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Archives photographiques au bénin : Problématique de la gestion d'un patrimoine documentaire menacé

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par Franck Komlan OGOU
Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature / Université d'Abomey Calavi - Technicien supérieur de l'information documentaire 2004
  

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Les archives photographiques au Bénin : localisation, évaluation et conservation

CHAPITRE II :

2.1 Identification et localisation

Les photographies anciennes qui constituent le patrimoine visuel du Bénin sont réparties un peu partout sur le territoire national. Nous avons essayé de repérer certains lieux que nous avons visités pour avoir une idée plus claire de la situation. Les photographes détiennent une plus grande partie qu'ils exploitent et gèrent à leur manière. Dans les institutions de recherche et les musées, les archives photographiques font partie également de leur fonds. Nous verrons le traitement qui leur est réservé dans ces différents lieux.

2.1.1 Lieux privés professionnels : quelques anciens photographes

Dans la recherche des détenteurs des photographies, nous avons exploré plusieurs terrains dont notamment les lieux privés professionnels constitués en partie des photographes. L'identification n'a pas été facile mais avec une détermination à nulle autre pareille, nous sommes arrivé à détecter les lieux possibles. Nous avons sillonné notamment les villes de Porto-Novo, de Ouidah, de Cotonou et d'Abomey. Nous essayerons de dresser une petite biographie de quelques-uns de photographes. Nous prendrons en compte trois par ville.

2.1.1.1 Les photographes de Porto-Novo

Nous avons identifié douze photographes (12) seulement sept ont été contactés. Sans définir des critères de sélection, nous feront la biographie de trois d'entre eux.

Ù Edouard MEHOMEY19(*)

Agent de la poste à Porto-Novo, Edouard MEHOMEY fut un passionné de la photographie. Quand il sortait du travail les soirs et même pendant les congés, il se consacrait à la photographie jusqu'à abandonner son emploi. Après un certain temps, il pouvait tenir un appareil photo, faire des prises de vue. Pendant son apprentissage, il lui était interdit de se chausser car un apprenti ne pouvait pas le faire derrière son patron. Nous n'avons pas pu avoir une précision sur l'année d'obtention de son diplôme. Il ouvrit son premier studio devant la Cathédrale Notre Dame de Porto-Novo, un second au quartier Massé avant de rejoindre le site en face de l'actuelle Direction Départementale des Enseignements Primaire et Secondaire de Porto-Novo.

Avant d'être attaqué par la maladie, il initie une de ses filles avec qui il s'était installé dans le studio à côté du Musée Da-Silva. A 63 ans il paraissait toujours jeune alors qu'il souffrait du diabète. Après plus d'un mois passé à l'hôpital, ses paires de la ville lui ont organisé une fête pour sa retraite. Ayant perdu la raison à la suite de la mort d'une des filles en juillet 2003, il rendit l'âme un mois après en Août 2003.

Ses oeuvres portaient sur le vodoun, les hommes, les défilés nationaux, les cérémonies et fêtes privées. Il était le seul photographe appelé à couvrir les manifestations officielles à Porto- Novo et fut photographe privé du Président Sourou Migan APITHY.

Rappelons que Edouard MEHOMEY était un mordu de la photographie jusqu'à ces dernières heures. Il est marié à trois femmes et père de dix huit enfants dont quatre ont continué sur ses traces.

Ù Mathias ABIMBOLA20(*)

Marié et père de sept enfants, Mathias ABIMBOLA est né vers 1943. En 1957, il a passé le certificat d'études primaires sans succès. A cause de sa formidable taille qui lui valut le surnom « vieux », il a dû abandonner les bancs pour partir en aventure de trois ans au Nigeria. De son retour, il fut admis en apprentissage de photographie chez Martin KIKI de 1950 à 1959. Il a été engagé en 1959 par la Société Dahoméenne de Cinématographie en tant que photographe. En 1973, il a suivi un stage de six mois (6) sur la photographie en Belgique et d'autres formations en Libye. Avant d'être admis à la retraite en 1990, il été photographe du gouvernement.

En dehors des couvertures officielles, il s'occupait les week-end à travailler pour les privés. Chrétien fervent, il s'est associé avec ses amis qui aiment la photographie pour créer une Organisation Non Gouvernementale dénommée Amen dont il est le vice-président. Avec de belles initiatives, cette structure à but non lucratif a pour objectifs entre autres de pérenniser le métier de photographe, contribuer à la formation des jeunes.

Ù DE-MESSE Zinsou Félix21(*)

Homme très sympathique, plein de souvenirs, DE-MESSE vit seul dans une maison très calme sans le moindre bruit à Porto-Novo. Passionné de la lecture, il n'a rien d'un homme protocolaire. Partagé entre deux cultures, parce que né en Côte d'Ivoire mais originaire du Bénin.

Né le 18 juillet 1929 à Abidjan, il a fait une première partie de ses études primaires en Côte d'Ivoire avant de revenir au Bénin où il n'a fréquenté que pendant une année. En 1942, il obtint une bourse d'étude pour la France où il s'inscrit au collège de Saint-Barbe à Paris. Après les échecs au brevet et au baccalauréat, il a choisi de passer un concours d'entrée à la Radio et la Télévision de France. Il y a travaillé pendant plusieurs années avant d'obtenir une autre bourse de formation dans une école de Photographie et de Cinématographie. A la fin de sa formation, il avait travaillé tout le temps en France avant de rentrer au pays où il a pris sa retraite. Il a travaillé à l'Information.

Ses oeuvres portent sur les danses rituelles, les folklores, les statues, le paysage, bref tout ce qui est attrayant.

2.1.1.2 Les photographes de Cotonou

Cotonou fut la capitale de la photographie au Bénin. Quelques anciennes gloires y vivent aujourd'hui. Nous en avons identifié sept (7) et tous ont été contactés. Quelques uns feront l'objet de notre biographie.

Ù Dominique ADJIWANOU22(*)

Né vers 1941 à Grand-Popo, après son certificat d'études primaires obtenu en 1958, il a opté pour la carrière de photographe. Ainsi, après l'obtention de son diplôme de reporter photographe en 1964, il a travaillé comme reporter libre dans plusieurs structures officielles comme : le Centre Culturel Français, l'Ambassade d'Israël au Dahomey et la Loterie Nationale du Dahomey.

Son doigté et sa passion pour la chose photographique lui ont permis d'obtenir respectivement un prix pour sa participation au concours organisé par l'Organisation Internationale du Travail (O.I.T) lors de son cinquantenaire, et le premier prix du photographe professionnel lors d'un concours organisé par le Centre Culturel Français en 1971. Ce prix de l'O.I.T lui a permis d'obtenir une bourse d'étude en photographie en Allemagne Fédérale en 1972, sanctionnée en 1976 par une attestation équivalent au C.A.P plus un an de formation.

De retour d'Allemagne, il a été recruté par l'Etablissement National d'Edition et de Presse (E.N.E.P) devenu Office National d'Imprimerie et de Presse (O.N.I.P). Il jouit de ses droits à la retraite depuis le 31 décembre 1996.

Son sérieux au travail et son talent lui ont valu le poste de chef service de la section photographique au sein de l'office et un détachement au Palais de la Présidence de la République de 1981 à 1985, où il a servi en qualité de photo-journalisme au service de la presse et de la documentation.

Par ailleurs au plan international M. Dominique ADJIWANOU a effectué plusieurs missions dans les pays de la sous-région, de l'Europe, de l'Asie, de l'Amérique Latine et dans les pays maghrébins pour couvrir des conférences et les visites officielles.

Sa passion pour la photographie est telle qu'il pratique toujours cette activité après son admission à la retraite.

Son travail lui a même valu une décoration dans l'ordre du mérite béninois.

Ù Siaka LAWANI23(*)

Né d'une famille polygame, il fut confronté très tôt à des difficultés financières qui le contraignent à abandonner les études en classe de 5ème. Après un passage dans le studio de son oncle, studio Bel Ami, il choisit définitivement de faire carrière de photographe chez Franck KIDJO, l'un des grands photographes de Cotonou. Il fut admis en apprentissage de février 1963 au 27 février 1968. Il a été photographe des Présidents APITHY, MAGA, Général SOGLO et KEREKOU.

Brillant apprenti, son patron lui confia la destinée du studio Photo Nouvelle. Avant de s'installer dans son studio Espérance Photo, il a fait le tour du Ghana, Togo où il a rencontré des grands photographes. Pendant ces sorties, il a appris beaucoup de choses. Il a également fait des stages de formation en phot noir et blanc en France (Lyon), en couleur à Grenoble, en maintenance à Grenoble et de portraitiste à Lyon.

Il est le patron du studio Espérance Photo et a su intégrer les technologies dans la formation qu'il donne aujourd'hui. Il est l'actuel vice-président du G.P.I.B.

Ù Benoît ADJOVI24(*)

De 1955 en février 1959, Benoît ADJOVI a suivi une formation en photographie chez Justin TOMETY. Jusqu'en 1987, il travaillait dans son studio Africa Photo. Avec l'avènement de la photo couleur, il ferma son atelier car les jeunes ont assailli le marché et le noir et blanc n'avait plus de valeur. Il fallait aller désormais vers les clients pour avoir de petits marchés. Il fait des études primaires jusqu'à l'obtention du certificat d'études primaires en 1953. Après avoir fait dix huit mois d'apprentissage dans un atelier de forge, il décida de continuer en photographie car il était fasciné par les oeuvres photographiques d'alors.

Père de onze enfants et marié à deux femmes, Benoît ADJOVI vit actuellement en son domicile à Cotonou. Il est le secrétaire du G.P.I.B.

Ses photographies portent sur les portraits d'hommes, les reportages des cérémonies publiques et privées.

2.1.1.3 Les photographes de Ouidah

Deux photographes ont été identifiés à Ouidah. A notre descente sur le terrain le lundi 04 octobre 2004, nous avons été informé de la mort de quelqu'un d'entre eux. Il s'agissait de Léon AYEKONI. Nous avons essayé de prendre contact avec la famille pour avoir des informations sur le disparu mais cela fut vain. Les quelques-uns de ses amis qui le connaissaient ont estimé qu'ils ne pouvaient pas donner des informations fiables sur lui. Nous savons quand même qu'il a été formé par Sébastien MEHINTO à Ouidah. Il était avec son patron de la vieille garde de Ouidah.

Sébastien MEHINTO porte bien ses 66 ans bien révolus. Marié à quatre femmes et père de plus de vingt enfants, il a été initié à la photographie par son grand-père Barthélemy MEHINTO. A la mort de ce dernier, il fut admis chez Cosme DOSSA jusqu'en 1958. Basile ADJANOHOUN fut son dernier patron chez qui il a reçu son diplôme de fin d'apprentissage. Il était séduit par l'art de son grand-père, ce qui le poussa à abandonner très tôt les classes. Il vit encore de son travail et a initié un de ses enfants à qui il compte passer le flambeau.

Il est l'auteur de plusieurs oeuvres qui portent sur le vodoun, les manifestations publiques à Ouidah, les manifestations privées et les photos de studio.

2.1.2 Les institutions publiques de conservation des photographies

Aucune institution au Bénin n'a pour activité principale la conservation des photographies. Certes il y en a certaines qui dans leur fonctionnement ou dans leur fonds documentaire disposent d'une importante masse photographique. Ce sont la Direction des Archives Nationales (DAN), le Centre Béninois pour la Recherche Scientifique et Technique ( CBRST), l'Office Nationale d'Imprimerie et de Presse (ONIP) et les musées.

2.1.2.1 La Direction des Archives Nationales

Par décision, le gouverneur général William PONTY crée les Archives Nationales. Logée dans le bâtiment à côté de l'actuel siège de la Cellule de Moralisation de la Vie Publique, la direction a depuis quelques années intégré les nouveaux bureaux plus ou moins conformes aux normes au quartier Ouando dans le cinquième arrondissement de Porto-Novo. Elle a connu plusieurs tutelles avant d'être aujourd'hui sous la tutelle de la Présidence de la République et ce depuis 1990.

Ses attributions, son fonctionnement et son organisation sont régis par le décret 90-384 du 4 décembre 1990. En son article 1er, les « Archives Nationales sont une direction technique de l'Etat, compétente pour toutes les questions d'archives en République du Bénin.... »

Elle est composée des services centraux et des services extérieurs que sont les directions départementales et communales. Son fonds documentaire est constitué des documents écrits, non écrits, le produit des collectes orales, les documents audiovisuels, les documents des services publics, semi-publics et privés.

Elle a pour missions de collecter, conserver, trier, classer, inventorier et communiquer les documents dont elle a la charge dans les conditions définies. Elle joue de ce fait le rôle de service administratif, de service dépositaire des matériaux historiques, de service vulgarisateur de la mémoire collective.

Elle est dirigée par un Directeur nommé en conseil des ministres. L'actuelle Directrice est Madame Elise PARAISO.

2.1.2.2 Le Centre Béninois pour la Recherche Scientifique

Direction technique du Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, le CBRST est l'héritier de l'IFAN et de l'IRAD. Au départ la métropole avait créé dans chaque colonie l'IFAN dont le pôle central se trouvait à Dakar. Celui du Dahomey était créé à Porto-Novo en 1942. Au lendemain des indépendances en 1960, l'IRAD remplaça l'IFAN pour la gestion du fonds documentaire. Mais en 1975 tous les documents relatifs à l'histoire du Dahomey furent cédés pour la création de la Bibliothèque Nationale.

Avec le transfert des services à Cotonou, quelques agents seulement vont rester à Porto-Novo pour la gestion de bibliothèque et de la photothèque. Une grande salle au rez de chaussée abrite la salle de consultation de la bibliothèque. La particularité de ce centre est qu'il offre à ses usagers un fonds très riche et ancien. La bibliothèque compte environ 7.000 ouvrages, 110 cartes et 4 gravures murales.

La réserve d'ouvrages à côté de la salle informatique sert en même temps de photothèque. C'est une grande salle de 73,66m2 où sont gardées les photos.

Le bâtiment du CBRST fait face dans sa partie orientale au jardin de l'Assemblée Nationale. Le centre sert d'unité d'appoint à la Direction pour la Recherche Scientifique et Technique. La collection du centre n'est constituée que de positifs essentiellement en noir et blanc. Les principaux auteurs sont : Pierre VERGER, A. COCHETEUX, G. LABITE, Clément Da CRUZ, J. LOMBARD. Les formats sont de 9/13 et 13/18. Les thèmes abordés portent généralement sur les divinités, les religions importées, les figures et portraits, moyens de transports, l'architecture afro-brésilienne et autochtone, traditions populaires du pays, les rois et dignitaires d'Abomey. Ce fonds est constitué entre 1942 et 1954.

2.1.2.3 L'Office National d'Imprimerie et de Presse

C'est l'institution qui abrite le journal national `'La Nation''. Dans son fonctionnement, l'institution produit des photographies qui constituent une grande partie de son fonds documentaire. Ayant été identifié, nous avons entrepris des démarches à l'endroit des autorités pour avoir l'autorisation de travailler. Après moult tractations, l'autorisation nous a été accordée mais dans la phase pratique nous étions confronté à plusieurs problèmes administratifs. Nous avons donc abandonné espérant que d'autres travaux de recherche pourront prendre en compte ce centre dont l'importance du fonds photographique est assez enrichissante pour des recherches.

Selon les informations, le fonds serait constitué essentiellement des photographies des autorités politiques, des manifestations publiques, de quelques activités à caractère social telles que les marches des syndicats, les scènes de marché. Bref toutes les photographies qui servent à illustrer le journal. Elles sont sous la responsabilité d'un documentaliste qui garde le centre de documentation et les archives.

2.1.2.4 Les musées

Tous les musées implantés sur le territoire béninois disposent dans leurs collections des photographies. Ces photographies sont généralement prises pour les objets en cas de perte ou de destruction. Elles permettent de garder une image des objets se trouvant au musée et servent à constituer les albums. L'importance des fonds photographiques varient d'un musée à un autre. Ces fonds sont constitués pour la plupart par l'IFAN et ne sont pas actualisés par les gestionnaires des musées. Il est donc impossible de voir de façon exhaustive les photographies de tous les objets de la collection des musées. Nous avons travaillé essentiellement sur le musée ethnographique Alexandre Sènou ADANDE. Excepté ce musée dans lequel l'accès nous a été relativement facile tous les autres n'ont pas été très favorable ou du moins dans le délai qu'on aurait voulu. Aussi faut-il remarquer que le musée ADANDE est gardé par Madame Colette GOUNOU, membre du réseau des professionnels des photo-archivistes du WAMP dans lequel elle représente le Bénin. Donc nous avons estimé que les archives photographiques de ce musée seraient conservées dans des normes un peu plus acceptables. Nous aurions bien voulu aller visiter les musées implantés dans le nord du Bénin mais les autorités de la DPC nous ont confié que ces musées sont en reconstruction, donc ne disposent pas encore un fonds photographique assez riche pour susciter des recherches.

Le musée ethnographique Alexandre Sènou ADANDE a ouvert officiellement ses portes le 29 juin 1966 sous la dénomination de musée ethnographique de Porto-Novo avant d'être rebaptisé le 28 août 1993 en l'honneur de cette personnalité qui a oeuvré pour la protection du patrimoine culturel national. Il est implanté dans un ancien bâtiment de type colonial construit en 1922 situé entre l'école urbaine centre et le tribunal de première instance de Porto-Novo. Comme tout musée, il a pour missions de conserver, de préserver le patrimoine des ethnies du Bénin, de participer à une éducation du public et offrir des possibilités de recherche aux chercheurs.

2.1.3 Quelques lieux privés particuliers

Les lieux privés sont des endroits potentiels des archives photographiques. Nous avons identifié des personnalités politiques, des leaders d'associations et des regroupements syndicaux, des familles. A cet effet, nous avons choisi de nous intéresser aux archives personnelles de certains grandes personnalités du monde politique et intellectuel de même que des familles. Il y a par exemple Alexandre ADANDE, Paul HAZOUME, le Président Emile Derlin ZINSOU et la famille De SOUZA. A part les héritiers de Alexandre ADANDE qui ont accepté collaborer pour le travail et le cas de la famille Hazoumè dont nous n'avons pas retrouvé les traces, les autres ne comprenant pas le bien-fondé du travail ont refusé catégoriquement de collaborer. Mais il fallait réorganiser d'abord les archives de la famille ADANDE avant de pouvoir disposer d'informations utiles. Avec les contraintes liées au temps, nous ne pouvions que constater et espérer que des chantiers de recherche soient ouverts pour faire le point des archives photographiques à ce niveau.

2.2. Evaluation des fonds photographiques

Cette opération d'évaluation consiste à quantifier les fonds disponibles au niveau de tous les détenteurs de photographies. Elle nous permettra de faire le point sur la quantité de photographies disponibles pour montrer l'urgence de mettre en valeur ce patrimoine qui subit une dégradation affreuse.

2.2.1 Au niveau des photographes

Nous avons choisi pour donner beaucoup plus de visibilité au travail de présenter cette partie sous forme de tableau à quatre colonnes qui donnent l'identité, l'adresse, les sujets abordés et l'évaluation des photographies. Elle se présente comme suit :

Identité

Localisation

Sujets abordés

Evaluation

Edouard MEHOMEY

Porto-Novo

- Vodoun, portraits, défilé national à Porto-Novo, manifestations privées.

Plus de 35 boîtes évaluées à plus de 1000 négatifs et quelques positifs

Mathias ABIMBOLA

Porto-Novo

- Photographe officiel, personnalités politiques (surtout les présidents), manifestations privées.

Fonds évalué à plus de 2000 négatifs dans des cartons et grands sacs et quelques positifs.

DE-MESSE Zinsou Félix

Porto-Novo

- Photographe officiel, personnalités politico-administratives, nature, manifestations privées.

Près de 700 négatifs gardés dans des boîtes et plus de 37 positifs.

Blaise AMEGAH

Porto-Novo

- Professeur de collège mais passionné de la photographie, spécialiste des photos de cartes voeux, photos de famille.

Des albums des photos de famille privées et quelques négatifs.

Cosme DOSSA

Porto-Novo

- Vodoun, portraits, manifestations publiques, privées.

Plus de 2000 négatifs dans des cartons et quelques positifs.

Moise AGBODJELOU

(décédé)

Porto-Novo

- Manifestations publiques, privées, cérémonies rituelles.

plus de 3000 négatifs et quelques positifs.

Jean MEHINTO

Porto-Novo

-

 

Jean DOTONOU

Porto-Novo

En voyage pour des raisons de santé.

-

Pascal ABIKANLOU

Sèmè- kpodji

- Photo-cinéaste, plusieurs réalisations de films et de photographies.

Un fonds photographique assez important.

Dominique ADJIWANOU

Godomey (Cotonou)

- Photographe officiel, négatifs de personnalités politiques, manifestations publiques et cérémonies privées.

Près de 500 négatifs et quelques positifs.

Siaka LAWANI

Sikècodji (Cotonou)

- Personnalités politiques, privées, nature, photos de studio.

Il rendait les négatifs quand il livrait les travaux aux clients.

Benoît ADJOVI

Sikècodji (Cotonou)

- Portraits, cérémonies publiques, privées, paysage.

Des cartons de négatifs évalués à plus de 3000 négatifs et quelques positifs.

Pascal RODRIGUEZ

Houéyiho (Cotonou)

- Photographe officiel, négatifs des personnalités politiques, manifestations privées, photos de studio.

Plus de 1000 négatifs.

Franck KIDJO

Cotonou et Ouidah

-

-

Léon AYEKONI

(décédé)

Ouidah

-

-

Sébastien MEHINTO

Ouidah

- Vodoun, manifestations officielles à Ouidah, cérémonies privées, danses rituelles, nature.

Plus de 300 négatifs et quelques positifs.

Félicien RODRIGUEZ

Bohicon

- manifestations publiques et privées, rituelles et paysage.

Plus de 500 négatifs.

Certains photographes ont été identifiés mais pour des raisons diverses nous n'avons pas pu établir cette base de données avec leurs informations. C'est le cas de Jean MEHINTO qui est un ancien incontournable dans la photographie mais il revenait d'un voyage quand nous bouclions ce travail. Pourtant il a donné son accord de principe pour collaborer dans le futur. Il en est de même pour Jean DOTONOU qui après notre première rencontre est parti pour l'Europe pour des raisons de santé.

Egalement le doyen Franck KIDJO avec qui nous avons eu les premiers contacts est devenu rare et a même fermé son studio sis à Saint-Michel à Cotonou. Selon nos sources d'information il serait à Ouidah.

Nous continuons les négociations avec la famille de Léon AYEKONI qui est décédé après avoir donné son accord pour ce travail. A la suite de l'annonce de la nouvelle nous avons essayé de rencontrer la famille pour leur expliquer la relation qu'il y a entre nous mais pour le moment cela n'a pas encore abouti.

Malgré la vente des négatifs et des positifs, nous avons pu faire cette évaluation qui nous paraît assez expressive. Il faut donc très tôt prendre en compte la valorisation de ces photographies avant que les trafiquants ne débarquent une autre fois.

Signalons au passage que tous ces négatifs ou positifs sont en noir et blanc.

2.2.2 Au niveau des institutions publiques

L'évaluation au niveau des institutions publiques se fera aussi sous forme de tableau à quatre colonnes. Nous ferons le point des institutions qui ont dans leur fonds documentaire des photographies qu'elles conservent. De même nous ferons le point de la situation au niveau de quelques musées. Exceptées la D.A.N et l'O.N.I.P, les autres institutions ont des fonds clos.

Les résultats se présentent comme suit :

Nom de l'institution

Localisation

Sujets abordés

Evaluation

Direction des Archives Nationales

Porto-Novo

(Ouando)

- Art, histoire, ethnographie, architecture, manifestations publiques, vie politique, religion, paysage, scènes de marché.

Plus de 1500 négatifs et positifs en noir blanc et couleur.

C.B.R.S.T

Porto-Novo

(Oganla)

- Histoire, architecture, administration, religion, ethnographie, musicologie, politique.

Environ 2500 positifs en noir et blanc.

O.N.I.P

Cotonou (Cadjèhoun)

- Personnalités politiques, cérémonies officielles, évènements sociaux

-

Musée ethnographique ADANDE

Porto-Novo (Oganla)

- Art, archéologie, histoire, ethnographie, ethnologie, manifestations publiques, architecture, cérémonies religieuses, chasse.

Environ 1200 négatifs et positifs en noir blanc et couleur.

Musée Honmè

Porto-Novo

- Histoire, ethnographie, architecture, cérémonies religieuses et publiques.

Environ 1500 négatifs et positifs en noir blanc et couleur

2.2.3 Au niveau des lieux privés particuliers

Puisque nous n'avons pas eu accès aux lieux que nous avons identifiés, nous ne sommes pas en mesure de faire une évaluation des archives photographiques au niveau des lieux privés particuliers. Mais une chose est certaine c'est qu'il existe des photographies intéressantes pour l'histoire de certaines personnalités que toutes les générations n'ont pas connu, l'histoire des familles dont la célébrité n'est pas à discuter et l'histoire nationale.

2.3 Etat de conservation des archives photographiques

La pratique archivistique n'est la chose la mieux partagée au Bénin. Ainsi il est fréquent de voir dans les administrations publiques et privées des documents importants négligés et laissés aux bons soins des rongeurs et des intempéries de climat.

Les archives photographiques n'échappent pas à ce triste constat qui entre progressivement dans nos habitudes. Elles subissent un sort plus grave et dramatique que les documents écrits.

Le point sur leur état de conservation dans les circuits publics et privés que nous avons sillonnés lors de nos travaux en dira assez.

2.3.1. Au niveau des photographes

`'Les photographes sont formés pour les prises de vue. La conservation n'est pas de leur ressort. Néanmoins, ils ont grand intérêt à avoir une petite idée sur la conservation des négatifs et des positifs'' nous a confié un des photographes avec qui nous avons travaillé.

Malgré ce déséquilibre dans leur formation, ils reconnaissent tout de même qu'ils doivent faire un petit effort pour bien garder leurs chefs-d'oeuvre. Ainsi, ils disposent tous des boîtes dans lesquelles ils conservent les négatifs. Cette manière de conservation ne garantit en rien la durabilité des négatifs. Le seul avantage est que les négatifs noir et blanc sont beaucoup plus faciles à conserver. Ils ne se détériorent pas comme les négatifs couleur. Mais cela ne doit pas justifier le fait que ces chefs-d'oeuvre ne soient pas conservés dans de bonnes conditions. La conservation des photographies requiert un certain nombre de garantie qui doit permettre leur pérennité. Avec des moyens dérisoires, les photographes consacrent encore un peu de leur temps à dépoussiérer quelques fois leurs oeuvres par amour pour ce qu'ils ont fait. Lors de nos enquêtes, nous avons constaté qu'aucune norme n'est respectée dans la conservation. Comme nous l'avions souligné, les négatifs sont conservés dans des boîtes de pellicules ou de petits cartons qu'ils ont eu dans les laboratoires de développement. Certains à défaut de ces boîtes ou cartons utilisent des sacs de maïs parce que dépassés par la masse des négatifs. D'autres les gardent dans des armoires de fortune.

En somme, les photographes font un effort de conservation des négatifs et des positifs qui sont sous leur responsabilité. Cet état de chose n'est pas sans conséquence négative. Les négatifs sont collés et se détériorent au jour le jour. D'où la proposition de prendre en charge ces photographes pour sauver leurs fonds qui non seulement sont déjà en proie au trafic illicite des biens culturels mais aussi se dégradent sous l'effet de la mauvaise conservation.

2.3.2 Au niveau des institutions publiques

La situation n'est pas plus reluisante au niveau des institutions publiques. Contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, les archives en général sont dans un état déplorable et leur conservation laisse à désirer. Plus de la moitié de ceux que nous avons questionné sont allés dans ce sens.

La Direction des Archives Nationales qui est l'organe compétent en matière de gestion des archives fait un effort de conservation. Dans son fonds documentaire elle compte quelques photographies. Elles sont conservées dans des boîtes d'archives disposées sur des rayonnages dans les magasins. D'autres sont encadrées et exposées dans une salle réservée à cet effet. Toutefois, le traitement qui leur est réservé n'est pas celui qui aurait été fait vu l'importance qu'elles revêtent pour la science, l'histoire, l'éducation et la gestion de la prospective.

Les quelques passages que nous avons eus pendant les premiers jours de notre recherche, nous permet d'affirmer que les photographies sont plus ou moins mieux conservées à l'ONIP qu'ailleurs. Elles sont gardées dans une salle d'environs 16 m2 entièrement climatisée. Elles sont rangées dans des boîtes et du papier kraft. Leur conservation permet à court sûr de les utiliser pour illustrer les journaux. Certes il importe à nos yeux qu'un travail beaucoup plus sérieux soit fait pour garantir leur conservation à long terme.

Du côté du C.B.R.S.T, la confiance accordée aux usagers a été retirée car ces derniers ne respectent pas les conditions de prêt et de reproduction. De ce fait nous avons été aussi frappé par cette règle malgré nos différentes lettres de recherche dûment signées. Cela ne nous a pas permis de constater de visu le traitement qui est fait des archives photographiques. Mais si nous devons nous contenter d'un travail qui a été fait par Mademoiselle Fatima FALL en 1997 dans le cadre du 8ème cours universitaire international PREMA, nous pouvons affirmer que les conditions de conservation des archives photographiques dans ce centre doit faire réfléchir énormément. On note sur les photos agrafées sur les fiches une corrosion active du métal sur le papier faisant disparaître progressivement l'image (nous l'avons aussi remarqué en tant que simple usager du centre en consultation des photos). Les installations électriques défectueuses et les infiltrations d'eau de pluie à divers endroits de la toiture exposent la collection à un réel danger. Mais les autorités nous ont confirmé qu'après ce travail de recherche, le centre a reçu une subvention qui lui a permis de restaurer la photothèque et d'adapter la conservation des photos aux normes.

Les musées conservent généralement leur fonds photographique dans des fichiers rangés dans des armoires. Ce mode de conservation propre aux musées ne garantit pas la parfaite conservation des photos. Aucune norme n'est respectée et les responsables se disent préoccupés par les collections et non les photos. Egalement à ce niveau il nous paraît indispensable de revoir cette méthode pour pouvoir garantir une survie aux collections photographiques qui constituent une arme nécessaire pour la sécurisation des objets des musées.

2.3.3 Au niveau des lieux privés particuliers

Comme nous l'avons signalé précédemment, l'accès à ces lieux n'était pas possible. Nous ne sommes donc pas en mesure de décrire l'état de conservation des archives photographiques. Mais après tous les autres lieux que nous avons visités, nous ne pouvons pas quand même attendre mieux des personnes privées.

* 19 Les informations ont été fournies par Ida MEHOMEY, fille de Edouard MEHOMEY.

* 20 Les informations ont été fournies par l'intéressé lui-même

* 21 Les informations ont été fournies par l'intéressé lui-même

* 22 Les informations ont été fournies par l'intéressé lui-même

* 23 Les informations ont été fournies par l'intéressé lui-même

* 24 Les informations ont été fournies par l'intéressé lui-même

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld