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Les déterminants de la faible bancarisation dans l'UEMOA

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par Agossou Jacques GANSINHOUNDE
Université Polytechnique du Bénin - Master Banque-Finance 2007
  

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Première Partie : Théorie de la faible bancarisation

La démocratisation de l'accès aux services bancaires et financiers est une vaste problématique abordée dans plusieurs études économiques. La bancarisation qui en constitue un des aspects est notre préoccupation dans ce travail.

Cette première partie permet de préciser le cadre théorique général et certains concepts pour camper l'étude. Elle est subdivisée en deux chapitres. Le premier chapitre présente la problématique, le contexte, les objectifs, les hypothèses et la méthodologie de l'étude. Le second chapitre fait l'état des lieux de la littérature dans le domaine de la limitation de l'accès aux services bancaires et financiers.

Chapitre 1: Problématique, contexte, objectifs et

méthodologie de l'étude

I La problématique

Comme tous les pays en voie de développement, les Etats membres de l'UEMOA font face à un problème de faible bancarisation de leurs populations. La monnaie fiduciaire occupe une place de choix dans les habitudes financières. L'épargne des ménages n'est pas réellement mise à contribution pour le financement des activités économiques, car en grande partie thésaurisée.

Le système économique a un fonctionnement à double vitesse. Il existe d'une part, une économie formelle représentant une faible proportion du tissu économique, capable de recourir aux sources classiques de financement que sont les banques et les marchés financiers et d'autre part, une économie informelle fortement implantée dans tous les secteurs qui n'a pas accès à ce mode de financement et qui est contraint de recourir à d'autres sources. Au nombre de ces sources, nous pouvons citer la microfinance, les systèmes de tontine et tous les autres systèmes de solidarité existants. Cette situation, qui prévaut dans l'Union depuis des décennies pose un véritable problème pour la définition d'une stratégie de développement économique, notamment au niveau de la maîtrise du coût de financement.

En général, ces sources parallèles de financement ont un coût prohibitif qui plombe davantage la rentabilité de l'activité économique dans le secteur informel. Il est donc important, voire nécessaire de créer les conditions favorables à une utilisation du financement bancaire ou du financement direct (à travers les marchés financiers). La première de ces conditions est la bancarisation de masse des populations. Elle permettra, au delà de la sécurisation des avoirs et des transactions, de créer un climat de confiance entre les établissements de crédit et les populations qui pourront ainsi recourir à leurs relations bancaires pour assurer le financement de leurs activités économiques.

En effet, l'avantage premier de la bancarisation est la sécurisation de l'épargne des populations. L'épargne bancaire bénéficie d'un niveau élevé de sécurité dans l'UEMOA depuis la crise bancaire des années 80 et les réformes structurelles qui s'en sont suivies. Un autre avantage

est la possibilité pour les détenteurs d'un compte chèque de recourir à des instruments scripturaux de paiement pour assurer les transactions financières en toute tranquillité. Un dernier avantage que nous soulignons ici est l'accroissement des possibilités de financement bancaire de l'économie. Ce dernier aspect nous paraît très important dans le contexte de l'UEMOA où le financement constitue souvent le principal frein à l'éclosion des initiatives malgré la surliquidité bancaire3 de ces dernières années. Cela est dû au fait que pour les établissements de crédit, la disponibilité de l'épargne est une condition nécessaire mais non suffisante pour le financement bancaire de l'économie. Il faudrait en plus des garanties matérielles ou des relations de confiance pour une gestion optimale du risque. La création d'un compte bancaire est le premier pas vers l'établissement de ce climat de confiance entre la banque et le client, potentiel bénéficiaire d'un financement.

Le taux moyen de bancarisation dans l'UEMOA est estimé à 3,02% à fin 2003 (BCEAO, 2005b). Comparé au 18% de l'Algérie (CGAP, 2006), au 20% du Maroc (Fouad A. repris par (FNAM et Planet Finance Maroc, 2004)), au 51% de l'Afrique du Sud post-apartheid (Napier et Beghin, 2006a) ou au 99% de la France (Daniel et Simon, 2001), ce taux apparaît très faible et reflète dans une certaine mesure le niveau général de développement des pays de l'Union.

Mais quels sont les facteurs qui contribuent réellement au faible taux de bancarisation dans les Etats membres de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine? Cette préoccupation est au coeur de la présente étude.

II Contexte et intérêt de l'étude

Ce travail intervient dans un contexte particulier de l'histoire du secteur bancaire et financier de la sous-région marqué par d'importants travaux de modernisation des systèmes et moyens scripturaux de paiement. Une brève description de la réforme est faite ici pour fixer l'enjeu. Le détail de la présentation est en Annexe 7.

1 La réforme des systèmes et moyens de paiement

La Banque Centrale a entrepris depuis mars 1999, une modernisation des systèmes et moyens de paiement de l'Union. Cette réforme a pour objectif de « mettre en place un ensemble

3 La surliquidité bancaire a été mise en exergue dans le rapport de la Banque de France sur la zone Franc (Banque de France, 2002)

de mécanismes de paiements nationaux et régionaux tout en respectant les normes internationales, afin de satisfaire les besoins croissants de tous les secteurs économiques de l'UEMOA, à savoir les secteurs des consommateurs, du commerce, de l'industrie, du gouvernement, des marchés financiers nationaux et internationaux » (BCEAO, 2006b). Il s'agit de mettre à la disposition des différents agents économiques des outils sécurisés, performants et modernes pour un dénouement rapide et sécurisé des ordres de paiement. La réforme est axée autour de trois axes majeurs.

· Un Système de Transfert Automatisé et de Règlement dans l'UEMOA (STAR-UEMOA) destiné aux transferts de gros montants pour un règlement brut en temps réel ;

· Un Système Interbancaire de Compensation Automatisée de l'UEMOA (SICA-UEMOA)
destiné à la compensation multilatérale des valeurs entre les établissements bancaires ;

· La Monétique Interbancaire destinée aux paiements électroniques et à l'interopérabilité des cartes des différents établissements de crédit.

Ces trois axes sont sous-tendus par un cadre juridique réformé, un nouveau dispositif de centralisation des incidents de paiement et un système de télécommunication adapté. Les deux premiers systèmes sont entièrement déployés dans les Etats membres de l'UEMOA. Le troisième est en phase de déploiement au niveau des pays pilotes que sont le Burkina, le Mali et le Sénégal.

2 Intérêt de l'étude

Parallèlement à la réforme, la Banque Centrale a initié des travaux de réflexion sur la promotion de la bancarisation et l'utilisation des systèmes et moyens de paiement. Dans ce cadre, elle a fait, entre autres, un état des lieux sur les conditions bancaires en 2005 et organisé un séminaire à Dakar avec les banques, du 06 au 08 août 2007, sur la bancarisation et l'utilisation des moyens scripturaux de paiement dans l'UEMOA. Un objectif de 20% de taux moyen de bancarisation à l'horizon 2013 a été fixé dans le document provisoire du plan d'actions issu des travaux du dit séminaire.

Ainsi, en plus du chantier de la modernisation des systèmes et moyens de paiement, la promotion de bancarisation et des paiements scripturaux constitue un autre défi important que la Banque Centrale se propose de relever avec le secteur bancaire et financier sous-régional.

L'intérêt de la présente étude est qu'elle s'insère dans cette dynamique pour une réflexion approfondie sur la question, en vue de trouver les voies et moyens nécessaires à l'amélioration du

taux de bancarisation dans les Etats membres.

III Objectifs et hypothèses de l'étude

1 Les objectifs de l'étude

Cette étude a pour objectif principal la détermination des principaux facteurs permettant d'expliquer la faible bancarisation dans les pays de l'espace UEMOA. Nous en déduisons trois objectifs spécifiques qui se présentent comme suit:

· O1 : identifier au niveau de l'environnement global dans l'Union, les difficultés susceptibles d'expliquer la faible bancarisation;

· O2 : déterminer au niveau du secteur bancaire, les difficultés qui permettent d'expliquer la faible bancarisation dans l'Union;

· O3 : analyser l'impact de la microfinance sur la bancarisation.

2 Hypothèses

Des trois objectifs spécifiques découlent les hypothèses suivantes:

· H1 : L'environnement global dans l'Union ne contribue pas à l'amélioration de la bancarisation;

· H2 : Les caractéristiques du secteur bancaire ne contribuent pas à l'amélioration de la bancarisation;

· H3 : La microfinance contribue à l'amélioration de la bancarisation.

IV Méthodologie

Pour la réalisation de ce travail, nous avons procédé à une collecte de données issues de différentes sources. Ces informations ont servi à étudier le problème de la faible bancarisation suivant deux approches différentes mais complémentaires. Nous décrivons ci-dessous la méthode de collecte et les deux approches utilisées.

1 Collecte et traitement des informations

Les informations utilisées dans cette étude sont le fruit d'une recherche documentaire.

Aucune enquête, ni entretien, ni sondage n'a été effectué. Les données sont issues de quatre sources principales: les rapports annuels de la Banque Centrale (BCEAO, 2002, 2003, 2004, 2005a, 2006a), les rapports annuels de la Commission Bancaire (CB-UMOA, 2002, 2003, 2004, 2005, 2006), les monographies des SFD4 disponibles sur le site internet de la Banque Centrale et le WDI 2005 (World Developpement Indicator) produit par la Banque Mondiale.

Dans la plupart des cas, les informations collectées n'ont fait l'objet d'aucun traitement particulier avant leur utilisation à l'exception du taux d'alphabétisation et de la taille de la population active. En effet, ces informations ne sont que partiellement fournies par le WDI 2005. Le complément a été alors obtenu par des méthodes d'estimation sur la base de données antérieures couvrant une période relativement longue (annexe 2).

Des difficultés importantes ont jalonné la collecte et l'exploitation des données. Elles ont parfois déterminé l'orientation de l'étude. Ainsi, certaines variables potentiellement explicatives du phénomène de la faible bancarisation n'ont pas pu être prises en compte dans ce travail par manque de données. Le détail des difficultés et des retraitements figure en annexe 2.

2 Approches pour l'utilisation des informations et données

Notre démarche a consisté à réaliser dans un premier temps une analyse des fondements de la limitation de l'accès aux services bancaires dans l'UEMOA. Les facteurs explicatifs potentiels issus de cette analyse sont étudiés dans un second temps par une investigation économétrique afin d'en vérifier la causalité. Mais la qualité relative des données statistiques disponibles et leur faible profondeur temporelle n'ont pas permis la prise en compte de tous les facteurs potentiels.

L'interprétation des résultats et les recommandations prennent en compte les facteurs potentiels confirmés par l'étude économétrique et ceux qui n'ont pas pu être testés mais dont la pertinence et le sens économique ont été établis dans la première analyse.

2.1 Analyse contextuelle

Cette première approche est utilisée pour rechercher les fondements de la faible bancarisation dans l'analyse de l'environnement global, des insuffisances du secteur bancaire et

4 SFD: Systèmes Financiers Décentralisés. Il s'agit d'un autre nom pour désigner les IMF. De façon rigoureuse, il existe une différence entre ces deux termes (Lhériau, 2003); IMF étant plus réducteur. Mais pour ce travail, nous les considérons égaux et utiliserons le terme IMF.

de l'évolution du secteur florissant de la microfinance.

Au niveau de l'environnement global, les difficultés liées à la faiblesse de la croissance économique, à l'inefficacité de l'appareil judiciaire, à l'inadéquation des infrastructures de base et aux insuffisances de l'alphabétisation sont spécifiquement étudiés.

Au niveau du secteur bancaire, les obstacles nés de la grave crise bancaire des années 1980 et des difficultés liées au cadre réglementaire des systèmes et moyens de paiement sont analysés.

Au niveau du secteur de la microfinance, l'adéquation entre l'offre et la demande de services financiers non bancaires est mise en exergue à travers la croissance du nombre d'IMF et la pénétration démographique du microcrédit.

2.2 Etude économétrique

L'investigation économétrique est destinée à tester les relations causales. Elle est construite sur des données de panel constituées par un échantillon de 7 pays (Bénin, Burkina, Côte d'Ivoire, Mali, Niger, Sénégal et Togo) sur une période de 5 années (2001 à 2005). L'écartement de la Guinée-Bissau et le choix de la période de l'étude découlent d'une contrainte majeure d'indisponibilité de données (annexe 2).

Ce modèle économétrique est utilisé pour tester 5 différentes variables qui peuvent être regroupées en trois différents types à savoir une variable d'état (le PIB par habitant), une variable de microfinance (le volume de microcrédit) et des variables bancaires (le taux de progression du nombre de banques, la proportion de banque de petite taille et le volume de crédit bancaire). Une description plus ample du type de modèle et des variables utilisées figure en annexes 1 et 6.

3 Méthode de validation des hypothèses

Les hypothèses sont validées sur la base des facteurs explicatifs mis en exergue par l'analyse contextuelle et l'étude économétrique. En effet, à chaque hypothèse correspond un des trois types de variables utilisés dans l'étude économétrique et plusieurs atouts ou contraintes identifiés dans l'analyse contextuelle.

A l'hypothèse H1 sont associées la variable d'état et les facteurs liés à l'environnement global dont la contribution ou non à l'explication de la faible bancarisation permet de répondre à la question posée.

A l'hypothèse H2 sont associées les variables bancaires et les facteurs généraux liés à l'environnement bancaire dont la contribution ou non à l'explication de la faible bancarisation permet de répondre à la question posée.

A l'hypothèse H3 sont associées la variable de microfinance et les facteurs généraux liés au marché des microcrédits dont la contribution ou non à l'explication de la faible bancarisation permet de répondre à la question posée.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius