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Devenir professionnel des diplômés du système universitaire guinéen : étude exploratoire à partir des diplômés de l'Université de Conakry

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par Mamadou Gando BARRY
Université de Montréal - Maîtrise en Sociologie 2003
  

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1.2.2 LA FAMILLE

Parsons, dans ses ouvrages de 1953 et 1970, abonde dans le même sens. Pour cet auteur, le sous-système familial exerce une fonction essentielle dans le processus de génération des inégalités en modelant les ambitions de chaque membre de la famille au statut social de la famille. La famille détermine ainsi, en première instance, qui va à l'école et pendant combien de temps et l'école fournit, à son tour, des compétences, sélectionne les individus et les oriente vers les positions sociales existantes.

L'étude de Girard et Clerc (1989c) en France, montre par exemple, que la réussite scolaire variait, à niveau de revenu égal, avec le niveau culturel des parents, mesuré sur la base du diplôme le plus élevé détenu par l'un ou l'autre des parents. Il est surtout apparu que la relation entre héritage culturel et réussite scolaire est plus manifeste dès le jeune âge au moment où, précisément, le langage (vocabulaire, syntaxe et niveau d'abstraction) est affecté par le milieu familial. C'est sur la base de cette théorie que Boudon se (1973 : 60) résume aux propositions suivantes :

1. Le développement linguistique est influencé par le milieu social ;

2. Le développement verbal à une incidence forte sur les performances intellectuelles en particulier l'aptitude à manipuler l'abstraction ;

3. La structure des relations familiales varie selon le milieu social ; ces relations sont plus simples, plus directes, plus autoritaires dans les classes sociales inférieures ;

4. La syntaxe des relations familiales exerce une influence sur la syntaxe linguistique de l'enfant.

La notion d'héritage familial (capital, symbolique et autres) a été élargie par Girard (1989c) en prenant en compte le nombre d'enfants dans la famille. Pour cet auteur, la probabilité pour un enfant d'atteindre un niveau élevé dans le système éducatif est très fortement affectée par le nombre d'enfants dans la famille.

Bernard et Renaud (1976), réfléchissant sur cet héritage familial qu'un fils peut recevoir de ses parents, arrivent à la conclusion que d'une génération à une autre il y a deux types de biens qui peuvent être transmis :

· Les biens inclusifs ;

· Les biens exclusifs.

Les biens inclusifs sont ceux qu'un père peut léguer à son fils sans s'en priver. Sur cette longue liste de biens, il semble, selon ces auteurs, que les aptitudes linguistiques, l 'éducation et les relations personnelles sont les plus importantes. Les biens inclusifs sont ceux qui ne peuvent être détenus que par une personne à la fois, de sorte qu'un père en est privé s'il les donne. Le capital, les terres et d'autres biens d'ordre économique sont de cet ordre. Cependant, certaines fonctions politiques (chef, maire, roi) et certains rôles économiques (gérant d'entreprise familiale) ont, selon ces auteurs, les mêmes caractéristiques que le capital. Ces biens sont ceux qu'un père lègue à sa mort ou à sa retraite.

Pour Bernard et Renaud (1976) le fait de n'accéder à ces biens exclusifs par le fils que tard dans sa vie explique les effets différés de l'origine familiale sur le statut. Cette conclusion est significativement nuancée par Kelley (1976) en mettant de l'avant trois considérations. D'abord, il y a le fait que certains biens inclusifs procurent des avantages non seulement au début mais bien tout au long de la carrière du fils. C'est le cas de

l'éducation qui facilite non seulement l'obtention du premier emploi mais donne un coup de pouce supplémentaire réel à toutes les étapes de la carrière. Ensuite, cet auteur fait remarquer que le devenir d'un individu peut aussi être affecté par celui de l'entreprise où l'on sert. Certaines entreprises sont en déclin d'autres sont en expansion. Certaines personnes sont ambitieuses, entreprenantes d'autres le sont moins. Ces paramètres joueront d'une certaine façon sur la carrière des individus. Enfin, cet auteur fait remarquer qu'un père peut transmettre des biens exclusifs à un fils avant même d'aller à la retraite. Car tout père, argumente Kelley, attache un certain prix au succès et au bien être de son fils. De sorte qu'il est possible pour un père de se priver pour un fils. Surtout que, défend-il, l'argent à une utilité marginale décroissante «les derniers cent dollars d'un important revenu ne seront pas aussi bénéfiques que les premiers cent dollars» (Kelley, 1976 : 101). Pour Kelley, l'origine familiale reste l'élément déterminant dans la mobilité des individus :

G'est un avantage permanent que de naître dans une famille ayant un statut élevé. Get avantage se manifeste à l 'école et lors de l 'obtention du premier emploi, ce qui a pour la suite des effets durables sur la carrière d'une personne (Kelley, 1976 :99).

En effet, un fils, selon Kelley, qui vient d'une famille d'un statut élevé obtient des ressources économiques dont il se sert pour acquérir une éducation et de l'équipement. Ce qui est impossible pour un fils dont le statut de la famille est moins élevé. Cet auteur en arrive à conclure que l'éducation contribue non seulement à obtenir un premier emploi enviable mais fournit aussi un avantage supplémentaire réel à toutes les étapes de la carrière. L'explication par l'héritage culturel transmis à l'enfant par sa famille est en opposition avec l'explication par la position sociale.

En Afrique, les écrits sur la valeur de l'enfant se présentent autrement. Dans ces sociétés pauvres, l'abondance d'enfants procurait traditionnellement aux parents considération, source de main-d'oeuvre de travail, respect, sécurité relative et espoir pour les vieux jours. Aujourd'hui, du fait de la rareté des emplois et de l'existence d'un système de sécurité sociale digne de ce nom, l'une des plus grosse amertumes qu'un individu puisse avoir est d'atteindre ses vieux jours sans avoir des enfants capables de prendre la relève

(Ouedrago, 1994). Au regard des parents, et plus particulièrement de ceux des classes pauvres, maximiser le nombre d'enfants survivants permet de maximiser la probabilité que l'un ou l'autre de ces enfants "réussisse dans la vie" et cette réussite est d'autant plus souhaitable que les règles de solidarité commandent encore une certaine redistribution sociale des richesses individuellement acquises. Cependant, les transformations socioéconomiques récentes d'une part et, de l'autre, les crises économiques et les programmes d'ajustement structurels ont profondément marqué les jeunes à la recherche de l'emploi.

Les enquêtes de Charmes (1994) au Mali et en Mauritanie à propos du chômage révèlent que ce sont les jeunes qui payent le plus lourd tribut. Dans les deux pays, le taux de chômage des diplômés est relativement élevé : plus de 58 % des actifs de 15-19 ans étaient au chômage en Mauritanie en 1988, et près de 41% des 20-24 ans, ces taux étant passés de 58,8% et 41% en 1992. Au Mali, en 1990, c'est chez les 20-24 ans et surtout les 25-29 que les taux de chômage étaient les plus élevés : 8,2 % et 8,5 % (Charmes, 1994). A Dakar, selon Bocquier (1991), ils étaient 67% demandeurs de premier emploi et l'étude concluait que "entre un tiers et un quart des jeunes nés après l'indépendance n'obtiendront pas un emploi avant l'âge de 30 ans. Tandis qu'en Guinée, plus des 2/3 des jeunes diplômés de l'enseignement supérieur, situés dans la tranche 20-29 ans, sont au chômage (Lachaud, 1994).

Eu égard à toutes ces difficultés d'insertion, de nos jours, les stratégies des jeunes diplômés consisteraient à entreprendre des formations complémentaires et des stages et surtout à faire recours aux réseaux de relations lors de la recherche de l'emploi. Ce sont ces réseaux que nous verrons dans les lignes qui suivent.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci