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FAI: vers un devenir médium


par Gregory de Prittwitz
CELSA - la Sorbonne
Traductions: Original: fr Source:

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B. Une consommation media en pleine restructuration

1. D'une baisse de la consommation Tv vers une consommation convergente des média

En 2008, la France compte 18 millions d'abonnés à Internet dont 16,7 millions en haut débit, ce qui correspond à 61% des ménages nationaux25(*).

La télévision est depuis plusieurs décennies un catalyseur de la consommation médiatique. Neuf français sur dix sont en contact avec la télévision au moins une fois par jour.26(*)Les dernières mesures audimétriques de Médiamétrie constatent une baisse exceptionnelle de la durée d'écoute de la télévision par les français, toutes chaînes confondues. Elle est passée à 3 h 27 au premier semestre, contre 3 h 32 sur la même période en 200727(*). Cette baisse pourrait être corrélée de prime abord à une baisse de l'intensité de l'actualité, cependant, on observe que l'été 2006, pendant lequel l'élection présidentielle occupait largement l'espace médiatique présente des statistiques de durée d'écoute similaires à l'été 2007, dont la teneur en grands évènements médiatiques de masse fut moindre.

«Que l'on cumule toutes les chaînes sur cette période ou que l'on ne s'intéresse qu'aux grandes chaînes hertziennes, comme TF1 ou M6, la durée d'écoute de la télévision baisse de 2 à 9 % sur toutes les cibles», note Isabelle Vignon-Rambaud, directrice des études chez Aegis Media Expert (ibid). Si Médiamétrie ne peut encore produire de chiffres définitifs, les experts affirment que c'est chez les détenteurs de Box ADSL soit près de 14 % des foyers français aujourd'hui que se dessinerait la plus forte baisse de la durée d'écoute de la télévision classique (ibid). Or ce sont en partie ces équipements qui permettent notamment de consommer sur Internet les programmes à la carte et de se dégager de la linéarité du flux. Les équipés en box triple play présentent des profils de sur-consommateurs de media, dans le sens où ils sont capables de consommer plusieurs media dans le même espace-temps.

Autrement appelée consommation convergente, cette tendance connaît une progression de près de 10% sur un an, d'après IPSOS. « Même si la radio est toujours le premier média consommé de façon convergente, le développement de l'offre et la mise en place par la majorité des groupes audiovisuels du service de rattrapage « catch-up TV » a eu pour effet d'augmenter le nombre de convergents Télévision de 19,4% comparé à mars 2007, soit 1,9 millions de personnes. » selon Jean-Charles Grout d'IPSOS28(*). Premier support pluri-média, l'ordinateur : plus de 7 personnes sur 10 (72%) en possèdent un au sein de leur foyer, et plus de 6 sur 10 (61,8%) sont connectés à Internet chez elles, principalement en haut débit (92,3%). La consommation de vidéos issues de sites généralistes ou spécialisées dans le partage de vidéo illustre la portée du phénomène vidéo sur le web 2.0, avec une progression de plus de 43%. La communauté des convergents vidéo représente désormais 14,2 millions d'individus, soit un internaute sur deux (ibid). Parmi les nombreuses possibilités qu'apporte l'offre de convergence, la première citée par les internautes est le fait de pouvoir « choisir le moment de fréquentation des différents medias » (78%). Cette opinion est confirmée par l'augmentation de la consommation des contenus radios et TV en différé (en streaming29(*) ou après podcast30(*))(ibid).

« Il n'y a plus de complicité réelle entre l'émetteur et le récepteur. Le consommateur se nourrit de miettes éparses et l'émiettement du pouvoir médiatique est, à ses yeux, gage de liberté. Comme si la recherche d'objectivité et de recul avait en réalité aboutie à installer, entre le consommateur et ses médias, une distance de plus en plus grande et irrémédiable. Une distance qui pousse de plus en plus de personnes à multiplier les sources d'information. (...) Le lien entre l'émetteur et le récepteur d'actualité se joue de plus en plus sur le registre de la méfiance ou de l'ignorance. »31(*)

Denis Muzet illustre à travers ces propos les conséquences des usages nés avec le web dans la consommation de media. Cela démontre combien le rôle conditionnel dans le déploiement du flux par le faire-réceptif est un élément incontournable dans la consommation de média d'aujourd'hui. Cela laisse perplexe sur la capacité des éditeurs historiques à avoir su s'adapter aux velléités implicatives de l'utilisateur dans l'énoncé. Le web et sa conditionnalité dans le déploiement du dispositif a permis une recentralisation de l'utilisateur dans l'énoncé, qui y voit une source plus grande d'indépendance. Cette défiance vis-à de la linéarité discursive est paradoxale puisque il convient d'admettre que les contacts entre média et utilisateurs croissent.

* 25 ARCEP : Publication : Le marché des services de télécommunications en France au 2ème trimestre 2008

* 26 Source : Médiametrie - Media In Life - 2008

* 27 Paule Gonzales dans Le Figaro le 20/08/2008 « Les Français regardent moins la télévision ». Source : Médiamétrie

* 28 Interview d J-C Grout sur le site d'IPSOS : http://www.ipsos.fr/CanalIpsos/articles/2455.asp

* 29 Lecture en continu

* 30 Podcast : moyen gratuit de diffusion de fichiers audio ou vidéo de façon délinéarisée

* 31 MUZET Denis, 2006, « La mal info. Enquête sur des consommateurs de médias »

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