté dès le départ et non pas une éducation grossière, faite d'artifices pédagogiques qui en fin de compte font de l'élève une chose naturelle plutôt qu'un être qui s'éveille. Pour Fichte, l'ancienne éducation était « impuissante à développer chez les élèves le sens moral »25(*), elle niait donc la spécificité de l'être humain en tant qu'il est appelé à se dépasser dans une vie éthique. Il est impossible de dissocier l'éducation de l'éducation morale car l'éducation est fondamentalement la formation de la volonté morale de l'élève.

a) Contradiction de cette volonté morale avec la libre volonté : l'éducation n'est pas la culture du libre-arbitre.

L'ancienne éducation a le mérite d'être un exemple parfait de ce qu'il ne faut pas faire puisqu'elle n'a fait qu' « enraciner et [...] développer en [l'élève] tout le contraire du sens moral et [...] mettre tous ses intérêts sous la dépendance de mobiles et de stimulants essentiellement amoraux. »26(*) L'élève a été vidé de toute humanité et son être a été corrompu radicalement, le rendant à jamais inapte à la communauté, c'est-à-dire incapable de s'inscrire dans une collectivité qui n'assure pas ses intérêts. Fichte est contre une forme de ruse de l'éducation qui viserait à montrer à l'élève l'intérêt qu'il a à privilégier la collectivité pour exprimer son individualité parce que cette démarche est contraire au sens moral. L'amour-propre corrompt tout véritable amour, Fichte amplifiant certaines analyses de la Critique de la raison pratique de Kant. L'éducation doit être la formation d'une nécessité proprement morale et doit susciter un amour de la loi morale. En ce sens, elle a pour objet la liberté éthique et surtout pas le libre-arbitre. « Or, l'éducation nouvelle devra, au contraire, s'appliquer, sur le terrain qu'elle aura à labourer, à détruire totalement la libre volonté et à éduquer la volonté dans le sens de la rigoureuse soumission à la nécessité et de l'incapacité d'accepter le contraire. »27(*) L'emploi des futurs montre la vraie tâche de cette nouvelle éducation dans l'avenir : il s'agira de « détruire » la libre volonté pour que la liberté puisse advenir, l'éducation étant alors une forme de violence originelle qui ne correspond pas à un simple dressage. La libre volonté désigne la volonté en tant qu'elle se manifeste comme spontanéité naturelle des penchants, elle n'est surtout pas une libre détermination.

L'éducation soumet à une tendance de fait et qui est première (« Notre nature »28(*)), une tendance de droit, qui est seconde mais première en vérité (« notre nature »). La nature proprement morale doit dépasser la nature immédiate, la liberté n'étant pas une seconde nature mais une nouvelle nature. Cette nouvelle nature de l'homme ne contredit pas la première, puisque nous avons un corps, mais la dirige et la maîtrise complètement. « L'autodétermination, la moralité, a pour condition la conservation et le plus grand perfectionnement possible de mon corps ; il me faut donc subordonner la première fin à la seconde, ne conserver et ne former mon corps que comme instrument de l'action morale et non pas comme s'il était par lui-même une fin. »29(*) La liberté n'est possible que si la tendance première est contrôlée par la tendance seconde, car la liberté pratique pure est une rigoureuse soumission à la nécessité et elle produit un changement de la volonté qui passera du statut de libre volonté à celui de volonté libre, l'éducation étant une libération du libre-arbitre. Cette volonté libre est ferme parce qu'elle est une autodétermination. Plus l'homme s'écarte du libre arbitre, plus sa volonté s'affermit car elle ne dépend plus alors de mobiles extérieurs.

Pour l'éducation, « faire naître une nécessité est également une nécessité. »30(*) Cette phrase est intéressante parce qu'elle indique une deuxième naissance de l'homme comme homme, elle adhère pleinement au point de vue kantien du §1 de l'Anthropologie d'un point de vue pragmatique. L'homme se recrée dans l'éducation et se montre capable de créer du fixe, du permanent parce qu'il a des valeurs, cette renaissance différant de la naturalité première qui elle, est contingente. Ces valeurs sont réunies synthétiquement dans un foyer réel que constitue l'amour du bien et cet amour doit être suscité en premier lieu parce que « cela aura pour effet nécessaire la formation chez l'élève d'une bonne volonté également invariable. »31(*) C'est la forme de sa volonté qui est fixée, quelle que soit la matière à laquelle elle s'applique. L'apprentissage est une contrainte positive, Fichte concevant l'éducation comme une relation réciproque, une coordination de plusieurs volontés. Nous avons en fait une coéducation entre plusieurs personnes et cette coéducation est ce qui fait vivre l'élément éthique présent chez l'élève et le professeur, chacun s'appropriant sa propre force spirituelle. Fichte distingue trois stades dans l'éducation, le premier étant la conscience de la possibilité de créer, le deuxième consistant dans la liberté de penser et le troisième dans la prise de conscience de la liberté éthique, car c'est en sujet éthique que le sujet s'accomplit véritablement. Il faut agir sur la forme de l'apprentissage à laquelle sera soumise la matière de l'apprentissage, l'amour de l'élève pour ce qu'il fait devant être suscité. « Et nous avons découvert que le seul moyen d'allumer cet amour consiste à stimuler, à encourager le travail personnel, l'activité libre de l'élève, à en faire la base de toute connaissance, l'apprentissage de ce qui doit être appris. »32(*) La stimulation et la motivation de l'élève, bref le goût de la culture sont essentiels et sur ce point également, Fichte rejoint Kant.

* 24 J.G. FICHTE, Discours à la Nation allemande, Trad. S. JANKÉLÉVITCH, éditions Aubier, Paris, 1981, p.93.

* 25 Ibid., p.86-87.

* 26 J.G. FICHTE, Op.cit., p.86-87.

* 27 Ibid., p.78.

* 28 J.G.FICHTE, Le Système de l'éthique d'après les principes de la doctrine de la science, Trad. Paul NAULIN, éditions PUF, Paris, 1986, p.206.

* 29 Ibid., p.206.

* 30 J.G.FICHTE, Discours à la Nation allemande, Trad. S. JANKÉLÉVITCH, éditions Aubier, Paris, 1981, p.79.

* 31 Ibid., p.81.

* 32 Ibid., p.83.

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