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La microfinance rurale au Sénégal

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par Babacar LO
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise es Sciences Economiques option Analyse et Politique Economiques 2007
  

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CHAPITRE III : Etat des lieux de la microfinance en milieu rural

Malgré la forte progression de l'urbanisation, la majeure partie de la population sénégalaise est encore aujourd'hui rurale.

Le développement des activités économiques de ces populations a toujours été un enjeu majeur pour l'amélioration des conditions de vie et de lutte contre la pauvreté.

La microfinance devrait ainsi permettre de résoudre le problème mais l'environnement rural impose des contraintes spécifiques qui pèsent lourdement sur ses résultats. Il importe alors de passer en revu ces contraintes avant de se prononcer sur le bilan de la microfinance dans les zones rurales.

Section1: Les contraintes de la microfinance

Le milieu rural sénégalais est caractérisé par : une faiblesse des densités de populations, une absence des infrastructures, une faiblesse des revenus monétaires mais aussi les risques élevés de la finance agricole et un faible taux de remboursement des emprunts qui n'encouragent pas le développement des IMF.

1-1) Faiblesse des densités de population

En zone rurale, les villages sont peu peuplés (50 à 3000 hbts environ) et les distances qui les séparent sont souvent importantes (plusieurs km), avec de mauvaises pistes, pénible à parcourir.

Le tableau ci-dessous présente la répartition de la population de la communauté rurale de Gaé (villages du département de Dagana) selon la taille des villages à l'an 2000.

Nombre d'hbts

Nombre de villages

Population totale

Pourcentage

1 à 49

 
 
 

50 à 99

3

62

0,34

100 à 499

12

3520

019,39

500 à 999

4

3105

17,11

1000 à 1999

3

2381

13,12

Plus de 2000

2

9079

50,03

Total

24

18147

100

Source : CERP

La visite dans cette zone nous a permis de constater la dispersion et le sous peuplement des villages mais aussi leur éloignement (sauf quelques rares exceptions sont séparer par de faibles distances ; c'est le cas du village de Ndiarème Walo qui est limité à l'Est par le village de Gaé (environ 1.5 km), à l'Ouest par le village de Bokhol (environ à 3 km) et au Sud par la ville de Dagana (à 12 km), avec une population qui voisine les 2000 .

Dans de telles situations, réussir une masse de clients pour les IMF, demande de toucher de nombreux villages, de dévorer plusieurs km, de multiplier ainsi les contacts, les actions d'animation et de formation, puis par la suite, de suivi et de contrôle, ce qui coûte cher en terme de temps, pour les agents des IMF (temps dans les villages et temps d'accès), auquel il faut ajouter les coûts de transports (carburant, entretien, réparation, amortissement matériel roulant, .......).

A ces difficultés viennent s'ajouter celles liées au manque d'infrastructures.

1-2) Les infrastructures absentes, insuffisantes ou défectueuses

En milieu rural, pour la plupart des villages, les infrastructures de base telles que l'électricité, les routes et le téléphone, sont absents ou défectueux. Il n'existe pas de bâtiments fonctionnels à louer pour y loger soit les bureaux, soit les agences/caisses de l'institution de microfinance.

En l'absence d'électricité et de téléphone, il sera difficile pour les IMF de s'implanter dans ces milieux. L'usage des nouvelles technologies de l'information et de la communication (l'Internet, l'électronique,....) devient impossible.

En outre, la problématique du transport rural est aussi un handicape majeur au Sénégal. Certaines zones peuvent même se retrouver coupées du reste du pays pendant un bon moment, parce qu'enclavées.

La contrainte majeure du transport rural au Sénégal réside dans la mauvaise qualité des infrastructures routières, surtout sur les derniers maillons du réseau, constitués par les routes de désenclavement des communautés rurales et par celles des villages et des zones de production.

Le Programme National d'Infrastructures Rurales (PNIR), négocié en fin 1999 avait pour objectif de renforcer la capacité de gestion décentralisée des infrastructures rurales mais les résultats escomptés sont loin d'être atteints.

Ainsi, le coût des déplacements en zones rurales est très élevé (entretient, réparation, carburant, pertes de temps), contraignant les IMF à accéder à ces villages.

Outre ces charges, on note le risque très élevé de la finance rurale et la faiblesse de l'épargne locale.

1-3) Faiblesse des revenues monétaires et leur précarité

Pour pouvoir donner des crédits aux populations exclues du système bancaire, la microfinance a besoin de ressources financières.

Dans un premier temps de son développement, ces ressources ont le plus souvent été octroyées par des bailleurs de fonds, ou différentes sources d'aide extérieure.

Dans cette optique, bon nombre des institutions de microfinance vont s'appuyer sur la mobilisation de l'épargne locale qui sera retransformée en crédit. Mais l'agriculture n'assure pas aux agriculteurs et ruraux les revenus nécessaires.

L'arachide est la production agricole qui traditionnellement assure les revenus les plus importants aux agriculteurs et aux ruraux. Avec la crise arachidière, les revenus des producteurs poursuivent leur tendance baissière. Les exportations d'arachide ont rapporté 61 milliards en 2001 et 17 milliards en 2005. Pourtant, les paysans ont fait des efforts importants d'adaptation à la sècheresse, à la libéralisation des marchés et à la raréfaction des terres. Pour la grande majorité d'entre eux, les activités non agricoles rurales, urbaines et à l'émigration sont devenues structurellement indispensables à leur à leur survie. La banque mondiale estime les transferts officiels et non officiels des émigrés à environ un milliard de dollars US par an.

Dans le secteur de la pêche, la surexploitation des ressources se traduit par une baisse importante des prises et des exportations.

Le sous secteur de l'élevage doit faire face aux importations de volaille d'Europe, de moutons de tabaski des pays voisins et récemment de viande de boeuf d'Inde et du Brésil ce qui réduit fortement les revenus monétaires des populations concernées.

A cela, il s'ajoute le fait que les ménages ruraux qui ont une capacité à épargner des surplus financiers préfèrent investir dans des activités économiques, ou utiliser des formes traditionnelles d'épargne (bétail, stock de céréales, bijoux,....) qu'ils maîtrisent mieux, qui sont plus faciles à mobiliser en cas de difficulté. Les IMF rencontrent ainsi, d'énormes difficultés pour collecter l'épargne, en milieu rural.

1-4) Les risques liés à la finance agricole

L'agriculture est un secteur à haut risque : instabilité climatique et pluviométrique ; envahissement des champs par des criquets et des oiseaux destructeurs mais aussi la dégradation des terres traduite par un appauvrissement des soles entraînant une faible productivité.

Ces risques n'encouragent pas les IMF à s'implanter dans les campagnes.

Les activités agricoles se singularisent ainsi des autres secteurs économiques sur plusieurs aspects : la localisation de ces activités dans des zones enclavées caractérisées par une faible densité de population et le manque d'infrastructures (cf. section 1), la dépendance aux conditions climatiques et la temporalité des cycles de production, la saisonnalité des revenus et de façon plus générale la part limitée des revenus monétaires, la volatilité des prix des produits agricoles, des garanties peu fiables tant sur le plan juridique qu'économique.

Ces spécificités des activités agricoles impliquent une préméditation, un financement adapté tenant compte de la diversité des besoins en services financiers exprimés par les ménages agricoles ruraux aux profils variés.

Les efforts à fournir pour appréhender au mieux les besoins financiers des agriculteurs couplés aux risques que présentent ces activités constituent des obstacles supplémentaires à la mise en place d'une offre de services financiers destinée à l'agriculture.

Par ailleurs, la dynamique actuelle d'insertion de la microfinance dans les marchés financiers impose au secteur d'appliquer des taux d'intérêt permettant de couvrir les coûts engendrés par les services offerts (les IMF sont obligées de s'ouvrir au marché financier du fait de la faiblesse de l'épargne (cf. 1-3)). Cette exigence s'avère bien souvent en contradiction avec l'extension de la couverture rurale et surtout le financement de l'agriculture en raison du niveau de rentabilité relativement faible des activités agricoles financées.

Tous ces facteurs, expliquent le faible intérêt envers l'agriculture, porté par les IMF qui se sont prioritairement tournées vers les zones urbaines et périurbaines.

1-5) Le crédit non remboursé

Le crédit non remboursé reste un casse-tête pour la plupart des IMF dans les zones rurales. En effet, tel qu'il est pratiqué aujourd'hui, le microcrédit, comme tout crédit d'ailleurs, doit être remboursé. Il nécessite donc au niveau de l'emprunteur une bonne capacité de remboursement, aptitude qui bien entendu s'amoindrit si la personne est très pauvre, sans revenus fiables pour lui permettre de rembourser un prêt. Octroyer un prêt à de tels individus risque plutôt d'aggraver leur situation d'endettement et de pauvreté.

Souvent le gouvernement et les agents de coopération souhaitent utiliser la microfinance comme un outil de résolution de divers problèmes sociaux. Victimes d'inondations ou d'autres catastrophes naturelles, réfugies, chômeurs, autant de types d'individus se trouvant dans une situation de précarité que les gouvernements sont tentés de vouloir aider par le microcrédit depuis que celui-ci a été indexé comme un excellent outil de réduction de la pauvreté. Les programmes de microcrédit conçus pour ce type de situation fonctionnent cependant rarement. Ils enregistrent le plus souvent des taux d'impayés ou de non remboursement très élevés. Et ceci- ci renforce parfois la thèse de Malthus pour la non assistance aux pauvres.

Les crédits à moyen terme doivent en effet s'appuyer sur un système de garantie qui tient compte de la nature spécifique du patrimoine des ménages. Les IMF doivent par ailleurs acquérir des compétences d'analyse des capacités de remboursement des ménages ruraux à moyen terme et de la rentabilité des activités agricoles (analyse des risques et prix de marché, or l'information n'est pas toujours facilement accessible).

Cependant, il existe bel et bien des ruraux qui ont identifié des opportunités économiques et qui sont en situation de faire fructifier ces opportunités s'ils ont la possibilité de se procurer une petite somme d'argent au moment voulu.

Ainsi, les personnes pauvres qui travaillent dans des économies stables ou en croissance, qui ont démontré leur capacité à conduire les activités proposées dans un esprit d'entreprise et leur engagement à rembourser leurs dettes, sont nombreuses dans ces zones. Un résumé de la situation de la microfinance en milieu rural permet de voir plus claire.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery