CHAPITRE 3. TESTER ÉCONOMETRIQUEMENT LA
SOUTENABILITÉ FISCALE AU CAMEROUN : APPROCHE DE BOHN (1998).
INTRODUCTION
L'objectif de ce Chapitre est d'évaluer empiriquement
la Soutenabilité fiscale dans un PRF notamment le Cameroun à
l'aide d'une méthode alternative à celle proposée par le
FMI. L'idée principale de montrer qu'au lieu de l'observation de
l'évolution des ratios telle que développée au chapitre 2,
il est possible d'adopter une approche probabiliste permettant de tester la
Soutenabilité fiscale dans un PFR.
Plusieurs auteurs ont défini un certain nombre
d'indicateurs et de test de Soutenabilité.
Les indicateurs de soutenabilité ont tendance à
se fonder sur une intuition qui fait la différence entre
soutenabilité et non soutenabilité (Chalk et Hemming, 2000).
Buiter (1985) développe un indicateur sous la base que la
soutenabilité fiscale est assurée lorsque le ratio de la valeur
nette du secteur public sur le PIB est maintenu à son niveau courant.
Face à la difficulté qu'il y a de mesurer la valeur nette du
secteur public, Blanchard (1990) propose trois indicateurs de
soutenabilité de la politique fiscale : le premier est le gap
primaire 32(*), le second
est le gap de moyen terme (année courante et deux années
suivante) et enfin le gap sur de long terme (sur 50 ans).
La littérature sur les tests s'est
développée séparément de celle sur les indicateurs.
Le test classique de base est développé par Hamilton et Flavin
(1986) et appliqué au USA. Ils considèrent qu'une condition
nécessaire de soutenabilité est la stationnarité de la
dette. La soutenabilité ici est assimilée à la valeur
actualisée de la contrainte budgétaire de l'Etat. Trehan et Walsh
(1988) étendent cette analyse en montrant qu'une condition
nécessaire et suffisante de soutenabilité est l'existence d'une
relation de cointégration entre la dette et le surplus primaire. Bohn
(1998) remarque que la condition de Trehan et Walsh (1988) est
nécessaire et suffisante seulement si le coût du financement de la
dette est constant. En introduisant l'incertitude dans le coût du
financement de la dette, il obtient que la condition nécessaire et
suffisante de soutenabilité est une réponse positive du surplus
primaire.
La principale limite opposée à l'analyse
classique est qu'elle ne donne pas une définition de la
soutenabilité fondée sur le respect de la contrainte
budgétaire intertemporelle (CBI) de l'Etat. Ce qui conduit trop
rapidement au rejet de l'hypothèse de soutenabilité (Greiner et
al., 2005). Bohn (2006) montre que les tests de stationnarité et de
cointégration sont incapables de rejeter l'hypothèse de
soutenabilité. Une nouvelle approche est proposée par Bohn (1998,
2005) pour tester économétriquement la soutenabilité
fiscale. Ce test est fondé sur la forme de la relation fonctionnelle
décrite par la fonction de réaction de la politique fiscale. Dans
ce Chapitre, nous allons étendre cette approche au cas des pays à
faible revenu comme le Cameroun. Les procédures
économétriques seront celles des modèles additifs
généralisés (GAM) introduits par Hastie et Tibshirani
(1990).
Cette approche économétrique sera
développée en deux étapes. Nous allons d'abord
procéder aux estimations non paramétriques afin de
déterminer la forme fonctionnelle de la fonction de réaction et
ensuite procéder aux estimations de la fonction de réaction en
considérant les coefficients variables dans le temps.
Ce Chapitre est organisé comme suit. La
première partie rappellera les fondements théoriques de la
fonction de réaction de la politique fiscale ignorée dans le
chapitre 1 ; la seconde présentera les principes de base des
méthodes d'estimations non paramétriques ; enfin la
dernière présentera les résultats de nos estimations sur
l'économie Camerounaise.
* 32 Surplus primaire moins
dette multipliée par la différence taux d'intérêt -
taux de croissance de l'économie.
|