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La perception des enseignants sur l'introduction du systeme LMD à l'UGB: Cas des responsables de structures de recherche

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par Abdoulaye Dramé
Université Gaston Berger de Saint Louis - DEA 2005
  

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I.2. Position du problème

La recherche accrue de passerelles pour sortir l'université africaine des crises qui l'assaillent tous azimuts passe par un renouvellement du modèle d'organisation de l'offre d' enseignement supérieur et de recherche. Ce schéma global qui nécessite la mise en oeuvre de réformes du système d'enseignement supérieur africain, permettra à ce dernier de répondre aux sollicitations des universitaires et Etats africains (notamment par rapport à l'adéquation entre la formation offerte et les besoins du monde du travail, à la recherche entre autres) d' une part et, d'autre part, de s'ajuster par rapport aux exigences de la mondialisation de l'enseignement supérieur.

40A.GADIO, (200 1-2002), << Enseignement supérieur et Emploi : Problématique de l'insertion socioprofessionnelle des diplômés en Sociologie de l'Université Gaston Berger : Cas des cinq premières promotions >>, UGB, Mémoire d maitrise : 15

41 M.TAMBA, << L'enseignement supérieur privé au Sénégal >>, in www.francophoniedurable.org/documents/colloque-ouaga-a2-tamba.pdf.

En effet, qu'on le veuille ou non, l'harmonisation de l'enseignement supérieur est une réalité qui s'impose à tous et surtout aux nations africaines au moment ou l'harmonisation des cursus et diplômes a comme corollaire, la mobilité aussi bien des étudiants que des enseignants.

Pour autant, le changement, n'importe lequel, suppose une certaine remise en cause de l'existant, donc des ruptures. A priori, dans le cadre de l'harmonisation mondiale de l'enseignement supérieur (le système L MD), il est opportun de faire un certain nombre d'interrogations qui constitueront la trame de notre analyse.

1. D'abord, qu'est ce que la réforme LMD ?

2. Quels sont ses enjeux en Afrique, ses exigences et éventuellement ses limites ?

3. Les Etats africains et tous les acteurs évoluant dans ce secteur sont-ils capables de supporter les coûts induits par la réforme LMD ?

L' ancien ministre français de la Recherche, M. Allègre, a organisé le 25 Mai 1998, avec les ministres de l'Education Nationale de 4 pays européens (Allemagne, France, Italie et Royaume Uni), la Conférence de la Sorbonne pour le 800ème anniversaire de l'université. Une déclaration commune des quatre ministres de l'Education intitulée : << pour une université européenne >> a été adoptée. C'est le commencement du processus << d'harmonisation européenne >>. Un an après le colloque de la Sorbonne "vers l'harmonisation européenne des cursus", 29 ministres de l'Education se sont retrouvés à Bologne pour continuer le processus de convergences des systèmes vers la construction d'un espace européen d'enseignement supérieur.

En effet, le 19 juin 1999, toujours à Bologne, 27 ministres européens en charge de l'Enseignement Supérieur adoptaient une déclaration commune. Ils se prononçaient notamment pour la création d'un << espace européen de l'Enseignement Supérieur, comme une clé pour promouvoir la mobilité et l'employabilité des citoyens >> et pour l'utilisation des << organisations non gouvernementales européennes compétentes en matière d' enseignement supérieur >>. C' est ce que l'on appelle << le processus de Bologne >> et il est inscrit dans différentes directives européennes et inspire toute la politique de l'Union Européenne en matière d'Enseignement Supérieur.

Après de nombreux débats au CNESER (Conseil National de l'Enseignement et de la Recherche) depuis 1998, le texte est adopté en 2001, malgré l' opposition de Force Ouvrière. Jack LANG, ministre de l'Education Nationale, fait passer une série de décrets (pas de loi cadre) au parlement deux semaines avant l' élection présidentielle en 2002. La réforme est mise en chantier par Ferry en Novembre 2002 dans une poignée d'universités pilotes.

Après les trois vagues de contractualisation (contrat quadriennal entre les universités et l'Etat) 2003, 2004, puis en Septembre 2005, l' ensemble des universités seront passées dans le système LMD.

Ce processus appelé d'abord 3, 5, 8 pour Bac+3, 5, 8 puis LMD pour Licence (bac+3), c'est à dire à la place du DEUG et de la Licence actuelle, Master (bac+5, à la place de la maîtrise actuelle et du DEA, Diplôme d'Etudes Approfondies ou DESS, Diplôme d'Etudes Supérieur Spécialisé), Doctorat (Bac+8). Toutefois, un petit exposé << technique >> s'impose pour saisir l' architecture de la réforme qui s' établit comme suit : à partir du Baccalauréat, l' étudiant peut atteindre trois grades dans ses études supérieures. Ces grades équivalent aux types de diplômes. Ce sont la Licence 3ans, le Master après 5années et le Doctorat après 8ans. La licence et le Master s'obtiennent après un certain nombre de semestres successifs durant lesquels l'étudiant va suivre la formation qu'il aura choisie. Les enseignements sont regroupés en un certain nombre de crédits. Un diplôme est constitué d'un ensemble d'unités d'enseignement qui conduisent à une mention et affectée d'un nombre de crédits. L'ensemble des unités d'enseignement qui conduisent à une mention et une spécialité constitue un parcours. Les parcours de chaque diplôme sont découpés en semestre. L'ensemble des unités d'enseignements proposés chaque semestre totalise 30 crédits. Les unités d' enseignement sont créditables et capitalisables.

L' objectif principal est la création d'un << espace européen de l' enseignement supérieur et de la recherche >>, dans un cadre dans lequel les universités sont regroupées en quelques pôles dit << d' excellence >> de recherche et d' enseignement, autonomes dans la création des diplômes, dans le recrutement de leur personnel et donc autonomes d'un point de vue financier.

Par ailleurs, ce consensus tend à la recherche de la maximisation de la contribution de l'enseignement supérieur à la compétitivité économique, tant individuelle (c'est ce qu'on

appelle l'employabilité) que nationale ou européenne (sur les marchés extérieurs), en tendant à faire l'impasse sur une série de missions fondamentales peu valorisables dans un univers marchand : recherche gratuite et désintéressée, recherche fondamentale, travaux de long terme, pensée critique, liberté académique... L'étudiant, aussi, se retrouvera dans la nécessité de préparer son employabilité et plus dans le désir d'acquérir des connaissances, une culture. Il sera amené à choisir des séquences de formation. On peut dire d'ores et déjà que c'est à une véritable " révolution culturelle " que nous sommes confrontés.

En Afrique aussi, la réforme LMD poursuit aussi les mêmes objectifs que les Européens. Adbel Kader NDOYE l' exprime en ces termes : relever les défis de << l' efficience, de la compétitivité et de la modernité42 >>. Pire, avec la généralisation en Europe du système LMD qui est une nouvelle contrainte, il sera presque impossible aux étudiants africains, d'accéder aux Universités du Nord.

Dans la même foulée, Abdoulaye NIANG recense un certains de faits qui constituent à ses yeux les avantages du nouveau système. Parmi ceux-ci : << Un encadrement rapproché qui implique des effectifs réduits et un contrôle continu des connaissances, toutes choses qui favorisent l' excellence des produits formés. Cette exigence du LMD oblige les universités à recruter régulièrement des enseignants aux faits de rapprocher touj ours davantage leur taux

d' encadrement à la norme internationale >>43. Sur ce plan, effectivement, il y a beaucoup à faire car le personnel enseignant et de recherche est déficitaire dans la plupart des universités africaines au moment où les effectifs des étudiants croissent vertigineusement : << à

l' indépendance, une phase continue d' accroissement s' est déroulée qui a vu multiplier les effectifs scolaires totaux par 3. On est ainsi passé pour l'Afrique de 27million d'étudiants et d'élèves à 79,795 millions. Un accroissement spectaculaire prodigieux. Entre 1970 -1980, le taux de croissance moyen annuel des effectifs scolaires se situe autour de 9% >>44 .La conséquence d'une telle disproportionnalité est le manque d'encadrement qui influe directement sur le taux de réussite dans les universités.

42 D. MANE, « L'enjeu : être au coeur de la compétition mondiale >>,

43 A.NIANG, << La recherche et ses facteurs de blocage dans les universités francophones d'Afrique ; l'expérience

des universités sénégalaises >>, in Revue de l 'Enseignement Supérieur en Afrique, volume 3, numéro 1:81

4 4 I.MANE, Universités africaines entre crise et développement in Démocraties Africaines (Mai-Juin 1995), IAO, Dakar

Par ailleurs, la professionnalisation des enseignements (qui) obligent les universités à être d'avantages attractive dans leur fonctionnement pédagogique aux exigences du marché du travail (en matière de profils technique pour les étudiants) pour les emplois à pourvoir. << Par cette professionnalisation, les universités s' offrent les conditions académiques et pédagogiques qui leur permettent de coïncider dans leur fonctionnement avec leur vocation première qui est d'être des acteurs du développement (...) capables de former et de produire des ressources humaines immédiatement productives >>.45

<<La valorisation de la recherche qui devient le point d'appui de l'excellence pédagogique. L'intérêt accordé à la recherche par le système LMD apparaît également dans la suppression de la thèse d'Etat et l'instauration de la thèse unique, comme conséquence l'obligation pour l'enseignement qui veut avancer dans sa carrière de beaucoup produire >>. Mieux, << la valorisation de la recherche par le système LMD doit se manifester également dans un regain d' activités des laboratoires et autres structures de recherche, car les niveaux Masters (Master Professionnel et Master Recherche) et doctorat qui constituent les univers du niveau d' excellence des universités de s' appuyer sur une recherche performante46 >>.

Aussi, l'application de la réforme LMD aura comme conséquence la suppression de la double thèse (thèse 3eme cycle et thèse d'Etat) au profit de la thèse unique (Ph.D). Ces avantages, outre le fait qu'ils permettent de raccourcir les efforts considérables consacrés à un document qui, le plus souvent reste très peu utilisé par les chercheurs, a le mérite de booster le volume de recherches des universitaires dans la production d'articles scientifiques leur permettant ainsi d'agrandir non seulement leur domaines d'intervention, mais aussi de gravir vite les échelons dans la carrière d' enseignant.

Cependant, pour que la réforme LMD ne soit pas une réforme de plus, un certain nombre d' actes majeurs sont à poser, à savoir l'implication de tous les acteurs dans la mise sur pied du LMD, trouver des réponses à la gestion des flux et du financement du LMD notamment les bourses de mobilités entre autres.

4 5 A.NIANG, << La recherche et ses facteurs de blocage dans les universités francophones d'Afrique ; l'expérience des universités sénégalaises >>, op.cit

46 Ibid.

Par rapport à ces pré-requis, des études sur l'introduction du LMD en France ont noté des réticences de la part notamment des enseignements et des étudiants. Les griefs retenus contre les prometteurs du système LMD sont entre autre, opacité, précipitation, culture de l' urgence et autoritarisme47.

Au Sénégal, depuis 2OO3, le Recteur de l'Université Cheikh Anta DIOP de Dakar, prend l'initiative << d' engager les reformes nécessaires pour mettre l'UCAD au diapason des structures d' enseignement moderne »48. Dans cette perspective, la démarche adoptée est participative et cherche à mobiliser toute la communauté universitaire ; la communication à travers des supports écrits et électroniques49 ont permis à l'ensemble des acteurs de la communauté universitaire, de saisir les tenants et les aboutissants de la réforme.

Pour mieux rendre effectif l'introduction de la réforme à l'UCAD, le Directeur de l'Enseignement et de la Réforme est chargé de piloter la réforme au niveau central, tout en responsabilisant au niveau des établissement, dans tous les paliers (niveau L et M) des responsables. Le niveau D est pris en charge par la Direction de la recherche.

47 Il y a certes encore de fortes oppositions au LMD, encadrées par les syndicats d'étudiants dont l'Union Nationale des Etudiants de France (UNEF, proche du Ps) qui ont déferlé à Rennes, Nantes, Paris, Grenoble, etc., contre cette réforme. Il y a eu encore les multiples réserves formulées par certains professeurs d'universités et même, sous anonymat, par des conseils d'administration d'université. Mais le fond de la réforme n'a été que rarement contesté. Les principales griefs retenues contre la reforme est son imposition par les autorités françaises comme l'atteste

l'étude réalisée par S-L. KARIN, n 019 << L'impact du processus de Bologne sur les institutions d'enseignement supérieur françaisesetallemandes », ou encore www.amue.fr. Au Sénégal aussi, des universitaires se sont insurgés contre l'application de la reforme LMD dans les universités sénégalaises parce qu'ils la jugent inadaptés aux réalités africaines. A ce propos, consulter, APS du 22 Janvier 2004

48 Histoire à succès : le LMD à l'UCAD in www.ucad.sn 49 Le LMD en 60 questions in ww.ucad.sn

A l'UGB, une démarche analogue est adoptée consistant à susciter des débats50 sur le LMD et aussi à nommer dans chaque UFR, un enseignant ou un groupe d'enseignants chargé de l'élaboration du LMD. Ces derniers ont pour mission de mettre sur pied des maquettes et aussi d'organiser des débats sur le nouveau système. Au niveau central, la Commission Enseignement et Réforme se charge de l'harmonisation des visions et des projets pédagogiques. Sera-t-elle une réforme de plus dans l' Université ? Quelles seront les mutations qu' elle va entraîner tant sur les plans formations et recherche ? Bref, comment les responsables de structures de recherche de l'UGB perçoivent la reforme LMD ?

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard