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Les déterminants de la qualité de l'habitat à Kinshasa. Approche par le modèle Biprobit (Probit Bivarié)

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par Christian OTCHIA SAMEN
Université de Kinshasa (UNIKIN) - Licencié en économie mathématique 2006
  

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1.3. Les conditions de logement à Kinshasa

Dans cette section, nous allons faire une analyse descriptive des ménages ainsi que des conditions dans lesquelles ils sont logés au regard des données de notre échantillon. L'objectif poursuivi est de faire en même temps une analyse exploratoire des données et une analyse typologique entre certaines caractéristiques liées aux logements et les différents types de quartiers.

1.3.1. Présentation de la base des données

Les données utilisées dans cette étude proviennent de l'enquête nationale auprès des ménages sur l'emploi, le secteur informel et la consommation des ménages (suivant la méthodologie des enquêtes 1-2-3). Elle a été organisée dans toute l'étendue de la RD Congo. Mais dans le cadre de ce travail, nous n'analysons que les données de la ville de Kinshasa dont l'enquête a été réalisée entre avril et novembre 2004 par l'Institut National de Statistique.

L'enquête 1-2-3 est une enquête par sondage à deux degrés. Le premier degré a consisté au tirage des quartiers alors que dans le deuxième degré, on a tiré systématiquement les ménages. Les différents quartiers ont été stratifiée en 6 strates homogènes selon le standing de vie et la taille en population des quartiers30(*). La répartition des quartiers par strate (croisement type de quartiers x tranches de population) est présentée dans le tableau ci-après.

Tableau 6: Présentation des strates

L'échantillon des ménages retenus pour la phase 1 est 2100 alors que la phase 3 constitue un sous échantillon des ménages enquêtés pour la phase 1. Cet échantillon est de 1050 ménages.

La description de ces données sera appuyée par l'analyse des correspondances simples. Celle-ci est une méthode exploratoire d'analyse des tableaux de contingence. Son but est de construire des représentations graphiques mettant en évidence les propriétés des données. Cette méthode va nous aider à préciser la liaison existant entre les caractéristiques de l'habitat et les types de quartiers.

1.3.2. Morphologie des logements

L'analyse de la morphologie des logements s'effectue selon une autre typologie des quartiers. Cette dernière propose une division des quartiers en trois groupes principaux, soient les quartiers résidentiels, les quartiers planifiés et les quartiers non planifiés.

A) Type de maisons

Le tableau 7 présente les ménages enquêtés par type de quartiers en fonction des types de maisons. Ce tableau permet, en premier lieu, de constater que 77,85% des ménages vivent dans des maisons à l'intérieur d'une concession. Cette pratique a été encouragée dès 1967 par Monsieur BANGALA31(*) qui avait ordonné à la population de clôturer leurs parcelles pour se protéger. C'est ainsi que les haies ont été remplacées par des murs sans normes fixes d'esthétiques ni de hauteurs et compliquant la gestion des eaux de ruissellement ainsi que l'évacuation des ordures.

Tableau 7: Pourcentage des ménages par type de quartiers, selon le type de maisons

Une autre lecture de ce tableau montre que les quartiers résidentiels comportent beaucoup plus d'appartements que des maisons dans une concession (41,67% contre 30,95%). Cela s'explique par l'essence de leurs créations. En effet, les quartiers résidentiels jouissent d'un meilleur urbanisme et accueille les mieux nantis. Presque tous ces quartiers ont été érigés à l'époque coloniale. C'est ainsi que l'on y rencontre aussi des villas (16,67%). Pour leur part, les studios constituent 7,14% des habitations des quartiers résidentiels. À l'origine, ces studios étaient des annexes qu'on utilisait comme magasins ou logis des sentinelles. Ce n'est qu'avec la crise que ces logis ont été transformés en vraies habitations. Enfin, une dernière lecture du tableau 7 renseigne que dans les quartiers planifiés, 15,52% des logements sont des maisons en bandes. Cela s'explique aussi par le caractère fondamental de la construction de ces quartiers. En effet, c'étaient des « cités indigènes » et des camps des travailleurs.

B) Murs

Le tableau 8 présente les types de matériau utilisés pour les murs des logements. Comme on le voit clairement, les maisons dont les murs sont construites en bloc de ciment constituent le modèle le plus répandu dans toute la ville de Kinshasa (81,79%) : on trouve très peu d'autres types de matériau dans les maisons des quartiers résidentiels et planifiés. Les quartiers résidentiels, construits pour héberger les colonisateurs, respectaient les modes de constructions européennes. C'est ainsi que l'on y rencontre aussi 25% des maisons construites en béton armé. Le fait que les blocs de ciment soient répandus dans les quartiers non planifiés tient à l'accessibilité du ciment dont la production se fait à proximité de la ville. C'est dans les quartiers non planifiés que les briques adobes sont plus utilisées (7,76%). Or, on remarque aussi l'existence des autres types de matériaux de construction des murs dans ces mêmes quartiers : 6% des maisons sont construites en briques cuites, 2,26% en bois ou planches, 1,41% ont des murs en pisé qui est une sorte de maçonnerie faite d'une compression d'argile, de paille et de cailloux. Il s'agit là des solutions qui sont adoptées pour minimiser le coût élevé des murs en ciment.

Tableau 8: Pourcentage des ménages par type de quartiers, selon le type de matériau des murs

Rappelons brièvement qu'en 2001, seulement 3,10% des maisons à Kinshasa étaient construites en briques adobes32(*) pendant que 3,7% des maisons avaient des murs en pisé (MICS2, 27). Comparativement en 2004, il y a eu 5,86% des maisons construites en briques adobes et 0,96% des murs en pisé. Ainsi, l'on peut voir que les murs adobes constituent de plus en plus un type de construction intermédiaire dans la mesure où le béton armé, le boc de ciment et les briques cuites pris ensemble ont représenté 89,4% des maisons en 2001 et 89,81% en 2004.

Graphique 2: Typologie des quartiers selon le type de matériau des murs des logements

4

3

2

1

0

-1

-2

-3

-4

-5

4

3

2

1

0

-1

-2

-3

-4

-5

Non planifié

Planifié

Résidentiel

Végétaux, nattes

Bois, planches

Mur en pisé

Briques adobes

Briques cuites

Bloc de ciment

Béton armé

Source : Elaboré par l'auteur sur base de l'Enquête 123

Selon le graphique 2 qui représente simultanément les profils des matériaux des murs et les types de quartiers, le premier quadrant regroupe les quartiers non planifiés et les briques adobes, les murs en pisé ainsi que les bois et planches. Une telle situation traduit l'attirance des logements des quartiers non planifiés pour les briques adobes, les murs en pisé et les bois et planches. L'analyse du deuxième et du quatrième quadrant montre que les logements des quartiers planifiés sont plus attirés par les murs en briques de ciment alors que ceux des quartiers résidentiels sont attirés par les murs en béton armé. Par ailleurs, il convient de noter que le groupe formé par les quartiers planifiés et non planifiés constituent la caractéristique du profil moyen des logements de Kinshasa.

De plus, le tableau des correspondances entre les matériaux des murs et les types de quartiers montre que le béton armé est sur-représenté dans les quartiers résidentiels pendant qu'il est exactement représenté dans les quartiers planifiés et sous-représenté dans les quartiers non planifiés. Le bloc de ciment par contre est sous-représenté dans les quartiers résidentiels et non planifiés alors qu'il est sur-représenté dans les quartiers planifiés. Dans les quartiers résidentiels, les briques cuites, les briques adobes, le mur en pisé, les bois et planches ainsi que les végétaux et nattes sont sous-représentés alors qu'ils sont tous, à l'exception des nattes et végétaux, sur-représentés dans les quartiers non planifiés.

Tableau 9: Tableau des correspondances entre le type de matériaux des murs et les types de quartiers

Source : Elaboré par l'auteur sur base de l'Enquête 123

C) Toiture

Les données de l'enquête renseignent qu'en ce qui concerne le type de matériau de la toiture, la tôle galvanisée est le modèle le plus répandu dans toute la ville de Kinshasa et est utilisée dans 78,82% des logements. Les rares dalles en béton (2,26% des logements) sont presque entièrement localisées dans les quartiers résidentiels. Dans l'ensemble de l'échantillon, 8,31% des logements sont en tôle de récupération et 8,12% en éternit. La plupart de temps, l'éternit33(*) constitue un héritage de la période coloniale. Il fût utilisé à grande échelle autrefois, surtout dans les camps des grandes entreprises et dans les autres quartiers planifiés. C'est ainsi qu'on le rencontre dans une grande proportion dans les quartiers résidentiels (11,9% des logements) et dans les quartiers planifiés (14,66% des logements). Actuellement, on n'en trouve plus guère à cause de la zaïrianisation et de leur fragilité durant le transport. La tôle de récupération quant à elle est plus utilisée dans les quartiers non planifiés. C'est une caractéristique de la faiblesse des revenus des ménages qui ne sont pas capables de se procurer des tôles neuves. Enfin, signalons que 0,34% des logements de notre échantillon sont en chaume ou paille et se trouvent tous dans les quartiers non planifiés.

Tableau 10: Pourcentage des ménages par type de quartiers, selon le type de matériau de la toiture des logements

L'analyse longitudinale des types de matériau de la toiture des logements montre qu'en 2001, les ardoises, les tôles de récupération et les chaumes ou pailles représentaient respectivement 12,5%, 17,8% et 3,7% des logements. Par rapport à l'année 2004, ces proportions ont baissé jusqu'à atteindre 0,38%, 8,31% et 0,34%. Par contre, l'usage des tôles galvanisées a augmenté pendant ces années : il est passé de 62,70% à 78,52%.

La lecture du graphique 3 renseigne que la dalle en béton est attirée par les quartiers résidentiels, l'éternit par les quartiers planifiés et les tôles de récupération, les tôles galvanisées et de façon moins accentuée les chaumes ou pailles par les quartiers non planifiés. En outre, les quartiers non planifiés s'opposent à l'éternit alors que les quartiers planifiés s'opposent aux tôles de récupération, aux chaumes et aux pailles. Les quartiers non planifiés sont indépendantes des ardoises, c'est-à-dire qu'ils ne se repoussent ni ne s'attirent alors qu'ils se repoussent avec les dalles en béton et les éternits. Les quartiers planifiés s'attirent avec les dalles en béton et les tuiles alors que les quartiers résidentiels s'attirent avec l'éternit.

Graphique 3: Typologie des quartiers selon le type de matériau de la toiture des logements

Source : Elaboré par l'auteur sur base de l'Enquête 123

En plus, selon le tableau 11 qui présente le taux de liaison34(*) entre les types de matériau de la toiture des logements et les types de quartiers, on constate que la dalle en béton dans les quartiers résidentiels et planifiés est respectivement 1375% et 14,51% plus élevée que le score théorique que l'on observerait si le type de matériau de la toiture des logements était indépendant des quartiers. Au contraire, la tôle de récupération dans ces deux quartiers est de 71,36% et 25,34% moins élevée que le score théorique. Dans les quartiers non planifiés, ces sont les tôles de récupération, les tôles galvanisées et les chaumes ou pailles qui sont surreprésentées (respectivement 14,60%, 4,80% et 46,86%) alors qu'elles sont toutes, en plus de la tuile, sous-représentées dans les quartiers résidentiels. Enfin les déficits extrêmes sont constatés dans les chaumes à l'intérieur des quartiers résidentiels et planifiés.

Tableau 11: Taux de liaison entre le type de matériau de la toiture des logements et le type des quartiers

D) Pavements

Selon le tableau 12 qui présente les différents types de matériau utilisés pour le pavement des habitations des ménages et les types de quartiers, 76,79% des logements sont pavés en ciment ou en planche. Ceci confirme le ciment comme étant le matériau le plus utilisé dans la construction des logements à Kinshasa. Le carrelage constitue quant à elle la norme dans les quartiers résidentiels et diminue quand on quitte les quartiers résidentiels aux quartiers non planifiés, en passant par les quartiers planifiés. Le pavement en terre battue ou en paille (11,53% des logements dans l'ensemble) est la norme dans les quartiers non planifiés (quartiers ruraux et semi-ruraux) et y représente 15,10% des logements.

Tableau 12: Pourcentage des ménages par type de quartiers, selon le type de matériau du pavement des logements

Entre 2001 et 2004, ce sont le bois et le carrelage qui sont devenus à la mode. En effet, en 2001, 78,8% des logements étaient pavés en planche ou ciment contre 76,79% en 2004, soit une diminution de 2,01%. La proportion des logements dont le pavement est en carrelage ou en bois, est passée quant à elle de 7,8% en 2001 à 11,48% en 2004, soit une augmentation de 3,68%.

La typologie des logements selon les types de matériau du pavement et les quartiers, est présentée dans le graphique 4. Selon cette analyse, les quartiers résidentiels sont attirés par le carrelage et sont indépendants des terres battues/pailles alors que les quartiers non planifiés sont attirés par les planches/ciments et de moindre façon par les pailles/terres battues. Les quartiers planifiés quant à eux se repoussent avec les terres battue/paille mais s'attirent avec les bois et les planches/ciments.

Graphique 4: Typologie des quartiers selon le type de matériau du pavement des logements

Source : Elaboré par l'auteur sur base de l'Enquête 123

Par ailleurs et comme l'indique le tableau 13, le carrelage dans les quartiers résidentiels est 456% plus élevé que le score théorique que l'on observerait si les types de matériau du pavement des logements étaient indépendants des quartiers. Par contre, le carrelage dans les quartiers non planifiés est 38,39% moins élevé que son score théorique. Le bois, le carrelage et les planches/ciments sont respectivement 19,60%, 27,71% et 5,98% plus élevé que leur score théorique dans les quartiers planifiés alors la terre battue/paille l'est à 65,62% de moins. Dans les quartiers non planifiés, seuls le bois et le carrelage sont sous-représentés. Du reste, le déficit le plus extrême est le bois dans les quartiers résidentiels.

Tableau 13: Taux de liaison entre le type de matériau du pavement des logements et le type de quartiers

* 30 Timothée Makabu ma Nkenda, « L'organisation de la collecte des données de l'enqûete 1-2-3 de Kinshasa » in Stateco : méthodes statistiques et économiques pour le développement et le transition, n°99, INSEE-DIAL, AFRISTAT, 2005, p. 145

* 31 À cette époque Gouverneur de la ville de Kinshasa

* 32 Sorte de brique d'argile séchée au soleil

* 33 Sorte de fibrociment

* 34 Le taux de liaison est une métrique qui est calculée à partir du tableau des correspondances entre deux variables qualitatives. Il est défini par : , où et désignent respectivement l'effectif et l'effectif théorique de la ligne i et de la colonne j.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand