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Islam, démocratie et droits de l'homme

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par BOUGUERRA Faycel et BELLOUBET Nicole
Université Sciences Sociales Toulouse I - Master 2 Recherche Droit Public Comparé des Pays Francophones 2007
  

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CHAPITRE I : LES GERMES D'UNE CONTRADICTION

L'histoire de l'Islam n'a jamais été homogène. Du coup, elle portait des contradictions avec les idées nouvelles qui guident notre époque. Cela tient à ce que l'Islam a donné au monde une Communauté de foi qui nie l'existence de l'être humain en dehors de l'existence divine. Ces contradictions sont de maints ordres. Ainsi, de l'ordre historique (section I), jusqu'au politique (section II), en passant par l'ordre civilisatio-culturel et juridique, le registre théologique est omniprésent faute de tout envahir.

I SECTION I : CONTRADICTION HISTORIQUE ET CIVILISATIO - CULTURELLE

L'Islam a été, et il l'est toujours, accusé d'emporter dans son essence des contradictions avec l'idée de la modernité et du coup avec ses notions satellites. Ces contradictions sont de deux ordres : d'abord, l'on a les contradictions d'ordre historique (A), ensuite, on a les contradictions d'ordre civilisatio-culturelle (B).

A / CONTRADICTION HISTORIQUE

L'Islam est apparu dans un contexte où la question de savoir si l'enfer c'est les autres était tributaire, comme elle l'est toujours, de la situation socio-économique, des enjeux politiques, des rapports de force et des relations entre les communautés confessionnelles et au sein de chacune d'elles. À certains moments, le besoin de l'autre, la tolérance, et l'ouverture l'emportent ; à d'autres moments, c'est plutôt la peur de la différence, l'intolérance et la fermeture, le repli sur soi sont à l'origine des pires atteintes à, somme toute, la liberté de conscience qui est l'apanage voire la chasse gardée de tous les conflits qui surgissent entre le « moi » et « l'autre ».

En premier lieu, l'on a commencé par la division du monde. Ainsi, dans la théologie islamique et les interprétations légales, la finalité de l' Islam est de porter le monde entier sous la domination islamique15(*).

Il s'en suit que pour chaque partie du monde, il est donné un statut pour définir son état actuel selon les visées de l'Islam et pour définir la conduite possible des musulmans dans ces régions. Ainsi, l'on a :

Dar al-Islam (littéralement Maison de la soumission et / ou de la paix) est un terme utilisé pour désigner les terres sous gouvernement (s) musulmans. Dans la tradition musulmane, le Monde est divisé en deux parties: Dar al-Islam, (la Maison de la paix) et Dar al-`Harb (la Maison de la guerre).

Dar al-`Harb et les mots associés sont des termes purement juridiques et ne figurent explicitement ni dans le Coran ni dans les Hadiths16(*).

Il est aussi d'autres termes comme celui de Dar al-`Ahd (domaine de la trêve)17(*), Dar al- Kufr (domaine des infidèles ou domaine de l'incroyance)18(*), Dar al-Shahada (ou Dâr ash-shahâda "domaine du témoignage")19(*), et Dar al-Da'wa (domaine de l'invitation)20(*).

Enfin, Dar al-Amn (Domaine de la sûreté) qui est un terme proposé par des philosophes musulmans occidentaux pour décrire le statut des musulmans en Occident.

Ainsi, après avoir diviser le monde, faut-il prévoir les relations à entretenir avec les habitants de ces territoires. Dans l' Islam, les gens du livre ou Ahl al-kitâb21(*) sont ceux à qui, selon le Coran, les écritures divines ont été révélées22(*). Le terme "gens du livre" est également employé dans le judaïsme (Am Hasefer), où il se rapporte aux juifs.

Dans l'Islam, le concept s'applique aux religions monothéistes préislamiques qui ont reçu la révélation ou le « livre » de Dieu23(*). Pour les musulmans orthodoxes, ceci inclut au moins tous les chrétiens, juifs (rubrique sous laquelle seraient inclus les karaïtes et samaritains), et les " Sabéens" (une catégorie généralement identifiée aux mandéens).

Beaucoup de juristes des débuts de l'Islam, notamment Mâlik Ibn Anas, fondateur de l'école malékite, conviennent aussi d'y inclure le zoroastrisme (d'ailleurs reconnu comme tel dans l'Iran actuel). Plus tard, l'interprétation légale a été étendue pour adapter le concept à d'autres non-musulmans vivant dans des pays musulmans (par exemple, Hindous en Inde), où le bénéfice du statut de Dhimmi24(*) leur a été accordé, mais pas d'autres possibilités prévues pour les chrétiens, juifs et sabéens25(*).

C'est par le recours au concept d'Ahl Al-kitâb que sont en effet définis les champs d'application de la Dhimma26(*) et des taxes applicables uniquement à la population non-musulmane de l'État musulman comme l'impôt foncier (Kharâj) ou de capitation (Djiziya). Ce dernier étant par ailleurs supprimé en cas de conversion à l'Islam27(*).

 

Il y a beaucoup de passages dans le Coran qui prônent la tolérance envers les gens du livre28(*), comme il y a également beaucoup de passages qui prônent des relations conflictuelles29(*).

Dans toute l'histoire islamique, les musulmans ont employé ces Versets pour justifier des positions très diverses envers les non-musulmans. À certaines époques et en certains lieux, les musulmans ont fait preuve de beaucoup de tolérance envers les non-musulmans ; à d'autres, des non-musulmans ont été traités comme des ennemis et persécutés.

Le statut de Dhimmi est l'une des illustrations de cette diversité et des nuances à apporter quant à l'évaluation du traitement des minorités non-musulmanes dans des États musulmans.

Toutefois, il ya des similitudes dans la croyance qu'on peut ressortir et ressentir. Les diverses religions des gens du livre ont beaucoup en commun : Elles reconnaissent un Dieu unique, elles ont en commun certains textes religieux, elles ont en commun de nombreux prophètes, comme Abraham, elles croient en la vie après la mort, au jugement dernier, au paradis et à l' enfer, aux anges, elles partagent des croyance semblables concernant la Genèse, en particulier la vie d' Adam et Ève et le jardin d' Eden.

Ainsi, pour conclure, peut-on dire que quand les gens du livre vivent dans une nation islamique où est appliquée la Charia, ils ont le statut de Dhimmi. Ils sont ainsi soumis à un impôt spécifique en échange d'une protection de l'État et d'une liberté (variable) de culte, y compris dans des aspects non spécifiquement cultuels30(*).

En définitive, nonobstant le fait que cela atteste la tolérance de l'Islam envers les autres cultures, toutefois, cela ne veut point dire qu'il y ressemble.

* 15 Selon le Coran, l'Islam est la religion qui est venue pour englober celles qui l'ont devancée : « La Religion, aux yeux d'Allah, est l'Islam... », Le Coran, Sourate 3, La famille de `Imrân, Verset 17/19, Traduction Régis Blachère, Éditions Maisonneuve et Larose, Paris, 1999, p. 78 ; Il y est indiqué de même que tous les anciens prophètes sont des musulmans : « Abraham ne fut ni juif ni chrétien, mais fut hanîf et soumis (muslim) [à Allah] ; il ne fut point parmi les Associateurs », «En vérité, les plus liés des Hommes à Abraham sont certes ses adeptes, ce Prophète et ceux qui croient. Allah est le patron des Croyants » ; Le Coran, Sourate 3, La famille de `Imrân, Versets 60/67 et 61/68, op. cit., p. 84.

* 16 Dar al-Islam et ses termes associés ne figurent pas dans les textes fondamentaux de l'Islam qui sont le Coran ou les Hadiths.

Les disciples musulmans maintiennent que marquer un pays ou un lieu comme Dar al-Islam ou Dar al-Harb concerne la question de la sécurité religieuse sur le plan juridique. Cela signifie que si un musulman pratique l'Islam librement, alors il peut être considéré comme vivant dans un espace dit Dar al-Islam, même s'il vit dans un pays non-islamique. En ce qui concerne Dâr al-`harb (domaine de la guerre) est un terme utilisé pour désigner les lieux en dehors du droit musulman. Ce terme désigne traditionnellement les terres administrées par des gouvernements non-musulmans. Les habitants du Dâr al-`Harb sont appelés ` harbi.

* 17 Ce terme fut inventé pour décrire la relation de l'Empire Ottoman avec ses provinces chrétiennes tributaires. L'invention Dar al-Ahd fut nécessaire en tant que vision du monde prévalente à l'époque où une paix prolongée avec les États non-musulmans n'étaient pas permise même sous domination musulmane.

Actuellement, le mot désigne les gouvernements non-musulmans qui ont des accords d'armistice ou de paix avec des gouvernements musulmans. Le statut actuel du pays non-musulman en question peut changer de celui d'égalité reconnue à celui d'état tributaire.

* 18 C'est le terme utilisé par le prophète Mahomet pour désigner la société de la Mecque dominé par les Koraïchites entre son voyage à Médine et son retour triomphant. Pour la majeur partie de l'histoire islamique, le terme sert à décrire les sociétés non-islamiques a toujours été dar al-Harb, soulignant l'aspiration des divers pays islamiques pour conquérir de tels territoires et pour les rendre une partie du Dar al-Islam. Une énonciation en arabe traditionnel attribué à Mohammed dit: "l'incroyance est une communauté", en d'autres termes, "les infidèles sont une nation", exprimant la vision que les distinctions entre différents types de non-musulmans sont insignifiantes par rapport à ce qui sépare entre musulman et non-musulman.

* 19 C'est le terme proposé par les philosophes musulmans occidentaux pour décrire le statut des musulmans dans le Monde occidental. La séparation de l'Église et de l'État est un concept relativement récent dans la philosophie islamique, et Dar al-Shahada est un parmi d'autres termes créés dans l'effort de le décrire. Ceci mettant à bat les lois médiévales qui interdisaient aux musulmans de vivre dans des secteurs dominés par des non-Musulmans.

* 20 C'est le terme utilisé pour décrire une région de l'Islam qui est entrée récemment. Puisque la population n'a pas été exposée à l'Islam avant, ils peuvent ne pas s'adapter dans la définition traditionnelle de dar al-`Harb. Par ailleurs, comme la région n'est pas musulmane, cela n'est pas Dar al-Islam non plus.

L'utilisation la plus fréquente du terme Dar d'Al-Dawa est pour décrire l' Arabie avant et pendant la vie du Prophète.

Plus récemment, le terme Dar al-Dawa a été proposé par les philosophes musulmans occidentaux pour décrire le statut des musulmans en Occident.

* 21 Toutefois, selon Lambert, « Il s'agit donc bien d'une catégorie relevant non pas du droit, mais bien de la "classification de l'Autre", au sens philosophique et ethnologique de ce terme. Cependant, son importance provient de l'utilisation qui en a été faite par les légistes au service des gouvernants dans divers États se réclamant de l'Islam » : Lambert ( Pierre-Yves), « L'Élargissement du concept d'Ahl Al-kitab en Islam à des religions autres que celles explicitement mentionnées dans le Coran », Travail d'Études approfondies de questions d'anthropologie sociale et culturelle à l'Université Libre de Bruxelles, 1986, p. 2.

* 22 Ces anciens Livres révélés sont : Al-Tawrât (la Torah), Al-Zabûr (le Psautier), Al-Indjîl (l'Evangile), voir : Vajda (G.), Ahl al-kitâb, in : Encyclopédie de l'Islam (E.I.), nouvelle édition, Paris-Leyde, 1961.

* 23 Pour le statut réservé aux autres religions, voir : Lambert ( Pierre-Yves), op. cit..

* 24 Ce statut inclut le paiement de la Djizyah, le statut de protection, la liberté de culte, etc.

* 25 Par exemple, les hommes musulmans ne peuvent épouser des femmes hindoues sauf si elles se convertissent.

* 26 Contrat par lequel "la Communauté musulmane accorde hospitalité-protection aux membres des autres religions révélées, à condition qu'eux-mêmes respectent la domination de l'Islam", voir Cahen (Claude), "Dhimma", in Encyclopédie de l'Islam (E.I.), nouvelle édition, Paris-Leyde, 1961.

* 27 Cahen (Claude), "Djiziya", in Encyclopédie de l'Islam (E.I.), nouvelle édition, Paris-Leyde, 1961.

* 28 « Ne dispute avec les Détenteurs de l'Écriture que de la meilleure manière sauf avec ceux d'entre eux qui ont été injustes. Dites : "Nous croyons en ce qu'on a fait descendre vers vous et en ce qu'on a fait descendre vers nous. Votre Divinité et notre Divinité sont une, et nous Lui sommes soumis (Muslim)" », Le Coran, Sourate 29, L'araignée, Verset 45/46, op. cit., p. 426.

* 29 Par exemple : « Ô vous qui croyez !, Ne prenez point les Juifs et les Chrétiens comme affiliés [pour alliés] : ils sont affiliés [alliés] les uns avec les autres. Quiconque, parmi vous, les prendra pour affiliés [alliés], sera des leurs. Allah ne conduit point le peuple des Injustes ». Le Coran, Sourate 5, La table servie, Verset 56/51, op. cit., p. 141.

* 30 En Iran contemporain, les fêtes mixtes sont par exemple interdites pour les musulmans mais autorisées pour les non-musulmans, idem pour la culture des vignobles et la fabrication du vin. Les gens du livre bénéficient par ailleurs de sièges réservés aux Parlements iranien, jordanien et palestinien par exemple, alors que leur faiblesse numérique ne leur permettrait pas autrement d'avoir une présence en tant que telles au Parlement.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984